Le sabbat chrétien: pourquoi et quand le célébrer?

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Nous avons vu jusqu’ici que Dieu a gravé les dix commandements dans le cœur du croyant, qu’ils sont toujours d’actualité. Le chrétien doit y obéir et Dieu, son Père, lui a donné la puissance pour le faire. Ce n’est pas du légalisme de penser ainsi. Nous ne pensons pas que c’est un moyen d’arriver au salut que Jésus a acquis.

Aimer Dieu, c’est lui obéir, et nous essayons de montrer notre amour en comprenant le mieux possible ce qu’il nous demande et en ayant une vie qui se conforme à ce qu’il nous demande.

Le 4ème commandement

Notre but est maintenant d’établir que le quatrième commandement, celui du sabbat, continue d’être valable pour le chrétien, même s’il y a un changement dans la manière de l’appliquer. Dans l’ancienne Alliance, nous adorions Dieu par les sacrifices d’animaux qui pointaient vers celui de Jésus. Dans la nouvelle Alliance nous l’adorons par le sacrifice de Christ—ce vers quoi pointait l’ancienne Alliance.

De même, dans l’ancienne Alliance, le sabbat était le septième jour, septième jour de la création et jour de la sortie d’Égypte, deux ombres qui pointent vers la nouvelle Création et la nouvelle Rédemption par Jésus. Dans la nouvelle Alliance, nous vivons le sabbat le premier jour de la semaine —le dimanche— jour de la résurrection, début de la nouvelle Création et de la nouvelle rédemption, ce vers quoi pointait l’ancienne Alliance.

Le sabbat chrétien: une célébration de la nouvelle Création et de la Rédemption du péché par le peuple assemblé.

Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. (Col 1.12-14)

Ces quelques lignes sont pleines d’échos à l’Exode. Pendant les dix plaies, Dieu avait établi que l’Égypte était un royaume de ténèbres alors que son peuple faisait partie d’un royaume de lumière (Ex 10.21-23). L’Exode était une délivrance, une rédemption de l’esclavage de l’Égypte par un agneau (Ex 12). Ce que chaque tribu allait recevoir dans le territoire d’Israël était son héritage.

Mais la Nouvelle Alliance est le résultat d’un meilleur Exode, la libération du royaume des ténèbres où Satan règne pour entrer dans le royaume de la lumière où le Fils règne. C’est une rédemption, non pas de l’Égypte, mais de l’esclavage du péché. Pour les non-juifs que beaucoup de nous sommes, c’est le droit d’avoir part à l’héritage des saints, les juifs croyants du passé, auquel nous n’aurions pas eu le droit dans l’Ancienne Alliance (Ep 2.11-22 – notons particulièrement le verset 19).

Mais cette Nouvelle Alliance n’est pas qu’un nouvel Exode, c’est aussi une nouvelle Création. Regardons la suite de notre passage de Colossiens qui décrit ce Fils qui nous a délivré :

Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. Car Dieu a voulu faire habiter toute plénitude en lui; il a voulu par lui tout réconcilier avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. (Col 1.16-20)

J’aimerais mettre en évidence les parallélismes du texte. Les versets 17 et 18 nous parlent de Jésus en tant que Fils éternel, Image du Père et créateur de tout, but de tout. Le terme premier-né doit-être compris comme n’ayant aucune connotation de création : le Fils est exclu de tout ce qui est créé car il est l’agent de création de tout.

Les versets 19 et 20 nous décrivent la réconciliation en des termes parallèles à la création. C’est une création qui est rendue possible par la croix, car elle réconcilie les hommes avec Dieu en permettant le pardon des péchés par la destruction de nos offenses (Col 2.13, 14) et parce qu’elle le lieu où les êtres angéliques rebelles sont humiliés (Col 2.15).

Mais cette Création a un point précis dans le temps, c’est le moment où le Fils ressuscite des morts (v18). Puisque cette Création est basée sur le Fils mort et ressuscité, elle nous décrit le Fils en tant que Parole créatrice faite chair, dans son état d’humiliation (incarnation qui culmine à la crucifixion) et de glorification (depuis sa résurrection et son ascension).

Le Fils quand il s’est incarné est donc devenu par rapport à la nouvelle Création, en tant qu’homme, ce qu’il est dans sa divinité par rapport à la Création présente: le premier-né, le chef de tout, le Créateur de tout.

De plus, sa résurrection nous fait entrer dans cette nouvelle Création car, quand nous croyons, c’est par la résurrection de Christ que nous avons la vie (Col 2.12, Rm 6.3-5). Cette résurrection qui a commencé dans notre âme aura aussi lieu dans notre esprit à la résurrection. Toutefois, la résurrection finale n’est pas un acte déconnecté de la résurrection de Christ, mais fait partie d’une seule moisson dont la résurrection de Christ est les prémices (1 Cor 15.20-22).

Dans l’ancienne Alliance, le sabbat avait lieu le septième jour parce que ce jour était choisi par Dieu pour célébrer la première Création et la Rédemption d’Égypte.

La Nouvelle Alliance n’est pas concerné par ce qui est de la première Création, mais par ce qui est de la seconde Création. Cette Création a commencé par la résurrection de Christ, non pas un septième jour, mais un premier jour de la semaine, non pas un samedi, mais un dimanche (Mt 28.1). Elle n’est pas concernée par la Rédemption d’Égypte, mais par la Rédemption du royaume des ténèbres.

