Découvre cette prédication basée sur Ecclésiaste 3.16-4.16. Elle est quatrième d’une série de 11 prédications sur le livre de l’Ecclésiaste. Clique ici pour accéder au sommaire de cette série.
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NB: Le fichier audio de cette 4ème prédication a été perdu. Cependant, tu pourras lire la version écrite ci-dessous.
Notes écrites de la prédication:
Introduction
Voilà un homme qui a tout essayé dans la vie:
La recherche des plaisirs exagérés, l’exploration de la science, la réalisation des projets les plus ambitieux… et à la fin de sa vie, il fait le constat: tout est vapeur, fumée, rien n’a vraiment de durée ni d’importance; tout est vanité.
Il fait le constat que la vie est d’une routine écrasante, et que chacune des activités constructrices de la vie s’accompagne d’activités destructrices. Le bilan d’une vie est nul.
Cette réalité écrasante de lucidité nous conduit à nous demander quel peut être le sens de la vie? Puisque ni les plaisirs rassemblés, ni les réalisations professionnelles, ni la science, ni le rire, ni l’alcool, ni le sexe facile, ni la quantité d’acquisition, ni la sagesse ne vont réellement satisfaire le cœur humain, qu’est-ce qu’il nous reste? Salomon ne donne pas toutes les solutions d’un coup. Juste quelques pistes, et jusqu’ici voici les principales:
Accueillir et accepter l’idée que la vie terrestre sera décevante dans certains de ses aspects. Le savoir limite les déceptions. J’ai assisté cette semaine à l’altercation violente de deux automobilistes, et je me suis fait la remarque qu’ils s’étaient énervés jusqu’à s’insulter copieusement pour une attente de 20 secondes. Quand on est prêt à se laisser des marges de 20 secondes, on n’est plus déçu!
Se réjouir consciemment des joies quotidiennes que sont l’activité du jour, le manger, et le boire. Le bonheur de vivre se cueille chaque jour dans les instants agréables que l’on choisit de repérer et dont on profite. Revoir son aimé(e) et cueillir son sourire à la fin de la journée. Prendre un enfant dans ses bras et le bénir d’encouragements, parler décemment au pompiste, et se réjouir qu’il a apprécié d’être traité comme un être humain, avec le sourire, saluer un collègue, s’asseoir aux côtés d’un ami…
Mesurer le sens d’une vie à la 2e personne du singulier ou du pluriel. Dans sa longue liste de tentatives de recherche de sens, Salomon dit: « moi je… moi je… » et à la fin il remarque que c’était nul. Par extension, ce qui va porter, c’est « quand je te donne, quand tu comptes ou bien quand je vous donne, quand vous comptez… » La satisfaction s’épelle AUTRUI.
Accepter les cycles de vie, et le fait qu’il y a des temps pour tout, des saisons opportunes. Attacher son action à ces saisons, c’est cela qui construit la stabilité d’une vie, et qui donne du sens à l’ensemble. Observer et vivre pleinement les cycles de la vie…
Nous continuons notre survol de ce livre qui veut changer notre quotidien en mettant le doigt là où ça fait mal, et en orientant nos cœurs vers les grandes et justes démarches de la vie. Et l’une des grandes tendances de la vie, c’est de reporter sur autrui la raison de nos difficultés:
« C’est la faute de la femme que tu as mis à mes côtés… » disait Adam. « C’est la faute du serpent qui m’a induit en erreur… » « C’est la faute de Jonathan, un fils indigne » disait Saül. « C’est la faute de Paul, l’apôtre qui a un fichu caractère » dit Barnabas.
Chez nous, nous disons que c’est la faute des profs, des collègues, des voisins, du gouvernement, des anciens de l’Église, ou du pasteur… bref, il faut trouver un exutoire.
Parfois ce n’est pas qu’on reporte la faute sur les autres, mais plutôt sur nos attentes. Nous attendons que la société agisse parfaitement bien, et qu’elle remplisse nos vies d’espoir, de joie et de satisfaction. Nous votons en masse pour un sauveur et nous le détestons dès qu’il gouverne.
Cela encore est une vanité et c’est la leçon de Salomon.
