Prédications TPSG

Christ et les relations professionnelles (Colossiens 3.22-4.1)

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Publié le

01 nov. 2023

Découvre cette dix-neuvième prédication de notre série sur l’épître aux Colossiens. Clique ici pour accéder directement au sommaire de cette série.

La plupart des blogueurs TPSG sont également pasteurs. Aujourd’hui, tu peux toi aussi bénéficier de leurs enseignements grâce à notre podcast Prédications TPSG. Ces prédications, qui se veulent résolument textuelles et christocentriques, te feront redécouvrir le sens profond des Écritures et nourriront ta foi en Christ.


Introduction

Le contexte professionnel

Ce matin, la Bible nous conduit à évoquer le monde du travail, ou plutôt le monde des relations professionnelles. Comment un disciple de Jésus doit se comporter dans son boulot? Quelle relation doit-il développer avec ses supérieurs, ou avec ceux dont il coordonne l’activité?

Je suis conscient que je fais partie d’une caste privilégiée. En tant que pasteur, je travaille qu’une journée par semaine - et encore, le matin seulement! Je vis dans un bureau magnifique, avec un collaborateur, Jérémie, un ami qui m’est devenu cher. Les anciens forment, avec le C.A. et l’A.G. mon encadrement professionnel le plus proche, et ce sont des gens que j’aime. Et même si parfois les discussions sont vives, on marche pour l’essentiel en excellente entente… Les problématiques qui m’attendent chaque jour me passionnent, et j’aime profondément cette Église.

En ce sens, je réalise que j’ai un privilège immense et que beaucoup ici ne sont pas autant enchantés par leur environnement de travail.

Pour ceux qui trouveraient ma vie toute facile, je viens de vivre l’une des plus grosses semaines depuis septembre, et j’ai comptabilisé 71 heures de travail effectif. Avec quand même une journée de repos. Cette semaine n’est un modèle pour personne, et certainement pas pour moi.

Il y a aussi des difficultés, des larmes, des coups de déprime, des craintes, des critiques, et des coups d’enthousiasme. Et en ce sens, c’est une vie en partie normale…

Si je commence ainsi, c’est pour souligner que je suis conscient que ma situation professionnelle est unique. Et je veux minimiser d’emblée la critique qui consisterait à dire: “Facile à dire pour toi.” Tout d'abord, il faut souligner que nos situations professionnelles sont radicalement différentes du monde professionnel gréco-romain, celui qui prévalait au temps de l’épître aux Colossiens. Avant de nous plonger encore une fois dans cette merveilleuse épître (il ne nous reste que quelques messages…), je voudrais vous décrire à quoi ressemblait la vie professionnelle au 1er siècle de notre ère.

D’abord, la condition en terre rurale. L’archéologie nous révèle que tout le monde devait travailler chaque jour pour vivre.

Les femmes devaient tisser, faire des habits, piler le grain, cuisiner, chercher de l’eau, assurer l’hospitalité. Proverbes 31 nous montre même la réalisation d’investissement pour le compte de la famille. Les hommes partaient à la pêche, réparaient les filets, vendaient sur les marchés, ou bien allaient travailler la terre, construire des maisons, etc. Les hébreux étaient protégés par les lois du sabbat (un jour de congé par semaine) et des fêtes (trois fois par an, une à deux semaines de festivités).

Regardons maintenant la vie dans les villes romaines. La journée se déroulait ainsi:

Elle commence à 4h30 en été et à 7h30 en hiver. Petite collation, toilette et activité jusqu’à la fin de la journée de travail, à midi. Puis vient le prandium, un repas léger. Puis c’est le temps du bain, aux thermes, tous les jours. Puis c’est la cène, le repas principal, à 15h. Il dure jusqu’à la nuit tombante. Pour info, Néron prenait son repas de midi à minuit!1

Mais la société profite différemment de la vie. Il y a deux grands castes:

  • Les citoyens (les honestiores, riches et les humiliores les pauvres)
  • Les non-citoyens, qui se composent d’esclaves et d’affranchis.

Au temps du Nouveau Testament, l’essentiel de la population est composée d’esclaves ou d’affranchis (80% des citoyens sont des descendants d’esclaves suite à la romanisation progressive).

