Un pasteur vous répond

Y aura-t-il des récompenses différentes au ciel? (Épisode 156)

Textes difficilesJugement et récompensesRoyaume de Dieu

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Publié le

25 janv. 2019

Peut-il y avoir différentes récompenses au ciel alors que nous sommes sauvés par la grâce seule, indépendamment de nos mérites? Quelles seront la nature de ces récompenses? Florent Varak apporte des éléments de réponse biblique pertinents afin de clarifier cette question des récompenses au ciel.

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.comNous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance

La question qui nous préoccupe pour ce podcast est la suivante: Florent, il faut que tu fasses un podcast sur les récompenses. L’objectif est de clarifier, peut-être de mitiger la position de Guillaume Bourin (sans forcément le citer nommément) qui a créé la panique chez quelques étudiants du GBU (Groupe Biblique Universitaire). Quelques questions abordées que les jeunes m’ont posées:

  • Comment considérer la place des récompenses alors que notre salut est exclusivement obtenu par grâce?
  • Est-ce que nos récompenses sont éternelles?
  • Procurent-elles une position ou un statut particulier aux croyants?
  • Certains chrétiens seront-ils sur des strapontins (ce que dit tout le temps ma belle-mère) alors que d’autres se pavaneront sur des sièges massants et chauffants? (fin de la question)

Alors bien sûr que je ne me prive pas de citer Guillaume Bourin quand il a tort, et il a toujours tort lorsqu’il parle des choses de la fin des temps. C’est évident puisque nous n’avons pas le même avis eschatologique, c’est-à-dire sur la doctrine des choses de la fin. Bien entendu, il y a une grande ironie dans le propos que je tiens: Guillaume est un cher ami, je lui fais une grosse bise.

Mais c’est vrai que sur ces questions, je n’aurai pas le même avis que le sien. C’est lui qui a semé le désordre dans l’épisode 75 que tu retrouveras sur son site LeBonCombat. Bien entendu, c’est toujours utile d’avoir des avis différents sur des questions qui ne sont pas fondamentales. Je pense que la question des récompenses n’est pas une doctrine fondamentale de la vie chrétienne. Mais ça nous permet, chaque fois que l’on évoque ou qu’on est confronté à ces différents points de vue, de réfléchir au pourquoi de ce que nous croyons, et donc de toujours revisiter les traditions que nous avons éventuellement prises pour argent comptant, alors que justement un chrétien qui est attaché à l’Écriture doit toujours être prêt à se remettre en question à partir de l’Écriture pour grandir dans sa réflexion.

C’est vrai que j’avais écouté son podcast à l’époque et que je me suis dit que je ne partageais pas forcément son avis. Et donc ta question me permet de revenir sur les propos de Guillaume.

J’espère ne pas trahir sa pensée, mais je crois qu’il cite et s’appuie assez lourdement sur un article de 1992 rédigé par Blomberg, que tu trouveras d’ailleurs sur son blog, que j’ai relu, peut-être un peu trop en diagonale, mais j’ai quand même pris notes de certains de ses arguments. J’espère ne pas trahir la pensée de Guillaume et de cet article de Blomberg pour dire que:

  • Guillaume ne peut pas concevoir qu’un sauvetage entièrement fruit de la grâce soit accompagné d’une récompense fondée sur les œuvres. Un salut parfait teinté d’imperfection pour certains ne serait plus parfait. Alors l’argument est un petit peu problématique, mais voilà l’un des arguments qui est proposé.
  • Le deuxième c’est que Guillaume conteste toute symétrie de gradation entre enfer et paradis. Parce que l’un des arguments qui est utilisé c’est que: puisqu’il y aura des gradations de souffrance en enfer – on dirait, il semble – et bien il y a forcément des gradations possibles dans le paradis, dans le jardin futur qui nous est préparé par le Seigneur en ce moment.
  • Et puis enfin, troisième ligne d’argument, Guillaume rejette l’idée que 1 Corinthiens 3 – un texte sur lequel je te propose de se pencher quelques temps – parle de perte de récompense pour s’appuyer sur une traduction plus précise, afin de souligner qu’il s’agit de la perte du travail lui-même. Il réfute totalement l’idée que ce soit une perte de récompense liée à ce travail. Et puis enfin il réfute que la parabole des talents soit à prendre littéralement comme une distinction touchant les chrétiens de façon différente.

