Le Sabbat chrétien (5/5): Pistes pratiques

Vie d’ÉgliseSabbat

Nous voilà à notre dernier article sur le sabbat, clôturant la série de notre ami Emmanuel Hechon. En espérant qu’elle vous aura donné envie d’obéir à notre Dieu et de le célébrer.

En résumé

Le sabbat est donc quelque chose de riche dans l’Ancien Testament. Il est à la fois:

  • un ordre créationnel
  • une bénédiction créationnelle
  • une partie intégrante de la loi morale de Dieu exprimée dans les dix commandements
  • un signe de l’alliance entre Dieu et le peuple juif
  • un type de notre repos final

Le sabbat est un des moyens dont l’homme reflète Dieu. Nous exprimons notre image de Dieu quand nous travaillons 6 jours et nous reposons le 7ème, car Dieu en a fait de même.

Le sabbat nous donne aussi un aperçu de ce que faisait Dieu avant la Création, le premier jour entier qu’a connu l’homme est un sabbat, il a contemplé Dieu, dès son premier jour d’existence. Ainsi, il imitait le Dieu qui se contemple.

Le sabbat, s’il est un repos, n’est pas uniquement une cessation d’activité ou un jour qui serait  plus béni qu’un autre. C’est un jour où nous servons autant Dieu que les autres. Simplement, nous le faisons autrement, en ayant une emphase plus grande sur Dieu et son œuvre. De même que les autres jours n’ont jamais empêché d’avoir des activités cultuelles, de même le septième jour n’empêche pas les activités qui font du bien à l’homme, aussi bien à soi qu’aux autres.

« Le sabbat est un jour où nous servons autant Dieu que les autres. »

Il est vrai que l’instauration de la Nouvelle Alliance a annulé tout ce qui est de l’Ancienne. Il est donc vrai que certaines caractéristiques du sabbat liée à l’ancienne alliance n’existent plus. Nous célébrons ainsi le sabbat le premier jour et non plus le septième jour de la semaine et le sabbat n’est plus, désormais, un signe de l’Ancienne Alliance. Mais toutes ses autres caractéristiques demeurent. Le sabbat reste un moyen de refléter Dieu en copiant le rythme créationnel. Il reste aussi un moyen de refléter le Dieu qui se contemple et un type de notre repos final.

Que fais-je alors ?

Ainsi, nous continuons de respecter le sabbat. Cela implique d’abord que nous rejetions la paresse! Le commandement nous dit de travailler six jours. Beaucoup ne peuvent pas se reposer le dimanche parce qu’ils n’ont pas travaillé les autres jours de la semaine et doivent rattraper leur retard à ce moment! Notre Dieu travaille, travaillons aussi.

« Respecter le sabbat, c’est rejeter la paresse! »

Autant que possible, nous faisons donc ce que nous pouvons pour nous reposer et célébrer la Nouvelle Création qui a été inaugurée par Christ pendant le sabbat chrétien.

Ce repos ne nous dispense pas d’aimer nos prochains, des parents qui prennent soin de leur enfant en ce jour ne pèchent pas. Faire quelque chose qui serait éprouvant physiquement pour le bien d’un autre, particulièrement d’un frère n’est pas un péché, au contraire.

Comme notre Dieu continue à faire ce qui est nécessaire pour maintenir la création en ordre pendant le sabbat, faisons de même. Nous avons le devoir, par exemple, que notre foyer reflète l’ordre de Dieu. Nous devons donc cultiver la beauté, la propreté de notre lieu de vie. Ceci est une tâche que nous devons effectuer pendant les 6 jours qui nous sont attribués pour accomplir nos œuvres. Je ne vais pas entreprendre un dimanche un grand nettoyage de printemps. Mais supposons que je fasse tomber mon assiette par terre, je ne vais laisser ni la nourriture ni les débris de mon assiette par terre. Je vais maintenir l’ordre que j’ai déjà créé pendant la semaine.

