Un pasteur toulousain, Jonathan Spencer, était invité au séminaire E21 en 2018 à Genève pour enseigner à propos de l’adoration (worship). Son intervention rafraîchissante m’a rappelé un super petit livre (petit mais costaud) de Vaughan Roberts que je résume et adapte ici pour nos lecteurs francophones. Attention, ça décoiffe.
Ce petit livre répond aux questions « C’est quoi le culte? » et « Comment fait-on pour adorer Dieu? ». Au prime abord, ce sont des questions simples, mais ce n’est finalement pas si facile d’y répondre.
Si on se les pose, c’est surtout parce que Dieu est à la recherche de vrais adorateurs (Jn 4.23). Et parce que logiquement, cette recherche de Dieu implique qu’il existe une fausse manière de l’adorer.
Résumé: Le vrai worship de Dieu le Père est seulement possible par Dieu le Fils, au travers de Dieu l’Esprit en entendant la vérité de Dieu par sa Parole, la Bible.
Nous ne devons pas séparer l’Esprit et la vérité: ni identifier le travail de l’Esprit à un moment d’émotion (au travers des chants par exemple), ni identifier le travail de la Parole à un moment cérébral (étude biblique). Non, Dieu l’Esprit utilise la vérité, sa Parole, pour nous guider à Christ, pour faire de nous de vrais adorateurs et nous maintenir dans une vie d’adoration.
Voici 3 vérités importantes de cette conversation dans Jean 4.19-24 entre Jésus est la Samaritaine à propos des vrais adorateurs de Dieu:
Résumé: La Bible insiste sur le fait que le vrai worship est le don de toute une vie, pas une activité du dimanche matin entre 4 murs. Romains 12.1-2 est un bon résumé de l’enseignement global à propos du vrai culte.
À votre avis, entre Jeanne qui pardonne à sa collègue alors qu’elle vient de [foutre] en l’air plusieurs heures de travail, Jean qui commande un jus de fruit alors que ses potes se resservent une pinte, et Pierre qui chante à tue-tête son CD de worship dans la voiture. Lequel des 3 est un adorateur comme la Bible le décrit?
1. Le vrai culte requiert le souvenir, un rappel, de la grâce de Dieu (Rm 12.1a). Dans les chapitres précédents (Rm 1-11), Paul décrit cette grâce. Dans les chapitres suivants (Rm 12-15), Paul décrit la bonne réponse à celle-ci: ce qu’on devrait faire en réponse à cette grâce. Donc Romains 12.1-2 est un verset charnière. La compréhension de la grâce de Dieu est le carburant qui nous rend capables d’adorer dans tous les aspects de notre vie. Comme Valjean dans Les Misérables qui est transformé par sa rencontre avec l’évêque Myriel.
Certains se régalent d’entendre parler de Christ et de son sacrifice à la croix dans les premières années de leur vie de chrétien. Mais ils finissent par penser, le temps aidant, qu’il faut évoluer vers un niveau supérieur. Quelque chose de plus consistant. C’est très dangereux. Comme on dit, la grâce n’est pas le b-a-ba de la vie chrétienne, mais le A-Z.
2. Le vrai culte requiert le sacrifice de mon corps, de mon être tout entier (Rm 12.1b). Dieu demandait les sacrifice d’animaux dans l’Ancienne Alliance pour préfigurer le sacrifice ultime de Jésus. Aujourd’hui, Dieu n’a pas besoin de sacrifices pour nous être favorable. Parce que c’est Jésus qui a fait cela.
Mais Romains 12.1 parle d’un sacrifice qui est « raisonnable » (logique): moi. Et puisque ce sacrifice est logique et raisonnable, l’adoration fait fonctionner ma raison, contrairement à ce que la « spiritualité » de notre temps tente de nous faire croire. La raison et le corps sont importants, parce qu’adorer Dieu c’est repenser ce que je fais de mes mains, de ma langue, de mes yeux, de mes pieds, de mon sexe…
3. Le vrai culte requiert l’obéissance à la volonté de Dieu dans tous les aspects de ma vie (Rm 12.2). On ne peut pas juger de la qualité de l’adoration d’une Église en observant l’heure où elle se réunit le dimanche. Le vrai test, c’est l’attitude des adorateurs le reste de la semaine. Les chapitres 12 et 13 de Romains sont un exposé de ce à quoi ressemble la vie d’un adorateur dans différentes relations:
Ma relation à moi-même:
Je dis à chacun de vous de ne pas avoir une trop haute opinion de lui-même, mais de garder des sentiments modestes.
