L'Immaculée Conception de Marie est un enseignement catholique promulgué en tant que dogme en 1854. Le but de cet article est de montrer que la Bible ne contient aucune trace d'un tel enseignement, et le contredit plutôt de manière explicite.
L’Immaculée Conception est l’enseignement catholique selon lequel Marie aurait été préservée du péché originel dès le moment de sa conception. Selon ce dogme, Marie n’aurait jamais connu le péché. Cet enseignement a été promulgué comme dogme officiel au sein de l’Église catholique en 1854 par le pape Pie IX.
Voici ce qu’affirme la bulle papale Ineffabilis Deus:
Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine selon laquelle la bienheureuse Vierge Marie fut, dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège spécial de Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute souillure de la faute originelle, est révélée de Dieu, et que, par conséquent, elle doit être crue formellement et constamment par tous les fidèles1.
L’enseignement catholique va plus loin que cela, affirmant que non seulement Marie a été, dès sa conception, "totalement préservée de la tache du péché originel", mais aussi qu’elle est "restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie" (Catéchisme de l’Église catholique, 508).
L’enseignement catholique précise bien que cette "sainteté éclatante absolument unique" (CEC, 492) de Marie ne vient pas d’elle-même, mais des "mérites de Jésus-Christ". Néanmoins, la question se pose: sur quelle base repose cet enseignement? Pourquoi serait-ce quelque chose que nous devrions croire?
Le lecteur attentif et familier avec le texte biblique reconnaîtra que cet enseignement ne trouve aucune base dans l’Écriture. La Bible n’enseigne jamais, que ce soit sous forme explicite ou implicite, que Marie aurait été préservée du péché dès sa conception, et encore moins qu’elle serait restée exempte de tout péché personnel pour le restant de sa vie.
Un passage est parfois mentionné comme amenant potentiellement au dogme de l’Immaculée conception, comme on le voit dans l’article 491 du Catéchisme de l’Église catholique:
Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu (Lc 1.28), avait été rachetée dès sa conception. C’est ce que confesse le dogme de l’Immaculée conception, proclamé en 1854 par le pape Pie IX.
Selon le Catéchisme de l’Église catholique, dans Luc 1.28 Marie est décrite comme étant celle qui est "comblée de grâce", ce qui signifierait, comme le pape François l’a exprimé dans un discours, qu’il n’y avait en elle “pas de place pour le péché”2.
Dans la pensée catholique, l’appellation de Marie comme étant "pleine de grâce" (que l’on trouve dans les traductions catholiques de Luc 1.28) prouverait plusieurs choses.
D’abord, Marie serait "pleine de grâce", et donc pourrait être source de grâce pour les autres. Il serait possible de venir à elle pour obtenir la grâce de Dieu.
Ensuite, cette grâce ne se limiterait pas à sa mission de Mère du Messie, mais pointerait également vers la grâce que Dieu lui aurait faite d’être exempte du péché originel (dogme de l’Immaculée conception).
Les versions protestantes traduisent généralement par “toi à qui une grâce a été faite”, ou une traduction similaire (COL, S21, BDS similaire). La traduction "pleine de grâce" vient de la Vulgate.
Est-ce que la traduction "pleine de grâce" est la meilleure?
Il semble difficile de soutenir qu’une telle traduction est meilleure, et encore moins qu’elle serait la seule bonne manière de traduire ce verset. Le verbe utilisé, χαριτόω, fait référence à une grâce qui est donnée3.
C’est ainsi que le verbe est utilisé ailleurs dans le N. T., dans Éphésiens 1.6 (à l’indicatif aoriste). Dans Éphésiens 1.6, il est évident qu’il est question d’un cadeau que Dieu nous fait (ici, en l’occurrence, il est question de la grâce du salut). Oui, cette grâce est abondante, mais il est clair qu’elle vient de Dieu et qu’il ne s’agit pas de quelque chose que nous posséderions en nous-mêmes. (C’est d’ailleurs la définition même de la grâce, d’être quelque chose que l’on ne mérite pas!)
De plus, si Luc avait voulu dire que Marie était pleine de grâce, il aurait pu utiliser la même formulation qui est utilisée ailleurs dans le N. T. pour parler de Jésus ou d’Étienne, qui sont "plein de grâce" (Jn 1.14; Ac 6.8). Ce n’est pas cette formulation qui est utilisée dans Luc 1.28.
