Les traumatismes subis par les enfants ont des origines diverses: négligence, violences physiques, sexuelles ou psychologiques, décès d'un proche, harcèlement, racisme, maladie, etc.
Selon la SAMHSA1:
[Le traumatisme] survient après un événement, une série d'événements, ou un ensemble de circonstances vécus par un individu comme étant physiquement ou émotionnellement néfastes ou mettant sa vie en danger. Elles ont des effets délétères durables sur son fonctionnement et son bien-être mental, physique, social, émotionnel ou spirituel.
Des enfants qui ont vécu un traumatisme peuvent guérir grâce à l’approche bienveillante des parents, de la famille, de proches ou de professionnels de l’enfance. Aider les enfants à vivre dans le présent et à se laisser aimer, leur donner la possibilité d'exprimer ce qu'ils ressentent, leur fournir les soins professionnels nécessaires, et faire preuve de patience face à d’éventuels comportements violents, contribuera à leur guérison.
Savoir que Dieu voit leur souffrance, qu'il s'en préoccupe et la comprend, encouragera les enfants traumatisés à entamer le processus de guérison. En leur rappelant qu’un jour toute douleur et toute souffrance seront anéanties, vous pourrez les encourager à ne plus revivre l'angoisse de nouveaux traumatismes, et à s’approprier la paix et la joie promises pour l'avenir.
Le choc et l'horreur que nous inspirent les nombreux traumatismes subis par les enfants devraient nous pousser à nous impliquer davantage dans leur vie, à leur manifester concrètement l'amour de Dieu et à les protéger. L'amour et l'intérêt profonds que Dieu porte aux enfants devraient nous inciter à imiter l'affection qu'il leur manifeste et à leur offrir de l'espoir et un sentiment de sécurité.
Ce serait merveilleux que ces enfants en situation post-traumatique trouvent la guérison et l'espoir au sein de leur famille et de leur église. Selon un rapport de l’AMSHA:
La réaction d'une communauté face au traumatisme d'un individu influe directement sur l'impact de l'événement, de l'expérience et de l'effet traumatisants. Les communautés qui privilégient un cadre compréhensif, mais avec un espace de liberté, peuvent faciliter le processus de guérison et de restauration de l'individu. À l'inverse, les communautés qui évitent, négligent ou méconnaissent l'impact traumatique peuvent malheureusement aggraver la meurtrissure et interférer avec le processus de guérison. Les victimes peuvent être à nouveau blessées par des personnes dont la seule intention était de leur venir en aide.
Bien que les réponses aux besoins spécifiques des enfants varient, il existe une foule de conseils pour aider les parents et les personnes qui s’en occupent à bien réagir et à les aider à guérir. Ces recommandations s’appliquent à des situations dans lesquelles l'événement traumatique a pris fin et lorsqu’un enfant se trouve dans un environnement relativement sûr.
Mettez l'enfant en sécurité et rassurez-le sur ce point. Donnez-lui des exemples de ce que vous avez mis en place pour le protéger à la maison ou à l'école. Vous pourriez, par exemple, l'accompagner chaque jour jusqu'à sa classe, rester à portée de voix chaque fois que vous êtes à la maison, le regarder jouer dehors pour qu'il ne soit pas seul. L'attendre à l'entrée de l'école ou venir le chercher à l'arrêt de bus.
Aidez l'enfant à se sentir intégré et aimé. Dites-lui et montrez-lui que vous l'aimez et que vous ferez de votre mieux pour vous occuper de lui. Cela implique d'être disponible émotionnellement et physiquement (câlins, partages en famille). Rassurez l'enfant sur le fait qu'il est normal d'éprouver des émotions aussi fortes ou changeantes à la suite d'un événement traumatisant.
Faites-lui comprendre qu’il n’est pas responsable de ces événements et écoutez-le attentivement, sans porter de jugement. Laissez-le assimiler sa propre expérience et exprimer ses sentiments. Il faudra peut-être l'aider à trouver ses propres mots ou l'encourager à s'exprimer par la parole, l'écriture, le jeu, la musique ou d'autres activités. Ne sous-estimez pas ses émotions et ne l'incitez pas à simplement oublier l'événement traumatisant.