Points d’accord:

  • Alors là où je suis d’accord avec lui, c’est que dans son argumentaire il parle des différents sens du terme « récompense », et je suis assez d’accord à ce sujet.
  • Il parle également de la possibilité que 1 Corinthiens 3 dénote plus la perte de son travail plutôt que la perte d’une récompense. Pourquoi pas, ce n’est pas gênant. Mais je dois noter, non sans bonheur, que je discerne une certaine difficulté dans le propos de Guillaume parce qu’il parle de la satisfaction de voir son travail endurer. Mais c’est précisément ça, la notion de récompense que nous avons lorsqu’on parle des récompenses qui toucheront les chrétiens dans la fin des temps. N’est-ce pas déjà une manière de réaliser qu’il y aura une joie différente si notre travail subsiste ou si notre travail est perdu?
  • Et un point d’accord également, c’est que une honte éternelle dans le paradis ne me semble pas possible, parce qu’il n’y aura aucune honte dans le paradis. Jésus aura séché nos larmes, il n’y aura qu’une joie, mais cette joie n’est pas forcément dépendante d’être au même rang que les autres. Ça c’est une vision très égalitarienne. On peut tout à fait imaginer un paradis parfait dans lequel il n’y ait plus d’envie, de jalousie les uns vis-à-vis des autres, dans lequel nous occuperions des places d’intimité avec Christ ou un mode d’exercice de responsabilités dans ce monde futur dont on ne connaît pas vraiment les bornes – il faut bien le reconnaître – et qu’il puisse y avoir des différences sans que cela ternisse le moins du monde notre joie.

Points de désaccord:

  • Là où je serai un petit peu plus en désaccord avec son propos, c’est que je reste réservé que considérer Matthieu 5.19 qui parle du « plus petit et le plus grand dans le royaume des cieux » ne soit qu’une formule de style. Je crois que le propos de Christ est quand même un petit peu plus précis que simplement une formule de style.
  • Deuxièmement, je n’arrive pas à concevoir que la parabole des talents ne serait qu’une image du salut, et que ça toucherait le salut de la même manière, parce que c’est précisément une distinction qui nous est proposée dans la parabole des talents. Je crois qu’il faut faire la distinction entre les paraboles: certaines décrivent de manière illustrée la justification que l’on a une fois pour toutes. Peut-être que la parabole des ouvriers embauchés à différentes heures est vraiment descriptive de cette situation de justification; alors que d’autres paraboles comme celle des talents me semblent porter un autre enseignement que simplement la description du salut.
  • Un autre point de désaccord, c’est que la distinction d’un salut par grâce et d’une récompense par les œuvres est inutile, car même les œuvres que je fais sont déjà le fruit de la grâce. C’est ce qu’Éphésiens 2.10 dit, je sais que Guillaume, en calviniste qu’il est, sera bien d’accord avec ça. Donc il n’y a aucune passivité, ni fatalisme, ni suractivité maladive, mais il semble que les commandements d’obéir, les commandements de s’engager, sont suivis de la part du Seigneur d’une approbation particulière.
  • Et bien sûr mon grand désaccord, c’est que je crois qu’il y a une distinction, et faut bien souligner, au moins initiale, peut-être pas continue dans l’éternité, mais au moins une initiale entre les chrétiens à un moment donné qui sera un jugement évaluatif qui ne concernera que les enfants de Dieu.

Alors d’où est-ce que je tiens cette position? Je te rappelle, cette position NE parle pas du jugement d’enfer ou paradis, cela a été résolu à la croix: je suis sauvé en vertu de, si Christ couvre ou non ma honte, mes fautes, mes manquements. Et lorsque je me repens dans la foi que Christ est mort pour moi, je reçois de sa part, et déjà le fait que je me repente est déjà le cadeau de sa part, je reçois de sa part la pleine justification face à mes péchés, je suis couvert par la grâce de Christ.

Donc ce n’est pas du jugement de l’enfer et du paradis dont il est question lorsque l’on parle des récompenses, on parle du fait qu’il y a un jugement qui concerne les chrétiens, qui sera une évaluation du chemin général de la vie du chrétien et qui s’associera d’une reconnaissance particulière, d’une récompense particulière.

