Comment s’en sortir entre les avertissements et les promesses bibliques?

Textes difficilesProvidence

Les avertissements et les promesses peuvent sembler contradictoires. Mais en réalité, on peut très bien concilier les deux!

Paul est un personnage mystérieux. Il a souvent mis en garde les chrétiens, en leur disant que s’ils ne persévéraient pas, ou s’ils ne se comportaient pas d’une certaine manière, ils passeraient à côté du salut final. D’un autre côté, il les a également assurés que grâce à la fidélité de Dieu et au don de l’Esprit, ils seraient préservés de toute chute jusqu’à la fin. Je vous l’avais dit: un personnage mystérieux!

Certaines personnes aiment les promesses (parce qu’elles sont rassurantes), mais n’aiment pas les avertissements (parce qu’ils font peur).

Certaines personnes aiment les avertissements (parce qu’elles prennent au sérieux le péché), mais n’aiment pas les promesses (parce qu’elles rendent les gens satisfaits d’eux-mêmes).

Certaines personnes n’aiment ni l’un ni l’autre, parce que pris ensemble, ils donnent l’impression que Jean Calvin avait raison, et que nous ne pouvons de toute façon pas comprendre.

Certaines personnes pensent que Paul s’est mis lui-même dans un enchevêtrement sans espoir à ce sujet, et que nous devrions poliment ignorer cette difficulté.

Avertissements et promesses combinés

Puis, il y a ceux (nous, les bienheureux) qui essaient d’avoir leur part de gâteau et de faire avec. Les avertissements sont à prendre au sérieux: si les croyants tombent dans le péché sans jamais se repentir, ils ne seront pas sauvés. Les promesses sont à prendre au sérieux: Dieu, en Christ, par son Esprit, gardera tous les croyants jusqu’à la fin. Les premiers sont un moyen ordonné par Dieu pour assurer les secondes. Paul est convaincu que les vrais croyants prendront garde à ces avertissements, se repentiront de leur péché, et hériteront du salut final. Dieu agira en faveur des disciples afin qu’ils répondent positivement aux avertissements de Paul.

« La grâce est à l’œuvre. »

Voilà, en résumé, la conclusion de mes recherches de doctorat, dont le résultat vient d’être publié sous le titre de The Warning-Assurance Relationship in 1 Corinthians [La relation existant entre les avertissements et les promesses dans 1 Corinthiens]. J’ai essayé de traiter le sujet par le biais d’une exégèse détaillée, en plus de confronter les points de vue calvinistes, réformés et wesleyens-arminiens. Néanmoins, en tant que pasteur et prédicateur, l’une des plus importantes questions qui me travaille encore est: et alors?

Cette façon de voir concernant la relation entre les avertissements et les promesses affecte notre pratique pastorale et homilétique d’au moins quatre manières.

1. Elle rassure sur le fait que Dieu est à l’œuvre

Peu importe la manière dont la confusion atteint le peuple de Dieu, Dieu lui assurera (et à nous aussi) la sécurité. Le ministère pastoral peut s’avérer être une expérience frustrante, voire pleine de désillusions. Bien souvent, nous sommes invités à reconsidérer nos efforts et à nous demander si les gens que nous servons vont vraiment quelque part.

Aucun d’entre nous, cependant, n’a été au service d’une Église potentiellement si décourageante et frustrante que celle des Corinthiens – avec ses rivalités internes, ses états d’ivresse pendant la Cène, son idolâtrie, ses visites à des prostituées, les poursuites en justice de ses membres les uns envers les autres, son reniement de la résurrection, son inceste, et qui se vantait en plus de toutes ces choses.

Pourtant, Paul commence sa lettre avec la pleine assurance que, en dépit de tout cela, la fidélité de Dieu leur assurerait un avenir irréprochable: « Il vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu est fidèle » (1Co 1.8-9).

C’est un énorme réconfort.

