Christ est la source de notre lutte contre le péché

      Union à ChristCombat contre le péché
      9 min de lecture

      Comment lutter contre le péché qui reste présent en nous ? Il y a un seul secret, et il se trouve en Christ. Unis à Christ, nous pouvons devenir ce que nous sommes déjà.

      Alors que nous sommes unis à Christ lors de notre conversion, notre rapport au péché change de manière radicale : nous sommes morts au péché et ressuscités avec Christ pour vivre une vie nouvelle. Cela ne veut pas dire que nous ne péchons plus, mais cela veut dire que le péché a perdu son pouvoir dominateur sur nous. C’est ce que nous avons vu dans l’article précédent de cette série, en explorant le lien qui existe entre l’union avec Christ et la sanctification définitive.

      Cependant, le péché reste présent dans notre vie jusqu’à ce que nous en soyons délivrés dans la gloire. Comme Sinclair Ferguson l’exprime :

      Nous sommes déjà morts au péché, mais le péché n’est pas encore mort en nous1.

      Alors comment lutter contre le péché ? Dans cet article, nous allons considérer la manière dont notre union avec Christ motive notre sanctification progressive.

      Colossiens 3 : vivez selon ce que vous êtes !

      On dit souvent que la logique du Nouveau Testament peut être résumée par la phrase "vivez selon ce que vous êtes !" La Bible décrit notre nouvelle identité, c’est-à-dire qui nous sommes de manière profonde et réelle. Il nous faut maintenant vivre de manière cohérente avec cette nouvelle identité.

      C’est ce que l’on voit dans Colossiens 3. Dans les versets 1 à 4, Paul décrit les vérités merveilleuses de notre union avec Christ. C’est comme deux aimants qui sont collés ensemble et qui sont inséparables : nous sommes attachés à Christ par l’Esprit, de sorte que tout ce qui lui arrive nous arrive également. Christ est mort ; nous sommes morts aussi (v. 3, voir aussi Col 2.20). Christ est ressuscité ; nous sommes ressuscités avec lui (v. 1). Christ est assis à la droite de Dieu ; c’est aussi là que se trouve notre vie, "cachée avec le Christ en Dieu" (v. 3). C’est en raison de ces réalités que Paul dit à ces chrétiens : “Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre” (v. 2). Il faut s’attacher à "ce qui est en haut", parce que c’est là qu’est notre vie, c’est là que nous sommes, unis à Christ. Et il faut rejeter ce qui est de la terre, car cela ne correspond pas à ce que nous sommes.

      Comme la suite du passage le montre, Paul a quelque chose de très précis en tête en parlant des "choses d’en haut" et des "choses de la terre". Voici ce qu’il dit immédiatement après, au verset 5 :

      Faites donc mourir votre nature terrestre : l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie.

      Colossiens 3.5, version Colombe

      Il continue dans les versets suivants en donnant une liste de péchés qu’il faut rejeter. À partir du verset 12 et dans les versets suivants, Paul liste des comportements bons et honorables dont il faut se revêtir.

      Voici donc ce que sont les choses terrestres : des comportements pécheurs qui n’appartiennent pas à notre nouvelle vie, cette vie cachée avec Christ en Dieu. C’est cela qu’il faut rejeter, mettre à mort... afin de se revêtir d’un comportement juste qui correspond à notre nouvelle identité.

      Ce que Paul décrit ici, c’est la sanctification progressive : devenir de moins en moins comme on était, et de plus en plus comme Jésus est. Cela implique à la fois la mortification (la mise à mort du péché en nous) et la vivification (le fait de vivre en nouveauté de vie).

      Ce que l’on doit comprendre, c’est que cette poursuite de la sanctification dépend de notre union avec Christ. Il est question de comprendre les réalités merveilleuses de notre union avec Christ et de vivre en conséquence.

      Conséquence 1 : Devenez ce que vous êtes en Christ !

      Comme évoqué plus haut, la logique du Nouveau Testament est la suivante : il faut d’abord comprendre qui nous sommes, et c’est cela qui motive ensuite ce que nous sommes appelés à faire. Il est question de devenir ce que nous sommes ! Ou, comme Richard Gaffin le met en avant, il serait plus juste de dire qu’il est question de “devenir ce que nous sommes en Christ2.

      Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, le péché ne nous définit plus. En Christ, nous sommes morts au péché et ressuscités pour une vie nouvelle. Notre vieil homme a été crucifié avec lui (cf. Rm 6.6) : nous n’existons donc plus dans cette sphère "en Adam", mais nous vivons dans un nouveau règne, le règne de Christ.

      Cela ne veut pas dire que nous ne péchons plus. Mais lorsque nous péchons, nous contredisons la réalité. Nous contredisons ce que nous sommes.

      Imaginez un joueur de foot qui change d’équipe à la mi-temps pour passer dans l’équipe adverse. Pécher, pour un chrétien, c’est comme si ce joueur marquait un but contre son camp : ce serait en contradiction avec ce qu’il est ! C’est oublier qu’il porte un nouveau maillot, le maillot d’une autre équipe, et qu’il doit maintenant jouer dans cette nouvelle équipe. De la même manière, en tant que chrétiens, nous portons un nouveau maillot : nous ne faisons plus partie de l’équipe d’Adam, mais de l’équipe de Christ (voir Rm 5). Nous devons donc vivre en conséquence.

      Lorsque nous péchons, c’est que nous oublions la réalité. Nous croyons des choses qui ne sont pas vraies par rapport à nous-mêmes, et nous avons besoin d’être ramenés à la réalité.

      Devenir ce que nous sommes est tout un apprentissage. C’est un peu comme déménager dans un nouveau pays. Il y a quelques mois, j’ai déménagé en Suisse. Je n’y ai jamais habité, alors que j’ai pourtant la nationalité suisse. Le défi pour moi maintenant, c’est d’apprendre à vivre comme un Suisse. Je dois apprendre à vivre ce que je suis réellement ! Même si l’illustration n’est pas parfaite, c’est la même chose pour un chrétien : nous devons vivre selon notre nouvelle citoyenneté.

      Conséquence 2 : Les indicatifs motivent les impératifs

      C’est ce que nous sommes et ce que Dieu a fait pour nous qui motive ce que nous faisons pour lui. Colossiens 3 ne commence pas directement au verset 5, avec une liste d’impératifs et de comportements à rejeter ou poursuivre. Colossiens 3 commence plutôt avec les vérités merveilleuses de ce que nous sommes et de ce que nous avons grâce à notre union avec le Seigneur Jésus-Christ. Ce sont ces réalités qui nourrissent et motivent notre lutte contre le péché (le "donc" au verset 5 est essentiel).

      Il y a un danger à voir la vie chrétienne comme une simple liste d’impératifs : “Ne fais pas ça ! Fais ça !” La vie chrétienne peut vite se transformer en un fardeau, où l’on pense devoir en faire assez pour espérer un jour plaire à Dieu.

      Les impératifs font bel et bien partie de la vie chrétienne (Col 3.5-17 en est un exemple), mais ils sont ancrés dans les vérités merveilleuses de l’Évangile et de la grâce de notre Dieu (Col 3.1-4). Comme on le dit parfois, les impératifs dépendent des indicatifs. C’est parce que nous sommes ce que nous sommes, et parce que nous avons ce que nous avons, que nous devons vivre d’une certaine manière. Gaffin explique bien l’importance de ces deux aspects — l’indicatif et l’impératif — pour une juste compréhension de la sanctification. En particulier, il dit qu’il est crucial de bien comprendre deux choses. D’abord, l’ordre est irréversible : l’indicatif a priorité sur l’impératif, c’en est le fondement. Ensuite, ils sont inséparables : on ne peut avoir l’un sans l’autre, par crainte de tomber dans le légalisme ou l’antinomisme3.

      Ainsi, peut-être que parfois le problème n’est pas que nous n’essayons pas assez fort de lutter contre le péché, mais que nous essayons trop fort de la mauvaise manière. Nous oublions que la lutte contre le péché commence avec la sécurité de notre union avec Christ, par laquelle nous sommes au bénéfice de l’amour éternel de notre Dieu. Voici comment John Owen exprime cela :

      Le problème avec certains chrétiens aujourd’hui, c’est qu’ils essaient trop fort. Ils sont trop rigides, ont trop souci de bien accomplir leur tâche, sont trop focalisés sur le type de personnes qu’ils devraient être et comment ils devraient se comporter. Ils sont trop inquiets pour atteindre les exigences de Dieu. Tout ce dont ils ont besoin est de se relaxer, de réaliser combien Dieu les aime et de se réjouir de toutes les bénédictions qu’il leur a données en Christ.

