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Le duel Juifs/Antisémites (Esther 8)

Livres historiquesPrédication

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Publié le

29 oct. 2022

Découvre cette prédication basée sur Esther 8.1-17. Elle est la huitième d’une série de 9 prédications sur le livre d’Esther. Clique ici pour accéder directement au sommaire de cette série.

La plupart des blogueurs ToutPourSaGloire.com sont également pasteurs. Aujourd’hui, tu peux toi aussi bénéficier de leurs enseignements grâce à notre nouveau podcast Prédications TPSG. Ces prédications, qui se veulent résolument textuelles et christocentriques, te feront redécouvrir le sens profond des Écritures et nourriront ta foi en Christ.


Notes écrites de la prédication:

L’antisémitisme

Lorsqu’on se penche sur l’antisémitisme, trois observations surprennent:

  • La ténacité et la longévité du phénomène.
  • L’absurdité des causes ou des prétextes.
  • La survie tout aussi tenace du peuple juif.

La ténacité et la longévité tout d’abord:

Avec Esther, nous découvrons son existence antique. Au 5ème siècle av. J.-C, un décret visant leur annihilation était promulgué. Selon les sources, entre 7 et 15 millions de Juifs étaient concernés et pouvaient être exécutés pour la seule raison de leur judéité.

Mais déjà du temps de Moïse, on dénombre plusieurs situations qui visent l’annihilation du peuple Juif, soit par la corruption de leurs mœurs, soit par les attaques visant leur extermination.

La violence contre le peuple juif dans l’Ancien Testament trouve son apogée en la personne d’Antioche IV.

Épiphane, au 2ème siècle av. J.-C interdit le judaïsme, installe dans le temple un autel au dieu cananéen Baal, interdit la circoncision et ordonne au souverain prêtre qu’il a lui-même installé d’offrir un porc en sacrifice dans le Temple.

Nota: Jésus annonce en Mt 24.15 que ce type d’événement se reproduira dans les temps de la fin.

Et tout au long des siècles, il y aura de nombreux appels à la destruction des Juifs. Dans son livre sur le retour de Jésus-Christ, René Pache liste les troubles survenus auprès des Juifs:

1096, 12 000 juifs sont tués en Rhénanie. 1290, expulsion de tous les juifs d’Angleterre sous peine de pendaison. 1298, 100 000 juifs sont tués en Franconie, en Bavière et en Autriche. Septembre 1306 expulsion de 100 000 juifs de France sous menace de mort. En 1348 on accuse les juifs d’avoir causé la peste noire et on en tue plus d’un million. 1492, l’inquisition chasse d’Espagne 300 000 juifs, sous menaces de mort. De 1648 à 1658 environ 400 000 juifs polonais sont tués pendant la guerre entre la Russie, la Pologne et la Suède.

René Pache, Le retour de Jésus-Christ, Emmaüs (5e édition), p. 252

Si l’Inquisition a été d’une violence inimaginable, les propos des réformateurs protestants forment un triste héritage, déshonorant et accablant.

Luther écrit:

[Les Juifs] sont un peuple de débauche, et que leurs fanfaronnades sur leur lignage, la circoncision et leurs lois doivent être considérées comme une cochonnerie.

Martin Luther

Ils sont remplis d’excréments du diable… dans lesquels ils se vautrent comme des pourceaux.

Martin Luther

Il recommande un plan en plusieurs étapes pour traiter les Juifs:

  1. Tout d’abord, mettre le feu à leurs synagogues ou écoles, et enterrer ou couvrir de saleté tout ce qui ne brûlera pas, de façon à ce que personne ne puisse jamais revoir une de leurs pierres ou leur cendre…

2. Je conseille que leurs maisons soient rasées et détruites.

3. Je conseille que tous leurs livres de prières et écrits talmudiques, qui servent à apprendre une telle idolâtrie, leurs mensonges, leurs malédictions et leurs blasphèmes, leur soient retirés…

4. Je conseille que leurs rabbins aient l’interdiction d’enseigner sous peine de perdre la vie…

5. Je conseille que les sauf-conduits sur les grands chemins soient abolis complètement pour les Juifs…

6. Je conseille que l’usure leur soit interdite, et que toutes les liquidités et trésors d’or et d’argent leur soient confisqués… de tel argent ne doit pas être utilisé… de la [manière] suivante… Si un Juif se convertit sincèrement, on doit lui remettre [une certaine somme]…

