Derrière la question se cache un théologie fascinante.
Un jour, quelqu’un a posé la question: « Attendez, qu’en est-il de la gloire de Dieu? Vous affirmez que Dieu nous a créés pour notre joie, mais ne nous a-t-il pas créés pour sa gloire!? » Où est la vérité? Existons-nous pour sa gloire ou pour notre joie?
Oh, combien j’abonde dans ce sens: Dieu nous a certainement créés pour sa gloire! Je l’affirme et je le pense! Dieu est la personne la plus théocentrique de l’univers. Cette notion est au cœur de mes prédications et de mes écrits. Une notion que l’hédonisme chrétien vise à rechercher, à préserver! Le but ultime de Dieu est de se glorifier. Toute la Bible en parle. Tout ce qu’accomplit Dieu poursuit ce but.
À chaque étape de la création et du Salut, son objectif est de magnifier sa gloire. Le microscope et le télescope agrandissent ce que nous voyons. Un microscope agrandit les objets de petites dimensions et nous donne l’impression que leur taille est plus importante que dans la réalité. Un télescope agrandit les objets gigantesques mais difficilement perceptibles à nos yeux – comme les étoiles, par exemple – afin qu’ils nous apparaissent un peu plus comme ils sont réellement. Dieu a créé l’univers pour magnifier sa gloire de la même manière qu’un télescope magnifie à nos yeux les étoiles. Tout ce qu’il opère pour notre Salut sert ainsi à magnifier la gloire de sa grâce.
Considérons par exemple quelques étapes du Salut: la prédestination, la création, l’incarnation, la propitiation, la sanctification et la glorification. À chaque stade, la Bible nous explique que Dieu est à l’œuvre, par Jésus-Christ, pour manifester et exalter sa gloire.
Je ne peux donc qu’approuver la personne qui dit que Dieu nous a créés et sauvés pour sa gloire!
« Alors, poursuit-elle, comment pouvez-vous affirmer que le but de notre existence est de maximiser notre joie? Dieu ne nous a-t-il pas créés pour que nous partagions son objectif, celui de le glorifier? Quel est donc notre objectif ultime: la gloire de Dieu ou notre joie? »
Nous voilà au cœur de l’hédonisme chrétien! S’il faut retenir une chose, c’est bien ce qui suit. Je l’ai appris grâce à Jonathan Edwards, C. S. Lewis et, surtout, à l’apôtre Paul.
Edwards est le plus grand pasteur et théologien que l’Amérique ait connu. En 1755, il a écrit un ouvrage intitulé The End For Which God Created the World [Le but pour lequel Dieu a créé le monde]. Le passage suivant est très étonnant: il constitue la base et l’objet de son livre, ainsi que la pierre angulaire de l’hédonisme chrétien. Lisez attentivement ce texte ancien pour voir comment Edwards démêle brillamment notre problème.
Dieu est non seulement glorifié par la manifestation visible de sa gloire, mais par la joie qu’elle suscite. Quand ceux qui la voient y trouvent leurs délices, Dieu est davantage glorifié que s’ils étaient de simples spectateurs. Sa gloire est alors accueillie par l’être tout entier, par l’entendement comme par le cœur. Dieu a créé le monde pour pouvoir communiquer sa gloire et pour que ses créatures la reçoivent, pour qu’elle soit appréhendée à la fois par la pensée et le cœur. Celui qui témoigne de sa compréhension de la gloire divine n’exalte pas autant Dieu que celui qui témoigne aussi de… son plaisir en elle.
Voilà la solution. Dieu vous a-t-il créé pour sa gloire ou pour votre joie? Réponse: Dieu vous a créé pour que vous passiez l’éternité à le glorifier en vous réjouissant en lui aux siècles des siècles. Autrement dit, vous n’avez pas à choisir entre glorifier Dieu et prendre plaisir en lui. Ce choix est en effet dangereux: si vous renoncez à une partie, vous perdez aussi l’autre. Edwards a entièrement raison: « Dieu est non seulement glorifié par la manifestation visible de sa gloire, mais par la joie qu’elle suscite. » Si nous ne nous délectons pas de Dieu, nous ne le glorifions pas comme il se doit.
Voilà donc le fondement inébranlable de l’hédonisme chrétien: Plus notre satisfaction en Dieu est grande, plus il est glorifié en nous. C’est la meilleure nouvelle au monde. Il n’y a pas d’incompatibilité entre le désir de Dieu d’être glorifié et mon désir d’être satisfait.
Cet article est un extrait du livre Au risque d’être heureux, pages 21-26, publié avec l’aimable autorisation de BLF éditions. Il fait suite au billet sur 5 petits mots fabuleux mais controversés du Psaume 23