Si ce pardon a été acquis par la crucifixion, le passage de Colossiens 1 que nous avons étudié lie notre Rédemption non à la crucifixion, mais à la résurrection. Jésus est mort pour nos offenses, mais pour notre justification, qui nous transmet l’obéissance de Christ et donc nous réconcilie avec Dieu, il est ressuscité  (Rm 4.22-25). Si Christ était mort seulement, nous serions encore dans nos péchés (1Co 15.16-18). La rédemption, le pardon des péchés, intervient donc à la résurrection de Christ, c’est cette résurrection qui nous transporte du royaume des ténèbres vers le royaume du Fils que le Père aime.

Comme dans l’ancienne Alliance, le jour de la Création et le jour de la Rédemption sont confondus. Contrairement à l’ancienne Alliance, ce jour est le premier de la semaine, le dimanche et non plus le dernier, le samedi.

Cela seul, même si nous n’avions rien d’autre nous contraint à comprendre que le sabbat qui célèbre la Création et la rédemption, doit avoir lieu le dimanche, premier jour de la semaine, pour le peuple de la Nouvelle Alliance.

Quelques confirmations

Le Nouveau Testament nous montre plusieurs exemples où l’Église se rassemble pour le culte. Nous pouvons penser à Actes 20.7. Cela fait plusieurs jours que Paul et les siens sont en ville, mais c’est le premier jour de la semaine qu’ils se rassemblent avec les chrétiens pour prendre la Cène et recevoir un enseignement. Si nous nous rappelons que le don financier est un acte cultuel, nous pouvons voir que Paul a pris l’habitude de l’instituer le dimanche (1Co 16.1-2).

Mais surtout, nous voyons que dès le début de l’ère chrétienne, l’Église se réunit le dimanche en commémoration de la résurrection et appelle ce jour le jour du Seigneur. Se réunir le dimanche pour célébrer la résurrection est décrit comme une marque de l’Église aussi loin que nous pouvons remonter. En tant que tel cela semble peut-être ne pas avoir de poids, sauf que l’Eglise reprend une expression que Jean (Ap 1.10) utilise en passant pour désigner le jour où il reçut sa vision. Derrière les mots « du Seigneur » est une expression qui n’est utilisée qu’en 1 Corinthiens 11.17 lorsque Paul appelle la Cène le repas « du Seigneur ». Si tous les repas appartiennent à Jésus, un repas lui appartient particulièrement —le repas du Seigneur— la Cène. Si tous les jours appartiennent à Christ, un jour lui appartient particulièrement —le Dimanche— premier jour de la semaine, jour de sa résurrection. Le sabbat appartient à l’Éternel dans la nouvelle Alliance comme dans l’Ancienne (Lv 23.3), mais dans la nouvelle, il se célèbre le dimanche.

Conclusion

Puisque dans l’ancienne Alliance, le sabbat était un jour de rassemblement pour le peuple de Dieu, un jour où son peuple célébrait le Dieu Créateur et Rédempteur, célébrons nous aussi le Dieu de la nouvelle Création et de la Rédemption du péché. Mais puisque c’est la libération du péché et non de l’Égypte que nous célébrons, puisque c’est la nouvelle Création et non pas à l’ancienne que nous appartenons, ne célébrons plus le samedi mais le dimanche, qui est le jour où notre Seigneur a établi la nouvelle Création et où nous avons été libéré du péché, transporté dans le royaume du Fils.

Nous faisons partie de la nouvelle Création, réjouissons nous en! Vivons le sabbat pleinement! Ne pas prendre part à la célébration de notre Église, c’est dire que nous n’avons pas de nouvelle Création à célébrer.

Célébrer le sabbat de la même manière que dans l’ancien Testament, c’est nier que nous sommes morts à cette ancienne Création et vivant dans la nouvelle, c’est vivre selon l’ombre, mais pas selon la réalité (Col 2.1-3). Célébrer le sabbat le septième jour est donc aussi une insulte à l’oeuvre de Christ, comme continuer les sacrifices, se faire circoncire ou respecter les règles alimentaires de l’ancienne Alliance.

De plus, ne pas célébrer le sabbat du tout, c’est nier la nouvelle Création que Jésus a commencée. Ceci est primordial pour notre évangélisation, particulièrement en ce qui concerne la dénonciation du péché. Notre société fait du dimanche un jour de repos que chacun a mérité pour soi et qu’il peut utiliser comme bon lui semble. Nous proclamons par nos actes et notre message que le Dimanche est un jour de repos acquis par Christ et que nous utilisons pour lui. Nous pouvons, par cela, montrer à nos contemporains que s’ils refusent d’organiser leur temps pour adorer le Créateur et le Rédempteur, c’est qu’il se rebellent contre lui.

Devant la grandeur de l’œuvre de Christ, devant la perfection et la gloire de Dieu que nous voyons à cette croix ne perdons plus donc une seule occasion: faisons de chaque dimanche que Dieu nous donnera un jour de fête et de repos.


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anonyme

Emmanuel Hechon

Ancien informaticien, Emmanuel a quitté son travail pour se former à l’Institut Biblique de Genève, et en est ressorti diplômé en 2014. Marié à Hélène, il est aujourd’hui pasteur d’une Église à Marchiennes (Nord de la France). Lorsqu’il n’est pas en train d’étudier la théologie, il aime cuisiner et jouer aux échecs.

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Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.

Orateurs

D. Angers