Dans la vie chrétienne, le pardon est absolument essentiel. Nous rappelant la dette incommensurable qui nous a été remise, Jésus nous donne la mesure avec laquelle nous sommes nous-même appelés à pardonner et faire à grâce. Y a-t-il une limite à ce pardon?
La plupart des blogueurs TPSG sont également pasteurs. Aujourd’hui, tu peux toi aussi bénéficier de leurs enseignements grâce à notre podcast Prédications TPSG. Ces prédications, qui se veulent résolument textuelles et christocentriques, te feront redécouvrir le sens profond des Écritures et nourriront ta foi en Christ.
Lecture: Matthieu 18.21-35
Transcription de la prédication
Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.
On va continuer à parcourir l'Évangile de Matthieu et voir ce que le Seigneur veut nous enseigner dans cette section de sa parole, et en particulier à quoi ressemblent les relations les uns envers les autres au sein du royaume des cieux. Je vais prier avant qu'on aille plus loin, car on a besoin de l'aide de Dieu pour comprendre sa Parole. Alors prions ensemble.
Notre Dieu, nous te remercions pour cette histoire, ce récit qui met en avant la grandeur du pardon que tu nous as donné en Jésus, et combien cela nous motive à nous pardonner les uns aux autres. Nous te prions de nous garder attentifs pendant ce moment, pour que nous puissions mieux comprendre ta Parole et pour que celle-ci pénètre au plus profond de notre cœur, nous motivant à réagir et agir en conséquence. Nous prions cela pour ta gloire. Amen.
Donc, ce texte nous parle de pardon. Ce n'est pas une surprise, comme nous l'avons lu ensemble. Ça a été mentionné plus tôt. Vous avez peut-être des exemples en tête de situations de pardon. C'est beau quand quelqu'un pardonne, quand le pardon est accordé à quelqu'un. Et peut-être que vous pensez à des exemples, surtout quand le pardon n'est vraiment pas mérité.
Je me souviens d'une vidéo qui avait fait le buzz sur Internet il y a quelques années, suite à une fusillade qui avait eu lieu dans une église où plusieurs personnes avaient perdu la vie. On voyait sur la vidéo la mère de l'un de ceux qui étaient décédés, donc elle avait perdu son fils dans la fusillade. Lors du procès, on voyait la mère s'adresser au meurtrier, à celui qui avait commis la fusillade, et lui dire, les larmes aux yeux: "Je te pardonne, je te pardonne." C'est beau lorsque le pardon est donné, quand il n'est vraiment pas mérité. Et c'est coûteux. Mais le pardon est beau seulement quand il est donné. Si le pardon est gardé au fond de nous, retenu, c'est plutôt quelque chose qui va nous ronger intérieurement.
Et l'histoire de la Bible qu'on a sous les yeux ce matin, elle nous montre plutôt l'horreur que c'est de refuser de pardonner, surtout quand on a été pardonné. Bien plus peut-être que vous demandez comment trouver la motivation pour pardonner, et pas seulement pour des exemples un peu extrêmes comme cette mère de famille. C'était un exemple un peu extrême, mais surtout pour ce que l'on peut connaître, peut-être plus, les offenses du quotidien, et surtout dans l'Église, les offenses que l'on commet les uns envers les autres dans l'Église. Comment pardonner de tout cœur? Est-ce qu'il y a une limite à ce pardon? Ce texte va nous aider à répondre à ces questions, et on va voir ce texte en trois temps, trois points qu'il y a sur le feuillet. D'abord, étudier la question qui est posée, ensuite l'histoire, et ensuite s'intéresser plus à l'application pour nous.