On estime qu'au temps d'Auguste, les 5% des romains les plus riches possédaient un million d'esclaves, et que deux autres millions d'esclaves étaient employés par ailleurs, pour une population totale de 7,5 millions d'individus.2

Le statut des esclaves va s’humaniser grâce aux stoïciens et aux chrétiens. Mais au tout début du christianisme, la condition est plutôt difficile. Lorsque l’Évangile se répand, c'est surtout parmi les classes populaires. L’historien et Franciscain A.-G. Hamman écrit3:

Le philosophe grec Celse raille la nouvelle religion dont le fondateur tire son origine d'une mère ouvrière, dont les premiers missionnaires sont des pêcheurs de Galilée. À la même époque, les païens font des gorges chaudes parce que les communautés chrétiennes se recrutent principalement parmi les petites gens. L'Évangile n'exerce sa séduction que sur les simples, les petits, les esclaves les femmes et les enfants. Tatien lui-même trace le portrait du chrétien de son temps: il fuit le pouvoir et la richesse; il est avant tout “pauvre et sans exigence”.

Ce que nous savons des communautés contemporaines de Carthage, d'Alexandrie, de Rome et de Lyon nous découvre des groupements tout aussi bigarrés. La foi nivelle les classes et abolit les distinctions sociales, alors que la société romaine ne faisait que se cloisonner et dresser des barrières. Maîtres et esclaves, riches et pauvres, patricien et philosophe se rassemblent et se fondent dans une communion plus profonde que celle du sol ou de la culture. Tous se retrouvent dans une élection commune et personnelle qui leur permet de s'appeler en toute vérité du nom de "frères" et de "sœurs". Ce qui fait choc sur le païen narquois, c'est l'étonnante fusion de toutes les conditions dans la fraternité chrétienne.

p.48

Lorsque la petite Église de Colosse reçoit la lettre de l’apôtre Paul, il faut s’imaginer un groupe d’hommes et de femmes socialement très diversifiés, probablement beaucoup plus que dans notre Église locale, dans le sens où aucune sécurité sociale ne venait amortir les disparités… Dès lors que les riches et les pauvres, les maîtres et les esclaves se rassemblent pour adorer Jésus d’un seul cœur, quel doit être leur comportement?

Il reste une dernière information à connaître pour mieux aborder les paroles de l’apôtre Paul.

Paul est en prison à Rome lorsqu’il écrit ce courrier. Là, il rencontre ou retrouve un certain Onésime, un esclave qui a fui son maître, nommé Philémon.

Onésime rend de nombreux services à l’apôtre Paul. Mais bien sûr, il ne serait pas juste que Paul prenne cet homme à son service. Après tout, c’est un fugitif…

Paul prend la décision de le renvoyer à son maître, un certain Philémon. Deveniez où habite Philémon? À Colosse!

Quand l’apôtre Paul écrit aux Colossiens, il confie la lettre à Épaphras, le fondateur de l’Église de Colosse, et ce dernier part accompagné d’Onésime, l’esclave fuyard qui revient au bercail. Mais cette fois-ci, il est chrétien, il est disciple de Jésus.

Il faut vous imaginer la scène à Colosse quand arrive toute cette troupe: Tous les membres convergent dans la maison de Philémon, ce riche propriétaire qui accueillait l’Église dans ses murs…

D’abord, il y a Épaphras, celui qui a démarré l’Église - tout le monde a dû lui sauter au coup… Ensuite, il y a cette lettre du grand apôtre Paul: tout le monde a dû s’attrouper pour en entendre la lecture… Et puis, il y a dû avoir comme un silence gêné. Parce que derrière devait se trouver un petit gars penaud, qui avait été l’esclave de Philémon. Qu’allait faire Philémon? Un commentateur note4:

La loi romaine… n’imposait presque aucune limite au pouvoir du maître sur son esclave. Le choix entre la vie et la mort reposait uniquement entre les mains de Philémon, et on crucifiait constamment des esclaves pour des offenses bien moins graves que la sienne. En tant que voleur et fugitif, il n’avait aucun droit au pardon.

En filigrane, il y a une belle histoire de pardon, de réconciliation, et de libération…

Lecture: Colossiens 3.22-4.1

L’attitude générale d’un employé (Colossiens 3.22-25)

22Serviteurs, obéissez en tout à vos maîtres selon la chair, et cela non seulement sous leurs yeux comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais avec simplicité de cœur, dans la crainte du Seigneur. 23Tout ce que vous faites, faites-le de (toute) votre âme, comme pour le Seigneur, et non pour des hommes, 24sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense. Servez Christ le Seigneur. 25Car celui qui agit injustement récoltera selon son injustice, et il n’y a pas de considération de personnes.