Rm 12.3-8
Ma relation aux autres chrétiens:
Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres et rivalisez d’estime réciproque.
Rm 12.9-16
Ma relation à mes ennemis:
Ne rendez à personne le mal pour le mal.
Rm 12.17-21
Ma relation à l’autorité:
Que chacun se soumette aux autorités qui nous gouvernent.
Rm 13.1-7
Ma relation aux standards de Dieu:
…sans orgies ni ivrognerie, sans immoralité ni débauche, sans dispute ni jalousie.
Rm 13.8-14
Puisque l’Église n’est pas un bâtiment mais le rassemblement de chrétiens, certains ont déjà décidé de bannir de leur vocabulaire « je vais à l’Église ». Vaughan Roberts semble envisager de bannir « rendre un culte ». Mais alors, pourquoi est ce que les chrétiens se rassemblent le dimanche? Réponse dans les 2 prochains chapitres.
Résumé: Le Nouveau Testament enseigne que nos rassemblements ne sont pas dirigés de nous vers Dieu, mais plutôt de Dieu vers nous. Étonnant, non? Pourquoi cette idée nous paraît si étrange? Parce que nous continuons d’adorer comme dans l’Ancienne Alliance.
4 mots sont utilisés dans le Nouveau Testament pour décrire l’adoration, ce qui se fait durant ces rencontres, mais ils ne sont jamais utilisés pour définir le but de nos rencontres.
Dans l’Ancienne Alliance, le sens de l’adoration allait du peuple vers Dieu. Mais Jésus a tout accompli. Il a amené le système sacerdotal, le temple et les sacrifices à leur but final. Tout cela n’était que temporaire, des « ombres »; c’est le message de l’épître aux Hébreux. Dans cette lettre, des chrétiens sont justement, de part leurs origines juives et une forte persécution, tentés de retourner à l’ancien système d’adoration. L’auteur montre que ce serait une grossière erreur. Jésus est le prêtre parfait, le sacrifice parfait et l’accès parfait à Dieu le Père. Il n’y a donc plus besoin de lieu, d’intermédiaire (médiateur/prêtre) ou de sacrifices expiatoires. L’ancienne manière d’adorer n’a plus lieu d’être parce que Jésus a tout accompli.
Résumé: « L’Église est avant tout une station-service où les chrétiens sont servis pour qu’ils puissent mieux servir Dieu » (p. 60).
Cet encouragement prend la forme de 2 actions:
La conclusion des deux chapitres précédents est que nos rassemblements visent premièrement le service de Dieu envers nous plutôt que notre adoration envers lui. Ce n’est plus nous qui servons mais Dieu qui nous sert au travers de:
Même si l’adoration n’est pas le but premier de notre rassemblement, c’est aussi vrai qu’une partie de notre rassemblement exprime envers Dieu:
Notre rassemblement hebdomadaire, c’est la volonté de rencontrer les autres chrétiens tout autant que de “rencontrer Dieu”. L’idée qu’un chrétien puisse vivre en « solo » devient carrément déplacée. De même qu’un « culte sur internet » paraît complètement manquer ce but. Parce que notre dépendance est grande envers les autres membres du corps.
De plus, cette vision nous donne aussi une motivation supplémentaire pour arriver avant l’heure et repartir un peu plus tard. Et les questions qu’on se pose pour participer (et pas consommer un tel moment) sont: Y a-t-il un nouveau à accueillir, un faible à encourager, quelqu’un à inviter?
La Bible dans son ensemble nous encourage à chanter. C’est un fait indiscutable. Mais pourquoi?
Le danger avec cette idée de voir un moment de chant comme une communion spéciale avec Dieu, c’est non seulement une mauvaise adoration, mais c’est aussi:
La Bible montre au moins 2 raisons pour lesquelles nous chantons. Elle dit que nous devrions chanter:
La première institution du repas du Seigneur (Mt 26.17-30; Mc 14.12-26; Lc 22.7-23) était:
Deux autres passages du Nouveau Testament nous révèlent ce que ce repas signifiait pour Paul (1Co 10.14-22; 11.17-34) et correspondent à:
webinaire
Comment organiser des cultes pour chrétiens et non chrétiens?
Ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk et Franck Godin a été enregistré le 3 juillet 2018.
Orateurs
F. Godin et S. Kapitaniuk