Le miracle ordinaire du culte chrétien. Les disciples sur le chemin d’Emmaüs (2/2)

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      Dans mon article précédent, nous avons vu comment Jésus rejoint les deux disciples désorientés sur le chemin d’Emmaüs (Lc 24.13-32). Il les écoute, les enseigne, sans se révéler tout de suite. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette patience ? Lisez le premier article pour le découvrir.

      Dans cet article, nous allons découvrir que Jésus ne veut pas simplement que nous croyions en lui, mais que nous brûlions pour lui. Ce qu’il fait avec ces deux disciples révèle en grande partie son plan pour notre croissance spirituelle.

      Jésus prend l’initiative pendant le repas

      Après cette longue marche et cette étude des Écritures, Jésus semble vouloir poursuivre sa route. Mais les disciples le pressent de rester. Ils insistent. Il accepte. Ce personnage qu’ils ne reconnaissent toujours pas est déjà en train de les bouleverser.

      Le repas commence, et là encore, Jésus surprend. Il n’est que l’invité, mais il prend la place de l’hôte. Il agit comme le père de famille : il prend le pain, le bénit, le rompt et le donne.

      Ce geste n’est pas anodin. Les mêmes mots apparaissent lors de la multiplication des pains (Lc 9) et surtout, lors de l’institution de la cène (Lc 22).

      Jésus rappelle la Pâque

      La Pâque juive rappelait la délivrance d’Israël hors d’Égypte : un agneau était sacrifié pour un repas partagé en famille en mémoire de l’Exode. Lors de son dernier repas de Pâque, Jésus, l’Agneau de Dieu, met à jour ce rite en instituant la sainte cène, un repas symbolique racontant son propre sacrifice. Son corps qui serait brisé comme du pain et son sang qui coulerait comme du vin pour sceller la nouvelle alliance.

      Les deux disciples voient (très probablement) les mains percées tenir le pain rompu, et c’est à cet instant précis que leurs yeux s’ouvrent.

      Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut de devant eux. Ils se dirent l’un à l’autre : “Notre cœur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ?”

      Luc 24.31-32

      Ce pain que rompt Jésus avec ses disciples n’est pas magique. C’est un signe symbolique chargé de sens. Il reconnecte les disciples à tout ce qu’ils connaissent de Jésus : ses paroles, ses promesses, sa mort… et désormais, sa vie ressuscitée.

      Ils réalisent ce qu’ils viennent de vivre : “Notre cœur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ?”

      Le feu dans leur cœur venait de la Parole, et la reconnaissance finale vient du pain rompu.

      Le changement est radical : ils passent du froid du doute au feu bouillant de la foi. Non par des miracles spectaculaires, mais par l’Écriture expliquée et la communion partagée autour du symbole de leur salut.

      Un retournement spectaculaire

      Jésus les a délivrés de leur aveuglement. Ils le reconnaissent désormais. Il est vivant. Il a accompli tout ce qu’il avait annoncé. Ils savent que Jésus est présent au milieu d’eux, où qu’ils soient, même s’ils ne le voient pas. Aussitôt, ils repartent vers Jérusalem. Douze kilomètres de nuit, sans attendre. Ils ne fuient plus la communauté, ils veulent la retrouver et témoigner à tous que Jésus est bien ressuscité.

      Jésus aurait pu se révéler immédiatement. Avant d’ouvrir leurs yeux physiques, Jésus a voulu ouvrir les yeux de leur cœur. Mais il a préféré une pédagogie patiente : ouvrir leur intelligence aux Écritures et leurs yeux par la fraction du pain.

      Comment Jésus se révèle-t-il à nous aujourd’hui ?

      Jésus n’est plus visible à nos yeux. Mais il continue de révéler sa présence à son peuple par des moyens simples mais puissants :

      • l’enseignement de la Parole centrée sur lui,
      • la communion de l’Église autour de lui,
      • les sacrements du baptême et de la cène.

      Pourquoi a-t-il institué ces ordonnances ?

      Par le baptême, nous proclamons notre union à Christ dans sa mort et sa résurrection (Rm 6.3-6). Par la cène, nous rappelons que notre vie dépend de son sacrifice, et que nous attendons son retour. Ce sont des symboles donnés pour :

      • rendre visible la foi que nous confessons,
      • marquer l’appartenance publique au peuple de Dieu,
      • entretenir notre communion avec Christ et les uns avec les autres,
      • et, ce faisant, distinguer son Église du monde.

      Sur quoi repose votre foi et votre compréhension de Jésus ?

      Sur vos expériences ? Vos impressions ? Vos émotions fluctuantes ? Ou sur la Parole de Dieu, solide, vivante, inébranlable ?

      Jésus ne veut pas simplement que vous croyiez vaguement en lui. Il veut que vos cœurs brûlent pour lui.

      Et même si aujourd’hui vous êtes comme ces disciples sur la route d’Emmaüs — loin, déçus, pleins de doutes — cela ne l’arrête pas. Il ne se lasse pas de vous. Jésus aime rejoindre ceux qui s’éloignent, là où ils sont, pour rallumer la flamme de leur foi. Vous savez quelle pédagogie il va utiliser pour faire brûler vos cœurs à nouveau :

      • Croyez qu’il est présent et que vous pouvez lui parler de tout. Absolument tout.
      • Chaque jour, prenez le temps de méditer les Écritures, de lui parler dans la prière.
      • Vivez la communion de l’Église pleinement. Ne négligez ni le culte, ni l’écoute de la Parole prêchée, ni les sacrements.

      Vous trouverez peut-être ça basique.

      Mais c’est ce que nous recommande Jésus. C’est accessible à chacun de nous. C’est par ces moyens simples et puissants que le Christ ressuscité se révèle encore aujourd’hui à son peuple.

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      Raphaël Charrier

      À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

      Après un premier poste pastoral à plein temps à l’ECE de Grenoble pendant 9 ans, il partage aujourd'hui son ministère entre une charge pastorale à Sola Gratia, l'enseignement dans des institutions de formation théologique, l’écriture et le blogging. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur de plusieurs livres, dont Vivre pour Jésus qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne.

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