En 2016, le Canada a adopté le projet de loi C-14, appelé “aide médicale à mourir” (AMM). Cela a suscité une question de la part d’un médecin canadien: maintenant que “l’aide à mourir” a été légalisée, un médecin chrétien peut-il y prendre part?
Notez le changement de vocabulaire: le “suicide assisté” est devenu “l’aide à mourir”. Ces changements subtils brouillent les pistes et rendent les enjeux plus difficiles à discerner. Il s’agit ici d’une question de suicide.
Quatre convictions nous guident:
La première obligation d’un médecin chrétien est de suivre les commandements de Dieu, et non les options légales. Dans cette obéissance, Dieu ne nous fournit pas toujours toutes les raisons de ses commandements. “Parfois, Dieu nous ordonne quelque chose, et ce n’est que bien plus tard que nous, ou le monde, découvrons tous les bienfaits qui découlaient de l’obéissance à Dieu, ou qui auraient découlé si nous lui avions obéi.” Nous ne voyons pas tout le bien à venir, alors nous obéissons dans le présent. Le meurtre – “l’effusion de sang innocent” – est interdit dans toute la Bible.
La vie humaine est créée à l’image de Dieu et “destinée à exister éternellement”. Ce n’est pas le cas des animaux. Seul Dieu peut ôter une vie humaine quand il le veut, sans faire de tort à personne, tout cela par “son unique prérogative” (Deutéronome 32.39; 1 Samuel 2.6; 1 Timothée 6.13; Jacques 4.15). “La vie humaine, dans son sens le plus complet, est un miracle que lui seul peut créer, et que lui seul a le droit de reprendre, à moins qu’il n’ait donné à l’État le droit d’user de l’épée pour ôter la vie dans certains contextes.”
Le serment d’Hippocrate appelle les médecins à “donner et maintenir la vie, non à la prendre”. Ce rôle s’applique à l’enfant à naître, à la personne âgée, et au malade en phase terminale. Cela dit, face à une souffrance atroce, “il est juste et bienveillant que les médecins utilisent tous les traitements dont ils disposent, si le patient le souhaite, afin de minimiser leur douleur”.
La mort anticipée va à l’encontre des desseins de Dieu. La souffrance humaine peut être utilisée par Dieu pour un bien plus grand. Par conséquent, “la souffrance ne sera jamais assez grande pour justifier la désobéissance à l’un des commandements de Dieu, comme celui de ne pas ôter la vie à un innocent”.
Ainsi, les médecins chrétiens ne prendront pas la vie et ne chercheront pas à hâter la mort. Mais “ce qui reste ambigu, c’est la frontière entre le fait de prendre une vie et celui de ne pas la prolonger excessivement”. Il y a clairement des moments où “l’on devrait laisser la mort suivre son cours ou arriver naturellement, sans intervention démesurée pour maintenir une personne en vie. Il est clair que la mort nous frappe tous”. Mais discerner cette frontière “n’est pas facile à l’ère de la médecine moderne remarquablement merveilleuse dans laquelle nous vivons, et qui nous offre la possibilité de prolonger la vie au-delà des moyens ordinaires”.
La volonté de vivre du patient est la clé. “Oui, efforcez-vous de maintenir la vie d’un patient qui désire la vie. Mais la volonté de mourir du patient n’est pas un critère décisif pour la simple raison que beaucoup de patients, dans une crise de dépression, ont tenté de se suicider, ont été secourus, et ont ensuite été reconnaissants, tout le reste de leur vie, que quelqu’un se soit opposé à leurs sombres désirs du moment.”
En fin de compte, “nous ne sommes pas en droit d'aider un patient à s'ôter la vie, ni en droit de la lui ôter nous-mêmes. Les lois qui placent un tel pouvoir entre nos mains sont de mauvaises lois, et ne devraient pas contraindre les médecins chrétiens à agir contre leurs convictions – même s’ils devaient perdre leur emploi pour cela”.
Cependant, “l'ambiguïté autour des décisions de fin de vie – entre ce qui constitue un maintien approprié de la vie et ce qui empêche une mort naturelle au moment opportun – rend ces décisions extrêmement difficiles à trancher”1.
Face à toutes les options médicales disponibles, à l'incertitude qui entoure l'intervention médicale de fin de vie et aux limites à ne pas dépasser, nous pouvons nous laisser guider par l'espérance, la prière et les convictions bibliques.2