Menacé de mort, il témoigne sans relâche

      PersécutionTémoignage
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      Sur son portable, il fait défiler devant mes yeux des quantités de numéros. La liste semble interminable. Toutes ces personnes lui envoient des messages pour lui poser des questions sur la foi. De prime abord, c’est encourageant, mais au vu des risques qu’il court pour parler de Jésus, c’est à couper le souffle! Saleh¹ est un chrétien yéménite dont la tête est mise à prix, parce qu’il annonce inlassablement l’Évangile à tous ceux qui croisent son chemin.

      D’après l’Index mondial de persécution des chrétiens publié par l’ONG Portes Ouvertes, en 2025, le Yémen est classé au troisième rang des pays où les chrétiens sont persécutés dans le monde. Ce pays, à majorité musulmane, est également connu pour sa pauvreté généralisée. Au Yémen, l’eau potable est une denrée rare. Trouver un travail relève d’un miracle. Ce pays est enlisé dans une guerre d’usure qui a commencé en 2014.

      Le "fou de Dieu"

      — Macaroni, macaroni, macaroni…

      Voilà la réponse de Saleh lorsqu’il m’explique ce qu’il mange au Yémen. Un plat de pâtes par jour, quand il y en a. Imaginez sa réaction lorsqu’il a découvert, dans les restaurants chinois, le concept de "buffet à volonté".

      — C’était le ciel descendu sur terre, déclare-t-il.

      Ça fait réfléchir, non? J’ai demandé à Saleh comment il vivait le fait que Dieu donne beaucoup à certains, et très peu à d’autres. Je ne m’attendais pas à cette réponse:

      — Je suis triste pour mon peuple, mais quand je viens chez vous, je suis reconnaissant. Je suis aussi jaloux et énervé par une chose: votre liberté pour annoncer l’Évangile. Je suis ici pour réveiller le cœur des gens.

      La remarque de Saleh nous remue, et c’est une bonne chose. Laissez-moi vous expliquer ce que Saleh a enduré pour sa foi. L’un de ses amis a été assassiné devant ses quatre enfants, parce qu’il est devenu chrétien. “Voilà le sacrifice de l’Église yéménite”, a déclaré Saleh. Il est activement recherché et reçoit des menaces de mort. Il a déjà été emprisonné à quatre reprises et battu au point de perdre connaissance. Dans son pays, on l’a même surnommé le "fou de Dieu". En effet, il s’est mis à parler de Jésus devant une mosquée. Au Yémen, l’apostasie, le fait de renier l’islam, est passible de la peine de mort. Les lois interdisent d’annoncer Jésus. Plusieurs groupes terroristes comme Al-Qaïda sont présents dans le pays. L’Église yéménite est exclusivement souterraine.

      Un message adressé aux Français

      Oui, Saleh est jaloux de notre liberté et je le comprends. Invité en tant qu’orateur lors d’un événement chrétien, il témoigne d’une voix forte et convaincue:

      — Je pourrais être un bon chrétien et rester chez moi. Être fidèle à mon Église et rester tranquille. Alors pourquoi est-ce que je parle toujours malgré la persécution? Si je ne parle pas de Jésus, à quoi sert ma foi? Jésus a fait couler son sang pour le monde, ne mérite-t-il pas qu’on aille parler de lui aux autres? Jésus a offert sa vie à ma place, il m’a sauvé de tous mes péchés, il m’a libéré. Aujourd’hui, je suis son enfant, voilà ce qui me pousse à aller parler de lui.

      Saleh nous invite ici à nous interroger sur l’utilité de notre foi. Cela m’a un peu gênée… après tout n’est-ce pas Jésus-Christ qui donne à notre foi toute sa valeur? Doit-elle être utile pour valoir quelque chose? Qu’avons-nous à lui ajouter? Pourtant, un verset me vient en tête:

      C’est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi le salera-t-on? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds des hommes.

      Matthieu 5.13

      Ce verset est placé tout au début du Sermon sur la montagne, un discours dans lequel Jésus-Christ rappelle que ceux qui sont persécutés à cause de la justice recevront le royaume des cieux. Il dit même qu’ils doivent se considérer comme "heureux". Être sel de la terre nous renvoie donc à notre responsabilité: nous sommes appelés à avoir un comportement qui soit fidèle aux enseignements de Dieu. Cela implique de vivre, mais aussi de partager la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus-Christ. L’Église du Yémen est appelée à être le sel du Yémen, mais elle est aussi appelée à être une lumière qui doit briller comme une ville située sur une montagne, visible de tous (Mt 5.14). Or, être visible au Yémen, c’est encourir la mort.