Donc, d'abord, premièrement, la question. On a la question au verset 21. C'est Pierre qui la pose. Il s'approche de Jésus et lui dit: "Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère lorsqu'il péchera contre moi? Jusqu'à sept fois?" Voilà ce que Pierre demande. Il pose cette question juste après que Jésus ait fini d'enseigner sur ce dont nous avons parlé la semaine dernière: la discipline au sein de l'Église. Et c'est juste utile de comprendre les ressemblances et les différences qu'il y a entre notre passage ce matin et le passage de la semaine dernière. Les deux passages sont provoqués par un péché commis par un chrétien. Dans les deux passages, on a ça. Dans le premier passage, au verset 15, il était question de: "Si ton frère a péché." Et ici, au verset 21, Pierre demande: "Combien de fois pardonnerai-je à mon frère lorsqu'il péchera contre moi?" Donc, dans les deux cas, il s'agit d'un péché commis par un chrétien, et les deux passages ont le même but: le bien de la personne, l'harmonie dans les relations au sein du Royaume des cieux. Mais les deux passages concernent des situations différentes. La semaine dernière, on avait vu qu'il s'agissait d'un péché dont quelqu'un refusait de se repentir, que quelqu'un refusait de reconnaître et d'abandonner. Et on avait vu qu'il s'agissait de péchés particulièrement graves, voire même de péchés remettant en cause la profession de foi de la personne, à un point où l'on n'a plus réellement les preuves nécessaires pour affirmer que cette personne est un disciple authentique de Jésus. Mais ce n'est pas le cas de ce passage ici, dans notre passage aujourd'hui. Il est question d'une offense un peu plus banale, on pourrait dire, oui sérieuse et blessante quand même, on va le voir, mais dans une autre catégorie. Il est question de pécher les uns envers les autres, d'offense, de tort qu'on peut se commettre l'un envers l'autre dans nos relations en tant que chrétiens. Donc, c'est une autre situation, mais il est quand même question d'un péché, d'une offense commise contre nous. Et donc la question se pose: combien de fois faut-il pardonner? Est-ce qu'il y a une limite au pardon? La pensée juive mettait en avant qu'il fallait pardonner jusqu'à trois fois, mais au-delà de trois fois, la quatrième fois, il n'y avait plus de pardon possible. Et donc, Pierre pose la question à Jésus, et il va même encore plus loin que trois fois. Dans un élan de générosité, il demande: "Mais Jésus, est-ce qu'il faut pardonner jusqu'à sept fois?" Il s'attend peut-être à ce que Jésus le félicite en lui disant: "Ah, c'est bien, Pierre, tu es vraiment généreux, tu es vraiment une bonne personne." Mais Jésus répond en montrant qu'il ne s'agit pas de compter. Il s'agit plutôt de pardonner généreusement, sans compter.
On peut voir dans le verset 22 que Jésus explique cela. Jésus dit: "Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois." Alors, il y a des différences de traduction ici sur le nombre. Certains ont "70 fois 7 fois" dans les traductions françaises, ou "77 fois", ou "70 fois 7 fois", donc 490 fois, et d'autres traductions ont "77 fois". On ne va pas rentrer dans les détails ici. Je pense qu'il est probablement plutôt question de "77 fois". Mais dans tous les cas, on n'a pas besoin des détails, parce que l'essence du passage n'est justement pas sur le nombre précis. Jésus ne veut pas donner un nombre précis auquel il faudrait se fixer, comme s'il s'agissait de compter. Non, justement, Jésus veut montrer qu'il ne s'agit pas de compter, comme si on pardonnait une fois, deux fois, dix fois, cinquante fois, 77 fois, puis la 78ème fois c'est fini, je me venge, je me transforme en monstre et je réclame mes droits. Non, justement, ce n'est pas le but de Jésus ici. C'est le contraire de ce que Jésus veut mettre en avant. Il veut mettre en avant une attitude généreuse de pardon, un pardon infini. Comme quelqu'un l'a écrit ici, le Seigneur demande à Pierre et à nous d'arrêter de compter et de commencer à pardonner.
Donc, en répondant à Pierre, Jésus met en avant un principe radical qui est profondément chrétien: il n'y a pas de limite au pardon. Il faut pardonner sans compter. Et pour expliquer ce principe, Jésus va raconter une histoire, une histoire fictive, une parabole qui explique ce principe de pardon généreux. C'est notre deuxième point, l'histoire de ce passage.
Dans cette histoire, c'est une histoire assez simple et facile à saisir. Quelle horreur pour cet homme de refuser de pardonner alors qu'il a été pardonné de manière si généreuse! Mais creusons un peu plus pour voir comment l'histoire met cela en relief.