Nous cultivons un rapport ambigu avec les autres, et avec la société. Besoin de vie communautaire, et besoin de vie personnelle. Certains aspirent à plus de relations (1000 amis actifs sur Facebook) et d’autres aspirent à plus de solitude (un chat, un rat ou un chien suffit!). Salomon fait ce constat doux amer de ce que rapporte la vie en société…
Lecture: Ecclésiaste 3.16-4.16
La justice est inégale – et la mort universelle (Ec 3.16-4.3)
16Voici encore ce que j’ai vu sous le soleil: à la place du droit, là est la méchanceté, à la place de la justice, là est la méchanceté. 17J’ai dit en mon cœur: Dieu jugera le juste et le méchant; car il y a un temps pour toute chose et (un jugement) sur toute œuvre.
Ec 3.16-17
L’une des frustrations, c’est qu’on attend que le monde, les autres agissent en toute justice. On aime la justice, la plupart du temps.
Si vous vous faites voler, vous aimez l’intervention de la police, et vous remerciez le juge qui impose le remboursement.
Si vous dépassez les limites de vitesse, vous n’aimez pas l’intervention de la police et vous ne remerciez pas le juge qui vous ôte votre permis.
Et puis on connaît toutes ces histoires terribles de personnes sympathiques qui se sont fait avoir par des escrocs. Ou qui se font menacer. Et rien ne se fait.
La réalité c’est qu’on aimerait vraiment qu’il y ait justice, et qu’on découvre que la justice est largement absente sous le soleil:
Combien d’enfants ont subi des violences de la part de ceux qui étaient censés les protéger? Et sans que justice soit faite?
Combien de femmes ont subi des violences sans que leurs tortionnaires ne reçoivent plus qu’une réprimande largement inconséquente au regard des traumatismes durables?
Combien de génocides ont eu lieu sans que les coupables aient véritablement été confrontés à la justice des hommes? Rien que dans les 100 dernières années:
- Le génocide arménien
- Le génocide des Juifs
- Le génocide des Tutsis
- Et sans parler des massacres des Khmers Rouges qui tuèrent le 1/3 de la population du Cambodge… Sans parler des camps de la mort des régimes de tout bord.
Ce n’est pas pour rien que Salomon souligne:
Voici encore ce que j’ai vu sous le soleil: à la place du droit, là est la méchanceté, à la place de la justice, là est la méchanceté.
Ec 3.16
C’était déjà le cas de son temps. La droiture d’un gouvernement dépendait de la bonne volonté du souverain. De la bonne volonté, il en a rarement eu… Les dictatures des Pharaons étaient aussi cruelles que celles des Assyriens que celles de Babyloniens que celles du Juif Achab.
Si vous attendez qu’une justice humaine agisse dans la pleine droiture, vous serez déçu. Durablement déçu… C’est pourquoi Salomon parle d’un jugement divin. Dieu sait. Dieu sait tout ce qui se passe. Dieu est patient et le temps du jugement viendra. Ce jour-là, il mettra tout en lumière. L’Ancien Testament n’était pas très loquace sur le jugement futur, car il met beaucoup plus l’accent sur les jugements temporaires, durant l’existence terrestre. On a quand même des textes qui l’annoncent, mais ils sont tous postérieurs à Salomon:
Et quand on sortira, on verra les cadavres des hommes criminels à mon égard; car leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s’éteindra pas; et ils seront pour toute chair un objet d’horreur.
És 66.24
Mais l’Éternel est avec moi comme un héros puissant; c’est pourquoi mes persécuteurs trébuchent et ne vaincront pas. Il auront bien honte de n’avoir pas réussi: Ce sera une confusion éternelle qui ne s’oubliera pas.
Jr 20.11
Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle et les autres pour la honte, pour l’abjection éternelle.
Dn 12.2
Le Nouveau Testament abonde en informations sur le jugement dernier. Pour n’en citer qu’une, Paul commence son épître avec un sévère réquisitoire sur les comportements des hommes:
5Mais, par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu, 6qui rendra à chacun selon ses œuvres: 7la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent la gloire, l’honneur et l’incorruptibilité; 8mais la colère et la fureur à ceux qui, par esprit de dispute, désobéissent à la vérité et obéissent à l’injustice. 9Tribulation et angoisse pour toute âme humaine qui pratique le mal, pour le Juif premièrement puis, pour le Grec! 10Gloire, honneur et paix pour quiconque pratique le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec!
