Jésus et les menstruations

Théologie de l’allianceCombat contre le péchéFéminité

Dans l'article précédent de cette série, nous avons abordé le cycle menstruel de la femme lors de la création, de la chute et en tant que point de départ d'une histoire plus vaste de rédemption. Nous avons examiné Lévitique 15, les lois de pureté et la manière dont elles ont été interprétées par les Pères de l'Église. Dans cet article de conclusion, j'aimerais explorer comment comprendre les menstruations à la lumière de la nouvelle alliance, et donner quelques points d'application pratiques.

Jésus et la femme qui saigne

Si les Pères de l’Église ont mal appliqué les lois lévitiques aux femmes en période de menstruations, c’est parce qu’ils ne comprenaient pas la nouveauté de la nouvelle alliance. Mais si nous considérons la vie de Jésus, une histoire plus qu’une autre nous aide à comprendre comment notre Sauveur considérait une femme impure qui saignait. Marc 5.25-34 contient une histoire touchante qui illustre le cœur doux et humble de Jésus envers les personnes brisées et marginalisées.

Une femme qui saigne de façon incessante depuis 12 ans s’approche de lui dans la foule, et va jusqu’à le toucher, convaincue que cela la guérira. Lorsque Jésus se retourne et demande qui l’a touché, ce n’est pas un interrogatoire, mais une invitation. Il veut s’adresser publiquement à la femme qu’il a guérie et lui témoigner sa bienveillance. Mais il lui donne la possibilité de se dévoiler elle-même, plutôt que de la faire venir lui-même. Et quand elle vient, elle lui dit toute la vérité.

Répond-il par le dégoût ou le mépris d’avoir été rendu impur? Bien sûr que non! Car le Fils de Dieu ne pouvait pas être rendu impur. C’est plutôt le contraire qui est vrai. La pureté, la plénitude, le bien-être, la guérison et la restauration découlent de lui. Les paroles qu’il lui adresse donnent de l’espoir à toute femme qui a souffert de la honte et de la douleur à cause de ses propres incidents de sang: « Ma fille, ta foi t’a guérie. Va en paix, et sois guérie de ta maladie. »

Paul et les païens non circoncis

Si nous regardons au-delà des évangiles, vers le livre des Actes, nous découvrons que le changement entre l’ancienne et la nouvelle alliance est majeur. Dans les Actes, nous apprenons que les païens doivent être acceptés comme membres à part entière du corps du Christ. Les lois alimentaires et rituelles ne doivent pas être imposées aux croyants non-juifs.

Dieu a prévu ces lois pour une époque particulière de l’histoire de la rédemption, en partie pour distinguer Israël des nations environnantes. Il voulait que leurs voisins s’émerveillent du Dieu glorieux que les Hébreux servaient en respectant fidèlement ses commandements. Comme nous le savons, cela ne s’est pas produit.

Le Concile de Jérusalem

Dans Actes 15.8-11, Paul subit des critiques pour ne pas avoir imposé la circoncision aux païens convertis. Au Conseil de Jérusalem, il dit ce qui suit:

Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous; il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter? Mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu’eux.

Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la femme et ses règles? De même que nous ne sommes plus sous la loi cérémonielle quant à la circoncision, aux interdictions de manger certains aliments ou de porter des vêtements avec deux espèces de fil, de même, nous, les femmes sous la nouvelle alliance, ne sommes plus sous la loi quant aux règlements par rapport à nos menstruations.

