Quel mot vous vient à l’esprit lorsque vous pensez au mot « aide »? Pensez-vous à une femme de ménage qui passe la serpillière sur les planchers? Ou à une assistante médicale qui soutient un médecin? Ou à une secrétaire qui gère les rendez-vous d’un homme d’affaires? Ou « la petite aide de maman »?
En français, le mot « aide » peut souvent véhiculer une idée d’asservissement. Mais considérons Genèse 1-2 dans son contexte. Le premier chapitre donne un aperçu de l’œuvre de Dieu dans la création. Les êtres humains, les femmes comme les hommes, sont créés à l’image de Dieu. La femme ainsi que l’homme reçoivent le mandat d’être féconds et d’assujettir la terre. Ensemble. Pour la gloire de Dieu. Le texte ne dit pas: « Femmes, soyez fécondes; hommes, assujettissez la terre. » Dieu considère que c’est elle le complément parfait de l’homme pour que le mandat soit pleinement rempli.
Ainsi, Genèse 2 est en quelque sorte une relecture du récit de la création, mais avec un accent sur la création de l’humanité. Dans ce chapitre, nous lisons que tout ce que Dieu crée est bon, sauf une chose, la solitude de l’homme:
L’Éternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui.
Genèse 2.18
Notez que l’Éternel lui donne une aide semblable à lui. Ainsi, alors que beaucoup de personnes regardent ce passage pour souligner les différences entre l’homme et la femme, je dirais que ce qui définit l’homme et la femme est surtout ce qu’ils ont en commun: ils sont tous deux porteurs de l’image de Dieu, distincts des animaux et du reste de la création. Ils sont tous deux de la même substance, destinés à devenir une seule chair. Et ils sont tous deux nus et sans honte.
En fait, Genèse 2.23 semble indiquer qu’Adam trouve son identité grâce à la femme. Elle seule peut lui refléter sa propre humanité et remédier à sa solitude, ce qu’aucun des animaux n’a pu faire. Et en tandem avec Genèse 1, nous voyons que cette première femme pour laquelle le premier homme éclate en chant n’est rien de moins que le don de Dieu, une co-régente, une co-combattante, une partenaire comme lui, pour lui, et de lui: l’union parfaite de deux égaux.
Pour être claire, j’affirme le leadership masculin dans l’Église et le foyer. Je voudrais simplement suggérer que le leadership des anciens dans l’Église et le leadership des hommes dans le foyer ont été conçus par Dieu pour être un partenariat dans lequel l’aide des femmes est essentielle à la réalisation de la mission de Dieu dans le monde.
Pourtant, Genèse 2.18 est malheureusement au cœur de nombreux malentendus dans l’Église, où le terme « aide » a été réduit pour représenter une femme exclusivement comme épouse, mère et femme au foyer. Selon cette norme, la vocation ultime d’une femme serait vécue à travers le mariage, la maternité et la domesticité.
Une récente étude de Barna sur les femmes chrétiennes en Amérique du Nord montre à quel point cette mentalité est répandue. Lorsqu’on leur a demandé quel était leur rôle le plus important dans la vie, 62 % des femmes chrétiennes ont répondu que c’était celui de mère. Seules 13% ont répondu « Disciple de Christ ».
J’aime être une épouse et une mère! J’aime lire des livres à mes filles, mes préférés sont les biographies de missionnaires. Je m’amuse aussi à bricoler, à jouer à des jeux de société, à cuisiner et à faire des biscuits avec elles. Je suis heureuse à la maison, où je peux créer de nouvelles recettes pour le plaisir de ma famille. Mes compétences en matière de nettoyage, cependant, pourraient être améliorées. :) Je suis reconnaissante d’avoir pu rester à la maison quand mes filles étaient petites. Ce furent des années précieuses pour éduquer mes enfants.
Mais ces rôles ne me définissent pas en tant qu’être humain, tout comme le rôle de mari et de père ne définit pas mon mari. Nous avons tous deux ceci en commun: nous sommes avant tout des porteurs de l’image de Dieu, des disciples, des ambassadeurs de la réconciliation, des pécheurs sauvés par la grâce.
