HPI: la course effrénée aux enfants "surdoués"

Enfance et jeunessePsychologie

Au sein de la communauté des parents, une véritable compétition nationale s'est déclenchée: la course au HPI. Pour ceux qui ignorent ce que signifie cet acronyme, il désigne le Haut Potentiel Intellectuel, aussi appelé surdoué, zèbre, ou enfant précoce…

Ces dernières années, le marché et le business autour du HPI ont littéralement explosé. Comme pour beaucoup de concepts psychologiques, cela a donné lieu à de nombreuses affirmations toutes aussi fausses les unes que les autres. Voici quelques exemples courants:

  • Il parle de la dissolution de l’Assemblée: il est HPI.
  • Il aime collectionner des cailloux et créer des camaïeux: il est HPI.
  • Il est très émotionnel, son humeur est plutôt orageuse ces temps-ci: il est HPI.
  • Il s’ennuie à l’école: il est HPI.
  • Il dit que son cerveau ne s’arrête jamais: il est HPI (petite parenthèse: lorsque le cerveau s'arrête de fonctionner, c'est que vous êtes mort).
  • Il est constamment anxieux: il est HPI.

Que faire de toutes ces affirmations? Eh bien, les études de ces dix dernières années sont claires. Vous prenez tout ça et vous le mettez à la poubelle.

Une étude¹ et un ouvrage² récents ont mis en lumière plusieurs éléments que je vais résumer brièvement:

  • Le HPI en tant que diagnostic n'est pas une source de problèmes en soi et n'a pas de lien de cause à effet avec des troubles de santé mentale. En réalité, c'est même l'inverse, bien que les corrélations entre HPI et certaines problématiques soient faibles.
  • Globalement, être HPI permet d'avoir une meilleure santé mentale, de meilleurs résultats scolaires, une plus grande estime de soi et moins de troubles psychiques.
  • Les seules prévalences légèrement plus élevées sont celles des allergies et de la myopie! 😄

Bref, le HPI n'est en aucun cas une neuro-atypie, une malédiction, ou une touche divine.

Cela va encore plus loin: le HPI ne peut pas être utilisé comme un diagnostic explicatif des comportements, des particularités ou des difficultés de nos enfants.

En tant que parents chrétiens, le danger est de chercher des excuses pour nos enfants en les écartant de leur responsabilité face au péché, et nous de la nôtre. C’est vrai pour toute sorte d'excuses, mais j’insiste particulièrement sur celle-ci. Non seulement elle est fausse à la lumière de la Parole de Dieu, mais elle l’est aussi au regard de la psychologie moderne.

Si je tiens à souligner cela, c'est parce que le monde chrétien est perméable à la culture environnante, d'autant plus avec la psychologisation de nos sociétés. Nous aimons nos enfants, mais ils sont parfois l’objet de notre propre péché. Ne sommes-nous pas fiers lorsqu'ils réussissent à l'école, remportent une compétition sportive, ou sont identifiés comme HPI? N'est-ce pas flatteur de pouvoir glisser cela dans une conversation, en observant la réaction des autres, et en profitant de ce bref moment de gloire?

À l'inverse, ne sommes-nous pas soulagés lorsqu’un diagnostic tombe, nous permettant de dire: “Ce n’est pas de notre faute, ce n’est pas de sa faute, c’est à cause de son [...]”?

Il est évident que certains diagnostics sont absolument essentiels pour la bonne prise en charge de nos enfants. Toutefois, réfléchissons à l’impact que cela a sur notre regard et notre comportement à leur égard. Est-ce que notre manière de refléter Christ et de leur transmettre l’Évangile reste la même? Notre rapport au péché est-il inchangé?

La réponse est non. L’image que nous construisons de nos enfants influence nos comportements et nos paroles. Il est donc de notre responsabilité d’avoir une vision la plus juste possible.

Les recherches actuelles montrent qu’avoir un haut potentiel intellectuel apporte des avantages en termes de développement, de gestion des émotions et de facilités dans les relations sociales. Avons-nous cette perspective sur ces personnes? Mais plus encore, sommes-nous conscients que l’image la plus importante est celle d’êtres humains ayant besoin de Jésus-Christ dans leur vie? Ils ne sont pas différents des autres. Que notre témoignage de Christ soit fidèle, tout comme la manière dont nous leur transmettons les vérités éternelles de la Bible.

Samuel Laurent

Chrétien et psychologue, Samuel est marié à Pauline depuis 17 ans et ont trois enfants. Ils ont créé l’association « La Boussole » avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l’intention des églises locales. Il est étudiant à la Faculté de Théologie Jean Calvin.

La question de l’accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager leur vision biblique du monde autour de l’accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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Ce replay du webinaire de Samuel Laurent a été enregistré le 21 avril 2021. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.

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S. Laurent