Je zappais les chaînes de ma TV un vendredi soir, quand je suis tombée sur la campagne d’un télé-évangéliste bien habillé qui prêchait avec une grande force de persuasion. Il promettait la guérison physique et la liberté financière à ceux qui sèmeraient la semence de la foi en faisant un gage généreux à son ministère.
Dans nos traditions d’église, nous rechignons à ces images sur nos écrans et identifions de tels hommes pour ce qu’ils sont: des faux docteurs, des charlatans motivés par la cupidité, s’attaquant à des gens désespérés pour un enrichissement personnel. Pourtant, dans notre empressement à rejeter la théologie de la prospérité dans son intégralité, je me demande si nous n’avons pas rejeté un principe à la fois biblique et pratique: Dieu bénit matériellement ceux qui sont généreux matériellement.
Est-ce que cette déclaration vous choque? Je me sens presque hérétique rien qu’en le tapant, et pourtant ma récente méditation sur 2 Corinthiens 8-9 m’a conduit à cette conclusion. Avant de fermer cette fenêtre dans votre navigateur, considérez avec moi ce passage écrit par la plume de Paul.
Voici le contexte dans lequel l’apôtre écrit: les croyants de Jérusalem souffrent de grandes difficultés financières, et les saints gentils de Macédoine relèvent le défi d’aider à satisfaire les besoins physiques de leurs frères et sœurs juifs. Paul recommande leur générosité et exhorte les Corinthiens à les rejoindre dans leur libéralité.
De peur que nous ne manquions la signification spirituelle du texte, 2 Corinthiens 8.10 nous aide ici: « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis. »
La principale et la plus importante richesse que nous recevons du Christ est sa grâce dans l’Evangile. Jésus est notre exemple ultime de générosité, ayant abandonné les richesses et la gloire du ciel pour s’humilier et devenir pauvre, en assumant la chair humaine. L’œuvre expiatoire de Christ ne nous promet pas la santé, la richesse et la vie sans souffrance. Mais la grâce salvatrice de notre Seigneur a acquis pour nous sa présence indélébile par son Esprit, ses dons, et la communion des saints. Et sa grâce salvatrice est aussi la source d’où jaillissent toutes nos bonnes œuvres.
Cependant, un principe secondaire émerge dans les versets suivants. 2 Corinthiens 9.6 déclare: « Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. »Le contexte est l’argent, pas les prières ou les gestes de gentillesse.
Cela fait écho à l’enseignement du Christ dans Luc 6.38: “Donnez, et il vous sera donné: on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.” Revenant à 2 Corinthiens 9, le verset 11 ajoute: “Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralités qui, par notre moyen, feront offrir à Dieu des actions de grâces.”
Ce verset nous montre où nous nous séparons des enseignants de l’évangile de la prospérité. Le but pour lequel Christ enrichit ses enfants qui donnent est qu’ils soient encore plus généreux! Ces faux enseignants ne sont pas des canaux de la générosité de Dieu, mais des mares stagnantes, accumulant des richesses pour eux-mêmes et leurs amis aux frais des pauvres qui attendent un miracle avec une désespérance extrême.
Nous ferons bien d’éviter l’évangile de la prospérité et ses méthodes rusées. Mais ne manquons pas la puissante promesse de l’Écriture et l’occasion qu’elle nous donne de mettre le peuple de Dieu au défi de donner sacrificiellement pour la gloire de Dieu. Oui, notre récompense sera grande dans le ciel (Matthieu 6.20), mais le Seigneur peut nous surprendre avec des bénédictions matérielles dans le présent. Dans quel but? Pour que nous ayons plus à donner et pour qu’il reçoive des remerciements et des louanges.