Discuter des menstruations en public semble être une entreprise risquée. Pourtant, nos règles ont un impact si important sur nos vies que nous gagnerions à avoir des conversations franches sur le sujet. De plus, il est utile pour nos frères de mieux comprendre ce que vivent leurs mères, leurs sœurs, leurs filles, leurs épouses et leurs amies.
Considérez cette histoire de la première femme américaine dans l’espace: en 1983, alors que Sally Ride se préparait pour sa mission d’une semaine, les ingénieurs de la NASA lui ont demandé si 100 tampons suffiraient pour la semaine de ses règles. Cela aurait représenté plus de 70 tampons de plus que ce dont elle avait besoin! Bien que ces ingénieurs de la NASA fussent parmi les plus grands esprits des États-Unis, ils n’avaient que très peu d’idées sur la façon dont le corps d’une femme fonctionne!
La première personne à suggérer une discussion sur un tel sujet a été une auditrice de notre podcast Chrétienne. En examinant sa demande, je suis tombée sur la publication d’un livre intitulé A Brief Theology of Periods (en français: Aïe mes règles! Une perspective chrétienne) et sur une recension (en anglais) favorable du livre sur le blog de TGC. De plus, j’ai pris connaissance de trois articles publiés sur Évangile21 au sujet des règles. Je me suis donc dit que si The Good Book Company, TGC, et É21 étaient assez audacieux pour publier sur ce sujet, c’est qu’il y a un réel besoin, et que nos auditrices et auditeurs pourraient bénéficier d’une telle discussion.
Quelques statistiques peuvent aider à replacer l’idée dans son contexte:
Dans de nombreuses régions du monde, les règles peuvent représenter un défi encore plus grand que pour nous en Occident:
Une sœur africaine a témoigné un jour qu’elle était venue à Christ alors qu’elle était adolescente et issue d’une famille pauvre. Ses parents l’ont rejetée et elle a dû se débrouiller seule. Son pasteur était un véritable berger. Il s’est soucié d’elle spirituellement, mais aussi matériellement, de manière très concrète. Par exemple, il lui a demandé si quelqu’un l’aidait à acheter des fournitures pour son cycle menstruel! Il lui a ensuite donné de l’argent pour acheter ce dont elle avait besoin, car il semblait parfaitement conscient de la difficulté que cela pouvait représenter pour une adolescente livrée à elle-même. Je trouve ce niveau d’attention pastorale incroyable!
Si nous nous tournons maintenant vers les Écritures, nous lisons qu’au commencement, Dieu a créé l’homme et la femme. Leurs corps étaient différents à dessein, et ensemble ils devaient procréer et remplir la terre. La sexualité, la procréation et tout ce qui les accompagne étaient le bon plan de Dieu pour les porteurs de son image. Nos corps, par conséquent, proclament la bonté de Dieu dans la création. Puisque nous croyons au bon dessein de Dieu, nous pouvons considérer notre corps, y compris sa capacité de procréer, comme bon et comme rendant gloire à notre Créateur. Nous avons été façonnés avec la capacité de concevoir et de nourrir une nouvelle vie en nous. C’est un don de Dieu!
Ensuite, nos corps proclament également la bonté de Dieu dans la chute. Nos premiers parents auraient mérité une mort instantanée pour leur péché. Au lieu de cela, Dieu leur témoigne sa miséricorde. Mais leur rébellion entraîne des conséquences. Dans l’oracle du jugement de Genèse 3, l’Éternel dit à Ève qu’il va augmenter considérablement les douleurs de l’accouchement. Donc, si Ève avait ses règles avant la chute, on peut supposer que ses menstruations n’étaient pas accompagnées de crampes atroces, de syndrome prémenstruel, d’endométriose, de honte et de l’impureté qui a été associée plus tard aux menstruations.
Ainsi, notre corps proclame non seulement la vérité et la bonté de Dieu notre Créateur, mais aussi de Dieu notre Juge. Depuis la chute, l’ensemble du processus de procréation, avec ses différents systèmes et étapes, s’accompagne de douleurs à de nombreux niveaux, non seulement physiques mais aussi émotionnelles. Pensez aux bouleversements émotionnels que connaissent de nombreuses femmes en raison des changements hormonaux provoqués par le syndrome prémenstruel. Pensez à la douleur de désirer des enfants et de ne pas pouvoir en avoir. Dans ce cas, les règles sont le rappel mensuel d’un utérus stérile.