Alors d’où je tiens cette conviction? Elle me semble venir notamment de textes comme 2 Corinthiens 5.10 où il est dit: « Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait étant dans son corps [… ] »

  • Le « tribunal de Christ » dénote la plateforme d’où les juges des jeux antiques récompensaient les athlètes. Et la métaphore est déjà un indice, c’est-à-dire qu’il s’agit de récompenses et non d’un jugement d’exclusion. Donc on n’est pas dans le même jugement que celui de l’enfer et du paradis.
  • Et le fondement de ce jugement est le bien et le mal que l’on a fait dans son corps. Mais le mal dont il est question n’est pas forcément le mal moral. Ce serait un autre mot qui serait utilisé dans le texte grec pour cela. C’est plutôt ce qui est fait de mal, c’est-à-dire de vain, qui n’a aucune valeur; et Jésus s’intéresse à la valeur de nos vies. Il y a des choses que nous faisons qui sont totalement vaines et qui ne pourront pas faire l’objet de son approbation. Et il y a des choses au contraire qui reflètent la consécration, le sacrifice, la qualité, la piété d’un engagement avec Christ et Jésus se plaira, semble-t-il, à le remarquer.
  • Et donc il faut y voir plus comme une évaluation de caractère, du chemin de vie tracé.
  • Et je veux vraiment insister là-dessus: Christ a payé mes fautes. Je ne compense pas mes péchés par une activité de piété. Ma piété est juste le fruit, la conséquence de ce que Christ a fait dans ma vie et que j’essaye de mettre en action avec passion dans mon chemin de vie et que Christ se plaira, semble-t-il, à reconnaître.
  • Par ailleurs, le verbe recevoir indique une sorte de paiement en retour. C’est comme si quand je mourrai, que je serai confronté à la présence de Christ, ou quand Christ reviendra et me prendra avec lui, je retrouverai dans ce coffre-fort toutes les œuvres bonnes que j’y ai mise, tout la piété qui est développée par sa grâce. Quand je mets « j’y », c’est vraiment la manière dont Dieu a œuvré en moi et qui fait que je retrouve ce que j’ai déposé. Et donc il n’y aura probablement pas énormément de surprises lors du tribunal de Christ: je vais récupérer ce que j’ai semé.
  • Cette expression « tribunal de Christ », on la retrouve une fois en Romains 14.10 où il est dit que « chacun rendra compte à Dieu pour lui-même ».

Alors tu vois ces deux versets me semblent porter un peu cette notion de jugement évaluatif particulier qui donne lieu à une reconnaissance particulière.

Est-ce qu’il y a d’autres passages qui en parlent? Oui, il y en a plusieurs.

1. 1 Corinthiens 4.5 nous dit « Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due ». Et on peut imaginer qu’elle sera individualisée puisque dans le contexte de ce verset, Paul dit: « Ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ». Donc il y a quelque chose de d’individuel, de propre à l’individu qui sera révélé. « Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. «

2. Il y a un autre texte en 1 Jean 2.28 qui est assez parlant à cet égard. Il dit: « Petits-enfants, demeurez en lui (en Christ) afin qu’au moment où il sera manifesté, nous ayons de l’assurance et qu’à son avènement nous n’ayons pas honte devant lui ». Donc je me dis qu’au moment où Christ reviendra, certains d’entre nous se diront « Aïe, zut! On n’a pas vécu avec toute l’intensité, toute une vie consacrée à la lumière que nous aurions plutôt dû avoir ».

Cela ne veut pas dire de consacrer toute sa vie pour tout le monde, au travail pastoral, aux missionnaires ou autres, ça ce sont des appels particuliers. Mais que nos vies puissent refléter les appels spécifiques que nous avons reçus de Dieu dans nos professions, dans notre chemin: que l’on soit enseignant, homme d’affaires, infirmiers, etc. Qu’on l’ait fait de sa part en occupant les sphères aussi que nous devons occuper en tant que conjoint, en tant que parent, en tant que voisins, amis, membres de l’Église engagés dans l’Église.

Et tu vois que ce passage de 1 Jean 2 nous dit que nous ayons de l’assurance et que nous n’ayons pas honte. Et donc je me dis que, là il y a un panel de réactions possibles entre la honte qui va jusqu’à l’assurance, la joie au moment du retour du Christ. Est-ce que cette joie et cette honte seront éternelles? Ce n’est pas possible. Cette joie oui, mais la honte ne peut pas être éternelle, parce qu’elle priverait véritablement de la jouissance du paradis. Mais on peut imaginer un moment initial de dévoilement qui ne sera pas forcément plaisant pour tout le monde et dans lequel Christ montrera à nos cœurs des choses qu’on a besoin d’entendre, tout en reconnaissant qu’il est mort pour nos péchés et qu’il nous intègre par sa grâce dans son royaume.