Rm 2.5-10
Non que le salut dépende de nos œuvres, mais nos œuvres révèlent la réalité de notre foi dans le sacrifice du Christ pour nous racheter et nous orienter.
En sorte que celui qui aime Jésus de façon authentique cherchera la gloire, l’honneur et ce qui n’est pas corrompu, ou impur…
Le jugement vient. Il nivellera tous les hommes, et révèlera à la fois les actes et les motivations du cœur. Le comprendre nous libère de certains tourments:
Le dernier mot n’est pas donné dans un tribunal de justice.
Le dernier mot n’est pas donné dans un article de presse.
Le dernier mot n’est pas donné dans le bureau d’un patron ni lors de la réunion d’un syndicat.
Le dernier mot n’est pas donné par celui qui est le plus bruyant ou le plus intelligent.
Le dernier mot est donné par celui qui peut plonger le corps et l’esprit dans la géhenne (Mt 10.28).
Si Dieu fait justice, alors je peux prendre patience… maintenant.
Je pense à ce jeune homme dont le père avait été tué par son oncle, connu pour ses bouffées de colère. Le pire c’est que l’oncle n’avait pas passé la moindre journée en prison « grâce » à un vice de procédure.
Quelques années plus tard, sa mère s’était remariée à un homme d’une grande gentillesse. Et voilà que ce même garçon, devenu ado, réparait une clôture quand survint l’oncle, en colère, qui affirmait que la clôture débordait sur son territoire. Se baissant pour bien voir où le pieu se trouvait, l’ado avait l’opportunité de sa vie. Il leva la masse, avec l’intention de la laisser tomber violemment sur le bas du crâne… Heureusement, le beau-père s’interposa… Chacun rentra chez soi, conscient qu’un drame venait tout juste d’être évité. Le beau- père parla de l’inutilité de la vengeance, de l’importance d’avoir confiance dans la justice de Dieu. En son temps. C’est ce garçon, devenu adulte, qui a rapporté cette histoire. L’oncle est maintenant mort. Il parait que sa fin fut pitoyable. Et que cela le sera pour l’éternité durant.
Pas la peine de ruminer sa fureur et sa haine du monde. Le monde entier connaît l’injustice. Et cela ira croissant avec l’avènement de l’antichrist, un jour. Et puis un jour aussi, Jésus reviendra, et apportera son règne et sa justice. Le temps vient.
Pas la peine de ruminer sa fureur et sa haine, et pas la peine de se promener dans la vie avec arrogance, en essayant de changer le monde ou de profiter au maximum de ce monde, parce que de toutes façons on va tous mourir. La mort nous touchera tous, au point que nous sommes, sur ce plan là, réduit au même destin que les animaux – ce qui est assez frustrant et humiliant. La destinée terrestre de chaque être humain est identique à la destinée terrestre des vaches et des poulets!
Non seulement il n’y a pas de justice mais en plus on va tous mourir!
19Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle; car tout est vanité. 20Tout va dans un même lieu; tout a été fait de la poussière, et tout retourne à la poussière. 21Qui sait si le souffle des fils de l’homme monte en haut, et si le souffle de la bête descend en bas dans la terre?
Ec 3.19-21
Et qui sait ce qui se passe après? Salomon fait preuve d’un empirisme sceptique: de son point de vue, seule la mort est avérée, et personne n’est revenu pour en parler. Il lui manque bien sûr la gloire de l’Évangile, pleinement révélée en Jésus. Sa mort et sa résurrection sont la garantie absolue de notre espérance. Mais pour lui, il constate que le pari est maigre.
Aucun avantage à l’homme, car il meurt comme les poulets, comme les vaches.
Certains ont imaginé que Salomon, avec une pointe d’ironie, se poserait même la question de savoir si les bêtes aussi ont une âme:
Qui connaît l’esprit des fils des hommes? Celui-ci monte-t-il en haut, et l’esprit de la bête descend-il en bas dans la terre?
Ec 3.21 (version Darby)
Comme s’il se demandait s’il n’y avait pas une seconde vie aussi pour les animaux!
Mais il vaut mieux comprendre qu’il s’agit là non de la partie spirituelle des êtres, mais de leur souffle.
