À la première lecture, pas évident de comprendre pourquoi Jésus a pleuré devant la tombe de Lazare. Warfield, le célèbre théologien, nous en donne sa compréhension.
Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit: Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Quand Jésus vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en son esprit et fut troublé. Il dit: Où l’avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.
Jésus pleura. Les Juifs dirent donc: Voyez comme il l’aimait! Et quelques-uns d’entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne meure pas?
Jésus, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au tombeau. C’était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit: Ôtez la pierre. Marthe, la sœur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car c’est le quatrième jour. Jésus lui dit: Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? Ils ôtèrent donc la pierre. Jésus leva les yeux en haut et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de la foule de ceux qui se tiennent ici, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. Après avoir dit cela, il cria d’une voix forte: Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liées de bandelettes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
S’appuyant sur le commentaire de Calvin, B. B. Warfield commente:
Jésus était furieux devant la détresse de Marie et de ses compagnons parce qu’il avait compris, avec beaucoup d’émotion, que la mort apporte douleur, qu’elle est contre nature et, selon les mots de Calvin « une violente tyrannie ». Il voit chez Marie, toujours selon Calvin, « la misère et la calamité commune de tout le genre humain » et il brûle de rage contre l’oppresseur des hommes.
Il est saisi d’une fureur irrépressible et son être entier est bouleversé et perturbé…
La mort est l’objet de sa colère et, avec la mort, celui qui en détient le pouvoir, celui qui est venu détruire. Les yeux de Jésus se remplissent de larmes, mais cela a peu d’importance. Son âme est en proie à une vive rage et il avance vers le tombeau, comme le dit Calvin « comme un champion qui se prépare au combat »…
Jean nous dévoile le cœur de Jésus alors qu’il gagne notre Salut, non dans une attitude de froideur blasée, mais dans une colère brûlante contre l’ennemi.
Il ne nous a pas seulement sauvés de ce qui nous opprime, il a ressenti notre oppression et, sous l’impulsion de ces sentiments, il a accompli notre Salut.B.B. Warfield, The emotional life of our Lord, cité par Tim Keller dans La souffrance, p 179.