Dieu nous aime et cherche une relation particulière avec nous: cela nous le savons. Mais comment vivre cette réalité au quotidien malgré dans nos luttes et nos doutes? Jude nous donne la solution: Soyons actifs! Ayons de l'amour les uns pour les autres, ayons de la compassion pour les plus faibles dans la foi, et construisons une foi fondée uniquement sur la Parole de Dieu et sur Christ.
Découvre cette prédication basée sur Jude versets 20 à 23. Elle est la sixième d'une série de 7 prédications sur l’épître de Jude. Clique ici pour accéder au sommaire de cette série.
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Notes écrites de la prédication:
Ceux qui apprennent le code de la route découvrent qu’il y a des panneaux d’interdiction, de danger, et des panneaux d’obligation. Jusqu’à présent, Jude s’est chargé de poser les panneaux d’interdiction et de danger. Il propose maintenant de cultiver un comportement positif dans l’Église.
20Mais vous, bien-aimés, édifiez-vous vous-mêmes sur votre très sainte foi, priez par le Saint-Esprit, 21maintenez-vous dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. 22Ayez pitié des uns, de ceux qui doutent: 23sauvez-les en les arrachant au feu. Ayez pour les autres une pitié mêlée de crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair.
Jude 20-23
Actifs pour ceux qui sont dans l’Église
20Mais vous, bien-aimés, édifiez-vous vous-mêmes sur votre très sainte foi, priez par le Saint-Esprit, 21maintenez-vous dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle.
Jude 1.20-21
« Mais vous »
Contraste emphatique. L’expression est mise en avant. D’un côté les faux prophètes et les faux serviteurs de Dieu, de l’autre ceux qui sont authentiquement membres de la famille de Dieu.
« Bien-aimés »
C’est vraiment une expression tendre. Utilisée trois fois en Jude (Jd 1.3, 1.17, et ici). Cela désigne ceux qui sont aimés de Dieu. C’est l’expression favorite des apôtres Jean et Pierre, qui désignent ainsi les chrétiens à six reprises dans leurs lettres. Les chrétiens sont bien-aimés de Dieu. Ils sont chers à Dieu. Et les bien-aimés que nous sommes ont la responsabilité d’être actifs dans l’œuvre de Dieu.
Cette longue phrase se compose en français de 3 impératifs et d’un participe présent:
- Édifiez-vous.
- Priez.
- Maintenez-vous.
- En attendant.
Cependant, l’original dit les choses autrement. Il n’y a qu’un seul impératif, les autres sont tous des participes, qui soutiennent ou accompagnent l’action principale: « Maintenez-vous dans l’amour de Dieu. »
C’est une expression curieuse. Comment se maintenir dans l’amour de Dieu? Est-ce que l’amour de Dieu se mériterait? Faut-il agir en sorte que Dieu continue de nous aimer? Si c’était le cas, Dieu nous aimerait d’un amour conditionnel. Pire, nous serions au bénéfice d’un salut conditionnel.
La position biblique souligne que c’est Dieu qui nous maintient dans son amour.
27Mes brebis entendent ma voix. Moi, je les connais, et elles me suivent. 28Je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais, et personne ne les arrachera de ma main. 29Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les arracher de la main du Père. 30Moi et le Père, nous sommes un.
Jean 10.27-30
…ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux d’en bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur.
Romains 8.39
Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
1 Jean 4.16
Il est impossible que son Salut soit conditionnel. L’épître aux Hébreux souligne qu’« il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hé 7.25). Non seulement il sauve parfaitement par une rédemption éternelle (Hé 9.12) mais en plus, il prie pour nous et nous garde dans sa main…
Que veut dire cette exhortation centrale: « Maintenez-vous dans l’amour de Dieu »? Est-ce dans l’amour pour Dieu, ou dans l’amour venant de Dieu? Le second a ma préférence. C’est dans l’accueil qu’il nous accorde que nous devons demeurer.
Je crois qu’il existe une grande proximité entre ce que Jude nous dit, et ce que Jésus-Christ souligne en Jean 15:
4Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure sur le cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi. 5Moi, je suis le cep; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire. 6Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; puis l’on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent. 7Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé.8Mon Père est glorifié en ceci: que vous portiez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples. 9Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. 11Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. 12Voici mon commandement: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. 13Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.14Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. 15Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelé amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 16Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, pour que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. 17Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.
Jean 15.1-17
De cette proximité je tire 4 remarques. « Demeurer dans l’amour de Dieu » c’est:
- entretenir consciemment la pensée que Christ est impliqué dans notre journée,
- volontairement laisser Jésus porter un fruit relationnel (amour, joie, paix, patience, bonté…),
- un fruit de louange et un fruit de service dans notre quotidien,
- nourrir ses prières de paroles de l’Écriture et de ses promesses pour voir les exaucements que Dieu veut donner.