      Se relaxer et comprendre que Dieu est pour nous en Christ est la meilleure motivation pour lutter contre le péché.

      Conséquence 3 : Christ est au centre de la lutte contre le péché

      Se relaxer ne veut pas dire ne jamais lutter contre le péché. Le même John Owen a aussi affirmé : « Mets à mort le péché, ou c’est le péché qui te mettra à mort. » C’est ce à quoi Colossiens 3.5 nous appelle : “Faites donc mourir votre nature terrestre…” C’est du sérieux, c’est actif ! Il ne s’agit donc pas de rester tranquillement assis sur le canapé en demandant à Dieu d’enlever le péché de notre vie. Non, il est question de lutter contre le péché. Mais cette lutte découle toujours de Christ.

      Comme nous l’avons vu, c’est de Christ que tout vient. C’est par notre union avec lui que nous avons tout. Ainsi, la seule manière de lutter contre le péché est de le faire en demeurant en lui (cf. Jn 15).

      Il faut donc se méfier des règles humaines et des disciplines imposées qui n’ont pas Christ pour centre (voir Col 2.16-23). La discipline est bonne et nécessaire dans la lutte contre le péché, mais elle doit venir de Christ et ramener à Christ.

      Il faut aussi se méfier de la poursuite d’un soi-disant "secret caché" pour vaincre le péché. Après avoir lutté contre un péché pendant un certain temps, il est tentant de penser que le secret pour le vaincre se trouve quelque part : dans ce livre, dans cette méthode en 10 étapes, dans ce prédicateur. Mais nous devons réaliser que nous avons déjà tout en Christ. C’est lui qui est notre sainteté !

      Cela ne veut pas dire que les livres et les méthodes ne sont pas utiles, mais ils doivent nous aider à nous focaliser sur Christ. C’est lui qui est au centre de la lutte contre le péché.

      En revanche, cela veut dire que la lutte contre le péché commence avec des vérités que nous devons connaître, que nous devons croire, que nous devons méditer. Il s’agit de vérités qui concernent Christ : comprendre qui il est, ce qu’il a fait pour nous, ce que nous avons en lui. C’est cela qui nourrit notre lutte contre le péché, et détourne notre cœur de ses attraits.

      Conclusion

      Grâce à Christ, la lutte est possible. Elle commence dans notre cerveau, en nous rappelant jour après jour qui nous sommes réellement grâce à notre union avec Christ. Nous devons lutter contre "l’amnésie spirituelle" qui nous fait croire que nous sommes encore esclaves du péché et soumis à ses désirs. Ce n’est pas vrai. En Christ, ce pouvoir dominateur du péché a été brisé. Nous jouons dans une nouvelle équipe, avec un nouveau maître. Nous pouvons grandir en sainteté, chaque jour un peu plus.

      Cela ne va probablement pas aussi vite que nous le voudrions. On a probablement l’impression que nos vies sont comme des chantiers toujours retardés et qui n’avancent pas beaucoup. Mais le Seigneur est à l’œuvre en nous. Un jour, le chantier sera terminé. Nous serons parfaitement conformes à l’image de Christ. En attendant, nous continuons à lutter, en revenant à Christ jour après jour.


      Dans la série "À la découverte de notre union avec Christ"

      1. L'union avec Christ, un thème important mais négligé ?
      2. Qu’est-ce que l’union avec Christ ?
      3. L'union avec Christ est la source de notre salut
      4. L'union avec Christ est le ciment de la doctrine du salut
      5. La sécurité d’avoir été élu en union avec Christ
      6. Notre justification a lieu en union avec Christ
      7. Le pouvoir du péché est brisé en Christ
      8. Christ est la source de notre lutte contre le péché

      Benjamin Eggen

      Benjamin est marié à Jessica, papa d'une petite fille, et pasteur de l'Église Réformée Baptiste de Bulle, en Suisse. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?.

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      Orateurs

      R. Charrier