      En aparté, j’ai demandé à Saleh ce qu’il nous dirait, à nous qui vivons en France, pour nous encourager à surmonter nos peurs de témoigner de Jésus. Sa réponse a été très claire:

      — Je suis étonné par cette question: Jésus est avec vous. Pourquoi avoir peur? Vous n’avez qu’à sortir, vous avez toutes les libertés. La France n’est pas le Yémen.

      Un zèle qui rafraîchit

      Peut-être êtes-vous en train de terminer de lire cet article la boule au ventre. J’ai moi aussi été bouleversée par les paroles de Saleh. Ce frère a vu des centaines de personnes venir à Jésus, pourtant personne ne lui a appris à témoigner. Il a commencé tout seul, par obéissance. Lorsque je lui ai demandé les conseils qu’il nous donnerait pour rejoindre et toucher nos contemporains, il m’a répondu:

      — Avoir un cœur pour Dieu, lui obéir et laisser le Saint-Esprit agir au travers de nous.

      Saleh a une personnalité très amicale et entière et il porte un message radical. Ces deux aspects de sa personne m’ont beaucoup inspirée. Un soir, après l’avoir écouté, je discutais très ouvertement de la foi avec mon mari dans le RER. Trois personnes d’une trentaine d’années ont éclaté de rire. L’une d’entre elles, une jeune femme en particulier, rigolait avec insistance. Aujourd’hui encore, je ne peux pas vous dire si elle était gênée ou étonnée.

      Lorsque ces jeunes ont rigolé, j’ai pensé à Saleh qui fait face à une tout autre forme de rejet et cela m’a donné du courage. Je me suis donc adressée à ces jeunes et je leur ai dit que Jésus-Christ avait bouleversé ma vie, qu’il est vivant et que si elles avaient des questions sur la foi, j’étais prête à y répondre. La jeune femme qui rigolait m’a dit:

      — Faut-il aller vers Dieu lorsqu’on souffre?

      — Oui, lui ai-je répondu, mais aussi quand tout va bien.

      Puis je leur ai parlé des larmes de Jésus-Christ et de bien d’autres choses. Cette jeune femme m’a regardée silencieusement. J’ai ajouté:

      — Je viens d’entendre comment un Yéménite est devenu chrétien. Ce n’est pas aujourd’hui que j’aurai honte du Christ (et j’aurais dû préciser: que ce ne sera jamais le cas!).

      Lorsque je leur ai proposé un évangile, ils ont refusé, mais ils étaient assis à côté d’un homme, qui lui m’a demandé s’il pouvait en acheter un. Je le lui ai bien sûr offert. Au moment où ces jeunes partaient, nous nous sommes salués respectueusement et dans la paix.

      Oui, Saleh m’a encouragée. Il témoigne auprès de quiconque est prêt à l’écouter lors de ses déplacements à l’étranger. En France, il a déjà annoncé l’Évangile à une vingtaine de personnes. À la suite de son témoignage en plein cœur de Paris, quelqu’un a reconnu Jésus comme son Sauveur. À la fin de l’événement auquel Saleh participait en tant qu’orateur, je discutais avec un agent de sécurité musulman. Il me disait:

      — Je suis triste de voir que vos églises se vident.

      Je lui ai parlé de ma foi, simplement. Puis Saleh nous a rejoints. Ils ont commencé à discuter en arabe, Saleh a prié pour cet homme et j’ai pu lui offrir un évangile.

      Quant à Saleh, je ne serais pas étonnée qu’après notre discussion, il prenne encore le temps de répondre aux centaines de messages qu’il reçoit sur son téléphone.

      Le zèle de Saleh peut surprendre, d’autant que, comme chacun d’entre nous, il a de nombreuses autres responsabilités. Comme nous, il doit dégager du temps dans son quotidien déjà chargé pour annoncer l’Évangile. Saleh est simplement déterminé à partager l’Évangile par amour et nécessité, comme le faisait l’apôtre Paul:

      Si j’annonce l’Évangile, il n’y a pour moi aucun sujet de fierté, car c’est une nécessité qui m’est imposée, et malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile!

      1 Corinthiens 9.16

      Le témoignage de Saleh nous bouscule, mais il doit faire plus que cela: il doit nous amener à prendre nos responsabilités et à annoncer l’Évangile autour de nous.


      Clémentine Bernard Gaye

      Clémentine Bernard Gaye

      Clémentine est aujourd’hui évangéliste chez France Évangélisation. Après avoir travaillé pendant 14 ans au service des chrétiens persécutés au sein de la mission Portes Ouvertes, elle est désormais engagée auprès d’un ministère jeunesse à Strasbourg. Mariée à Paul, ils ont à cœur leur Église locale et s’intéressent à l’implantation d’Églises.

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