Du 14 septembre au 19 octobre, 35 femmes venues du Canada, des États-Unis et d'Europe se sont jointes à nous, l’équipe de SOLA: Femmes Scriptura pour un séminaire intense de six semaines consacré au livre des Psaumes. Notre objectif était d'équiper les femmes pour la moisson en leur enseignant des compétences en matière d'enseignement textuel. Je partage avec vous une partie d'une de nos sessions sur l’accouchement en tant que thème de théologie biblique. Je trace ce thème à travers les quatre époques de l’histoire de la rédemption: création, chute, rédemption, et nouvelle création.
N’importe quelle femme ayant donné naissance à un enfant peut raconter avec tous les détails comment cela s’est passé. Et lorsque nos enfants sont assez grands, nous aimons la leur raconter. Ces histoires sont puissantes! Mais nos premiers parents n’ont pas de parent humain pour leur raconter une telle histoire. Car, contrairement à tout autre être humain, Adam et Eve ne sont pas nés bébés. Avaient-ils un nombril? Nous devrons attendre d’être dans la nouvelle création pour le découvrir! Mais sérieusement, bien qu’ils ne soient pas nés, ils ont reçu le mandat de Genèse 1.28 d’être féconds, de multiplier et de remplir la terre – en donnant naissance à des fils et des filles qui portent l’image de Dieu.
À la chute, quelques versets plus loin, le thème de l’enfantement est énoncé explicitement. Dans l’oracle de jugement qu’il adresse à la femme en Genèse 3.16, l’Éternel Dieu dit qu’il augmentera considérablement les douleurs de son accouchement. Les commentateurs pensent que cela fait référence à la fois à la détresse émotionnelle et physique, et le terme hébreu utilisé trouve son parallèle dans l’oracle de jugement de Dieu contre l’homme (v. 17), en référence à son pénible labeur dans les champs.
Pour toute personne qui a accouché, Genèse 3.16 a une très grande signification. J’ai donné naissance à mes deux filles sans péridurale. C’était brutal! Cependant, la beauté de la rédemption réside dans le fait qu’au beau milieu de cet oracle du jugement, la rédemption est promise: la femme donnera naissance à un Fils qui écrasera la tête du serpent. De plus, alors que leur péché introduit la mort dans le monde, Adam et Eve ne meurent pas instantanément. Encore de la grâce! Bien plus, Dieu verse le sang d’un substitut, afin de couvrir leur nudité et leur honte.
Tout au long des chapitres suivants de la Genèse, nous lisons de nombreuses généalogies qui sont ennuyeuses pour les non-initiés. Mais pour moi, elles soulignent qu’à travers la naissance de chacun de ces hommes de jadis, nous voyons la miséricorde de Dieu, sa préservation de la semence de la femme. Et lorsque nous rencontrons Abraham, Isaac et Jacob, nous voyons le thème de l’accouchement une fois de plus, mais de façon négative – leurs femmes sont stériles. Lorsque Dieu intervient et ouvre leurs ventres, les Écritures montrent que la semence de la femme ne naîtra pas à la suite d’efforts humains, mais grâce à une intervention divine.
Ce que nous observons Dieu faire dans la Genèse à un niveau individuel pour les patriarches, nous le voyons le faire dans l’Exode pour la nation d’Israël. Le livre de l’Exode s’ouvre sur l’histoire de Shiphrah et Puah, deux sages-femmes courageuses qui sauvent le peuple hébreu du génocide de Pharaon. Ce récit n’est pas seulement l’histoire « cool » de deux femmes extraordinaires, mais elle introduit tout le livre de l’Exode comme un récit de naissance. Après tout, considérez les mots du Deutéronome 32.18, alors que Moïse réfléchit à cette grande délivrance que l’Éternel a accomplie pour son peuple:
Vous avez abandonné le Rocher qui vous a engendrés, vous avez oublié le Dieu qui vous a fait naître.