J’ai volontairement adouci les termes. Le terme original n’évoque pas un employé, mais un esclave, le mot grec doulos. Voici les instructions que Dieu donne à ceux qui sont au service d’un autre:

Premièrement, ils doivent obéir aux instructions qu’ils reçoivent. Obéir a pour premier sens "d'écouter”. Mais selon la manière dont il est conjugué, cela inclut la notion d’obéir, de suivre, d’incliner son action dans le sens de ce qui est demandé. Le terme est fort. Quand Jésus calme la tempête, les disciples sont proprement effrayés de ce qu’il a autorité sur la nature, et que les éléments lui “obéissent”.

On trouve en Actes 6.7 une description des chrétiens qui est formulée ainsi: des gens qui “obéissent à la foi”. L’exigence est donc élevée!

Mais cela se gâte. Il ne s’agit pas de bien faire le travail quand le patron est là, quand celui qui dispense des primes est là. La motivation doit être supérieure à celle de plaire aux hommes. Paul exige que le travail se fasse:

Avec simplicité de cœur. Un terme qui parle d’intégrité, de pureté dans la motivation, d’une intention unique. Une attitude qui s’oppose à une sagesse manipulatrice, calculatrice.

Dans la crainte du Seigneur. La crainte du Seigneur est une expression riche de sens qui dépasse de loin la notion de peur (même si elle l'inclut), pour conduire à une révérence pleine d’amour et de respect. C’est l’attitude de quelqu'un qui réalise que Dieu ne dort jamais et se soucie véritablement de notre vie quotidienne.

La crainte du Seigneur, c’est le début de la sagesse, c’est-à-dire le point de départ d’un comportement correct. C’est la conclusion de tout le discours d’Ecclésiaste. Après avoir tout essayé, après avoir expérimenté les limites du plaisir, de l’activité professionnelle, de l’épanouissement dans les substances hallucinogènes(!), il conclut: crains Dieu, pendant que tu es jeune… Un commerçant qui fausse sa balance ne craint pas suffisamment Dieu. Un homme d’affaires qui cache des chiffres qui l’embarrassent ne craint pas suffisamment Dieu. Un employé qui ment sur ses heures de travail ne craint pas suffisamment Dieu.

Car celui qui agit injustement récoltera selon son injustice, et il n’y a pas de considération de personnes.

Colossiens 3.25

Finalement, toute l’éthique chrétienne se résume à ce verset:

Tout ce que vous faites, faites-le de toute votre âme, comme pour le Seigneur, et non pour des hommes.

C’est de là, entre autres versets, que provient l’idée du sacerdoce universel… Dans la pensée médiévale, il y avait le commun des mortels, et il y avait les prêtres. Les uns faisaient un travail séculier – faut bien vivre. Les autres faisaient un travail noble, important. Le protestantisme a effacé cette perspective: tout d’abord, il n’y a plus de prêtres (ou plutôt, nous sommes tous des prêtres selon 1P 1.9), et ensuite chaque job, chaque boulot, chaque fonction, correspond à une vocation spécifique. Chaque activité est noble. Chaque activité honore Dieu et contribue à la civilisation.

Dieu nous appelle tous à l’excellence. Notre motivation doit dépasser de loin le simple devoir. Nous vivons sous le regard de Dieu… Mieux, le verset 24 conclut qu'alors, nous servons Christ.

Il y a un petit problème au début du verset 24:

…sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense.

Colossiens 3.24

Quel héritage? (cf. 1.3-14) Une lecture rapide pourrait nous faire croire que l’héritage est le paiement d’un comportement droit. Mais justement, ce ne serait pas un héritage, mais un salaire.

Un héritage, c’est quelque chose que l’on reçoit à la mort d’un proche. Quand Christ meurt sur la croix, il devient le détenteur de toute la terre. Voir les six sceaux de l'Apocalypse:

2Et je vis un ange puissant qui proclamait d’une voix forte: Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux? 3Mais nul dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne pouvait ouvrir le livre, ni le regarder. 4Et je pleurais beaucoup, parce que nul ne fut trouvé digne d’ouvrir le livre, ni de le regarder. 5Et l’un des anciens me dit: Ne pleure pas; voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. 6Et je vis au milieu du trône et des quatre êtres vivants, et au milieu des anciens, un Agneau debout, qui semblait immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. 7Il vint recevoir le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. 8Quand il eut reçu le livre, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or remplies de parfums, qui sont les prières des saints. 9Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation.