7. Je recommande que l’on mette un fléau, une hache, une houe, une pelle, une quenouille ou un fuseau entre les mains des jeunes et forts Juifs ou Juives et qu’on les laisse gagner leur pain à la sueur de leur front. Car ce n’est pas juste qu’ils doivent nous laisser trimer à la sueur de nos faces, nous les damnés Goyim, tandis qu’eux, le peuple élu, passent leur temps à fainéanter devant leur poêle, faisant bombance et pétant, et en plus de tout cela, faisant des fanfaronnades blasphématoires de leur seigneurie contre les chrétiens, à l’aide de notre sueur. Non, nous devons expulser ces fripons paresseux par le fond de leur pantalon.

Martin Luther

L’absurdité des causes ou des prétextes. On a prétexté:

  • Leur intransigeance monothéiste
  • Leur paresse de se reposer le 7e jour, le samedi.
  • Le meurtre de Jésus le Christ. L’accusation de peuple déicide a été la plus utilisée jusqu’au début du siècle précédent. Et la source d’interminables tourments.
  • Leur richesse bancaire ou commerciale.
  • Leur besoin de sang chrétien, ou de sang d’enfant chrétien pour fabriquer les pains azymes de la Pâque.

Cela a favorisé une attitude violente véhiculée par des dizaines de célébrités.

Quelques citations²

Voici ce que nous trouvons sous la plume du « grand » Voltaire:

Vous ne trouverez en eux qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler.

Le Dictionnaire philosophique (1769), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 19, chap. Article « Juifs », p. 524

C’est à regret que je parle des Juifs: cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre.

Le Dictionnaire philosophique (1769), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 20, chap. Article « Tolérance », p. 533

Voilà ce que rapporte Napoléon Bonaparte:

J’ai entrepris l’œuvre de corriger les Juifs, mais je n’ai pas cherché à en attirer de nouveaux dans mes états. Loin de là, j’ai évité de faire rien de ce qui peut montrer de l’estime aux plus méprisables des hommes.

Napoléon Bonaparte, 6 mars 1808, Lettre de Napoléon à son frère Jérôme, dans Lettres inédites de Napoléon Ier (an VIII-1815), paru chez Plon, 1897, t.1, p.159, Léon Lecestre.

Les Juifs sont un vilain peuple, poltron et cruel.

Napoléon Bonaparte, 28 août 1817, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.226, Général Gourgaud.

Proudhon se proposait également d’écrire un article:

« …contre cette race qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec un autre peuple. »

Pierre-Joseph Proudhon, 24 décembre 1847, dans CARNETS DE PROUDHON N° 6 p. 178 Journal personnel, non destiné à être publié, paru chez Marcel Rivière (TOME II), 1961, p.337, publié sous la direction de Pierre Haubtmann.

2toutes extraites du site: Wikiquote

Est-il surprenant, qu’un homme possédé de mille démons, du nom d’Adolph Hitler, ait transformé ce sentiment général en une action abominable et meurtrière…?

Si je parle de ces choses sordides, c’est parce qu’elles pèsent sur notre compréhension des événements d’Esther, chapitre 8. Il existe un mystère juif. Un mystère qui inclut la virulence de la haine à l’encontre des Juifs, et la survie sur le long terme de ce peuple.

Et d’ailleurs c’est ma 3e remarque introductive: La survie toute aussi tenace du peuple juif.

À l’inverse des centaines de peuples victimes de génocides, d’exilés, le peuple juif demeure.

Comme le disait lord Beaconsfield avec affection:

Les pharaons d’Égypte, les rois de la Syrie, les empereurs romains, les croisés… Les princes des Goths et les saints inquisiteurs ont consacré toute leur énergie à l’accomplissement du même dessin. Expulsion, exils, captivité, confiscation, tortures raffinées, massacre sur la plus vaste échelle, tout a été essayé, mais en vain.

René Pache p. 252.

Pourquoi? Un seul mot. Dieu. Dieu protégera son peuple parce qu’il en va de sa réputation.