Comme ce repos n’est pas seulement une cessation d’activité, une occupation qui nous libère l’esprit pour penser à notre Dieu et à son œuvre n’est pas un travail. Un marathon qui nous priverait du moment de culte avec les frères et nous rendraient incapable de méditer l’œuvre de Dieu pendant le reste de la journée est mal. Mais si nous nous baladons en famille, hors des heures de culte, à un rythme qui nous permette de contempler la création de Dieu ensemble, n’est pas un péché.

Nous mettons donc en place dans notre vie tout ce qui est nécessaire pour pouvoir commencer à faire maintenant ce que nous ferons pendant toute l’éternité: contempler notre Dieu avec le peuple de Dieu.

Savoir que nous avons notre dimanche pris pour Dieu doit aussi nous orienter dans nos choix pour les autres jours. Je vais faire mon possible pour être en forme le dimanche: je vais essayer de faire les autres jours tout ce que je peux pour être libre ce jour-là.

Le dimanche se prépare souvent le samedi soir

Pour arriver à cela, nous devrions préparer notre dimanche, dès le samedi. Dans l’Ancien Testament, le sabbat commençait la veille au soir. Un élément de sagesse apparaît ici: Si je veux être en forme le dimanche, je ferais bien de m’y préparer dès le samedi. Je crains que souvent, nous ne pouvons apprécier notre sabbat ni en faire un délice parce que nous sommes trop fatigués le dimanche. Nous copions parfois trop le monde qui nous entoure. Nous plaçons le plus d’activité possible le samedi et nous finissons la journée par des activités de loisirs qui nous font nous coucher très tard… ou tôt le dimanche matin. Résultat: la fatigue est notre maître le dimanche et nous ne pouvons être vraiment attentif à nos moments cultuels.

Il nous faut donc essayer de gérer avec sagesse notre samedi, essayer de l’organiser de telle façon que nous pouvons avoir une soirée qui nous permettra de nous préparer au lendemain. Il n’est donc pas tellement question de ce qui est interdit ou pas, mais plutôt de nous interdire de tout ce qui pourrait nous empêcher de servir correctement Dieu le lendemain. Certains d’entre nous peuvent peut-être sortir jusqu’au 3h du matin, se coucher à 4h, mais n’avoir aucun problème pour vivre un vrai sabbat le dimanche. Leur métabolisme leur permettra de prendre plaisir au sabbat que Dieu leur a donné et à le vivre du manière qui plaise à Dieu. D’autres ont peut-être besoin de se coucher à 20h30…

Le jour même, nous essayons de nous limiter aux activités cultuelles individuelles, collectives, aux activités qui participent à notre repos. De manière générale, nous devons aussi nous rappeler que nous sommes appelés à ne pas désobéir à notre conscience. Si je pense que quelque chose est interdit, je ne le fais pas tant que je ne comprends pas pourquoi elle est autorisée.

Il nous faut aussi penser à notre responsabilité envers les autres. Par mon action, est-ce que je participe aux circonstances qui mènent quelqu’un d’autres à travailler le dimanche? Dans l’absolu, rien ne m’empêcherait, par exemple, d’aller au restaurant avec ma famille un dimanche. Ce serait une activité de repos valable. Mais en faisant cela, j’oblige indirectement quelqu’un à travailler le dimanche. Il en est de même si je fais mes courses le dimanche. Le problème n’est pas tellement ce que je fais, mais les implications de ce que je fais pour les autres.

Et si mon activités professionnelle s’exerce le dimanche?

Ceci nous amène directement au dernier point: le chrétien peut-il exercer une activité professionnelle le dimanche? Encore une fois, une réponse tranchée nous ferait rentrer dans le rigorisme que Jésus reprochait à ses contemporains. Tout dépend vraiment de notre métier, de ce que nous faisons.