D'abord, il faut voir combien cette histoire met en avant la grâce. Il s'agit d'un serviteur qui a une dette énorme, comme on le voit aux versets 24 et 25: "Quand il se mit à compter, on lui en amena un qui lui devait dix mille talents. Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna de le vendre, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait, et de payer la dette." Alors, 10 000 talents, ça ne représente pas grand-chose pour nous, mais à l'époque, c'était énorme. Alors, je ne veux pas vous perdre ici, mais restez accroché avec moi. Un talent, donc là ici, il est question de 10 000 talents. Un talent, ça valait 6 000 deniers, et un denier, c'était le salaire moyen d'un ouvrier ou d'un soldat à l'époque pour une journée. Donc, un denier, c'est le salaire d'une journée. Un talent, ça vaut 6 000 deniers, donc 6 000 jours de travail. Et ici, il est question non pas d'un talent, non pas de deux, non pas de dix, non pas de cent, mais de 10 000 talents. Si on traduit, ce serait l'équivalent de 60 millions de jours de travail. Voilà sa dette. Si on veut convertir ça en euros, plus ou moins, ce serait l'équivalent de 5 ou 6 milliards d'euros. Donc, une dette immense. Et là encore, Jésus n'est pas intéressé par le détail des chiffres. Ce n'est pas là où il faut se perdre, mais c'est une image qu'il utilise pour parler d'une dette immense, une dette en fait qui est impossible à payer. Et on voit la réaction du serviteur au verset 26: "Le serviteur, tombant à ses pieds, le supplia en disant: 'Prends patience envers moi, et je te paierai tout.' Il ne demande pas à être gracié, parce qu'il ne pense même pas que c'est possible, que quelqu'un puisse gracier une dette si grande. Il demande juste un peu de temps pour payer. 'Je te paierai tout', il dit. Mais c'est impossible. La dette est bien trop grande. Et ça nous aide à comprendre un peu le désespoir que cet homme vivait. Imaginez-vous vivre aujourd'hui avec une dette de 6 milliards d'euros que vous devez payer. Déjà, vous vendez tout ce que vous avez pour garder vraiment que le strict minimum, l'essentiel. Vous vendez tout le reste. Et puis ensuite, vous travaillez sans arrêt, chaque jour, et tout ce que vous gagnez qui ne sert pas à votre survie, à l'essentiel vraiment de votre survie, va pour rembourser le paiement de cette dette. Mais même en vivant avec tous ces sacrifices, vous n'avez aucun espoir d'arriver au bout. Tout ce que vous arrivez à donner comme argent pour payer la dette, même en vivant de manière frugale, ça ne sert à rien pour rembourser la dette. Voilà la situation de cet homme.
Il a une dette immense qu'il ne pourra jamais régler. Il est perdu et sans espoir. Il lui faut une autre solution. Et comme Jésus le montrera, cette histoire illustre notre situation face à Dieu. La dette que chacun de nous avons face à Dieu. Bien sûr, ce n'est pas que Dieu aurait besoin d'être payé pour qu'on mérite l'accès à lui, mais c'est que chacun de nous est coupable devant Dieu. La Bible utilise le mot "péché" pour décrire le problème de l'humanité, le problème qui nous concerne tous, en appelant cela le péché, la rébellion de l'être humain envers Dieu en parole, en pensée, en acte. Dieu est saint et il ne peut pas tolérer le mal. Il doit juger le mal, il doit prendre le mal au sérieux. Et c'est ce qui fait que chacun de nous, par nature, on est dans la même situation que cet homme. On est face à une dette qu'on ne pourra jamais payer. Chaque péché qu'on commet, c'est comme un zéro qu'on ajoute à notre dette jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. C'est pour ça qu'il est insensé de penser que simplement faire du bien pourrait régler notre situation face à Dieu. Ce serait comme penser que cet homme pourrait payer sa dette avec quelques pièces qu'il trouve au fond de son porte-monnaie. Non, c'est impossible. La dette est bien trop grande.
Mais la plupart des religions fonctionnent avec ce système. Les religions mettent en avant, d'une certaine manière, que l'être humain a une dette face à Dieu. Mais la solution que les religions offrent, c'est d'essayer de faire du bien le plus possible, d'être une bonne personne, pour espérer un jour peut-être être accepté par Dieu, pour espérer qu'un jour on arrivera à payer. Et peut-être que c'est ça pour vous, la foi chrétienne. Peut-être que vous essayez de toutes vos forces de vivre comme un chrétien, d'imiter les autres personnes autour de vous à l'église, de faire comme eux, de lire la Bible, de prier, de venir aux réunions, d'essayer de lutter contre certaines choses dans votre vie, en pensant que peut-être un jour comme ça vous trouverez la paix, peut-être qu'un jour comme ça vous aurez vraiment accès à Dieu. Mais ça ne marchera pas. Nous devons reconnaître que notre dette face à Dieu est bien trop grande, impossible à payer. Et c'est là que commence la vraie foi, la foi authentique, la foi biblique. Dans un sens, en reconnaissant notre incapacité face à Dieu, en prenant conscience de notre péché, de notre grande dette face à Dieu, en réalisant que par nous-même on ne peut rien faire pour régler la situation. Comme cet homme, on est perdu et sans espoir. Il nous faut une autre solution.