Apocalypse 5.2-9

La réconciliation est complète, le salut est offert. Colossiens détaille longuement que nous avons tout pleinement en Christ.

L’idée est donc la suivante. Même le plus humble des esclaves sur terre est prince du Royaume. Sachant qu’une telle récompense l’attend, il peut changer de maître dans sa tête. Il ne bosse pas pour des hommes, il bosse pour le Créateur, le Seigneur, et le Sauveur. Et lui saura abondamment répandre sa grâce. Heureux les pauvres en esprits, car le royaume des cieux est à eux…

Un dernier mot. Que faire quand un patron est tyrannique? Que faire lorsqu’un patron ne respecte pas la loi ou exige des choses déraisonnables?

Du temps du Nouveau Testament… pas grand-chose. Il n’y avait pas vraiment de portes de sortie…

Mais nous sommes sous un régime de droit. Il me semble donc tout à fait légitime d’utiliser la loi pour faire valoir ses droits. Un employé peut tout à fait légitimement demander qu’il soit protégé par la loi devant les exigences inacceptables d’un patron fou. Lorsqu’il est question d’autorité, il faut se souvenir qu’il n’y en a qu’une: celle de Dieu. Toutes les autres autorités sont déléguées. En cas de conflit, “il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Ac 5.29).

L’attitude générale d’un employeur (Colossiens 3.22)

Maîtres, accordez à vos serviteurs ce qui est juste et équitable, sachant que, vous aussi, vous avez un Maître dans le ciel.

Colossiens 3.22

Paul se tourne ensuite vers les patrons. Ceux qui sont devenus chrétiens doivent réaliser qu’ils ne peuvent plus traiter leurs esclaves / serviteurs comme avant. Ce ne sont pas des objets. Ils ne sont pas corvéables à souhait.

Parmi leurs responsabilités: Accorder un salaire qui soit juste et équitable. Là encore, la motivation va au-delà du bon sens. “Vous avez un maître dans le ciel.” Vous êtes redevable!

C’est ce qu’il dit aussi aux Éphésiens, auxquels il introduit une dose de réciprocité:

Quant à vous, maîtres, agissez de même à l’égard de vos serviteurs.

Éphésiens 6.9a

L’exhortation parallèle en Éphésiens 6.9 ajoute un cadre supplémentaire:

Abstenez-vous de menaces, sachant que leur Maître et le vôtre est dans les cieux et que devant lui il n’y a pas de considération de personnes.

Éphésiens 6.9b

Plusieurs critiques de la Bible ont trouvé là l’occasion de critiquer l’attitude de Paul: pourquoi n’a-t-il pas ordonné aux maîtres de libérer leurs esclaves? Pourquoi n’a-t-il pas dit aux esclaves de se rebeller contre leur maître et de commencer une révolution? Quelques remarques:

Le Nouveau Testament condamne sans ambiguïté les trafiquants d’esclaves (1Tm 1.10). Toute personne qui assujettit une autre est moralement condamnée par l'Écriture. Quelle que soit la cause. Le Nouveau Testament ne s’oppose pas à l’ordre moral d'une société. Le Nouveau Testament change l’ordre moral des cœurs, et l’Église devient alors le lieu où l’on observe le changement qui doit devenir l’exemple d’une nation. Quand des esclaves sont devenus des responsables d’Église, et que des maîtres sont devenus des serviteurs dans l’Église, ce n’est pas l’ordre social qui est changé mais toute une façon de voir les rapports sociaux.

Le Nouveau Testament encourage l’émancipation des esclaves par les lois le permettant (1Co 7.21) et l’épître de Philémon est consacrée à la libération d’Onésime.

Le Nouveau Testament change la donne en ce qu’il change le statut d’esclave en celui de travailleur rémunéré.

Un siècle et demi plus tard, Clément d’Alexandrie dira que “les serviteurs domestiques doivent être traités comme soit. Car ce sont des êtres humains comme nous. Dieu est le même envers les hommes libres qu’envers les esclaves”. Il remarque que dans son Église, plusieurs se sont vendus en tant qu’esclaves pour secourir d’autres esclaves.

Enfin, dans les années horribles de la traite des esclaves orchestrée par les pays européens et les États-Unis, ce sont des chrétiens évangéliques, conduits par le député britannique Wilberforce, qui ont réussi à abolir ce trafic en faisant passer des lois.

