Cet article vous est proposé par Léa Rychen, Jean-Christophe Jasmin et Christel Lamère Ngnambi, l’équipe du podcast Sagesse et Mojito.
Féminisme. Quelle est la première chose à laquelle vous pensez en lisant ce mot?
Simone de Beauvoir, votre copine féministe, les FEMEN qui militent seins nus, Simone Veil et la question de l’IVG, les manifestations en faveur de l’avortement, les discussions (ou disputes) sur le rôle des femmes au foyer et dans l’Église, les collages contre les féminicides, le lesbianisme, le mouvement LGBTQI+, les « théories du genre »… Voilà tout autant de mots-clés qui peuvent venir en tête en parlant de féminisme.
Ces réalités suscitent souvent des émotions fortes: la fascination, l’outrage, l’excitation, le dégoût, la peur, l’envie, l’incompréhension, la curiosité, parfois un mélange de tout cela. Elles animent le débat, dans les médias comme dans les conversations.
Comment comprendre le courant de pensée féministe, particulièrement en tant que chrétiens?
Voici plusieurs clés:
Ce premier point est crucial. Il existe différents courants du féminisme. Ces différents courants s’affrontent parfois dans leurs idées, ainsi que dans leurs objectifs et les moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Ainsi, le féminisme radical des FEMEN par exemple s’oppose souvent au féminisme libéral. Le premier considère que la racine des problèmes que connaissent les femmes est le système patriarcal et la domination masculine. Il s’agit donc, pour libérer les femmes, de réformer le système, voire de lutter contre les hommes. Ce féminisme est dit « radical »: il l’est tant dans ses actions que dans sa vision.
Le second, dit « libéral » promeut la liberté des femmes de disposer de leurs corps et de leurs vies comme bon leur semble. Il se bat pour élargir les droits des femmes, sur des questions sensibles liées à la procréation comme l’avortement, mais aussi pour la liberté de porter le voile ou de se prostituer, ce que certaines féministes décrient comme des oppressions…
Selon les classifications, on parle aussi de féminisme universaliste, de féminisme intersectionnel, de féminisme pop, ou encore de féminisme identitaire. Toutes ces branches ont des points communs (l’émancipation et la protection de la femme) mais aussi de nombreuses différences, à commencer par leur définition même de ce qu’est une femme! Cela explique donc les confusions qu’il peut exister quant au(x) féminisme(s).
Ce deuxième point découle naturellement du premier. Il existe différentes manières de définir le féminisme.
Voici la définition du Petit Robert 2020:
L’attitude des personnes qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes.
Le Centre National de Ressources Textuelles et Linguistiques donne quant à lui la définition suivante, plus englobante:
Mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique; doctrine, idéologie correspondante.
Parler de droits et d’égalité relève du domaine juridique et politique; parler d’hommes et de femmes relève de l’anthropologie, de la biologie, de la sociologie et, plus récemment, des études de genre. Tout autant de domaines qui s’entrecroisent et dans lesquels demeure parfois un flou de définitions. Là encore, on comprend pourquoi il demeure des confusions!
À la résurrection, il n’y aura ni homme, ni femme.
– Jésus
Ce ne sont pas les seuls propos choquants et contre-culturels que Jésus a eu sur la femme et sur la question des rôles sociaux! On peut aussi penser à la résurrection de Jésus lui-même: il a décidé que les femmes en soient les premières témoins, à une époque où le témoignage d’une femme n’avait pas de valeur juridique…
En fait, pour beaucoup, l’Évangile est la source de la révolution féministe! Cela fait dire à l’auteure mennonite Marie-Noëlle Yoder qu’il y a, « dans le texte biblique, et tout particulièrement dans les évangiles qui en sont le centre, un mouvement politique et social qui favorise et souligne l’égalité religieuse, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes »1
D’autres poseront carrément la question ainsi: « Jésus était-il féministe? »2
Une chose est sûre, la Bible a des choses à dire sur qui nous sommes en tant qu’ « hommes et femmes créés à l’image de Dieu » (voir Gn 1.26), et donc elle peut nous éclairer sur les luttes sociales et notamment féministes. Cela soulèvera peut-être plus de questions que cela n’apportera de réponses, mais au moins cela nous fera grandir en recentrant notre pensée sur Dieu.
Parce que le(s) féminisme(s) constitue(nt) une thématique éminemment actuelle, qui fait vibrer notre société et nos conversations, il est important de s’y intéresser. Plus encore, il est important de dépasser les premières pensées et les émotions instinctives qu’elles suscitent pour pouvoir engager le dialogue et la réflexion constructive. Car le(s) féminisme(s), comme tous les courants de pensée de notre culture, peuvent être des occasions merveilleuses de partager l’espérance qui est en l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est ce que l’on vous invite à faire dans notre webinaire TPSG! Découvrez le replay ici: « Le féminisme: Liberté, égalité, sororité? »
(1) « Féminisme – biblique? » – Marie-Noëlle Yoder
(2) « Jésus était-il féministe? » – Rebecca Gil Rakotozafimahery
webinaire
Le féminisme: Liberté, égalité, sororité?
Découvre le replay de ce webinaire enregistré le 10 novembre 2022, en partenariat avec l’équipe du podcast Sagesse et Mojito: Christel Lamère Ngnambi, Jean-Christophe Jasmin et Léa Rychen.
Orateurs
L. Sagesse et Mojito