“Ne mentionnez surtout pas la croix!” Cette attitude aurait probablement été celle de n'importe quel citoyen romain au premier siècle. Pour comprendre la grandeur de ce que Christ a accompli à la croix, il faut comprendre l'horreur que la crucifixion représentait.
Parler de la croix ne nous choque pas, surtout en tant que chrétiens. La croix est le symbole du christianisme, que l’on retrouve sur des pendentifs ou des bâtiments sans aucune gêne.
Cependant, à l’époque où Jésus a été crucifié, la croix était un sujet d’horreur dont peu osaient parler. C’était un des moyens de mise à mort les plus cruels. La crucifixion était réservée aux criminels, à ceux que l’on voulait humilier. Il n’y avait rien de glorieux dans la crucifixion: ce n’était que cruauté, honte, et faiblesse. C’est ce qu’explique Cicéron, un philosophe et homme d’État du 1ᵉʳ siècle:
Lier un citoyen romain est un crime, le fouetter est une abomination, le tuer est presque un acte de meurtre: le crucifier est.. Quoi? Il n'y a pas de mot approprié pour décrire un acte aussi horrible1.
Ailleurs, Cicéron s’exclame en ces termes:
Mais un bourreau, mais ce voile qui enveloppe la tête, mais le nom même de la croix! Qu’un tel opprobre non seulement ne menace plus les citoyens romains, mais ne souille plus même leur pensée, leurs oreilles, leurs yeux2.
Bref, la croix n’était pas un sujet de discussion populaire au 1ᵉʳ siècle. On évitait d’en parler, et si on le faisait, c’était avec horreur et gêne.
Cela nous aide à comprendre pourquoi Paul décrit la croix comme étant folle et scandaleuse en 1 Corinthiens 1.22-24:
Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
La croix est un scandale pour les Juifs, car ce qu’ils recherchent, ce sont des miracles. L’histoire du peuple d’Israël est remplie de miracles, de signes qui pointent vers la puissance de Dieu qui délivre et prend soin de son peuple. Les Juifs attendaient le Messie, et s’attendaient à un Messie puissant et conquérant aux yeux humains. Cependant, qu’est-ce que les chrétiens proclament? Un Messie crucifié. Quoi?! Quelle contradiction! Quel scandale!
La croix est une folie pour les païens, c’est-à-dire les non-Juifs (probablement les Grecs ici), car ce qu’ils recherchent, c’est la sagesse. Paul fait référence ici à la belle rhétorique grecque, à la sagesse du langage selon les critères humains de l’époque. Cette sagesse impressionne, en jette plein la vue. Cependant, qu’est-ce que les chrétiens proclament? Dieu qui s’est fait homme, pour sauver les êtres humains en étant crucifié... Quoi?! Quelle folie!
Que ce soit pour les Juifs ou pour les Grecs, le message de la croix est scandaleux. Il est fou. Cela se comprend lorsque l’on a en tête ce que la crucifixion représentait à l’époque. Qui voudrait d’un sauveur crucifié?
Et pourtant, Paul ne s’arrête pas là. Paul proclame haut et fort que Christ crucifié est la puissance et la sagesse de Dieu. C’est un message véritablement sage et véritablement puissant pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.
Peu importe ce que le monde pense de la croix, que ce soit à l’époque ou aujourd’hui, les chrétiens doivent rester attachés à ce message. C’est par la croix que nous avons la sagesse de Dieu, c’est-à-dire la justice, la sainteté, et la rédemption de nos péchés (cf. 1Co 1.30). C’est par la croix qu’il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient. La croix est folle et scandaleuse, mais elle pointe vers la sagesse et la puissance de Dieu, en laquelle les chrétiens se glorifieront éternellement.
1. Cicéron, Contre Verrès, II.5.66, paragraphe 170.
2. Rab. Perd. 5.16. Cité par Thomas Schreiner, 1 Corinthiens, p.101.
webinaire
COCA: une méthode simple pour comprendre et appliquer la Bible
Découvre ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk enregistré le 13 octobre 2016.
Orateurs
S. Kapitaniuk