Dieu soit loué: l’histoire ne s’arrête pas à Genèse 3. Même après la chute, notre corps proclame l’espoir en Dieu. Et la suite de l’histoire, et en particulier les utérus stériles qui sont rendus féconds, nous enseigne l’espoir dans le Rédempteur. Nous avons quelque peu exploré cette idée dans l’article sur l’enfantement comme thème de la théologie biblique. Dieu choisit de rendre gloire à son nom en interrompant de manière spectaculaire les menstruations des matriarches d’Israël, leur permettant ainsi de mettre au monde la vie. Et par leur semence est venu le Libérateur, qui a également connu une naissance surnaturelle. L’expérience personnelle de Marie a confirmé que l’annonce de l’ange Gabriel était vraie lorsque ses règles ont pris fin et que son ventre a commencé à grossir.
Et pourtant, la question se pose de savoir ce que nous devons faire des lois de Lévitique 15 concernant les femmes en période de menstruation. Si nous les lisons à travers nos cadres occidentaux, elles semblent dégradantes envers les femmes. Mais, comme je l’ai écrit dans une série d’articles sur comment interpréter les passages difficiles de la Bible, nous devons nous souvenir de certaines choses lorsque nous sommes confrontés à des questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre par nous-mêmes. Premièrement, Dieu est bon. Point final. Il nous faut régler cela dans nos cœurs avant d’aller plus loin. Deuxièmement, nous devons faire le dur travail d’éplucher les couches du temps pour comprendre quelque chose de perplexe dans son contexte culturel et historique. C’est un travail difficile. Mais c’est très gratifiant.
Je trouve cette explication super utile. Je voudrais ajouter quelques commentaires:
Kathleen Nielson est une auteure qui nous aide à interpréter le Lévitique 15 et d’autres passages semblables. Dans son livre Women & God: Hard Questions. Beautiful Truth, elle dit ce qui suit:
Pourquoi Dieu appellerait-il une femme « impure » lorsqu’elle a ses règles mensuelles? Deux choses nous aident ici: premièrement, si nous lisons l’ensemble du Lévitique 15, nous constatons qu’une attention égale est accordée aux décharges reproductives des hommes, avec une contamination égale et des exigences de purification égales. Dieu ne cherche pas à s’en prendre aux femmes; il cherche à communiquer quelque chose au sujet de la propreté et de l’impureté chez tous les êtres humains. Et ce quelque chose n’a pas seulement à voir avec la protection de son peuple contre les maladies qui se transmettent facilement par le sang et le sperme, bien que ce soit là un effet positif de ces lois.
Le deuxième point, plus large, est le suivant: par ces lois cérémonielles, Dieu communiquait sa sainteté et sa miséricorde. Il faut lire le Lévitique pour comprendre les exigences détaillées de la purification et du sacrifice sanguin, qui soulignent toutes la manière dont notre péché nous empêche d’approcher un Dieu saint. Pour que nous puissions nous présenter devant un tel Dieu dans l’adoration, le péché doit être traité – et Dieu a miséricordieusement fournit un moyen.
Les écoulements de sang et de sperme ne sont pas mauvais en soi. Ces écoulements étaient des symboles d’impureté. Le sang en lui-même représente la vie: « La vie de toute créature, c’est son sang » (Lv 17.14). Ainsi, la perte de sang, comme dans l’hémorragie d’une femme, était directement associée à la mort – la mort qui s’est abattue sur la race humaine comme jugement de Dieu pour le péché. Ces rituels de purification de l’Ancien Testament pointent en arrière vers la chute et en avant vers le Seigneur Jésus, qui a versé son sang pour nous purifier de notre péché et nous donner la vie éternelle. Dans Luc 8.43-48, nous voyons Jésus accueillir une femme désespérée souffrant d’un écoulement chronique de sang qui, dans la foi, l’avait touché et avait été guérie par lui. Ces lois de l’Ancien Testament nous aident à saisir la beauté de cette scène.
Malheureusement, tout au long de l’histoire de l’Église, certains Pères de l’Église ont mal compris les lois lévitiques et les ont transposées sur l’Église:
La femme qui a ses règles ne doit pas s’approcher de la Sainte Table, ni toucher le Saint des saints, ni aller dans une église, mais doit prier ailleurs.
Dans la deuxième partie de cette série, nous concluons cette discussion en explorant ce que la nouvelle alliance nous enseigne à ce sujet et les leçons à tirer des règles pour l’édification du corps du Christ.
webinaire
De l'amitié au mariage: les 4 étapes de l'intimité
Ce replay du webinaire de Nicolas VanWingerden a été enregistré le 12 février 2020.
Orateurs
N. VanWingerden