2. Elle valorise l’importance de prêcher les avertissements bibliques

Bon nombre de pasteurs réformés éprouvent une certaine anxiété quant au fait de prêcher des avertissements. Nous craignons de passer pour des hommes qui ne croient pas en la grâce, ou nous craignons de déplaire, ou les deux. Alors, nous pataugeons dans Romains 8, nous tergiversons à travers Hébreux 6, et nous nous arrangeons pour être en vacances au moment de prêcher sur 2 Pierre 2.

Si les avertissements de Paul sont un moyen d’assurer la persévérance des chrétiens, il s’avère indispensable de les proclamer (pas seulement pour être bibliquement intègres, mais aussi par désir de s’assurer que les promesses dont nous sommes les heureux bénéficiaires et que nous aimons tant sont réellement justifiées).

Nous considérons comme ridicule (à juste titre) l’idée selon laquelle l’élection divine exclut la nécessité de prêcher l’Évangile. Il en est de même pour l’idée que la protection divine exclut le besoin de recevoir des avertissements bibliques.

J’aime la manière dont John Piper illustre cela dans l’un de ses livres, lorsqu’il écrit: « Frères, sauvez les saints! »

3. Elle renforce notre réponse aux pécheurs dans l’Église qui ne se repentent pas

Je n’oublierai jamais la conversation que j’ai eue avec une femme de notre assemblée qui, en mettant une forte emphase au sujet de la grâce de Dieu et sa miséricorde pour tous, concluait que peu importe le nombre de péchés qu’elle avait commis, et si elle s’en était ou non repentie, elle était de toute façon entièrement sauvée. Elle se complaisait dans sa "sécurité", même provocante.

À la fin, je l’ai confrontée avec le plus important avertissement biblique auquel je pouvais penser (Hé 10.26-31), et je l’ai clairement avertie concernant le fait que si elle ne se repentait pas, elle ne pouvait être sauvée. Il s’agit, je pense, de la manière la plus sérieuse et la plus importante avec laquelle les avertissements bibliques doivent être appliqués à ceux, dans l’Église, qui finiront par se repentir (comme beaucoup le font) ou non (comme ne l’a pas fait cette femme).

Comprendre la relation existant entre les avertissements et les promesses nous donne la liberté de prendre au sérieux les premiers, sans pour autant nous inquiéter de la manière dont nous amoindrissons les deuxièmes.

4. Elle rappelle que la force de persévérer vient de Dieu

Tous les efforts que nous faisons, dans le ministère ou dans notre propre vie, que Paul apparente à une course (le fait d’imposer des contraintes à son corps, de l’assujettir, et tout ce qui s’ensuit. cf. 1Co 9.24-27), sont l’œuvre du travail de l’Esprit dans notre vie (pas le nôtre), lequel nous assure finalement notre héritage.

Les agents divins et humains œuvrent ensemble avec magnificence, à la fois dans notre propre vie et dans celle de tous les disciples:

Par la grâce de Dieu [agent divin] je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine; loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous [agent humain], non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu [agent divin] qui est avec moi [agent humain].

1Co 15.10

C’est à quoi je travaille [agent humain], en combattant avec sa force [agent divin], qui agit [agent divin] puissamment en moi [agent humain].

Col 1.29

Nous agissons, parce que Dieu agit en nous. Ce qui, si vous résistez à la tentation par vos propres forces ou venez en aide à quelqu’un qui est tenté lui-même, est vraiment encourageant.

Ainsi, il existe des bénéfices pratiques quant au fait d’appréhender la relation avertissements/promesses dans 1 Corinthiens, chez Paul et dans toute l’Écriture. Cela peut nous aider dans notre prédication, et cela peut nous aider dans notre ministère pastoral. Il y a aussi d’énormes bénéfices théologiques, car nous voyons l’intégrité et l’équilibre des accents bibliques, et nous nous rappelons qu’il nous est demandé d’obéir à Dieu et que la capacité d’obéir est un don elle-même.

Qu’as-tu que tu n’aies reçu?

1Co 4.7

Andrew Wilson

Andrew Wilson est le pasteur enseignant d’une Église à Londres. Il est également auteur.

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