Esther 8

C’est ce que nous voyons avec Esther 8. C’est paradigmatique. La haine des Juifs est renversée. Le peuple est gardé. Dieu utilise la reine Esther et Mardochée, son oncle et petit fonctionnaire de l’État pour renverser l’édit du roi Xerxès qui avait autorisé l’exécution de la population juive un jour déterminé.

La promotion d’Esther et Mardochée (Est 8.1-2)

1 Ce même jour, le roi Assuérus fit don à la reine Esther de la maison de Haman, adversaire des Juifs, et Mardochée se présenta devant le roi, car Esther avait révélé ce qu’il était pour elle. 2 Alors le roi retira le sceau qu’il avait repris à Haman, et le donna à Mardochée. De même Esther plaça Mardochée à la (tête de la) maison de Haman.

Esther 8.1-2

Assuérus est le nom hébreu de Xerxès, son nom grec. Il règne sur l’immense Empire perse dans lequel vivent 7 à 15 millions de juifs selon les historiens.

Esther est une jeune femme de 22 ou 23 ans. Elle était la plus belle vierge d’une sélection de 400 prélevées dans le royaume pour devenir la reine.

Haman était l’adversaire des Juifs. Grand Vizir de l’empire, il avait convaincu Xerxès de formuler un édit de massacre à l’encontre des Juifs dont la date d’application devait avoir lieu dans quelques mois, en un jour déterminé. Au chapitre 3 nous lisons cet édit:

12 On convoqua les scribes royaux, le treizième jour du premier mois, et l’on transcrivit tous les ordres de Haman à l’intention des satrapes du roi, des gouverneurs de chaque province et des princes de chaque peuple, à chaque province dans son écriture, à chaque peuple dans sa langue. Ce fut écrit au nom du roi Assuérus et scellé du sceau du roi. 13 Les lettres furent envoyées par l’intermédiaire des courriers à toutes les provinces du roi: on devait exterminer, tuer et faire périr tous les Juifs, du jeune garçon au vieillard, les enfants comme les femmes, en un seul jour, le 13 du douzième mois  – qui est le mois d’Adar. (On pouvait) les piller pour en prendre du butin.

Esther 3.12-13

Cet édit aurait tué Esther, juive elle-même. Alors elle a pris son courage à deux mains, et, influencée par Mardochée, a organisé deux banquets successifs pour enfin oser révéler ce complot à Xerxès. Haman vient tout juste d’être pendu, là où il aurait espéré voir Mardochée se balancer. Esther a donc la vie sauve.

J’espère que c’est un contexte suffisant pour comprendre ce qui se passe dans ce chapitre. En tout cas, la promotion d’Esther et d’Haman est époustouflante. En un jour, tout change.

Tout change pour Esther:

Elle était orpheline, adoptée par un fonctionnaire de la cité, plutôt pauvre puisqu’elle fait envoyer des vêtements neufs lorsqu’il se présente aux portes avec des vêtements déchirés. Elle a donc grandi dans un foyer plus que modeste.

Esther reçoit l’intégralité des biens d’Haman. Normalement, les biens d’un traître revenaient au roi. C’est très généreux de sa part de tout donner à Esther? Peut-être était-ce une manière d’atténuer sa culpabilité. Esther est milliardaire.

Esther devient fière de son origine. Elle a conscience qu’elle fait partie du peuple de Dieu, et que son Dieu compte finalement pour elle. Ce n’était pas le cas quelques temps auparavant. Elle expérimente un vrai virage spirituel. Une sorte de conversion vétérotestamentaire.

Tout change pour Mardochée également:

Xerxès réalise que Mardochée est en fait son beau-père! Non seulement Mardochée lui a sauvé la vie quelques années auparavant, mais en plus il est membre de la famille royale! Xerxès confie à Mardochée le sceau (probablement une bague munie de l’empreinte royale) qui fait de lui le Grand Vizir, le 1er ministre du Royaume.

Plus loin dans le chapitre, nous lisons qu’il se retire « en vêtements royaux violets et blancs avec une grande tiare d’or et un manteau de byssus et de pourpre » (Est 8.15).

Et enfin, Esther confie à Mardochée la gestion des biens qu’elle vient de recevoir. Voilà qu’il est aussi riche qu’Haman l’était.