Et cette histoire offre à cet homme une autre solution. On voit dans le verset 27, et c'est beau de voir ça: "Le maître est touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit la dette." Voilà un maître plein de compassion qui remet entièrement la dette, qui pardonne. Cet homme est libre, il est pardonné. Ce fardeau qui reposait sur ses épaules, ces 60 millions de jours de travail qu'il devait payer, tout ça est enlevé, ça a totalement disparu. Quelle grâce pour nous, chrétiens, le pardon de ce maître. C'est une image pour parler du pardon encore plus grand que l'on a reçu de la part de Dieu. C'est justement ce que Jésus veut illustrer par cette histoire. Oui, la foi chrétienne commence avec ce sentiment d'incapacité devant Dieu, réaliser qu'on est coupable, qu'on est perdu, qu'on est incapable de nous sauver nous-même. Mais la foi ne s'arrête pas là. Dieu offre lui-même une solution pour régler la dette. Le Dieu qui aurait dû nous condamner, et qui aurait été totalement juste de le faire, c'est celui qui envoie son fils Jésus pour payer la dette à notre place. Et c'est là où il y a une petite différence dans cette histoire avec la réalité de nous face à Dieu. C'est juste ici une histoire fictive, une parabole. Et donc le but n'est pas que ça soit un parallèle exact. Parce que dans cette histoire, le maître pardonne au serviteur la dette juste comme ça, et il a tout le droit de le faire, parce que c'est son argent à lui. Donc, il peut décider de ne pas demander son argent en retour, d'en faire don. Mais dans le cas de nous face à Dieu, ce n'est pas une dette d'argent que l'on a face à Dieu, c'est plutôt une dette de culpabilité, une dette de justice. On est comme des criminels dans le tribunal face au juge. Et donc, si Dieu enlevait notre dette juste comme ça, sans que personne ne paye, ce serait profondément injuste, non?
Comme on l'a dit, Dieu est saint. Dieu ne peut pas prendre le péché à la légère. Il doit punir le péché. Il faut donc que quelqu'un paye la dette. Mais c'est impossible que nous la payions nous-même. Et c'est pour ça que la mort de Jésus sur la croix est vraiment une bonne nouvelle. C'est notre seul espoir, parce que Jésus paye la dette à notre place, pour que Dieu puisse nous pardonner entièrement, de manière tout à fait juste et tout à fait gratuite.
Nous avons souvent, en tant que chrétiens, le danger de prendre le pardon que nous avons reçu un peu à la légère. On dit: "Oui, bien sûr, en tant que chrétien, je suis pardonné, je suis sauvé pour l'éternité." Mais il ne faut jamais s'habituer à cela. Il faut toujours garder à l'esprit le poids que ce pardon représente, de ce fardeau qui a été enlevé, de cette dette dont on a été libéré. On était perdu face à une dette bien trop grande pour qu'on puisse la payer. Quelqu'un devait payer, et c'est Jésus qui a payé à notre place. Comme le dit l'Écriture: "Lui, le juste, est mort pour des injustes, afin de nous conduire à Dieu."
Donc, cette histoire met en avant la grâce. Mais cette histoire met aussi en avant l'horreur de ne pas pardonner. Et c'est ça, vraiment, le choc qu'on a dans cette histoire. Parce que imaginez, cet homme a été pardonné de cette dette de 6 milliards d'euros. Il est libre, sa famille respire enfin, tout le monde est soulagé. Ils vont enfin pouvoir vivre normalement. Il sort de chez son maître en train de bondir de joie, il est prêt à partager la nouvelle à tout le monde. Et regardez ce qu'il fait, au verset 28, juste après être sorti.