Salomon reprend ce refrain de vie:
22Et j’ai vu qu’il n’y a rien de mieux pour l’homme que de se réjouir de ses œuvres: c’est là sa part. En effet, qui le ramènera pour voir ce qui arrivera après lui?
Ec 3.22
Romerowski écrit:
Le mot part évoque ici quelque chose qui n’est pas rien, qui n’est pas négligeable, quelque chose de réellement appréciable, en même temps que quelque chose de déterminé, de borné (cf. Ec 2.10): c’est quelque chose, mais pas plus.
p. 215
Se réjouir de ses œuvres, de son activité. Se réjouir des choses que l’on a à faire. Ne pas s’en plaindre. Le prendre comme un cadeau de Dieu. Oui, même la vaisselle à faire. Oui, même les embouteillages. Toutes ces choses qui font notre quotidien.
Parce que la réalité universelle c’est que l’injustice règne, et que ce n’est pas dans la justice humaine qu’il faut compter.
1J’ai vu, d’autre part, toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil: voici les larmes des opprimés, et personne pour les consoler! la force est du côté de leurs oppresseurs, et personne pour les consoler! 2Moi, je déclare les morts plus heureux d’être déjà morts que les vivants d’être encore vivants, 3mais mieux encore que les uns et les autres celui qui n’a pas encore existé et qui n’a pas vu l’œuvre mauvaise qui se fait sous le soleil.
Ec 4.1-3
Qui s’est soucié des massacres de chrétiens depuis une dizaine d’années au Yémen? Des femmes et des enfants ont été crucifiés…
Qui s’est soucié de la fermeture de toutes les églises évangéliques en Erythrée en 2002? Il y a 2200 chrétiens emprisonnés sans que les familles ne sachent ce qui se passait dans leur vie.
Et que dire de la prostitution d’enfants?
La prostitution des enfants est un problème grave dans de nombreux pays. Les enfants sont souvent contraints par les structures sociales et les agents individuels à la prostitution. La pauvreté, les problèmes sociaux, la corruption et la criminalité contribuent à la prolifération de la prostitution des enfants. En Inde, la police fédérale a annoncé qu’environ 1,2 millions d’enfants sont soupçonnés d’être impliqués dans la prostitution. Le nombre exact d’enfants prostitués en Thaïlande n’est pas connu, mais le Thailand’s Health System Research Institute soutient que les enfants représenteraient 40 % des prostitués thaïlandais. Aux Philippines, il y a 60 000 à 100 000 enfants prostitués, selon l’UNICEF et des organisations non gouvernementales. En Colombie, on estime qu’il y a 35 000 enfants prostitués, entre 5 000 et 10 000 d’entre eux dans les rues de Bogotá.
Voici les larmes des opprimés, et personne pour les consoler.
Ec 4.1
On comprend pourquoi Salomon dit:
2Moi, je déclare les morts plus heureux d’être déjà morts que les vivants d’être encore vivants, 3mais mieux encore que les uns et les autres celui qui n’a pas encore existé et qui n’a pas vu l’œuvre mauvaise qui se fait sous le soleil.
Ec 4.2-3
À quoi bon vivre puisqu’il faut mourir? À quoi bon réaliser quoi que ce soit, puisqu’on va le laisser?
Dans un film à l’histoire douteuse, mais à la musique magnifique, on entend Merrill Streep lire un poème à l’enterrement de Denys, mort dans un accident d’avion:
C’est le temps où tu as gagné la course, nous t’avons porté sur les marches, des hommes et des jeunes te portent hommage, et à la maison nous te conduisons à hauteur d’épaule.
Tu es un homme intelligent, de fuir le temps présent, des champs où la gloire ne demeure, et si les lauriers grandissent vite, ils sèchent plus vite encore.
Romerowski:
On travaille, on peine dur pour vivre et pour faire vivre les siens. Mais à quoi cela sert-il, quel avantage y a-t-il là, puisque la mort est au bout, pour soi et pour les siens? À quoi sert-il d’endurer peines et souffrances puisque la mort est au bout, pour soi et pour les siens? À quoi sert-il d’endurer peines et souffrances puisque la mort nous attend en fin de compte? Le plus gros de l’activité humaine est destiné à faire vivre soi-même et d’autres. Mais à quoi bon faire vivre puisque nous allons tous mourir?
p. 208
Léo Ferré, « Avec le temps »…
Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va On oublie le visage et l’on oublie la voix Le cœur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller Chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard Et l’on se sent floué par les années perdues Alors vraiment Avec le temps on n’aime plus.
