Après une visite au centre commercial un samedi après-midi, j’ai suivi mon petit ami de l'université à travers le parking, à la recherche de ma voiture "perdue". Il nous a fallu vingt minutes pour finalement la retrouver. Ce n'est pas grave, n'est-ce pas? Sauf pour une chose: je savais exactement où se trouvait ma voiture pendant tout ce temps, mais je n'ai pas voulu le dire. Je craignais que ce soit une forme "d'insoumission" de ma part de diriger mon copain vers le véhicule. Après tout, on m'avait appris que les hommes mènent, et que les femmes suivent.
Cette expérience m’est venue à l’esprit à plusieurs reprises ces dernières années, alors que j’ai réexaminé la question des rôles des sexes dans l’Église. Dieu a-t-il créé toutes les femmes soumises par nature et tous les hommes leaders par nature? C’est la déclaration dominante de beaucoup de conservateurs dans l’Église. Cependant, le passage du Nouveau Testament le plus clair sur la soumission est Éphésiens 5, qui se situe spécifiquement dans le contexte du mariage. Paul déclare clairement que les femmes doivent se soumettre à leur propre mari, et non à tous les hommes en général (Ép 5.22).
Non seulement ça, mais le verset que je viens de mentionner ne contient même pas le mot « soumettre » dans la langue originale. Il est sous-entendu à partir du v. 21, qui appelle les croyants à la soumission mutuelle et qui établit le contexte pour le reste du passage. De plus, le commandement à l’égard des maris est beaucoup plus exigeant que celui à l’égard des épouses. Car l’œuvre du salut de Christ n’a pas commencé à la croix, mais à l’incarnation, lorsqu’il s’est humilié et s’est fait esclave. Et tout au long du ministère terrestre de Christ, il a non seulement modelé, mais aussi enseigné ce qu’impliquait le véritable leadership.
Considérez Marc 10.42-45:
42 Jésus les appela, et leur dit: Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. 43 Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; 44 et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. 45 Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup.
C’est à ce genre de leadership que les maris chrétiens sont appelés: l’amour désintéressé, le renoncement à soi-même, le sacrifice. Ainsi, lorsque nous réduisons la soumission à la « responsabilité des femmes », nous passons à côté du plus grand et du plus beau portrait que la Bible peint à ce sujet.
« Woah, woah! Doucement! » Vous dites peut-être: « Tu ressembles à une égalitarienne!” Mais écoutez-moi un instant. J’adhère à trois distinctions importantes qui définissent le complémentarisme (et que TPSG affirme):
Il convient toutefois de noter quelques précisions:
En d’autres termes, les hommes et les femmes doivent se soumettre aux anciens de leur Église locale. Et tous les croyants, y compris les anciens, doivent se soumettre à leurs employeurs sur leur lieu de travail, ainsi qu’aux autorités gouvernementales instituées par Dieu. Je ne crois pas que la plupart des complémentaristes seraient en désaccord avec ces affirmations. Mais le problème est que, trop souvent, le seul moment où certains pasteurs prêchent sur la soumission, c’est lorsqu’ils enseignent sur le mariage, ou pire, sur la féminité biblique. Et lorsque c’est le cas, les hommes chrétiens n’apprennent pas à servir et à suivre humblement, parce qu’on leur a enseigné qu’ils étaient tous nés pour diriger. Et nos sœurs n’exploitent jamais les dons de leadership que Dieu leur a donné si on leur enseigne qu’elles sont nées pour suivre et pour se soumettre.
Le terme « complémentarisme » et le mouvement qui l’accompagne sont nés en réponse à ce que beaucoup ont perçu comme la marée montante du féminisme de la deuxième vague. Et leurs inquiétudes à l’époque étaient légitimes, compte tenu de l’accent mis par le mouvement sur la libération sexuelle, l’avortement sur demande et les droits des transgenres. À sa genèse, le complémentarisme soutenait, en son cœur, les trois grands principes que j’ai mentionnés plus haut.
Le défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est que le terme « complémentarisme » a évolué pour inclure un certain nombre de suppositions dérivées de la culture, et non des Écritures. J’ai l’intention d’aborder ces questions dans de futurs articles. Cependant, pour l’instant, j’aimerais examiner le dessein de Dieu pour les hommes et les femmes à la lumière du début et de la fin de la grande histoire de la rédemption. Après tout, l’une des façons dont nous comprenons toute histoire, qu’elle soit séculière ou sacrée, est en examinant son commencement et sa fin, et en considérant leurs liens communs qui nous renvoient à l’idée principale de cette histoire.
Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et assujettissez-la; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Remarquez que l’homme et la femme ensemble doivent:
Ce que le texte ne dit pas, c’est que les femmes doivent être fécondes et que les hommes doivent assujettir. Le plan de Dieu depuis le début était que nos premiers parents dominent sur la terre ensemble, en tant qu’égaux, en tant que ses co-régents. (Pour d’autres références ou allusions scripturaires – non liées au genre – au mandat culturel, voir Psaumes 8.6-8, Jérémie 29.1-9, Actes 17.26, Matthieu 28.18-20).
Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.
Apocalypse 5:9-10
Les saints, hommes et femmes, sont appelés un royaume et des prêtres, qui régneront. Je ne prétends pas comprendre ce qu’implique une telle fonction. Je ne me lance même pas dans des discussions sur l’identité précise de ces saints, qui dépendent de la vision que l’on a de la fin des temps. Mais ce que je veux souligner, c’est qu’aucune distinction n’est faite en ce qui concerne le genre dans ce passage et dans les nombreux autres qui parlent du règne eschatologique des croyants (Ap 1.6; 2.26; 3.21; 20.4-6; 22.5, Da 7.18, 27, 2 Tim 2.11-13, 1 Co 6.2-3).
Ainsi, nous voyons que tant au début qu’à la fin (une fin qui, en fait, ne finira jamais), les hommes et les femmes partagent une gouvernance commune sur la création de Dieu. La question qui se pose est donc la suivante: si au commencement, Dieu a créé l’homme et la femme pour régner ensemble, et si son plan pour l’éternité est que les hommes et les femmes règnent ensemble, quelle place les femmes doivent-elles avoir dans l’Église de Jésus-Christ entre-temps? Le Seigneur Jésus s’attendait-il à ce que les femmes se tiennent à l’écart et attendent l’état éternel? Je suis convaincue que la réponse est un « non » retentissant.
Est-il possible de soutenir l’affirmation selon laquelle la fonction des anciens est réservée aux hommes qualifiés, tout en voyant une place pour le leadership des femmes douées et qualifiées? Comment faire la distinction entre le leadership dans l’Église et la fonction d’ancien dans l’Église? Le Nouveau Testament exige-t-il que seuls les anciens dirigent? Ou bien les diacres et les diaconesses sont-ils également appelés à aider à diriger l’Église? Beaucoup de conservateurs dans l’Église d’aujourd’hui utilisent les termes “leader” et “ancien” de façon interchangeable. Mais je dirais que si tous les anciens doivent être des leaders, je ne crois pas que tous les leaders doivent être des anciens. Et je ne suis pas convaincue que le Nouveau Testament considérait les diacres comme de simples serviteurs sans autorité/leadership dans l’Église. L’utilisation de ce terme dans l’histoire de l’Église en témoigne.
Il va sans dire que je crois que nos Églises ont besoin de femmes aussi bien que d’hommes à des postes de leadership. Pas seulement au sein des groupes dont elles sont responsables (les femmes auprès des femmes, les femmes auprès des enfants), mais aussi en donnant leur avis lorsque des décisions sont prises qui affectent l’ensemble du corps. Je trouve que l’analogie de la famille nucléaire est utile à cet égard: dans un foyer chrétien, les mères et les pères partagent la direction de leurs enfants, et leurs enfants ont besoin de la perspective équilibrée qui découle de cette relation symbiotique. Mais lorsque les hommes dirigent l’Église avec peu de participation des femmes, il peut facilement y avoir des lacunes dans leur service envers leurs sœurs. Une Église dirigée uniquement par des hommes pourrait être assimilée à une famille monoparentale, avec un père à la tête, sans mère à ses côtés. Ce n’est pas le plan de Dieu pour la famille nucléaire, et je dirais que ce n’est pas non plus son plan pour son Église.
Je me rends compte que cet article peut soulever plus de questions qu’il n’apporte de réponses. J’espère explorer ces questions dans de futurs articles. Mon désir n’est pas de provoquer des divisions, mais plutôt de revenir ensemble aux Écritures et de considérer à nouveau ce qu’elles ont à dire. Je vous invite à m’accompagner, et je vous encourage à me faire part de vos commentaires en cours de route.