Alors qu'il sort de chez son maître, ce serviteur trouve un de ses compagnons qui lui devait 100 deniers. Il le fit saisir et le serre à la gorge en disant: "Paye ce que tu me dois." Alors, 100 deniers, ce n'est pas rien. Si vous avez suivi un peu tout à l'heure, c'était l'équivalent de 100 jours de travail pour un ouvrier ou pour un soldat. Donc, ce n'est pas rien. Peut-être, on pourrait dire aujourd'hui, l'équivalent de 8 ou 10 000 euros, quelque chose comme ça. Donc, c'est une somme importante. Mais c'est rien comparé à 6 milliards d'euros, n'est-ce pas? Mais est-ce que ça justifie son attitude?
L'homme qui a la dette de ces 10000 euros, qui doit lui payer, il se jette à ses genoux, il essaie de le supplier, exactement comme cet homme avait fait juste avant envers son maître. Et on se dit: "Ok, ben, alors là, il va être sympa, il va dire: 'Non, non, t'inquiète, je rigolais, c'était une blague, je te pardonne. J'ai été pardonné, donc maintenant, je te pardonne aussi', et cetera." Mais ce n'est pas ce qui se passe. On voit au verset 30: "Mais lui ne voulut pas. Il alla le jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait payé ce qu'il devait." Quelle horreur, quelle tristesse!
Voilà un homme qui vient d'être libéré d'une dette éternelle, et il refuse de pardonner à d'autres. On peut se demander: est-ce qu'il a vraiment compris le pardon qu'il a reçu? C'est d'ailleurs ce que son maître lui dit, le fait appeler, verset 32: "Alors le maître fit appeler ce serviteur et lui dit: 'Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette parce que tu m'en avais supplié. Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi?'" On voit facilement dans cette histoire à quel point l'attitude de cet homme est horrible.
En lisant cette histoire, on est frustré, on est choqué par son manque de compassion. On veut le pointer du doigt pour que tout le monde voie à quel point il est coupable. On doit réaliser que le but de Jésus en partageant cette histoire, c'est de pointer vers nous, c'est de montrer à quel point c'est horrible quand nous refusons de pardonner alors qu'on a été pardonné bien plus. Et c'est ce qui nous amène à notre troisième point, et à l'application que Jésus fait de cette parabole: nous devons pardonner comme nous avons été pardonnés. Regardez ce que Jésus conclut au verset 35: "C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur." Alors, ça soulève une question: ce verset, est-ce que l'on est pardonné par Dieu seulement si l'on pardonne aux autres? Est-ce que je risque d'être jugé éternellement si je refuse de pardonner à quelqu'un?
Parce que Jésus montre ici, par ce verset et par cette histoire, que le refus de pardonner, c'est une preuve qu'on n'a pas vraiment compris le pardon que Dieu offre. C'est une preuve qu'on n'a pas vraiment saisi ce pardon.
C'est le cas dans cette histoire. Le maître dit à ce serviteur (verset 32): "Méchant serviteur." Sa manière d'agir a révélé sa vraie nature, ce qu'il avait vraiment au fond de lui. Et c'est la même chose au sein du Royaume des Cieux: le refus de pardonner montre qu'on ne fait pas vraiment partie de ce royaume, parce que ce royaume est fondé justement sur le principe du pardon que l'on reçoit de la part de Dieu. C'est seulement en ayant reçu le pardon qui vient de Dieu qu'on pourra pardonner de tout notre cœur, comme Jésus le demande ici. C'est-à-dire, pas juste pardonner comme quand on est enfant et que nos parents nous demandent de pardonner à nos frères et sœurs. On demande pardon, mais on le fait un peu du bout des lèvres, un peu en se retenant, sans vraiment le ressentir au fond du cœur, pas tout le temps en tout cas. Mais ici, il s'agit d'un pardon plein et entier qui vient du plus profond de nous-mêmes, qui se réjouit de pardonner, qui ne garde aucune rancœur. Pour pouvoir pardonner comme ça, il faut un cœur qui a été façonné par la grâce, un cœur qui a reçu le pardon qui vient de Dieu.