Léo Ferré
Avec un tel diagnostic sur l’existence, que faire?
L’activité est inégale – et la solitude universelle (Ec 4.4-12)
Lorsqu’on réalise que la société et la justice du monde ne résoudront pas pleinement le problème fondamental de la vie, on peut se jeter dans l’activité. Remplir la vie d’activités. Oublier la mort, oublier l’injustice! Ne pas se réjouir du manger et du boire, mais de son activité incessante…
4J’ai vu que toute peine et que tout succès d’une œuvre ne sont que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. Cela encore est vanité et poursuite du vent. 5L’insensé se croise les bras, et mange sa propre chair. 6Mieux vaut le creux de la main plein de repos que deux poignées de peine et de poursuite du vent.
Ec 4.4-6
Pourquoi un athlète s’entraîne-t-il des jours, des mois, des années? pour être meilleur qu’un autre! Pourquoi les entreprises forment-elles leurs cadres en les pressurisant au maximum? Pour que les entreprises soient meilleures que les autres! C’est une vanité et poursuite du vent!
Mais malheureusement, le comportement inverse n’engendre rien de bon. De se dire: « Ok, je ne fais plus rien… » on devient un marginal, et c’est tout autant suicidaire…
C’est l’histoire typique du jeune couple qui est tellement heureux de manger par terre – parce qu’ils s’aiment. Et puis le tapis n’est pas suffisant. Ni le matelas dans la chambre. Il faut maintenant plus, et plus, et c’est la course effrénée à la réussite…
- pour acheter une voiture de luxe qu’il faudra faire réparer autant qu’une autre
- pour acheter une maison dont il faudra refaire la façade très prochainement
- pour acheter un yacht qui nécessitera un week-end par mois juste pour l’entretien
- pour aboutir dans un creux à 2m sous terre, au même endroit que le clodo qui ne fait que tendre la main!
Où est la clé? Dans l’activité mesurée, qui n’est pas motivée par l’envie et qui s’exerce dans la confiance en Dieu. Dans le juste milieu!
8Éloigne de moi la vanité et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, 9de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise: “Qui est l’Éternel?” ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol et ne porte atteinte au nom de mon Dieu.
Pr 30.8-9
À partir du moment où nous sommes motivés par le « plus constant », vous savez ce qu’on fait? le vide autour de soi. C’est exactement ce que constate Salomon:
7J’ai vu encore une autre vanité sous le soleil. 8Voilà un homme seul sans personne d’autre, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin: même ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. Pour qui donc est-ce que je travaille et prive mon âme de bonheur? C’est encore là une vanité et un souci malsain.
Ec 4.7-8
Voilà un homme qui a tant donné pour son travail. Il a construit une grande maison. Mais il est seul. Dans une maison vide. Il a fait le vide autour de lui. Pas d’épouse, pas de famille. Obsédé qu’il est par la recherche de gain.
Tellement de livres et de films raillent cette approche de la vie. Les gens cupides, avares, remplis de désirs immodérés de biens matériels sont une proie facile.
En France nous avons Molière qui écrit L’avare et L’école du mensonge. Harpagon est l’archétype de celui qui met le grappin sur tout, et qui brise toutes les vies qui l’entourent. Il termine sa vie seul, sans relations. Il y a Louis de Funès dans la Folie des grandeurs qui décrit la même relation aux richesses et aux autres.
Aux États-Unis, l’histoire de Charles Dickens, Un chant de Noël est devenu populaire en exploitant ce thème. Comme Picsou, comme le Grinch. Ou encore M. Burns de la série Simpson. Les créateurs de la série se sont calqués sur un certain nombre de personnages historiques de l’histoire américaine: Howard Hughes, notamment, ou Hearst, magna de la presse. On lui doit les expressions sordides comme celles-ci:
Je vais couper l’électricité à l’orphelinat. À qui iront-ils se plaindre? À leurs parents?
Je donnerai tout… pour avoir un peu plus!