Priez avec cet enfant. En Jésus-Christ, nous avons un grand prêtre compatissant (Hb 4.14-16), nous pouvons donc prier et demander à Dieu d'agir, de guérir, de réconforter, de faire justice, de rétablir l'ordre et plus encore. Notre prière exprime à la fois un sentiment de tristesse et de perte lié au traumatisme, mais aussi notre espoir et notre confiance en la réponse et l'aide de Dieu.
Si besoin, consultez un professionnel de l'enfance: thérapeute, membre des services de protection de l'enfance, professionnel de santé mentale, défenseur des victimes et des témoins, conseiller d'orientation scolaire, psychologue ou assistante sociale.
Adressez-vous aux services de police ou à la gendarmerie lorsque cela est nécessaire. En effet, il faudra informer les autorités en cas de maltraitance avérée ou présumée d'un enfant.
Lorsque l'enfant est bouleversé ou pris d’émotions intenses, essayez de répondre calmement au lieu de réagir sous le coup de la colère. Restez compréhensif, parlez d'une voix ferme, mais rassurante et tentez de comprendre ce qu'il ressent. Essayez de ne pas prendre son comportement à titre personnel. Rappelez-vous que l'enfant peut adopter des réactions qui lui semblent justifiées ou impossibles à contrôler, et qu’elles ont peut-être servi à le protéger, lui ou d’autres, lors du drame.
Reprenez les habitudes qui lui sont familières lorsque cela est possible et utile. Il peut s’agir de l'heure des repas, des trajets à l'école, des activités du week-end ou de l'heure du coucher. Essayez d'être attentif, en récupérant les enfants à l'heure par exemple, ou en les informant à l'avance en cas de changement.
Accordez-lui une certaine autonomie dans ses activités, en fonction de son âge et de ses capacités. Laissez-le choisir ses habits, ses repas, etc.
Expliquez-lui la protection que lui offre Christ. S'il a placé sa foi en Jésus, son identité est ferme et assurée. Dieu insiste sur la valeur qu'ont ses enfants en leur rappelant qu'il les a adoptés dans sa famille. Cette vérité apporte un grand réconfort, car l'enfant ne sera pas condamné à vivre comme une victime. Cela n'efface pas ses blessures et ne réduit pas au silence son besoin de délivrance et de guérison: cela signifie que ces blessures ne définiront pas son identité.
Parlez-lui du sentiment de colère qu’il éprouve. La colère de Dieu contre le péché et ses conséquences est justifiée. Selon David Powlison, le fait que Dieu se mette en colère nous dit quelque chose d’essentiel:
La colère peut être profondément juste, bonne, appropriée, admirable; la seule réponse appropriée à une mauvaise action. Elle est une réponse aimante au nom des victimes du mal.
Powlison, Anger, part 1: Understanding anger, the journal of biblical counseling 14:1 (1995) p. 40
Le peuple de Dieu peut aussi manifester une sainte colère:
Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas.
Éphésiens 4.26
L’enfant peut être encouragé de savoir que Dieu est en colère lorsque l’un des siens subit un traumatisme.
Suscitez l'espoir. L'espoir n'est pas l'attente d'un résultat garanti, il se caractérise par la confiance en notre Dieu fidèle. Notre espérance est fondée sur la fidélité passée de Dieu et sur l'anticipation de sa fidélité future. Parce que le Christ est ressuscité d'entre les morts, nous pouvons avoir confiance dans les promesses de Dieu.
Si vous cherchez à vous occuper d'enfants en situation post-traumatique autour de vous, ou à aider d'autres personnes qui s'en occupent, nous vous encourageons à vous rappeler que vous n'êtes pas seuls et que Dieu a le contrôle sur tout. Un jour, il remettra toutes choses en ordre. D'ici là, nous avons le privilège et la vocation d'apporter sécurité, réconfort et espoir aux victimes. Nous pouvons marcher patiemment avec elles en tant que personnes créées et aimées du Dieu créateur de l'univers qu’il tient entre ses mains.
1. La SAMHSA (Substance Abuse and Mental Health Services Administration) est une agence américaine qui soutient la lutte contre les addictions et les troubles mentaux. En France, des organismes similaires existent, comme la MILDECA et les ARS.