3. 1 Pierre 4.17-18 nous dit: « C’est le moment où le jugement commence, et il commence par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il débute, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu? Et si le juste est sauvé difficilement, que deviendront l’impie et le pécheur? » Donc il y a un peu cette notion que nos vies comptent même si l’on est déjà sauvé, et que ça a un impact dans le moment, et notamment le moment initial, de l’avènement du Seigneur.

4. Bien entendu, ce jugement ne se fera pas sur les bases de ce qui est « flashy », de ce qui est visible. Tellement d’hommes et de femmes ont été des héros de la foi et dont on ne connaît pas le nom. Ils ont été fidèles dans des vies qui ont été parfois compliquées et difficiles, que ce soit par la maladie, par la persécution, par des situations extrêmement lourdes à porter. Mais ils ont été fidèles à Christ. Je crois, j’imagine, que ces gens-là seront honorés particulièrement. Leur joie sera particulière dans leur établissement et je trouve ça absolument merveilleux pour eux déjà, maintenant, et je serai heureux d’être le dernier dans le royaume des cieux: je suis conscient que ce n’est de toute façon que cela que je mérite, et que de voir cette joie de tous, et de voir cette joie du Christ qui nous accueille, sera largement suffisant même si j’aurais peut-être à pleurer sur un certain nombre de manquements de mon chemin avec Christ.

Et je crois que c’est là le point aussi que je relève avec Matthieu 24 et 25 où il est question de ce cinquième discours que l’apôtre Matthieu rapporte de la bouche de Jésus, un discours qui est entièrement dédié au retour de Christ et aux événements de la fin des temps. Et c’est particulièrement dans ce contexte de projection sur l’avenir que l’on a cette parabole des talents qui nous montre que nos récompenses seront différentes.

Alors qu’est-ce que cela veut dire? Qu’est-ce que seront ces récompenses? Franchement il faut être là assez prudent, puis ça va dépendre aussi de la version eschatologique de ton schéma de la fin des temps (j’ai déjà fait un podcast sur la question du millénium).

  • Il faut savoir que les amillénaristes, qui n’envisagent qu’une seule grande étape du futur (Christ revient établir son règne éternel), ont plutôt tendance à aplatir l’ensemble des événements et des jugements, et donc dans cette fibre-là, on attend juste un événement singulier, le retour du Christ, qui nous place dans une présence à jamais avec Christ et là souvent, il y a peu de distinction qui sont envisagées dans les temps éternels.
  • Si tu es prémillénariste, tu peux imaginer qu’il y a un temps de règne avec Christ de 1000 ans sur terre, où il pourrait être totalement approprié d’envisager le lieu d’expression de ces récompenses. Certaines de ces paraboles pourraient signifier ce genre de choses. En même temps, encore une fois ce n’est pas un article de foi, on essaye de se projeter dans les mots et les images qui sont donnés.

Voilà en tout cas la synthèse de ma compréhension:

  • Il semble bien que la vie des disciples authentiques sera évaluée en vue d’une récompense ou de l’absence ou d’une privation de récompenses.
  • Cette récompense ne sera pas forcément éternelle: on ne va pas forcément les porter comme un badge éternel. Mais il peut désigner une joie particulière, une assurance formidable au moment de l’apparition de Christ et ça ce sera précieux.
  • Et puis cette récompense pourrait se traduire par une responsabilité ou un engagement particulier, dans l’administration du royaume de Christ pendant le millénium, si la position prémillénariste est vraie, sinon bien sûr cet argument tombe à l’eau.
  • Et puis cette récompense pourrait tout à fait être temporaire et ne pas se traduire dans l’éternité par une marque particulière.

Alors en préparant ce podcast, je me suis dit « mais il faut quand même que je regarde quelques-uns de mes héros de la théologie ». J’ai regardé John McArthur, Wayne Grudem et Robert Culver et ils sont tous un peu dans la même lignée de considérer que ça fait effectivement partie de l’attente d’un chrétien.