- entretenir la conviction que Dieu nous aime,
- marcher dans les voies, les commandements, que Dieu nous laisse dans sa Parole.
9Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. 11Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète.
Jean 15.9-11
Finalement, se maintenir dans l’amour de Dieu, c’est concentrer nos pensées sur l’amour que Christ nous a communiqué, afin de le communiquer à d’autres. C’est brûler dans nos cœurs les amours toxiques qui pourraient détourner nos yeux de l’amour de Christ, un peu comme la femme de Loth qui a regardé ce qu’elle laissait plutôt que de contempler ce que Dieu lui donnait.
Voilà donc le principal commandement de cette section. Se maintenir dans l’amour de Dieu. Mais Jude nous donne trois moyens pour accomplir cette priorité:
1. L’édification mutuelle sur la très sainte foi
Le terme « édifier » vient du monde de la construction. Et c’est un mot qui est très souvent employé pour la construction de l’Église.
En effet, construire l’Église, c’est très sérieux. En 1 Corinthiens 3, Paul parle des matériaux que les cadres de l’Église utilisent, et il est très solennel:
10Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. 11Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. 12Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée; 13car le Jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera de quelle nature est l’œuvre de chacun. 14Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur (le fondement) subsiste, il recevra une récompense. 15Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il en subira la perte; pour lui il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
1 Corinthiens 3.10-15
Une personne qui construit l’Église sur une doctrine erronée, sur une personnalité, sur une autorité, sur des moyens que Dieu ne reconnaît pas comme légitimes, est sûre d’être privée de récompense. D’entrer tout nu au ciel.
Dieu s’intéresse à la manière dont notre Église fonctionne et grandit. Jude parle d’un matériau de construction, « votre très sainte foi », et utilise ce mot pour décrire la Bible (Jd 3).
S’édifier sur cette foi sainte, c’est prendre sérieusement ce que Dieu dit dans sa Parole. Par la lecture personnelle, mais pas uniquement. Il s’agit de s’édifier les uns, les autres. C’est-à-dire de profiter des dons d’enseignant, de prophétie, de paroles de sagesse, de connaissance, d’exhortation. C’est valoriser de façon active sa présence au culte. Prendre des notes pendant les messages. Retenir quelque chose à méditer pour sa semaine. C’est prendre conseil auprès de ceux que l’on respecte…
2. La prière par le Saint-Esprit
On peut comprendre ce deuxième ingrédient de deux manières:
-
Le Saint-Esprit est l’agent; le moyen de cette prière.
Si c’était le cas, ce serait par exemple le parler en langues de 1 Corinthiens 12 et 14. Le problème, c’est que les langues sont un signe, une indication pour les non-croyants (1Co 14.22), et je ne vois pas comment ce serait un moyen de s’édifier, surtout que Paul met un point d’honneur à souligner pendant 3 chapitres que les dons édifient les autres (1Co 14.4 me semble ironique parce que contraire à tout ce qui précède).
Ou bien une prière que le Saint-Esprit conduirait dans notre cœur. Nous savons que le Saint-Esprit intercède en nous (Rm 8.26), et prier par le Saint-Esprit serait cette capacité du cœur à entendre une préoccupation particulière de l’Esprit et prier en conséquence. Récemment, une personne m’a dit avoir prié plus particulièrement pour moi à un moment où je passais par un temps un peu déconcertant.
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L’autre possibilité, c’est qu’il s’agisse de prier selon les préoccupations particulières de l’Esprit. Comment les connaître dans la sphère de l’Esprit? Il s’agit de tout ce que l’Esprit a indiqué à l’Église. Tout ce qu’il dit dans la Parole de Dieu. C’est s’inspirer du Notre Père, ou d’un Psaume, ou d’une des prières de Paul rencontrées pratiquement dans chaque épître.
Cette préoccupation de ce que l’Esprit veut recentrer notre regard et permet notre édification.
3. L’attente / l’anticipation de la miséricorde de Christ
L’attente est longue. Mais comme toujours quand on attend longtemps dans une salle d’attente, et que cela semble interminable, il arrive inévitablement que la porte s’ouvre et que l’attente cesse. Et quand on sort, on ne se souvient plus de l’attente. C’est oublié! Voyez les enfants avant Noël: l’anticipation est longue, puis les cadeaux sont là et toute l’attente s’oublie.