Ce renversement de situation me fait penser à deux choses: les béatitudes, et le retour du Christ. Le contraste entre les enfants de Dieu sur terre (plutôt décriés, méprisés, parfois persécutés) et les promesses du royaume est sidérant. Notamment la dernière:

10 Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux! 11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on répandra sur vous toute sorte de mal, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Mt 5.10-12

Et le retour du Christ. À la résurrection, nous serons « glorifiés ». C’est-à-dire que notre corps mortel aura revêtu non seulement l’immortalité, mais encore la perfection morale de Christ. Nous serons vraiment à l’image de Dieu, des princes régnant de sa part dans un nouvel univers, la terre ressuscitée si vous le voulez. Cela semble étrange? Absolument! Mais ce qui est de l’ordre de la foi devient confiance absolue, parce que c’est dans l’Écriture et parce que Christ est réellement ressuscité.

Sois sans crainte, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.

Lc 12.32

Quel contraste! Le petit peuple que nous sommes sera dans le ciel.

Aujourd’hui, les histoires ne se terminent pas toujours par un tel renversement: le juste qui est pauvre gagne! Mais un jour, les premiers seront les derniers…

Le leadership d’Esther et Mardochée (Est 8.3-14)

Esther et Mardochée assument leur rôle. Leur position. Dieu fait de ses enfants des prêtres, des rois et des prophètes – en association au triple office de Jésus – et il est important que les enfants de Dieu agissent dans les sphères où ils sont placés, avec une conscience de leur responsabilité.

Nous devons exercer le leadership que Dieu nous confie, en tant que père, mari, épouse, mère, professeur, artisan, ingénieur, en assumant pleinement ce que cela implique.

La passion d’Esther (Est 8.3-6)

3 Esther ne s’en tint pas là et reprit la parole devant le roi en tombant à ses pieds; elle pleura, elle éveilla sa pitié pour qu’il détourne la méchanceté de Haman, l’Agaguite, et le projet qu’il avait conçu contre les Juifs. 4 Le roi tendit le sceptre d’or à Esther. Alors Esther se releva et se tint devant le roi. 5 Si le roi le juge bon, dit-elle, et si j’ai obtenu sa faveur, si la chose convient au roi et si je lui plais, qu’on écrive pour révoquer les lettres conçues par Haman, fils de Hammedata, l’Agaguite, et rédigées dans le dessein de faire périr les Juifs de toutes les provinces du roi. 6 Comment pourrais-je donc rester indifférente à la vue du malheur qui menace mon peuple? Oui, comment pourrais-je rester indifférente à la vue de la disparition de ma lignée?

Observez la passion d’Esther. Elle n’est plus seulement la femme sensuelle qui gagne un concours. Cette fois-ci elle exprime sa compassion de toutes ses tripes: elle tombe à ses pieds, elle pleure, elle intercède. Elle ne cherche pas seulement à sauver sa peau, mais à sauver tout un peuple. Elle exprime une vive émotion pour éveiller la compassion du roi.

C’est quand même chouette pour une p’tite femme qui se souciait davantage de son maquillage que de son Dieu. Elle a fait du chemin! Elle n’est pas très informée de l’aspect politique de la chose, comme on va le voir dans un instant, car elle ignore que la loi des Mèdes et des Perses ne peut être renversée.

Le décret de Mardochée (Est 8.7-14)

