Comme rappelé dans l’article précédent, l’Église est avant tout appelée à prier pour que les dirigeants politiques nous permettent de vivre une vie paisible et tranquille. Pour utiliser une expression plus moderne, l’apôtre Paul nous demande de prier pour la liberté de conscience (1Tm 2.2).
Laissez-moi vous donner mes 10 meilleures raisons pour cela:
En choisissant un camp politique, nous diminuons notre capacité à transmettre l’Évangile à l’autre camp. Si les évangéliques s’expriment sur un certain parti, les membres des autres partis vont-ils considérer cela comme obstacle à la foi chrétienne? La croix ne devrait-elle pas être la pierre d’achoppement ultime?
Le Nouveau Testament ne demande jamais à l’Église de s’opposer aux pratiques impies, mais simplement de refuser les ordres impies.
L’Église devrait faire taire ses adversaires par de bonnes œuvres. En d’autres termes, c’est notre style de vie qui devrait remettre en question le style de vie des non-croyants.
Mounce, dans son commentaire, note:
En contraste avec les opposants qui jettent le discrédit sur l’Église, l’Église doit poursuivre un style de vie caractérisé par la tranquillité, le calme, la révérence et la dignité.[2]
La rédemption – plutôt que la morale
Voilà ce qui est bien devant Dieu, notre Sauveur, ce qu’il approuve. Car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme: Jésus-Christ. Il a offert sa vie en rançon pour tous. Tel est le témoignage qui a été rendu au moment voulu. C’est pour publier ce témoignage que j’ai été institué prédicateur et apôtre (je dis la vérité, je ne mens pas), pour enseigner aux non-juifs ce qui concerne la foi et la vérité.
1 Timothée 2.3-7
Vous avez ici l’essence du christianisme. Si Paul demande que l’on prie pour la liberté de conscience, c’est pour que le message unique qu’apporte l’Église soit clairement discernable. Et ce message est le sauvetage de la mort spirituelle et de la mort éternelle d’hommes et de femmes de tout type.
Il existe beaucoup de moralités, de spiritualités et de religions qui proposent un système d’amélioration de l’homme: cultiver un esprit zen, imposer une morale sur une société, transformer les comportements… La Bible voit bien que si vous ôtez les armes des mains des hommes, ils auront encore leurs mains pour étrangler. La Bible vise la rédemption. Quelle est cette rédemption?
Lorsqu’il est dit qu’il « s’est donné lui-même en rançon pour tous », il ne s’agit pas d’une déclaration de salut universel, comme s’il n’y avait pas de jugements et d’enfer à attendre. C’est la deuxième fois que nous trouvons l’expression « tous » dans notre passage. Et elle doit être comprise dans le contexte de cette lettre, à savoir tous les types de personnes cités: Juifs et Gentils, riches et pauvres, aucune classe n’a jamais été exclue de la glorieuse vocation de l’Évangile.
Jésus vient payer une rançon, une dette. Il vient mourir à la place de personnes qui réalisent qu’ils ont besoin de restauration.
Jésus vit la vie parfaite que j’aurais dû vivre (mais que je n’ai pas vécue), Jésus connaît la peur, le jugement, la honte et la mort que j’aurais dû connaître (mais que je ne vivrai jamais), Jésus ressuscite pour une vie que je ne devrais pas vivre (mais que je vivrai éternellement). Sa vie pour la mienne. Ma vie par la sienne!
Or ce message, vous ne l’entendrez pas sur France Info. Vous ne l’entendrez évidemment pas d’hommes politiques. Seule l’Église peut porter ce message d’espoir!
Si l’Église proclame 100 valeurs politiques, elle enflammera le monde avec des pour et des contre et noiera son message essentiel: celui de la rédemption. Les pasteurs américains et québécois Kevin DeYoung et Greg Gilbert, affirment avec raison, dans leur livre Quelle est la mission de l’Église?
Nous croyons que l’Église est envoyée dans le monde pour témoigner de Jésus en proclamant l’Évangile et en faisant des disciples de toutes les nations. Voilà notre tâche. Voilà notre appel. Il est unique et central.[3]
Trop réducteur? Est-ce que l’Église est bâillonnée par la position que je défends? Je sais que cette position semble molle et défaitiste. Mais je crois en fait qu’elle est l’inverse.
1. Bernard Cottret, Histoire de la Réforme protestante, Editions Perrin, 2001, p. 255-256.
2. Mounce, W. D. (2000). Épîtres pastorales (Vol. 46, p. 82). Dallas: Word, Incorporated.
3. Kevin DeYoung et Greg Gilbert, Quelle est la mission de l’Église? BLF, 2016, Édition Kindle, 308.