Le chemin est long, parfois difficile. Mais savoir que la porte s’ouvrira un jour, et que nous serons accueillis dans la Maison du Père, par le moyen d’une grâce imméritée, sauvé d’un jugement mérité, est l’une des composantes qui nous maintient dans l’amour du Père.
Quand Paul conclut sa section sur le retour surprise du Christ qui nous prendra avec lui, et nous transformera à sa gloire, le même jour que le seront les morts en Christ qui ressusciteront au même instant, il écrit:
Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles.
1 Thessaloniciens 4.18
C.S. Lewis dit ceci:
Si vous analysez l’histoire, vous verrez que les Chrétiens qui ont fait le plus pour le monde présent étaient ceux qui avaient le plus la tête dans celui à venir. Les apôtres eux-mêmes qui ont renversé l’Empire romain, les grands hommes du Moyen Age, les évangéliques Anglais qui ont aboli le trafic d’esclaves ont tous laissé leur empreinte sur terre, précisément parce que leurs pensées étaient préoccupées par le paradis. C’est depuis que les Chrétiens ont largement abandonné leur réflexion sur l’au-delà qu’ils ont cessé d’être efficaces.
Things Unseen, de Mark Buchanan, Mulinomah 2002, p. 23
C’est un moyen utile de persévérer que de se souvenir que Jésus reviendra établir son règne.
Actifs pour ceux qui sont aux marges de l’Église
22Ayez pitié des uns, de ceux qui doutent: 23sauvez-les en les arrachant au feu. Ayez pour les autres une pitié mêlée de crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair.
Jude 1.22-23
L’attitude que Jude demande est caractérisée par un souci mêlé de crainte.
« Ayez pitié »
On pourrait traduire manifester de la miséricorde. À l’image de Dieu « qui fait miséricorde » (Rm 9.16).
Jude nous propose d’avoir pitié parce que l’église était envahie de gens qui enseignaient de fausses doctrines, et certains étaient troublés, se demandant qui croire.
Il y a quelques mois le CNEF a sorti un document remarquable sur la théologie de la prospérité, qui montre Bible en main combien c’est une théologie erronée, éloignée de l’Écriture.
La théologie de la prospérité enseigne que l’homme qui aime Jésus sera béni par des biens matériels, par la santé, par la joie, par toutes sortes de bénédictions. Les arguments sont du genre: si vous êtes enfants du Roi des rois, alors ne roulez pas dans un autre véhicule qu’une Mercédès. Si vous êtes sous le sang de l’Agneau, vous êtes aussi sous la guérison parce que « c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (cf. Es 53.4-6)
John Piper en parle très simplement dans une vidéo: « Je hais la théologie de la prospérité! »
Cette théologie est véhiculée par les télévangélistes et les chaînes télévisées soi-disant chrétiennes aux États-Unis et diffusée dans le monde entier. Elle est devenue très populaire. Elle est enseignée en boucle sur ces chaînes, et lorsque nous étions à Haïti, nous étions tristes de voir l’influence de ces chaînes sur le monde environnant. Beaucoup de pasteurs n’avaient d’autres formations que ces émissions télé.
C’était donc courageux de la part du CNEF de porter une position si forte. Mais elle a bien entendu suscité des commentaires négatifs, et des prises de position contre… Beaucoup vont se demander où se ranger, qui croire…
Jude dit: « ayez pitié de ceux qui doutent » et il demande de les sauver en les arrachant au feu.
C’est l’image d’un sauvetage d’une mort atroce. Une intervention désespérée! Ce n’est pas une situation paisible au sein d’un dialogue courtois! C’est quelque chose d’intense.
Il faut que nous soyons solidaires les uns envers les autres. Nous encourageant, nous instruisant. Nous fortifiant…
Il y a une cinquantaine d’exhortations ou de commandements associés au terme « les uns les autres ». Le chrétien n’est jamais une « île » lui-même. Il vit dans un environnement qui le construit, le soutient, le reprend. Et nous devons en tant que frères exercer un encouragement réciproque.
C’est ainsi que nous devons nous aider, et aller repêcher celui qui est dans une situation difficile. Jusqu’où? Jusqu’à la frontière qui, une fois franchie, deviendrait une occasion de chute.
Si nous voulons aider les gens qui sont dans l’ésotérisme mais que nous avons une fascination pour ces questions, mieux vaut ne pas aller trop loin dans les fréquentations. Si nous voulons témoigner aux prostituées de la grâce de Dieu, mieux vaut ne pas être fragile dans la gestion de nos pensées.
La grande idée c’est qu’on tend une main à celui qui se noie, mais sans que jamais cela ne conduise à notre noyade…
L’été arrive. Quelle démarche pour se maintenir dans l’amour de Dieu?