Jean de Lafontaine écrit:
L’avarice perd tout en voulant tout gagner.
La poule aux œufs d’or
Thomas d’Aquin écrit:
…plus un individu est faible, plus il a besoin du secours des choses extérieures, et c’est pour cela qu’il est plus porté à l’avarice, comme nous pouvons l’observer chez les vieillards. … Ce qui rend aussi ce vice dangereux, c’est qu’on se fait illusion facilement à son sujet. On trouve tant de prétextes pour l’excuser qu’on peut en être atteint sans le savoir.
Lumen Christi, « Les maladies de l’âme: La cupidité ou l’avarice »
Jean Chrysostome:
L’avarice est un horrible, oui, un horrible fléau: elle ferme les yeux, elle bouche les oreilles de celui qui en est possédé et le rend plus cruel que les bêtes féroces: elle ne lui permet d’avoir nulle attention, nulle considération pour quoi que ce soit, ni pour la conscience, ni pour l’amitié, ni pour la société, ni pour son propre salut; elle le détache de tout pour l’asservir au joug pesant de sa propre autorité. Et ce qu’il y a de pire dans cet esclavage, c’est qu’elle persuade à ceux dont elle fait ses esclaves qu’ils sont ses obligés; c’est qu’on s’y complaît d’autant plus qu’on est plus asservi. Voilà par où l’avarice devient une maladie incurable: voilà par où cette bête sauvage est si difficile à prendre et à apprivoiser. Par elle, Giézi, de disciple et de prophète, devint lépreux; elle perdit Ananie, elle fît un traître de Judas.
L’avarice a corrompu les princes des prêtres et les sénateurs, leur a fait recevoir des présents, et les a mis au rang des voleurs: elle a engendré une multitude de maux, inondé les chemins de sang, rempli les villes de pleurs et de gémissements: c’est elle qui souille les repas et y introduit les mets défendus. Voilà pourquoi saint Paul appelle l’avarice une idolâtrie (Ép 5.5): et encore, par cette qualification, il n’en a point détourné les hommes.
S. Jean Chrysostome, Commentaire sur Saint-Jean, Homélie LXV,3. in http://www.lumenc.org/malcupidite.php
L’apôtre Paul écrit très directement:
Car l’amour de l’argent est la racine de tous les maux, et quelques-uns, pour s’y être adonnés, se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes bien des tourments.
1Tm 6.10
Tous les maux – la violence, l’exploitation des autres, la trahison, la fraude, la tromperie, le parjure, l’inquiétude, la dureté de cœur ou l’insensibilité à l’égard des misères d’autrui – trouvent leur origine dans ce désir de plus d’argent, de plus de… de plus de…
Ce n’est pas la richesse à proprement parler qui est mauvaise. Mais le désir constant de cette richesse.
Et observez la conséquence: cela nous éloigne de la mise de confiance en Dieu, et cela ajoute bien des tourments.
« Souci malsain » dit l’Ecclésiaste. Et pourtant, le marché des jeux d’argent compte pour 17 milliards d’euros en France. Juste pour tenter de gagner. Qu’est-ce qu’on pourrait faire de bien avec 17 milliards d’euros!
Je me souviens d’un ami, psychologue, venu en France pour 5 ans afin d’aider les missionnaires en situation de crise. Il avait donc vendu tous ses biens et les avaient investis pour venir louer une maison et recevoir des gens engagés dans le ministère. Et voilà que la crise est venue et que ses biens et possessions se sont réduits comme une peau de chagrin. Ce qui m’a impressionné, c’est qu’il m’a dit: « Je refuse de m’en préoccuper. »
Voilà la clé, n’est-ce pas?
Ouvrez vos Bibles à Matthieu 6.24-34:
24 Nul ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. 25 C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? 26 Regardez les oiseaux du ciel: Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? 27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie? 28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Observez comment croissent les lis des champs: Ils ne travaillent, ni ne filent; 29 cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. 30 Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs qui existe aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne vous (vêtira-t-il) pas à plus forte raison, gens de peu de foi? 31 Ne vous inquiétez donc pas, en disant: Que mangerons-nous? ou: Que boirons-nous? ou: De quoi serons-nous vêtus? 32 Car cela, ce sont les païens qui le recherchent. Or votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33 Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus. 34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.
