Les tests de personnalité n’excusent pas votre péché

Doctrine de l’hommeAccompagnement biblique

Sur le site The Gospel Coalition, un excellent article a attiré mon attention: “Les tests de personnalité n’excusent pas votre péché”. Dans cet article, l’autrice évoque quelques tests comme le MBTI et l’ennéagramme qui permettent d’identifier les caractéristiques de votre personnalité. Elle fait également une remarque sur le fait que, selon les résultats, certains courants promeuvent de la guérison et une prospérité émotionnelle.

La principale critique est celle d’un déterminisme sur deux plans:

  • Le premier de l’ordre de la croyance et de la confiance: si le test dit cela et que je m’y reconnais un tant soit peu, alors cela doit être vrai. Nous pourrions étendre cette réflexion à l’effet Barnum. Des études amusantes ont été faites à ce sujet notamment Forer, Ulrich, Dickso… Nous avons tendance à conférer des éléments objectifs aux tests, alors que derrière, se trouve toujours une anthropologie et des biais que j’ai introduits lors de mon précédent article et qui peuvent fausser une compréhension biblique de l’être humain.
  • Le second est vis-à-vis de notre fonctionnement. L’un des risques est de légitimer le péché par le déterminisme de notre personnalité. Nous avons déjà tous entendu des phrases qui commencent par: “Oui, mais tu sais, il a un caractère entier” ou encore, “il a toujours été comme ça, il n’y peut rien”.

Enfin, elle encourage les personnes à comprendre que la personnalité et les traits de caractère sont des moyens que Dieu nous donne pour le glorifier dans les différents aspects de notre vie. Elle met cela en valeur en rappelant que la Parole de Dieu nous donne un bien meilleur référentiel pour nos vies et pour modeler et façonner notre caractère. Elle oriente le lecteur vers sa conclusion:

La réponse à chaque commandement doit être la même pour tous: une obéissance pleine de foi alors que nous comptons sur l'aide du Saint-Esprit –et non sur notre personnalité– pour nous renforcer.

J’ai apprécié cet article. Je trouve que l’exemple est intéressant, car il met en lumière deux problématiques face à un outil séculier:

  1. Le fait d’exclure la Parole de Dieu dans notre compréhension. “Puisqu’un test objectif (et cher) me donne des éléments de réponse et que c’est probablement la grâce commune de Dieu, alors je peux m’y fier.” Je vous encourage à lire mon dernier article pour connaître les limites de ces éléments.
  2. Le fait de spiritualiser à outrance ces tests afin de "trouver" des combats et des luttes contre lesquels je vais pouvoir me battre. Je me souviens d’une fois où mon épouse a déclaré qu’elle était "perfectionniste" et un des interlocuteurs lui a demandé “ce qu’elle mettait en place pour s’en délivrer”. C’est mettre le combat au mauvais endroit. Est-ce qu’un perfectionniste devrait être moins perfectionniste? La réponse n’est pas évidente. Par contre, nous pouvons travailler sur les conséquences de ce perfectionnisme qui peut l’amener à pécher. C’est également intéressant de montrer que dans la culture populaire évangélique, le mot "perfectionniste" est affublé d’un élément moral négatif alors que c’est beaucoup plus complexe que cela.

Je pense que ce qu’il faut retenir, c’est la question de sens moral au sujet de la typologie1 de nos comportements. Tout comme pour les émotions, je ne crois pas qu’il y ait systématiquement d’éléments moraux. Je dirai même que c’est rare.

Aujourd’hui, le monde chrétien a été rendu perméable pour que des idées de développement personnel y pénètrent avec un vernis biblique.

Certains croient que Dieu nous promet de changer notre caractère et nos émotions. C’est une théologie de vainqueur. Des livres comme Les langages de l’amour ou The road back to you décrivent un être humain qui a des besoins qu’il cherche à combler, et que Dieu va combler parfaitement. Je schématise, mais malheureusement, c’est ce que nous entendons régulièrement: “Si tu as tel trait de caractère, c’est que dans ton enfance, il a fallu que tu te construises de cette manière pour combler tel besoin. Mais bonne nouvelle, Dieu va venir combler ce besoin parfaitement.”

Dieu ne nous promet pas de combler nos besoins sur cette terre déchue. Par contre, il nous promet de prendre soin de nous, de nous faire grandir et de nous utiliser comme des instruments entre ses mains. Et que dit Paul? “C’est dans notre faiblesse que Dieu va davantage se glorifier.2” C’est parce que nous avons des défaillances que nous nous repentons et que nous demandons pardon. Beaucoup de luttes restent jusqu’à la fin de l’existence. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de délivrance, mais que la délivrance absolue n’est pas une promesse ni une norme. Dieu cherche des êtres humains qui grandissent en sainteté pour le glorifier. Il nous assure le pardon de nos péchés et non une vie de quiétude (ça, c’est pour plus tard).


Notes:

1. Typologie: Méthodes ou systèmes consistant à faciliter la classification de différents types d'individus.
2. cf. 2 Corinthiens 12.1-10

Samuel Laurent

Chrétien et psychologue, Samuel est marié à Pauline depuis 17 ans et ont trois enfants. Ils ont créé l’association « La Boussole » avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l’intention des églises locales. Il est étudiant à la Faculté de Théologie Jean Calvin.

La question de l’accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager leur vision biblique du monde autour de l’accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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