Ouvrir une concordance, c’est un peu comme entrer dans le hall de stockage d’Ikea: l’endroit regorge de numéros, de colonnes de rangement et de mots alignés les uns sous les autres. Dans certaines Bibles, la police d’écriture est si ramassée qu’il faut parfois avoir recours à une loupe! Allez, c’est parti pour une plongée dans les dernières pages de ta Bible d’étude!
Notre vie est une suite incessante de chiffres. Quand tu appelles la hotline de la Sécurité sociale, de l’URSSAF ou encore de ton opérateur téléphonique, la première question est toujours la même: “Quel est votre numéro de…” La suite varie un peu, c’est vrai. Mais tout semble ne tenir qu’à quelques numéros. Et Ikea ne fait pas exception. Certes, les meubles portent des noms aux sonorités chantantes, mais ils arborent aussi une succession de huit chiffres, ainsi qu’un code qui te donne la localisation (allée et emplacement) de ton meuble dans l’immense hall de stockage. Attention à ne pas te tromper, sinon tu risquerais d’acheter une Äpplarö plutôt qu’un Färgrik.
Les Bibles d’étude proposent différents outils pour l’étude des mots. Certaines offrent des concordances, d’autres des index thématiques, des dictionnaires ou encore des chaînes de référence. De quoi parle-t-on au juste?
La concordance se présente comme un dictionnaire; mais, à la différence de ce dernier, elle ne fournit pas de définition. Elle oriente simplement le lecteur vers le verset dans lequel apparaît le mot recherché. Elle dépend donc de la traduction de la Bible. Ainsi, les paroles du Père à l’égard de son Fils dans Matthieu 3 ne comportent pas exactement les mêmes mots selon les traductions et ne seront donc pas répertoriées sous les mêmes entrées:
Celui-ci est mon Fils bien-aimé…
Pour faire une véritable recherche lexicale sans être gêné par les différentes traductions, il est possible d’avoir recours à une concordance Strong, qui répertorie les mots dans les langues originales.
Les concordances permettent au moins de débroussailler le terrain et d’avoir des pistes pour approfondir les recherches.
Évidemment, un bémol apparaît d’emblée: lorsque le mot n’est pas présent, il n’est pas référencé. Ainsi, le premier mariage d’Adam et Ève pourrait nous échapper, ainsi que les noces finales de l’Agneau avec l’Église. Il faudra spécifiquement chercher des références en lien avec "l’Épouse de Christ" pour trouver des versets qui renvoient à ce thème en particulier.
Des index de différentes sortes sont encore disponibles: index des personnages bibliques, des lieux, des articles, des schémas. Bref, dans ces quelque 3 000 pages environ, tu as tout à ta portée!
Le défi dans la rédaction de ces outils est d’en dire suffisamment pour que le lecteur puisse avoir assez de matière pour creuser un sujet, mais pas trop pour qu'il ne se sente pas submergé. Parfois, en écoutant certaines prédications, on peut avoir l’impression que l’orateur a tiré sur le fil de la pelote et que toute la Bible s’est retrouvée dans son message. Et là encore, nous sommes noyés sous les chiffres!
Admettons que tu doives préparer une étude biblique ou écrire un article sur le thème de l’adoption. À un moment donné dans ton processus de travail, tu te tourneras sûrement vers un de ces outils d’étude de mots.
En ouvrant les différentes concordances de tes Bibles d’étude sous l’entrée "adoption" ou "adopter", tu seras rapidement limité, car ce sont des concordances sélectives (plus sur ce point dans un moment). La plupart ne renvoient qu’à deux versets dans l’Ancien Testament et quatre versets dans le Nouveau Testament. Évidemment, leur travail ne consiste qu’à relever les occurrences de ce mot dans la traduction utilisée.
Les chaînes de références te permettront d’approfondir encore le sujet!
Voici en un coup d’œil ce que peut donner la recherche sur le thème de l’adoption dans les différentes Bibles d’étude évaluées.
Pour l’étude de ce thème, j’ai recherché ce que proposaient les Bibles d’étude selon sept critères:
Un rapide coup d’œil à ces graphiques te permettra de voir que les Bibles qui s’orientent davantage vers les travaux académiques fournissent moins de références que les Bibles à caractère pastoral: le travail doit être mené par le lecteur. Les Bibles à caractère méditatif fournissent peu (voire pas) de références.
Une question demeure cependant: avec Internet et nos Bibles en ligne, tous ces outils ne sont-ils pas obsolètes?
Certaines Bibles d’étude ont déjà franchi le pas et abandonné les concordances pour ne proposer plus que des index thématiques à plus forte valeur. Cependant, cela est peut-être dû à une autre contrainte: la place. En effet, les concordances qu’il est possible d’insérer en fin de Bible ne peuvent être que sélectives: elles ne référencent pas tous les mots et ne renvoient pas vers tous les versets pour un même mot. Impossible donc de faire une étude lexicale exhaustive avec cet outil: il faut soit investir dans une concordance complète, soit avoir recours à Internet.
Les Bibles digitales sont évidemment très pratiques: il est possible de changer de version en un clic, de chercher l’occurrence d’un mot dans toute la Bible, de comparer les traductions. Cependant, elles n’offrent pas accès aux notes et commentaires détaillés d’une Bible d’étude ni aux multiples index qui la composent.
Dans ces temps où nous sommes souvent accaparés par nos écrans, rien ne vaut le fait d’ouvrir une Bible d’étude et de se plonger pendant une heure dans l’étude d’un texte, de son contexte et des thèmes qui le traversent. Offrons-nous ces quelques minutes de déconnexion avec une Bible d’étude en papier!
Les liens seront mis à jour dès la publication de chaque article de la série, ndlr.