Qu’est-ce qui permet de bien vivre sous le soleil? L’amitié!
Salomon ne suit pas un discours linéaire. Il disperse quelques clés de vie au milieu de son discours.
Les versets 9 à 12 donnent la pépite, celle qui fait que l’activité à du sens, et qu’il ne faut pas louper de vue.
Si nous travaillons, c’est bien sûr pour gagner notre pain. C’est bien sûr notre part sous le soleil, et l’occasion d’exercer notre créativité et notre contribution à la société.
Mais Salomon souligne une portée encore supérieure, c’est celle de l’amitié…
9Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils ont un bon salaire de leur peine. 10Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever! 11De même, si l’on se couche à deux, on a chaud; mais celui qui est seul, comment se réchauffera-t-il? 12Si quelqu’un maîtrise un (homme) seul, deux peuvent lui résister, la corde à trois brins ne se rompt pas vite.
Ec 4.9-12
« Deux valent mieux qu’un. » Il y a plein d’avantages à la vie à deux. La vie avec des amis. De vrais amis. À deux on produit plus et mieux.
On gagne en efficacité, on travaille mieux. On s’encourage. C’est peut-être pour cela qu’il y a ces versets dans l’Écriture:
Le fer aiguise le fer, Ainsi un homme aiguise la personnalité de son prochain.
Pr 27.17
Pendant qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.
Ac 13.2
Et il y a une solidarité qui s’exprime dans les temps difficiles. Si l’un tombe, l’autre le relève. Vous avez déjà été dévasté par le fait de tomber? Cela peut-être un coup dur, comme la maladie, ou le chômage, ou encore une chute personnelle, comme un péché… Ce n’est pas le moment où vous voulez être seuls.
Mais pour ne pas être seul à ce moment-là, il faut avoir cultivé des amitiés. Il faut avoir investi dans de saines relations. Passer une soirée à jouer aux cartes, tout en discutant. À faire une balade avec des amis, tout en discutant. À faire un bon repas en invitant 1 ou 2 autres personnes, pour bien discuter. Faire le plein. Un bon apéro, un bon resto, entre amis. C’est vital.
Le verset 11 parle de cette solidarité humaine. À l’époque, les ouvriers les moins bien lotis dormaient dehors. Près des récoltes. Quand il faisait froid, ils n’avaient qu’une couverture pour se protéger. Dans les nuits très froides, pour se réchauffer, c’était tellement mieux de se placer l’un à côté de l’autre, et de mettre deux couvertures.
Le fait d’être proche physiquement n’est pas nécessairement sexuel. C’est en fait assez dommage que la moindre accolade, ou le partage d’une couverture fait vite penser dans notre société à une certaine intimité… Et pourtant, un geste affectueux peut être pur et tellement rafraichissant…
Cela fait partie des cadeaux de la vie, que cette saine intimité.
Je pense à Jésus qui touche ce lépreux et qui devient pur… il a touché le lépreux…
Le verset 12 est parfois utilisé dans les mariages:
Si quelqu’un maîtrise un (homme) seul, deux peuvent lui résister, la corde à trois brins ne se rompt pas vite.
Ec 4.12
Avec l’idée que les trois brins représentent Dieu, le mari et la femme.
C’est possible de l’appliquer ainsi – mais manifestement, tout à fait hors contexte.
La grande idée c’est simplement que des liens justes et solidaires rendent les hommes forts et aimants…
La politique est inégale – et l’oubli universel (Ec 4.13-16)
13Un enfant indigent mais sage vaut mieux qu’un roi vieux et insensé qui ne sait plus se contrôler; 14car (ce garçon) peut sortir de prison pour régner, de même celui qui règne peut être né pauvre. 15J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil être du côté de l’enfant qui se dressait comme successeur à la place de l’autre. 16Il n’y avait point de fin à tout ce peuple, à tous ceux à la tête desquels il se tenait. Et toutefois, ceux qui viendront après ne se réjouiront pas à son sujet. Car cela aussi n’est que vanité et poursuite du vent.
Ec 4.13-16
On va passer plus vite cette section, car finalement, il y a peu de rois terrestres parmi nous! Mais je me demande quand même combien de personnes savent qui était…
…François Mitterrand? …Georges Pompidou? …Albert Lebrun? …Emile Loubet? …Jules Grévy?