Il va sans dire que mon union avec Christ est ce qui me définit. Le fait que je sois élue, morte et ressuscitée avec lui a déterminé ma destinée avant la fondation du monde et durera pour l’éternité (Ga 2.20, Rm 6.3-4, Col 3.1, Ép 1.4). Cela ne devrait-il pas être l’identifiant incontesté de chaque croyant, homme ou femme, et non son statut marital ou son statut de parent? Après tout, j’ai passé deux tiers de ma vie en tant que femme célibataire et trois quarts de ma vie sans enfant. N’étais-je pas alors pleinement une femme, vivant le dessein de Dieu pour ma vie? Plus encore, ces rôles, aussi merveilleux soient-ils, sont éphémères. Un tragique accident de voiture ou un diagnostic de cancer terminal pourraient me les enlever tous.
En outre, cette définition étroite de la féminité exclut les femmes qui ne se marient jamais ou celles qui ne portent jamais d’enfants. Pourtant, ces sœurs sont, elles aussi, créées à l’image de Dieu. Elles aussi sont des aides qui accomplissent la mission que Dieu a confiée à l’humanité en exerçant leurs dons spirituels pour l’épanouissement de la société et l’avancement du royaume de Christ. Et, en ce qui concerne la condition humaine, rappelons-nous que notre Seigneur Jésus, qui a vécu parfaitement son humanité, ne s’est jamais marié ni n’a eu de descendance physique. Qui pourrait prétendre qu’il était moins homme pour cette raison?
Si l’on remonte à la Genèse, un examen plus approfondi du terme « aide » dans la langue originale donne une image différente de celle de l’asservissement et de la domesticité. En effet, alors qu’en français, une personne qui aide est souvent servile à la personne aidée, en hébreu, cela est loin d’être le cas.
Le mot hébreu traduit par « aide » dans la Genèse est ezer. Ce mot est utilisé en général pour désigner l’aide divine, en particulier dans les Psaumes où il englobe à la fois l’assistance matérielle et spirituelle. En fait, dans l’Ancien Testament, le terme ezer, sous sa forme nominative, apparaît 21 fois. Parmi celles-ci, deux se réfèrent à la femme (Gn 2.18, 20) et trois aux nations qu’Israël implore pour une aide militaire (És 20.5, Éz 12.14, Da 11.34).
Les 16 autres fois, il se réfère à l’Éternel Dieu lui-même. Un examen de ces textes montre que ezer est utilisé dans un contexte militaire: L’Éternel est le libérateur de son peuple, son épée et son bouclier. Il est une aide toujours présente dans les moments difficiles. Il est meilleur que les chars et les chevaux. Il veille sur son peuple et renverse ses ennemis par son bras puissant.
La forme verbale, ezer est présente 80 fois, où elle est la plus courante dans les Psaumes (16×), Ésaïe (16×), 2 Chroniques (12×), et 1 Chroniques (10×). Et le plus souvent, l’idée véhiculée est celle d’une assistance militaire divine à la nation d’Israël. Quel croyant lirait ces mots et oserait penser que Dieu est asservi à l’homme, parce qu’il ne l’est pas! Il en va de même pour les femmes.
L’imagerie biblique de l’aide est donc loin de dépeindre les femmes dans une position d’asservissement. Genèse 1-2 nous brosse le portrait du Créateur et Roi des rois qui bénit son vice-régent, en lui donnant une vice-régente pour l’aider à régner sur la création. Par l’utilisation d’un telle image, l’Écriture honore donc la femme. Beaucoup de nos contemporains pensent que la Bible dénigre les femmes.
Certaines interprétations et applications de ce passage et d’autres donnent du poids à cet argument. Mais si nous revenons aux Écritures, et si nous les interprétons à la lumière de leur contexte, nous pouvons être assurés que cette croyance populaire est fausse. Comparée à la littérature de son temps, la Parole de Dieu est radicale dans la façon dont elle élève les femmes. Si Dieu est l’ezer par excellence de son peuple, j’accepte volontiers d’être aussi un ezer pour sa gloire.
webinaire
Est-ce que ma vie chrétienne est "normale"?
Ce replay du webinaire de Dominique Angers a été enregistré le 21 Octobre 2021.
Orateurs
D. Angers