Et ça, c'est un appel pour ceux d'entre vous qui êtes encore à l'extérieur de la foi chrétienne, qui regardez un peu tout ça de loin. Je ne sais pas où vous trouvez la motivation pour pardonner. Vous avez peut-être vécu des situations difficiles et le pardon vous semble impossible. Mais c'est normal. Vous ne pourrez pas réellement pardonner sans avoir d'abord reçu le pardon qui vient de Dieu. Si on change un peu cette histoire, ce serait comme si cet homme n'avait pas été pardonné de ces 6 milliards d'euros, qu'il n'avait pas eu cette dette, et qu'il avait juste la deuxième partie de l'histoire: un homme qui lui doit 10 000 €. Bah, on comprendrait un peu mieux pourquoi il refuse de pardonner, pourquoi il réclame son argent. Mais quand on a la première partie de l'histoire, la dette énorme dont il a été pardonné, bah, c'est là qu'on voit à quel point le refus de pardonner est horrible.
Donc, pour pouvoir pardonner, il faut d'abord avoir été pardonné, placer sa foi en Jésus et trouver en lui le pardon pour toute la dette de culpabilité que l'on a face à Dieu, une vie nouvelle, un cœur nouveau, un cœur qui peut pardonner. Ce n'est pas que le pardon deviendra facile, mais c'est que le pardon sera possible. Et pour nous qui avons placé notre confiance en Jésus, qui avons reçu le pardon qui vient de Dieu, peut-être que c'est l'occasion pour nous de nous interroger. Si on a tellement de mal à pardonner, c'est peut-être qu'on a oublié à quel point Dieu nous a pardonnés, c'est peut-être qu'on a pris le pardon de Dieu un peu comme un acquis, comme quelque chose de normal. Et on peut s'interroger, on peut se demander: comment est-ce que je suis avec ceux qui m'entourent? Pour ceux qui sont mariés, comment est-ce que je suis avec mon conjoint? Pour les ados, pour les plus jeunes, comment est-ce que je suis avec mes parents, avec mes frères et sœurs? Pour chacun de nous, comment est-ce que je suis avec ceux avec qui je passe beaucoup de temps? Si on a une habitude de rancœur, de dureté, de colère, c'est peut-être qu'on a besoin de recevoir la leçon de la grâce tout à nouveau, de nous rappeler à quel point nous-mêmes, nous avons été pardonnés par Dieu.
Dans un sens, l'enseignement de ce passage est simple, il est direct: il faut pardonner, car nous avons été pardonnés. Il faut pardonner de la même manière que ce que Dieu nous a pardonné, généreusement, sans rancœur, en prenant le coup sur nous-mêmes. Alors, le fait de pardonner ne voudra pas dire de prendre à la légère le péché. Ce qu'on voit ce dimanche n'enlève rien à ce qu'on a vu dimanche passé. Jésus n'est pas en train de se contredire. On veut prendre au sérieux le péché dans l'Église, le fait de confronter quelqu'un qui refuse de se repentir, comme on l'a vu la semaine dernière, c'est pas ne pas pardonner. Le fait même, pour l'Église, de prendre le péché au sérieux et d'exclure quelqu'un qui refuse d'abandonner un péché grave, là non plus, il ne s'agit pas d'un non-pardon, mais il s'agit de prendre le péché au sérieux, de le traiter de manière appropriée pour que la personne se repente. Donc, pardonner ne veut pas dire être inactif vis-à-vis du péché. Vous pensez qu'il n'y aura aucune conséquence, même s'il y a repentance, pour la personne qui nous a offensé? Imaginons que quelqu'un dans l'Église parle dans notre dos, répand des calomnies, une fois, deux fois, cinq fois, quinze fois, vingt fois, en demandant pardon à chaque fois. Le pardon ne voudra pas dire que l'on reste inactif et qu'on ne va rien faire. Non, en fait, l'amour pour la personne nous amènera à prendre ce péché au sérieux et à vouloir voir cette personne abandonner ce péché, cesser d'agir ainsi. Mais le pardon voudra dire que, dans tout cela, on n'aura pas de rancœur en nous-même, pas d'amertume, pas d'animosité envers cette personne, mais plutôt un amour sincère, un amour généreux, un amour sacrificiel, comme celui que Dieu a eu envers nous. Pardonner ne voudra pas dire ignorer ce qui a été fait, mais c'est, dans un sens, passer l'éponge dans notre cœur, laisser régner la grâce, prendre le coup sur soi, avoir un amour sincère pour la personne, pouvoir être dans la même pièce que cette personne, dans le même groupe de quartier, dans la même table à la réunion de prière, assis côte à côte le dimanche matin, sans avoir notre cœur qui bouillonne de haine, qui bouillonne de rancœur, de frustration.