7 Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée: voici que j’ai donné à Esther la maison de Haman, et lui, on l’a pendu à la potence pour avoir porté la main sur les Juifs. 8 Vous, maintenant, écrivez au nom du roi ce qui vous paraîtra le plus favorable aux Juifs, et scellez-le du sceau royal. Car un texte écrit au nom du roi et scellé du sceau royal est irrévocable.9 On convoqua les secrétaires royaux ce même jour, qui était le 23 du troisième mois, qui est le mois de Sivan, et l’on consigna toutes les dispositions de Mardochée pour les Juifs à l’intention des satrapes et des gouverneurs, des princes de toutes les provinces de l’Inde à l’Éthiopie, cent vingt-sept provinces, à chaque province dans son écriture, à chaque peuple dans sa langue, aux Juifs en particulier dans leur écriture et dans leur langue. 10 On écrivit les lettres au nom du roi Assuérus, on les scella du sceau royal et on les envoya par l’intermédiaire des courriers à cheval, montant des pur-sang Ahachtranes sélectionnés.11 Le roi autorisait les Juifs de toute ville à se rassembler pour défendre leur vie, à exterminer, à tuer, et à faire périr toutes les troupes populaires ou provinciales qui les persécuteraient, y compris les enfants et les femmes. (Ils pouvaient) les piller pour en prendre du butin. 12 Ceci, en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le 13 du douzième mois  – qui est le mois d’Adar.13 Il y avait une copie du texte pour communiquer à chaque province l’édit qui devait être rendu public parmi tous les peuples, afin que les Juifs se tiennent prêts ce jour-là à tirer vengeance de leurs ennemis. 14 Les courriers montant des pur-sang Ahachtranes sortirent, à bride abattue, par ordre royal, et l’édit fut communiqué à Suse, la capitale.

Esther 8.7-14

Comme le roi s’est lié par cette loi inique qu’il ne peut renverser, il leur donne quartier libre pour agir à leur guise. Mardochée reçoit l’autorisation d’agir pour écrire un édit favorable aux Juifs. Rapporté à notre calendrier, ce nouvel édit est signé le 25 juin 474 av. J.-C. (cf. Wiersbe, Esther, in Logos.)

Et là, on tombe sur un problème moral. Le décret autorise la tuerie. Était-ce moralement juste? L’une des critiques les plus fréquentes à l’encontre de la Bible, c’est sa violence, du moins dans l’Ancien Testament.

Comment Dieu peut-il accepter et parfois dicter (c’est exceptionnel, dans l’ Ancien Testament, mais c’est parfois le cas) des actes de violence?

J’aime la Bible. J’aime surtout le Dieu de la Bible – imparfaitement, mais fondamentalement, je l’aime. Je crois que toute la Bible est mot pour mot inspirée. En conséquence, je suis absolument contre les stratégies d’évitement qui consistent à:

  1. distinguer l’Ancien Testament et le Nouveau Testament;
  2. rejeter l’inspiration de l’Écriture;
  3. rejeter le Dieu de la Bible (cf. Michel Onfray ou Dawkins).

J’aimerais faire plusieurs remarques sur cette question:

1. Ce que les hommes font n’est pas nécessairement ce que Dieu approuve

La Bible contient des livres narratifs qui ne sont pas prescriptifs. Elle est réaliste, et rapporte ce que les hommes ont fait, et ce n’est souvent pas correct!

2. Dieu oriente la folie meurtrière des hommes sans les dédouaner de leurs actes

La manière dont Dieu règne est souvent incompréhensible. Je lisais Ésaïe ces 2 dernières semaines et cette contradiction apparente:

Malheur à l’Assyrien, bâton de ma colère! La massue dans sa main, c’est l’instrument de ma fureur.

És 10.5

Mais alors, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, Je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux.

És 10.12

D’un côté, voilà un conquérant cruel. Dieu oriente ce conquérant pour accomplir son jugement contre les 10 tribus d’Israël (le royaume du Nord) afin qu’elles partent en captivité. D’un autre, je punirai le roi…

3. Dieu conduit l’histoire humaine en vue de la rédemption des êtres humains

Si les démons de Genèse 6 avaient pu corrompre la race humaine, il n’y aurait pas eu de rédemption – Dieu envoie le déluge. Si les Perses antisémites avaient pu tuer les Juifs, les prophéties n’auraient pu se réaliser – Esther et Mardochée sont là pour renverser la donne.

4. Dieu est le seul juge juste

En d’autres termes, ce qu’il peut dire et réaliser comme jugement n’est pas reproductible ni imitable. Par exemple, 2000 av. J.-C., Dieu donne la terre d’Israël à Abraham et à ses descendants. Mais il lui dit: tu ne l’auras que dans longtemps, car c’est alors que la déchéance morale des habitants aura atteint son comble (Gn 15.16). 450 ans plus tard, Dieu dit à Moïse de conquérir la terre. L’archéologie révélera une population qui sacrifie des enfants à leur dieu, la prostitution sacrée, etc. Dieu a fait coïncider son jugement avec la prise de la terre.