Les deux sages-femmes d’Exode 1 trouvent leur parallèle dans le leadership de Moïse et Aaron, les agents humains par lesquels Dieu délivre ou donne naissance à la nation. Plusieurs analogies s’y rapportent: les 430 ans qu’Israël passe en Égypte sont comme sa période de gestation; les dix plaies peuvent être comparées aux douleurs de l’accouchement; et tout comme la naissance humaine, l’Éternel délivre Israël par le sang (à la Pâque) et l’eau (à la mer Rouge). Dans le désert, il leur donne ensuite sa Loi, faisant ainsi pour la nation ce qu’il appelle les parents terrestres à faire dans Proverbes 22.6,
Forme un enfant dans la voie qu’il doit suivre, et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas.
Selon Leland Ryken, dans son Dictionary of Biblical Imagery, le récit de naissance est un genre narratif distinct dans la Bible. Lorsque la Bible inclut des récits de naissance, c’est généralement parce qu’il s’agit de naissances extraordinaires plutôt que de naissances de routine. Bien que certains de ces récits soient brefs, les récits de naissance plus longs suivent souvent un schéma général:
Nous voyons cela chez les premiers patriarches, et le thème émerge, suivant ce modèle à un degré ou à un autre, avec Moïse, Samson et Samuel, jusqu’à Jean-Baptiste.
L’image de l’accouchement apparaît en Psaume 90.2. En hébreux, ça dit littéralement « Avant que les montagnes soient nées, et que tu ais donné naissance à la terre et au monde… » Ce qui frappe dans cette strophe d’imagerie est qu’il a été rédigé par la même plume qui a écrit Genèse, Moïse lui-même. Le thème de l’accouchement est récurrent dans les prophéties d’Ésaïe et de Jérémie. Mais plutôt qu’une image de salut, l’angoisse qu’éprouve une femme pendant l’accouchement donne une image vivante du jugement de Dieu sur une nation qui le rejette, qu’il s’agisse de Babylone (Es 13.8) ou d’Israël lui-même (Jr 4.31). Pourtant, les prophètes juxtaposent parfois la même image de l’accouchement avec la promesse de la délivrance (Es 26.16-19, 42.14).
En Esaïe 66.5-14, le prophète utilise l’image de l’accouchement pour évoquer la nouvelle naissance de la nation d’Israël lorsqu’elle reviendra à l’Éternel. Cette promesse nous conduit au Nouveau Testament, qui s’ouvre sur un étonnant récit de naissance qui lui est propre.
La vie de Christ telle qu’elle est racontée par Matthieu et Luc s’ouvre sur un récit de naissance. La conception de Jésus par Marie est la plus unique et la plus surnaturelle de toutes, et le récit de sa naissance est le plus élaboré de la Bible. Enfin, le Fils promis est né, celui qui est destiné à écraser la tête du serpent! Et la réalité physique ne tarde pas à se transformer en réalité spirituelle lorsque Jésus utilise l’imagerie de l’accouchement pour décrire à Nicodème la régénération: « Il faut que tu naisses de nouveau » (Jn 3.7). La nature même du Salut est résumée dans l’image de l’accouchement!
Dans son discours de la chambre haute, Jésus utilise l’image d’une femme en train d’accoucher pour décrire la tristesse que ses disciples ressentiront à son départ. Et il ajoute que la joie qu’une mère éprouve lorsqu’elle tient son nouveau-né dans ses bras sera la leur à l’avènement de son royaume. Jésus cite Ésaïe 66, dont nous avons parlé plus haut!
Dans les épîtres, Paul utilise le thème de l’accouchement pour parler de son amour tendre pour ses enfants spirituels:
Mes enfants – je subis de nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ soit formé en vous!
Galates 4.19
Je ne peux pas passer à l’époque finale sans aborder ce verset épineux.