Je constate une chose, c’est que ces noms ne sont connus que des personnes plus avancées en âge, ou de certaines milieux professionnels comme les professeurs d’histoire qui ont reconnu dans cette liste un point commun: tous ont été des présidents de la république française. Et tous ont été ou seront bientôt oubliés.
Godet remarque:
Instabilité de la société. Désordres et troubles amenés par l’incapacité d’un monarque vieux et entêté, qui est supplanté par le premier jeune homme venu. Chacun adore le soleil levant. Mais la faveur populaire est inconstante. Bientôt se prépare une nouvelle révolution! -C’est le tableau, non pas historique, mais vrai, des maux qui découlent des troubles politiques et des révolutions de palais si fréquentes en Orient.
Jacques Ellul:
Qu’est devenu, dans l’image de la postérité, Louis le Bien-aimé, monté enfant sur le trône au milieu des enthousiasmes du peuple enfin débarrassé de l’horrible vieillard qui se faisait appeler le Roi-Soleil?Monté enfant sur le trône alors qu’il n’avait presque aucune chance d’y accéder, et qui semblait revêtu de toutes les vertus, et investi d’une intelligence exceptionnelle? Et dont le cortège funèbre passera dans une indifférence générale. Vanité, poursuite du vent. Ainsi, finalement, l’un vaut l’autre!
Jacques Ellul, La raison d’être: Méditation sur l’Ecclésiaste, p.92
J’ai appris l’histoire d’un jeune homme qui a fréquenté les évangéliques, quelque part dans le centre de la France. Et il les a trouvés plutôt sans passion. Alors il rejoint une mouvance politique extrémiste. Quelques années après, il a réalisé que c’était insensé. Une poursuite du vent. Il se serait converti, parce que finalement, la seule royauté qui demeure, c’est celle de Christ.
Conclusion
1. La mort est l’appel le plus solennel à la vie.
C’est la raison pour laquelle la réconciliation avec Dieu est essentielle. Est-ce aujourd’hui l’occasion de placer sa confiance en Dieu? C’est ce que l’apôtre Paul souligne avec 2 Corinthiens:
Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous; nous vous en supplions au nom de Christ: Soyez réconciliés avec Dieu!
2Co 5.20
Beaucoup de personnes se comportent comme si elles bénéficiaient d’un temps sans fin et ferment les yeux sur la réalité de la mort. Dieu veut que nous affrontions cette réalité. L’Ecclésiaste défie ceux qui vivent comme s’ils étaient immortels et ne devaient jamais rendre de comptes à Dieu (v.16-17). Nous n’aurons pas une seconde chance pour coopérer avec Dieu en faisant sa volonté de ce côté de l’éternité. Nous devons faire le plus dans le présent afin de plaire à Dieu. Nous ne pouvons pas compter sur le futur puisque nous ne le connaissons pas. J. Stafford Wright (Ecclesiastes, Expositor’s Bible Commentary)
2. La conquête du « toujours plus » tuera définitivement
3. L’activité quotidienne est un cadeau
C’est déjà l’observation longuement posée dans les chapitres précédents.
4. L’amitié quotidienne est un cadeau
C’est la nouvelle contribution. Le relationnel. À creuser, et à développer.
Dans la même série:
- La vie, ça frustre grave (Ecclésiaste 1.1-11)
- La satisfaction format XXL, ça frustre grave! (Ecclésiaste 1.12-2.26)
- L’écoulement du temps, ça frustre grave! (Ecclésiaste 3.1-15)
- La vie en société, ça frustre grave! (Ecclésiaste 3.16-4.16)
- La religiosité, ça frustre grave (Ecclésiaste 4.17-5.19)
- Avoir sans profiter, ça frustre grave! (Ecclésiaste 6)
- Le bien et le mal, ça frustre grave! (Ecclésiaste 7)
- La providence incompréhensible, ça frustre grave! (Ecclésiaste 8)
- La mort, ça frustre grave (Ecclésiaste 9.1-12)
- La bêtise, ça frustre grave! (Ecclésiaste 9.13-10.20)
- La tombée de rideau, ça frustre grave! (Ecclésiaste 11.1-12.14)