5. Tous les jugements de Dieu impliquent une grâce possible

Lorsque Dieu dit aux Juifs de s’en prendre à la ville de Jéricho, une femme comprend qui est Dieu et qui est son peuple. Elle s’appelle Rahab. C’est une prostituée, et elle est sauvée. Elle et sa famille. Elle intégrera d’ailleurs la lignée messianique puisqu’elle est mentionnée dans la généalogie de Matthieu

6. Tous les jugements de Dieu préfigurent l’ultime jugement

Nous vivons une longue période historique où les actes miraculeux de Dieu sont plutôt rares comparés au temps de la sortie d’Égypte. Mais un jour vient, où notre quotidien sera définitivement changé par le règne du Christ. Tous ces jugements passés sont une invitation à réfléchir à ce moment de rencontre avec Christ. En ce sens, la question présuppose une haute vision de l’homme. Or l’homme est, par son immoralité chronique, par son égocentrisme, éloigné de Dieu. Le jugement est normal, et c’est même étrange qu’il n’y en ait pas plus – seul le timing reste ouvert!

7. L’autodéfense est certainement préférable au génocide

Ceci s’applique en tout cas à notre situation. Il faut comparer les décrets:

Le décret d’Haman est un génocide

On devait exterminer, tuer et faire périr tous les Juifs, du jeune garçon au vieillard, les enfants comme les femmes, en un seul jour, le 13 du douzième mois  – qui est le mois d’Adar. On pouvait les piller pour en prendre du butin (Est 3.2-13).

Le second décret est une affaire d’autodéfense

11 Le roi autorisait les Juifs de toute ville à se rassembler pour défendre leur vie, à exterminer, à tuer, et à faire périr toutes les troupes populaires ou provinciales qui les persécuteraient, y compris les enfants et les femmes. (Ils pouvaient) les piller pour en prendre du butin. 12 Ceci, en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le 13 du douzième mois  – qui est le mois d’Adar.

Esther 3.11-12

Aucune comparaison possible

D’un côté la tuerie et la spoliation, d’un autre la défense jusqu’à tuer et à récupérer les biens des tueurs. Remarquons enfin qu’aucune vendetta n’était autorisée. Uniquement une journée…

Nous verrons la semaine prochaine que malgré cet édit d’autodéfense, 800 hommes perses dans la province immédiate seront tués, et 75.000 dans l’Empire. Cela veut dire qu’il y avait plus de 75.000 personnes qui avaient des plans en place pour s’approprier les biens des Juifs et les tuer. Ils ont quand même voulu attaquer des Juifs pour le seul fait qu’ils étaient Juifs. Que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu un édit de défense?

Même si rien n’indique le bon plaisir ou la désapprobation du Seigneur dans le livre d’Esther, je pense que l’édit de Mardochée et d’Esther ressort de la justice et du bon sens, dans un pays sans police ni protection…

La victoire d’Esther et Mardochée (Est 8.15-17)

15 Mardochée se retira de la présence du roi, en vêtements royaux violets et blancs avec une grande tiare d’or et un manteau de byssus et de pourpre. La ville de Suse était en liesse et en joie. 16 Les Juifs étaient rayonnants de joie, d’allégresse et de triomphe. 17 En chaque province, en chaque ville, en tout lieu atteint par l’ordre et l’édit du roi, il y eut parmi les Juifs joie et allégresse, festins et jour de fête. Beaucoup se firent Juifs parmi les gens du pays, car la terreur des Juifs les avait saisis.

Esther 8.15-17

Mardochée porte tous les insignes de sa haute fonction. Et c’est la fête partout!

C’est curieux comme un bout de papier peut changer une vie. Un contrat, un courrier, une garantie, un jugement… Et toute la vie change. Pour le bien, pour le mal, pour l’espoir, pour le désespoir. Ici, rien n’a changé pour ces Juifs. Seulement la foi et la confiance dans cet édit. Ils exultent.

C’est le 8e festin mentionné dans le livre! C’est un moment de fête, de joie. L’anxiété écrasante de la perspective du massacre se transforme en libération. Le cauchemar cesse, la vie est préservée.