La première chose qu’il convient de dire est que si vous travaillez le dimanche et que votre conscience vous accuse sur cela, vous prenez un chemin dangereux. Vous commencez à prendre l’habitude d’agir d’une manière par laquelle vous pensez désobéir à Dieu. Il vous faut rétablir la situation.

Cela dit, nous pouvons essayer de réfléchir aux principes qui doivent nous gouverner. Si je suis médecin, le fait que Jésus ait fait plusieurs fois des guérisons qui aurait pu attendre le lendemain le jour du sabbat, nous montre qu’il n’y aurait pas d’objection à le faire.

Si je suis électricien, à première vue, il n’y aurait aucune nécessité à travailler le dimanche, le faire serait enfreindre le sabbat. Mais si je suis électricien dans un hôpital, que les vies de patients affaiblis dépendent de ma présence, alors, ce serait respecter le principe du sabbat que de travailler.

Il en va de même dans la restauration. De manière générale, j’enfreins la loi de Dieu en travaillant. Mais si j’exerce dans un orphelinat, une maison de retraite, un centre pour handicapé, tout lieu qui accueille des personnes faibles, dépendantes et qui ont besoin de cette nourriture, alors je respecte le sabbat en aidant les faibles.

Maintenant, de la même manière que le respect des autres commandements de Dieu dirigent nos vies et nos choix en nous privant souvent de bonnes choses, le respect du sabbat aura peut-être cette conséquence dans notre vie. « Tu ne commettras pas d’adultère » nous privent de beaucoup de femmes ou d’hommes qui peuvent être exceptionnels et nous plairaient. Ne pas mentir peut nous mettre dans des situations difficiles au travail. Ne pas voler nous prive de beaucoup de choses bonnes. Ne pas vouloir travailler le dimanche nous fera peut-être rater une promotion, ou un travail qui nous plairait. Afin de pouvoir être en forme au culte, nous raterons peut-être une super sortie entre amis un samedi soir.

Un commandement comme les autres

En fait, il faut que nous comprenions que le sabbat est un commandement comme les autres.  Lui obéir va nous coûter. Il est impossible à tenir pour l’homme pécheur. La vérité est que nous le transgressons tous d’une manière ou d’une autre. Nous le transgressons en refusant de travailler les jours que Dieu nous donne de travailler. Nous le transgressons en refusant de nous reposer le jour où Dieu nous demande de nous reposer. Si l’obéissance à ce commandement était une condition de salut, nous serions tous morts.

Mais Christ n’a pas fait que gagner la route pour notre véritable repos, le repos que nous aurons auprès de notre Dieu après le renouvellement de toute chose et la fin de la malédiction qui pèse sur cette création depuis la désobéissance. Jésus a aussi parfaitement obéi à ce commandement. Il est mort pour notre péché et nous donne sa justice aussi pour le quatrième commandement.

La solution n’est donc pas d’essayer de rendre ce commandement le plus strict possible en pensant ainsi le protéger, comme le faisait les pharisiens. Mais nous obéissons à ce commandement comme nous obéissons aux autres. Nous devons utiliser la sagesse, le renouvellement de l’intelligence que donnent l’Écriture et l’Esprit. Le quatrième commandement nous explique ce que Dieu attend de nous, nous nous efforçons donc maintenant d’observer de mieux en mieux ce commandement afin de plaire à notre Père grâce à l’action de son Esprit en nous.

Puisque notre sauveur nous a acquis le repos, puisque nous avons la certitude d’y participer, faisons donc du sabbat notre délice !

anonyme

Emmanuel Hechon

Ancien informaticien, Emmanuel a quitté son travail pour se former à l’Institut Biblique de Genève, et en est ressorti diplômé en 2014. Marié à Hélène, il est aujourd’hui pasteur d’une Église à Marchiennes (Nord de la France). Lorsqu’il n’est pas en train d’étudier la théologie, il aime cuisiner et jouer aux échecs.

Ressources similaires