Alors, bien sûr, il faut reconnaître que le thème du pardon touche aussi à des situations vraiment complexes où des offenses sérieuses ont été commises, où la douleur est encore vive dans la famille, dans le couple, dans les amitiés. Et le but de ce passage n'est pas de répondre à toutes les questions, ce n'est pas non plus de montrer à quoi le pardon va ressembler dans la pratique. Pour creuser cela, je vous encourage à trouver quelqu'un dans l'Église qui est peut-être un peu plus mature dans la foi, à qui vous pouvez partager ce que vous avez vécu, les défis que vous avez par rapport au pardon, pour être encouragé, pour être aidé. Mais le but de ce passage, c'est de nous aider à comprendre l'horreur que c'est de refuser de pardonner alors qu'on a été pardonné par Dieu. Oui, la vie d'Église va créer des frustrations, l'Église parfaite n'existe pas. Il va y avoir des situations où on se sent offensé, blessé, ou dans un sens, on se marche sur les pieds les uns des autres. Ces choses sont réelles, et ces choses font parfois véritablement mal. Mais on a besoin de regarder au pardon qu'on a reçu de la part de Dieu pour qu'il y ait dans l'Église une atmosphère de grâce qui règne, une atmosphère de pardon, d'amour.
Quelques exemples: quelqu'un qui a mal compris ce que vous avez dit et cela se retourne contre vous; une personne que vous aidez à grandir dans sa lutte contre le péché mais qui continue de tomber sans jamais vraiment écouter ce que vous lui dites; quelqu'un qui arrive en retard pour une activité que vous organisez, pour la enième fois; les défauts de quelqu'un qui vous frustrent et qui ne changent pas après des années; une personne qui prend de votre temps le dimanche alors que vous êtes pressé de partir; quelqu'un qui ne répond jamais aux messages que vous lui envoyez; quelqu'un qui parle dans votre dos, qui dit des méchancetés; quelqu'un qui n'aide jamais à porter les tables à Don Bosco quand vous vous sentez jugé parce que vous avez un style de vie différent ou une vision différente de l'éducation de vos enfants; quand quelqu'un dit une parole blessante, même si ce n'était pas intentionnel, et plein d'autres choses qu'on pourrait ajouter. Ce ne sont que des exemples, et vous pourriez en ajouter à la liste. Mais juste pour nous aider à comprendre que ces choses vont arriver dans l'Église, on va se sentir blessé, on va se sentir offensé, on va se sentir frustré. Comment doit-on gérer ça? Eh bien, ce n'est pas qu'on doit ne rien dire dans tous ces cas-là. Pardon ne voudra pas dire inaction. Mais c'est que, dans tous ces cas-là, on veut pardonner dans notre cœur, on veut ne laisser aucune racine d'amertume grandir, aucune racine de colère grandir envers nos frères et sœurs. On veut avoir une attitude bienveillante et généreuse envers la personne, même malgré ce que ça nous coûte, même malgré le mal qui a été fait. On veut prendre ce mal sur nous.
Et pour pouvoir faire ça, il faut arrêter de regarder à l'offense qui nous a été faite, qu'elle soit juste ou pas. Parce que si la seule chose qu'on a devant les yeux, c'est l'offense qui nous a été faite, ce que l'autre personne nous doit, alors ce sera impossible de pardonner. Si la seule chose qu'on a devant les yeux, c'est les 10 000 € que la personne nous doit, on se dira: "C'est impossible que je laisse passer ça, je dois demander justice." Mais on doit enlever nos œillères et regarder aux 6 milliards d'euros que Dieu nous a pardonnés. On doit regarder à la manière incroyable dont Dieu nous a pardonnés en Jésus pour pouvoir pardonner aux autres, pour pouvoir passer l'éponge. Comme un auteur chrétien le dit: "Nous avons été pardonnés bien plus que ce que nous avons à pardonner." Peu importe la grandeur de l'offense, ce ne sera jamais plus grand que le pardon que Dieu nous a donné en Jésus. C'est cela qui marque véritablement les relations entre chrétiens dans l'Église, selon le Nouveau Testament.