Conseils pratiques

  • Éduquons nos fils et nos frères sur nos menstruations. Cela les préparera à être des maris, des pères et des amis plus compréhensifs. Par ailleurs, nous devrions également informer nos filles au sujet des difficultés de l’adolescence chez les garçons.
  • Si vous êtes un frère, merci d’avoir lu jusque-là. Cela prouve que vous voulez vraiment comprendre les femmes qui vous entourent. Elles seront bénies par votre empathie.
  • Il n’y a aucune honte à acheter des serviettes ou des tampons pour votre femme, votre fille ou votre amie dans le besoin. Personne ne se demande « Est-ce que ce type a ses règles? » Ha! La caissière ou la personne derrière vous dans la file d’attente verra simplement que vous êtes un homme attentionné qui aide à prendre soin d’une femme en difficulté. De même, si une femme que vous connaissez est courbée en boule à cause de crampes menstruelles hyper douloureuses, offrir du Tylenol, un coussin chauffant ou une tisane à la camomille contribuera grandement à soulager cette douleur.
  • Toutes les femmes ne présentent pas les mêmes symptômes. Les règles de certaines femmes durent 3 jours, d’autres 7. Certaines femmes ne ressentent que de légères crampes et d’autres ont tellement mal qu’elles en vomissent souvent. Lorsque j’étais jeune femme, mes crampes étaient si atroces qu’il fallait m’emmener à la clinique. Heureusement, la plupart des femmes, moi y compris, voient leurs crampes diminuer après l’accouchement.
  • Contrairement à d’autres fonctions corporelles qui se déroulent dans la salle de bains, les femmes n’ont aucun contrôle sur leur flux menstruel. Donc, si une fille dont vous vous occupez demande à aller aux toilettes, soyez indulgents. Dans de nombreux cas, il FAUT qu’elle y aille.
  • Pour tout enseignant, entraîneur ou conseiller de colonie de vacances, lorsqu’une adolescente dit qu’elle ne peut pas nager, donnez-lui un laissez-passer. Elle est peut-être trop gênée pour s’expliquer davantage, mais elle a probablement ses règles et ne peut pas utiliser de tampons. Un responsable qui ne comprend pas ces dynamiques peut forcer une jeune fille à participer, ce qui pourrait être très honteux pour elle, surtout dans le cas d’un flux abondant.
  • Si une adolescente ne peut pas participer à une activité physiquement exigeante, sachez qu’elle peut avoir des crampes si douloureuses qu’elle peut à peine bouger. Il en va de même pour vos collègues de travail. Ce n’est généralement pas parce que les femmes sont paresseuses ou qu’elles se cherchent des excuses.
  • Lorsqu’une femme est grincheuse ou émotive, ne dites pas: « Ce doit être sa période du mois! ». C’est peut-être vrai, ou peut-être pas, mais ça n’aidera pas! Personnellement, je n’ai pas eu à lutter contre le syndrome prémenstruel. Mais je connais des femmes qui vivent des bouleversements émotionnels considérables pendant la semaine précédant leurs règles. Elles n’ont aucun contrôle sur les changements hormonaux qui se produisent dans leur corps. Elles ont le contrôle sur la façon dont elles les gèrent, mais la chose la plus aimante à faire dans ces situations est d’ajourner les conversations difficiles jusqu’à ce qu’elle soit mieux équipée pour les gérer.

Implications

  • Premièrement, comme nous l’avons déjà mentionné, cela nous aide à nous réjouir de l’œuvre achevée de Christ. Il nous a rendus purs et nous a donné un accès direct à la présence de Dieu par son propre sang versé. Ainsi, alors que dans l’Ancien Testament, le sang symbolise la mort, en Christ, le sang parle de la vie nouvelle! Nous sommes rendus vivants grâce au sang que le Sauveur a versé en notre nom. Dieu soit loué!
  • Il nous permet de nous ébahir devant la merveille et la sagesse de celui qui nous a créés, homme et femme, et comment il procède pour le rachat des éléments brisés en nous en tant que porteurs d’images incarnés dans un monde déchu.
  • De même, il nous rappelle que la pérennité de la race humaine dépend de la capacité du corps des femmes à continuer de fonctionner de cette manière. Mes propres enfants sont un don de Dieu qui a exigé que j’aie mes règles, puisque je cesse de les avoir pendant un certain temps.
  • Il nous enseigne l’empathie pour les autres membres du corps de Christ qui souffrent. Après tout, l’Écriture enseigne que lorsqu’un membre souffre, nous souffrons tous.
  • Cela nous apprend à crier à Dieu dans une humble dépendance. Lorsque la douleur est plus forte que ce que nous pouvons supporter, lorsque nos émotions sont comme des montagnes russes, nous pouvons nous tourner vers Christ et trouver réconfort et espoir dans l’Évangile.

Découvrez deux épisodes de notre podcast en lien avec cet article:

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

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