Dans le milieu chrétien, il y a une frange relativement importante de la population qui se méfie de la psychologie. J’en reçois régulièrement en cabinet ou au travers de mes contacts. Les raisons peuvent être diverses: une mauvaise expérience avec un psychothérapeute, une culture méfiante de ce qui touche à l’âme, une désillusion quant aux modèles proposés par la psychologie.
Cependant, ce qui est frappant, c’est également la faible connaissance de la psychologie moderne. Ainsi, j’aimerais prendre un peu de temps avec vous concernant une sommité dans les théories de la psychologie: La pyramide de Maslow [appelée aussi « La pyramide des besoins »].
Abraham Maslow est un psychologue né au début du XXᵉ siècle. Il est notamment populaire dans ses travaux en psychologie du travail sur la motivation (un domaine que j’affectionne particulièrement puisque c’est la spécialité de mon cursus). Par observation empirique, il va développer le modèle de la pyramide des besoins qu’il exposera en 1943.
Il regroupe les besoins selon cinq grandes catégories qu’il va hiérarchiser comme dans le schéma ci-dessus. Selon Maslow, l’accomplissement de ces besoins serait à l’origine des motivations humaines, et ce, dans un ordre hiérarchique. Ces objectifs de base sont liés les uns aux autres, étant disposés dans une hiérarchie de prépotence. Cela signifie que le but le plus prépondérant monopolisera la conscience. Les besoins les moins importants sont minimisés, voire niés.
Mais lorsqu’un besoin est assez bien satisfait, le prochain besoin prépondérant (« supérieur ») émerge, pour dominer à son tour la vie consciente et servir de centre d’organisation du comportement, puisque les besoins satisfaits ne sont pas des motivations actives. Nous avons par conséquent une anthropologie dans laquelle l’être humain est dans un manque perpétuel.
En conséquence, toute tentative de contrecarrer ces objectifs est considéré comme une menace psychologique. Il y a donc de forts liens entre ces besoins et la psychopathologie. Fondamentalement, un homme contrarié peut en fait être défini comme un homme malade.
Assez rapidement, la psychologie séculière a interagi avec la théorie de Maslow au travers de nombreuses études sur la motivation humaine. Les chercheurs ont petit à petit affiné le concept pour le détailler, notamment au niveau des origines de la motivation, des caractéristiques d’une activité et enfin sur les facteurs externes et internes (Deci et Ryan, 1985).
La pyramide de Maslow rejoint plusieurs autres théories comme l’inconscient de Freud ou le schéma de communication de Shannon et Weaver. Le succès de ces vieilles théories viennent de plusieurs biais cognitifs:
La simplicité et l’écho que ces théories ont dans notre quotidien peuvent avoir un impact considérable dans nos vies et notre vision du monde. La pyramide de Maslow est simple, intuitive et visuelle. En réalité, elle n’a pas de validation scientifique, il ne parle pas de pyramide et enfin la théorie est développée selon une culture donnée sans prendre en compte les biais et les particularités des populations étudiées.
Le premier constat, c’est que nous devons avoir un regard aiguisé sur la psychologie et pas seulement une assimilation de masse. Nous devrions étudier sérieusement les différentes théories de la psychologie moderne et nous poser des questions éthiques quant à leur utilisation. Les notions de besoins et d’identité (que nous avons traité dernièrement), ne devrait pas juste être « intégrées » dans notre théologie. Nous devons en comprendre les présupposés empiriques et l’anthropologie évoquée des différentes modèles.
Cela peut être des bons moyens d’apologétiques. Discuter avec des gens du monde avec les mêmes codes permet d’entrer plus facilement en relation et cela nous permet en tant que chrétien d’en définir les points de contacts et de contrastes sans tout rejeter en bloc.
La question des besoins est éminemment importante. Si nous considérons les différents éléments cités dans la théorie de Maslow comme des besoins, alors ils deviennent des droits. Et si ce sont des droits, alors nous pouvons légitimement les obtenir en bonne conscience.
Seulement dans notre anthropologie, l’homme n’est pas un être « manquant », c’est un être pécheur. Ce qu’il cherchera à obtenir selon ses « désirs » est lié au péché. Que ce soit l’accomplissement de soi ou la reconnaissance des autres, ces désirs sont des quêtes d’idolâtrie. Que ce soit le succès, la sécurité, le confort ou une myriade d’autres choses, nous devons réfléchir et sonder notre cœur quant à nos motivations profondes. Qu’est-ce que ces motivations révèlent de notre cœur corrompu? En quoi elles peuvent bafouer la gloire de Dieu?
Notre premier besoin dans ce monde, c’est le besoin d’un rédempteur. Notre besoin fondamental est celui qui est en lien avec notre péché. Ce n’est pas un droit, mais une grâce offerte par Jésus-Christ. Cette grâce nous place ensuite face aux quêtes de notre cœur dans ses désirs. Mais c’est seulement lorsque nous recevons la grâce de Dieu que nous pouvons vraiment faire le tri dans ce que l’on nommait auparavant des « besoins » pour ensuite les travailler comme des « désirs ».
Ces gens-là portent leurs idoles dans leur cœur, et ils attachent les regards sur ce qui les a fait tomber dans l’iniquité.
Ézéchiel 14.3
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SOS anxiété: Une vie sans inquiétude est-elle possible?
Découvre le replay du webinaire de Samuel Laurent, enregistré le 29 novembre 2022.
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S. Laurent