J'aimerais juste lire brièvement quelques textes qui montrent à quoi ressemblent dans la pratique ces relations. Je vais juste les mentionner: Colossiens 3.13: "Supportez-vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre d'un autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi." Christ nous a pardonné, comment? Alors qu'on ne le méritait vraiment pas, alors qu'il n'aurait pas dû, d'un point de vue de la raison humaine, nous pardonner. On est appelés à avoir la même attitude envers ceux qui nous entourent, à passer l'éponge, à ne pas laisser la racine de l'amertume grandir.
Romains 12, verset 17 à 19: "Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. S'il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère; car il est écrit: À moi la vengeance, c'est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur." On nous appelle à chercher le bien, la paix, la bienveillance envers les autres, plutôt que la vengeance, la justice, et à laisser cela entre les mains de Dieu.
Et enfin, 1 Pierre chapitre 4, verset 8: "Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour constant, car l'amour couvre une multitude de péchés." C'est l'amour qui doit marquer nos relations les uns avec les autres, un amour qui nous amène à ne pas faire ressurgir à la surface toute offense qui a été commise contre nous, pour réclamer notre droit, mais plutôt à savoir passer l'éponge pour pouvoir continuer à avancer ensemble.
C'est beau une Église qui fonctionne comme cela. Voilà ce que W. Grudem dit justement par rapport à une Église où l'amour abonde. Il dit: "Lorsque l'amour abonde dans une communauté de chrétiens, beaucoup de petites offenses, et même quelques grandes, sont aisément négligées et oubliées. Mais là où l'amour manque, chaque parole est considérée avec suspicion, chaque action est susceptible d'être mal comprise, et les conflits abondent." Pour que l'amour règne, c'est possible uniquement si on a compris le pardon qu'on a reçu de Dieu.
Donc, pour qu'une Église puisse vivre cela, vivre le pardon de cette manière-là, il faut une Église où l'Évangile, où la bonne nouvelle du pardon, est au centre, où la bonne nouvelle du pardon raisonne et est enseignée constamment, prêchée. Il faut que la grâce soit enseignée et façonne nos cœurs, nous nourrisse véritablement, parce que c'est seulement comme ça qu'on pourra faire preuve de grâce envers ceux qui nous entourent.
Prions, chers amis, pour que dans cette Église, il y ait une atmosphère de grâce qui règne, prions pour que la grâce continue à être prêchée, à être enseignée semaine après semaine, dans tous les contextes, et prions pour que quand quelqu'un rentre dans cette église, quand quelqu'un voit les relations qu'on a les uns avec les autres, ça puisse avoir une odeur de grâce. Dans un sens, ce n'est pas une Église où tout va aller bien, mais c'est une Église où le pardon va régner, où l'amour va être plus grand que les offenses qui ont été commises. C'est quand cette grâce règne qu'on trouve vraiment la force de pardonner.
Alors, est-ce qu'il y a une limite au pardon? Est-ce qu'il y a une limite au pardon? Pas quand on regarde à la croix, pas quand on regarde à la grâce de Dieu, pas quand on regarde à la manière dont Dieu nous a pardonnés, parce que là, il est question d'un pardon sans limite envers des pécheurs qui ne le méritaient vraiment pas. Il est question d'un pardon généreux, d'un pardon qui se donne, qui accepte de payer le coup pour que le pardon ait lieu. Si on était pardonnés ainsi, chers frères et sœurs, comment est-ce qu'on pourrait refuser de pardonner à d'autres? Si Dieu a été bon et généreux de cette manière-là envers nous, comment est-ce qu'on pourrait être amer et dur envers les autres? Si Dieu a eu tant de grâce envers nous, comment est-ce qu'on pourrait ne pas faire preuve de la même grâce à ceux qui nous entourent?
Prions pour que ça soit le cas pour notre Église. Je vais terminer en priant notre Dieu. Nous te prions, notre Dieu, que tu puisses nous ouvrir les yeux à la grandeur de ton pardon. Nous prions que nous puissions réaliser à quel point nous avons été pardonnés alors qu'on ne le méritait vraiment pas. On te prie, notre Dieu, que cela nous motive pour nous pardonner les uns aux autres. On te prie que tu nous aides dans cette Église à vivre cette atmosphère de grâce, de pardon, d'amour les uns envers les autres. On te prie que là où on a du mal à pardonner, là où c'est l'amertume qui règne encore, on te prie que la puissance de l'Évangile puisse se manifester pour que le pardon ait lieu. On prie cela ultimement pour ta gloire. Amen.