Il y a quelques mois, au séminaire E21 "Le destin qui nous attend", je discutais avec mon ami et frère Samuel Laurent. Je lui disais que je trouvais dommage qu'il n'y ait pas eu de liens faits entre eschatologie, le thème du séminaire, et la relation d'aide, autre thème du séminaire.
Samuel, qui exerce un ministère de relation d’aide, m’a proposé ses réflexions sur le sujet. Voici la première partie.
La vie chrétienne est illustrée comme une course, un marathon dans lequel nous sommes exhortés à avoir une vie de sainteté et à travailler à cette sanctification. Nous ne nous exerçons pas ainsi pour notre Salut, mais à cause de notre Salut et de la Grâce de Dieu. Or sans connaître ce qui nous attend, notre regard risque de se tourner sur nous-mêmes ou sur un dieu qui devrait nous bénir sur terre et nous protéger des souffrances et des difficultés.
La croix nous rappelle que Dieu lui-même a porté nos souffrances et qu’il a triomphé. Nous avons un Dieu qui viendra réclamer sa victoire au retour de Jésus-Christ. La fin des temps et la nouvelle création devraient également nous encourager à prendre du recul et à réfléchir sur notre attachement aux biens matériels et aux circonstances de notre vie.
Dans un accompagnement, il est parfois difficile d’amener des vérités non-matérielles, car elles ne constituent pas une solution présente et directe.
Lorsque nous souffrons, nous voulons que notre souffrance disparaisse. Le regard de l’être humain se tourne alors vers des démarches pratiques et organisationnelles pour régler le problème. Nous savons pourtant que c’est d’abord vers Christ que nous devons nous tourner, car il incarne cette espérance d’une fin définitive au mal et à la souffrance.
Si vous enlevez la souveraineté de Dieu dans votre vision du monde, alors vous n’aurez qu’une vision pessimiste et dramatique de ce qu’il vous arrive. Vous serez centré sur vous-mêmes avec le ressenti d’une injustice terrible à votre propre égard. Le sens de notre existence se réduit alors à notre vie sur terre. Sans cette souveraineté absolue, alors Dieu devient relatif et faillible.
Les chrétiens qui viennent en accompagnement savent qu’il y a une vie après la mort, mais l’intègre souvent comme un élément à part, sans grandes interactions avec notre vie présente, alors que tout pointe vers le retour de Christ.
Par conséquent, beaucoup de ces personnes se concentrent sur une résolution pragmatique, et tentent principalement d’articuler ce qu’ils vivent avec des conséquences à venir dans leur vie terrestre seulement.
Nous pourrions dire ici que c’est une lapalissade de par la nature même du cœur humain. J’aimerais mettre l’accent ici sur la tendance du cœur humain à se concentrer sur le présent et le proche avenir.
Je pourrais prendre ici l’exemple d’un certain nombre de couples qui viennent en accompagnement. Il est rare que la Gloire de Dieu soit leur première préoccupation. N’y voyez pas ici de la moquerie ou un quelconque jugement. Les difficultés et notamment celles des relations entre individus, sont les plus difficiles à gérer et les plus douloureuses. Par conséquent, nous voulons les travailler et résoudre les conflits. C’est un bon objectif, mais il ne peut pas constituer la seule motivation. Malheureusement, il n’est souvent question que de l’image du couple; extérieure, vis-à-vis de leur environnement social, et intérieure, dans l’idéalisation de la relation homme-femme que nous construisons dès notre jeune âge.
Or le mariage a une vocation bien plus glorieuse: pouvoir refléter la relation entre Jésus-Christ et l’Église, porter le témoignage de cette union et de cet amour au cœur de notre famille. Il y a de belles conséquences à ce reflet, mais il coûte d’abord dans l’abandon de ces images que nous avons évoquées. Nous ne devons ni regarder vers les autres, ni regarder à nous-mêmes, mais regarder à Christ pour comprendre que là encore, sa Gloire est en jeu.
Décaler le regard ainsi permet de se fixer les véritables priorités et de travailler le cœur même des personnes (et pas seulement leur comportement ou leur motivation). Cela nous permet également d’accompagner ces personnes dans la libération ou le renoncement de certaines de leurs idoles, celles qui les empêchent de se projeter plus loin dans le plan magnifique et glorieux de Dieu.
CS Lewis l’a bien dit
Je crois dans le christianisme autant que je crois dans le soleil qui se lève, pas seulement parce que je le vois mais parce que grâce à lui, je vois toutes les autres choses.
Samuel LAURENT est psychologue, conseiller et enseignant en relation d’aide biblique. Il est particulièrement intéressé par les questions de théologie pratique et des implications concrètes de l’Évangile dans la vie de l’être humain. Il est marié à Pauline. Ils ont trois enfants.
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Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
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R. Charrier