Je suis surpris par l’impact de la joie des juifs:

Beaucoup se firent Juifs parmi les gens du pays, car la terreur des Juifs les avait saisis.

Esther 8.17

Était-ce un mouvement spirituel? Comme les compagnons d’infortune de Jonas, ou bien les ninivites? Était-ce un mouvement opportuniste? Les juifs ont la côte, on va faire comme si on était comme eux!

En tout cas, je doute que les Perses eurent la circoncision pour coutume, et il fallait de la volonté pour les hommes!

Cela me rappelle une prophétie surprenante, que l’on retrouve en Zacharie 8.23:

Ainsi parle l’Éternel des armées: En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif, ils le saisiront par le pan (de son vêtement) et diront: Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous.

Zc 8.23

À quelle période se réfère cette parole? Au futur! Romains chapitres 9 à 11 détaillent la future conversion du peuple Juif. L’impact de ce réveil spirituel sera palpable parmi les nations du monde entier.

Voici ce que dit Frédéric Godet, au 19e s.:

Par cette image: saisir le pan de la robe d’un Juif, qui se lie à la précédente, celle du pèlerinage à Jérusalem, le prophète veut représenter la faim et la soif spirituelles des païens convertis, et la richesse de grâces et de lumières dont seront remplis les Juifs pour répondre à ces besoins. Comment ne pas penser ici à ce que dit l’apôtre Saint Paul de l’effet que produira, dans le monde des Gentils, la conversion d’Israël? Ce sera, dit-il, comme une résurrection d’entre les morts; la chrétienté tout entière reprendra une nouvelle vie à ce contact avec Israël redevenu le peuple de Dieu (Rm 11.12,15).

Mais si c’est le cas, l’antisémitisme ne se comprend dès lors qu’en terme spirituel. Il y a un texte sur lequel j’ai prêché peu avant Noël et que l’on retrouve en Apocalypse 12. Il me semble être le plus à même de donner le sens de cet acharnement:

1 Un grand signe apparut dans le ciel: une femme revêtue du soleil, la lune sous les pieds, et une couronne de douze étoiles sur la tête. 2 Elle était enceinte et elle criait dans le travail et les douleurs de l’enfantement.

3 Un autre signe apparut dans le ciel: et voici, un grand dragon rouge feu qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. 4 Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel et les jetait sur la terre. Le dragon se tint debout devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, dès qu’elle l’aurait enfanté.

5 Elle enfanta un fils, un mâle qui doit faire paître toutes les nations avec un sceptre de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. 6 Et la femme s’enfuit au désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin d’y être nourrie pendant 1 260 jours.

Ap 12.1-6

Voilà pourquoi les Juifs ont été et seront persécutés. Jusqu’au temps du secours définitif de l’Éternel. Premièrement par la venue du Messie. Et deuxièmement par leur rôle futur à la fin des temps.

Conclusion

Les « petites » leçons de cette histoire

  1. Il est toujours temps de faire un demi-tour spirituel.
  2. Il est important d’assumer la situation providentielle dans laquelle Dieu nous place

Les « grandes » leçons de cette histoire

  1. L’antisémitisme ne s’explique que spirituellement. Dieu a choisi ce peuple pour donner la Bible au monde et son messie. Bientôt, ils se tourneront vers lui. Le diable cherche à tout faire pour empêcher cet accomplissement.
  2. L’intercession pour les perdus… Bien des hommes ont prié pour les autres dans la Bible (Moïse, Élisée, David, Esdras, Daniel, etc.). À quand remontent vos dernières larmes pour les perdus?

Esther s’est souciée de son peuple.

Des âmes, créées à l’image de Dieu, dont certains crient dans leur cœur pour une délivrance de l’oppression. Oppression spirituelle du regret, de l’absence de transcendance, de conflits répétés, de familles brisées…

N’est-ce pas le moment d’intercéder, et demander à Dieu qu’il nous place en témoin…

Alors, quel est votre champ de mission?

  • Un ministère auprès des prostituées
  • L’AEE auprès des enfants.
  • La distribution d’évangiles
  • L’engagement social: il nous manque des personnes pour offrir des cours aux émigrés, …
  • Mon approche: la prière, des relations authentiques, un groupe découverte.


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