Qu’est-ce que cela peut-il signifier? C’est un nœud difficile à démêler! Selon un commentateur, les faux enseignants d’Éphèse minimisaient ou dénigraient le mariage et la vie domestique. Paul s’adresse donc à un besoin particulier de ses auditeurs. « Mariez-vous. Ayez des enfants. Aimez-vous les uns les autres. » Mais il ne promet pas que faire des bébés sauve les femmes, sinon toute femme qui a porté un enfant serait qualifiée. Il ne dit pas non plus que les femmes non mariées et sans enfants sont exemptes du royaume, puisque Paul, après tout, préconise ailleurs le célibat comme étant supérieur (1Co 7). De plus, à un niveau fondamental, une telle interprétation nierait l’un des principes de base de notre foi: Sola fide.
Il dit plutôt que les œuvres sont la preuve que l’on a été sauvé. Le fruit extérieur par lequel nous pouvons évaluer quelqu’un. Dans ce contexte, dans des circonstances normales, une femme pieuse se mariera et aura des enfants et persévérera dans la foi, l’amour et la sainteté avec maîtrise de soi. Il fait une généralisation sur les femmes. Et il choisit l’enfantement parce que c’est l’exemple le plus clair de la différence divinement conçue entre les hommes et les femmes.
Certains commentateurs voient dans ce passage un renversement du jugement sur Eve de Genèse 3.16. Par la naissance du Fils promis qui écrase la tête du serpent, la séduction d’Eve par le serpent sera renversée.
Mais elle sera délivrée par l’enfantement, si elle persévère dans la foi, l’amour et la sainteté avec maîtrise de soi.
1 Timothée 2.15
Le livre de l’Apocalypse dans son ensemble nous indique les réalités de l’autre monde en termes hautement symboliques. Et, une fois de plus, nous voyons le thème de l’accouchement, dans Apocalypse 12. Les érudits catholiques soutiennent que la femme est Marie, la mère de Jésus. Mais si nous utilisons les techniques d’interprétation, nous remarquons que le soleil, la lune et les étoiles apparaissent ailleurs, dans Genèse 37.9, en référence à Jacob, sa femme, et ses douze fils. Pour cette raison, la plupart des spécialistes croient que la femme est Israël, et que l’enfant qu’elle porte est Jésus. Le passage continue en parlant d’un grand dragon rouge ardent qui cherche à dévorer l’enfant à sa naissance.
Ici encore, nous voyons se répéter le schéma que nous avons vu précédemment: un enfant miraculeux naît, un ennemi cherche à le détruire, et l’enfant est divinement protégé afin qu’il puisse délivrer le peuple de Dieu. Et nous savons que cet enfant grandit pour devenir l’époux qui vient dans la gloire pour prendre son épouse avec lui.
Que peut-on dire d’autre sur l’accouchement dans la nouvelle création? Pour commencer, qu’à la résurrection, nous ne nous marierons pas et ne serons pas donnés en mariage. Cela signifie que nous, les femmes, ne revivrons plus jamais les douleurs intenses d’un accouchement physique. Merci, Seigneur! Mais en un sens, la nouvelle création elle-même est une renaissance de toutes choses! Romains 8.22-23 dit:
Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement; mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps.
Entendez-vous la terre gémir? Pouvez-vous sentir l’anticipation de l’accouchement final? Le jour où toute la création sera rachetée? Dans Apocalypse 21.5, l’Agneau assis sur le trône déclare: « Voici, je fais toutes choses nouvelles! » Quand ce jour viendra, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, toutes choses seront faites nouvelles une fois pour toutes! La renaissance de l’univers! Quel jour ce sera! En attendant ce grand jour, préparons-nous à accueillir l’époux. Que sa grâce nous permette de persévérer dans la foi, l’amour et la sainteté avec maîtrise de soi.
Amen!
webinaire
Si Dieu est bon, pourquoi autant de mal?
Découvre le replay de ce webinaire de Guillaume Bignon, enregistré le 11 décembre 2018, qui traite de la souveraineté et la bienveillance de Dieu.
Orateurs
G. Bignon