Je lis McArthur dans son ouvrage intitulé « Théologie Systématique », il dit: « Tous les chrétiens devront un jour passer en jugement devant Jésus-Christ. L’Écriture mentionne le tribunal de Christ en deux endroits, et dans chacun, Paul s’adresse à des croyants. » Et il cite 2 Corinthiens 5.10 et Romains 14.10, que nous avons abordé. Et il ajoute: « Dans les deux cas, le terme grec traduit par tribunal est bema. Dans l’antiquité, un bema était une estrade dressée dans les arènes sportives ou politiques. Les chefs ou les juges montaient sur le bema pour rendre leurs décisions dans les affaires de justice. Pilate jugea Jésus en siégeant sur le bema. Lors de compétitions athlétiques, le personnage qui faisait fonction d’arbitre suprême siégeait, lui aussi, sur un bema pour évaluer les compétitions et récompenser les vainqueurs. » Pages 922-923

Et dans une autre section de sa réflexion sur cette question, il ajoute: « Christ ne se contentera pas d’évaluer les œuvres des chrétiens; il sondera leurs mobiles. Paul déclare: ‘Le Seigneur… qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due' » (C’est 1 Corinthiens 15.4-5, que nous avons vu également). « Le jugement de Jésus sera tellement pénétrant qu’il évaluera aussi les motivations. Ce qui compte, ce n’est pas seulement ce que nous faisons, mais aussi la raison pour laquelle nous le faisons. »

Wayne Grudem, pareillement, dans sa « Théologie Systématique », conclut sa réflexion sur la question en disant: « Beaucoup d’autres passages enseignent ou laissent entendre des degrés de récompense pour les croyants au jugement dernier. Mais il faut veiller à ne pas se méprendre ici: même s’il y aura des degrés de récompenses au ciel, la joie de chacun sera parfaite pour l’éternité. Si nous nous demandons comment cela est possible, alors qu’il y a différents degrés de récompense, nous montrons par là que notre perception du bonheur est fondée sur la supposition que le bonheur dépend de ce que nous possédons, ou du statut ou du pouvoir que nous avons. En réalité cependant, notre bonheur véritable consiste à trouver notre joie en Dieu et à nous réjouir du statut et de la considération qu’il nous a accordés. […] Nous aurions tout intérêt, moralement et spirituellement, à avoir une meilleure compréhension de cet enseignement très clair du Nouveau Testament sur les degrés de récompense. Plutôt que d’introduire une compétition entre nous, cela nous pousserait à nous aider, à nous encourager les uns les autres afin que nous puissions tous accroître notre récompense céleste, car Dieu a le pouvoir infini de nous bénir tous, et nous sommes tous membres les uns des autres (1 Corinthiens 12.26-27). » Page 1272

Donc voilà, il semble que je ne sois pas seul dans cette compréhension. Et c’est vrai que comme tous les sujets controversés, il y a des avocats pour les positions des uns et des autres. À toi te faire une idée.

Mais je voudrais vraiment rappeler que l’Évangile ne consiste pas à acheter notre salut de Dieu. L’Évangile consiste au fait que Dieu lui-même soit intervenu, il est descendu du ciel, il s’est incarné, il a pris chair et os, il a représenté notre humanité déchue de façon parfaite. Lui, il était le représentant des hommes, et lui il était le représentant parfait des hommes déchus.

Et lorsqu’il est arrivé à la croix, il a représenté cette humanité déchue en devenant péché pour nous (2 Corinthiens 5.21) en sorte qu’il a expié une fois pour toutes la colère de Dieu en sa mort et sa résurrection. Il donne maintenant librement, gratuitement, une justification, une adoption, une réconciliation complète et absolue qui démarre par l’expression de notre confiance en lui. « Oui Jésus tu es mort pour mes péchés. Je le reconnais, je t’en demande pardon, je veux vivre pour toi, je veux vivre en toi. Viens dans mon cœur à régner en moi. » Et c’est cette œuvre que Jésus commence en nous. C’est cette œuvre qui nous met en relation à lui, qui nous unit à lui une fois pour toutes. C’est binaire: soit on est justifié, soit on ne l’est pas. J’espère que tu l’es.

Maintenant lorsque l’on a reçu de Dieu ce salut, cette nouvelle naissance, alors notre vie compte, et elle compte non pas comme une sorte d’œuvre « à arracher », mais comme réponse à cette grâce qui nous a été donnée.

Dieu regarde notre motivation, notre chemin, notre consécration et il se plaît, semble-t-il, à pouvoir un jour nous dire « Bien bon et fidèle serviteur. Entre dans la joie de ton maître et voici les marques particulières dont je voudrais te marquer. Reconnaître la marche que tu as eu en moi pour ma gloire ». Et ça c’est le sujet des récompenses.