De sorte que l’Église n’est jamais révolutionnaire à l’extérieur de ses murs. Elle l’est à l’intérieur. Et elle devrait briller par son exemplarité dans la société. Ceux qui ont pour vocation d’être journaliste, chef d’entreprise, ouvrier, député… chacun dans sa sphère, s’imprègnent des valeurs du Seigneur pour faire la différence dans leur monde.

Conclusion

Il me faut conclure. Et j’aimerais conclure par quelques remarques générales sur le travail.

Le travail est un cadeau issu de l’ordre créationnel. Après avoir créé le monde, Dieu dit aux hommes de l’assujettir. Il faut cultiver le jardin et l’étendre. Organiser, agencer, faire du beau, produire, transformer, imaginer, rêver, améliorer… tout ceci fait partie de la grâce générale de Dieu. C’est merveilleux de créer une activité, de participer à sa réalisation, d’intégrer un projet…

La chute a rendu compliqué notre rapport au travail. Ce n’est plus une joie libre de souci. C’est un impératif qui devient une obsession: tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Et les hommes notamment ont tendance à poursuivre le travail comme une forme de rédemption. Trouver son identité ou son salut dans un statut social ou financier, dans une position d’influence ou dans une contestation…

Dès lors, Dieu a instauré, dans les 10 commandements, le principe d’un jour de repos.

9Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. 11Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Exode 20.9-11

Dieu a été “plus fort que sa force” pour limiter son activité à six jours, en profitant de son activité un jour durant. Nous devons réaliser que ce repos est important. Un temps où l’on peut méditer, marcher, changer d’activité. Un temps où l’on est “plus fort que sa force”.

Nous travaillerons librement sur la nouvelle terre. Le travail, la créativité, l’inventivité, l’art, l’entrepreneuriat, l’organisation, feront partie du monde à venir. La Bible dit que les nations apporteront leur gloire à la Nouvelle Jérusalem. Nous allons créer de la valeur ajoutée dans le monde à venir, à la gloire de notre Créateur et Sauveur…

Aujourd’hui, nous sommes donc dans une phase d’apprentissage. J’apprends à conduire, j’apprends à obéir. Je patiente, je profite des opportunités. Je suis créatif. Je prends du repos régulièrement. Je ne fais pas du boulot un "dieu" mais je le considère comme une merveilleuse plateforme pour honorer Dieu dans ce que je fais.

Pour les uns et les autres, les situations sont variables. Je suppose que chacun de nous a besoin de la main de Dieu pour progresser…


1. Guide romain antique, Hachette, 1952, cf. pages 138 & 157
2. Meager, D. (2006), “Slavery in Bible Times”, CrossWay, Issue Autumn, No.102
3. La vie quotidienne des premiers chrétiens, 95-197, Hachette, 1971
4. J. B. Lightfoot, St. Paul’s Epistles to the Colossians and to Philemon, 1879; réimpr. Grand Rapids: Zondervan, 1959, p. 314 in MacArthur.


Dans la même série:

  1. En Jésus seul! (Colossiens 1.1-5)
  2. L'Évangile en action (Colossiens 1.6-9)
  3. Les résultats de l'Évangile (Colossiens 1.10-14)
  4. La grandeur de Jésus (Colossiens 1.15-20)
  5. La réconciliation de Jésus (Colossiens 1.21-23)
  6. Le serviteur de Jésus (Colossiens 1.24-27)
  7. L'objectif ultime du serviteur de Jésus (Colossiens 1.27-29)
  8. Les vœux d'un serviteur (Colossiens 2.1-7)
  9. Le piège de "l’évangile+" (Colossiens 2.8-12)
  10. Le triomphe du Christ sur le péché (Colossiens 2.13-14)
  11. Le triomphe du Christ sur les démons (Colossiens 2.15)
  12. L’impasse du légalisme (Colossiens 2.16-23)
  13. Une vie qui découle de la croix (Colossiens 3.1-8)
  14. Christ et les relations dans l’Église, partie 1 (Colossiens 3.9-12)
  15. Christ et les relations dans l’Église, partie 2 (Colossiens 3.13-15)
  16. Célébrer Christ dans l’Église (Colossiens 3.16-17)
  17. Christ au sein du couple (Colossiens 3.18-19)
  18. Christ au sein de la famille (Colossiens 3.20-21)
  19. Christ et les relations professionnelles (Colossiens 3.22-4.1)
  20. L’impact de Christ dans le monde (Colossiens 4.2-6)
  21. Christ et la force d’une équipe (Colossiens 4.7-18)