Il n’est donc pas question dans Luc 1.28 d’une grâce que Marie possèderait en elle-même. Il s’agit plutôt d’un cadeau que Dieu lui fait. Marie n’est pas la source de la grâce, mais la bénéficiaire de la grâce. La grâce lui est bel et bien donnée, mais aucune mention n’est faite d’un rôle par lequel elle serait amenée à être celle par qui la grâce serait transmise à d’autres.
Comme le théologien allemand Johann Albrecht Bengel le dit, dans Luc 1.28, “elle est appelée ainsi, non pas comme mère de la grâce, mais comme fille de la grâce”4.
Il nous faut donc conclure avec Jean Calvin:
Et si ainsi est que Marie a eu félicité, justice et vie, de l’amour gratuite de Dieu, si ses vertus et toute son excellence n’ont été autre chose qu’une pure libéralité de Dieu, nous pouvons bien dire que c’est renverser tout ordre, quand on enseigne qu’il faut demander à la Vierge ce qu’elle a eu comme nous5.
Le contexte rend cela explicite, car quelques versets plus loin, la notion de grâce faite à Marie revient, en explicitant ce qu’est cette grâce:
30 L’ange lui dit: Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31 Voici: tu deviendras enceinte, tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus.
Luc 1.30-31
De manière évidente, la grâce qui est faite à Marie ici est le privilège d’être enceinte et d’enfanter celui qui est le Messie.
L’enseignement catholique va plus loin, affirmant que cette grâce ne se limite pas au rôle de Marie d’être la mère du Messie, mais pointe également vers le fait que Marie aurait été préservée du péché originel à sa conception (dogme de l’Immaculée Conception). Pourtant, rien dans le contexte de Luc 1 ne permet de penser que la grâce en question ferait référence à la sainteté.
Pourtant, le fait que le verset fasse référence à une grâce qui a été donnée dans le passé n’exclut pas que cette grâce soit liée au rôle de Marie en tant que Mère du Messie. La Bible dit bien que la grâce de Dieu nous a été donnée “dès avant les temps éternels” (2Tm 1.9), bien avant que l’on soit en possession du salut. La grâce peut être donnée à l’avance tout en faisant référence à un événement qui arrivera dans le futur. (D’ailleurs, Éphésiens 1.6, seule autre utilisation du verbe χαριτόω, va probablement dans ce sens.)
Ainsi, rien dans le contexte de Luc 1.28, ni dans le texte lui-même, n’amène à penser qu’une grâce spéciale – qui la préserverait du péché originel – aurait été faite à Marie. Luc 1.28 n'enseigne pas l'Immaculée Conception.
Non seulement la Bible n'enseigne pas positivement l’Immaculée Conception de Marie, mais il faut aller plus loin que ça: la Bible rend impossible toute pensée selon laquelle Marie aurait été préservée du péché.
Dans le Magnificat (Lc 1.46-55), Marie s’adresse à Dieu comme étant “Dieu, mon Sauveur”. Cette appellation n’est pas anodine. Marie se reconnaît être une femme comme les autres, qui a aussi besoin de Dieu comme Sauveur, car elle est également concernée par la présence et la culpabilité du péché humain.
À cela, il faut ajouter l’enseignement clair de l’Écriture sur l’universalité du péché humain. La Bible l’exprime sans aucun doute:
Il n’y a pas de juste, pas même un seul.
Romains 3.10
Tous se sont égarés, ensemble, ils sont pervertis, il n’en est aucun qui fasse le bien.
Romains 3.12
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Romains 3.23
Dans les trois premiers chapitres de la lettre aux Romains, Paul s’efforce de montrer la culpabilité universelle des êtres humains, peu importe où ils se trouvent. Tous sont pécheurs et coupables devant Dieu: personne n’y échappe. Cela concerne chaque être humain, y compris Marie.
Il est vrai que Jésus est exclu de ce constat. Il est humain, comme nous, mais sans le péché. Quelqu’un pourrait objecter, comme je l’ai entendu récemment: “Mais si Jésus est exclu de cette liste, alors pourquoi ça ne peut pas être le cas de Marie? C’est bien la preuve que le "tous" ne concerne pas tout le monde!”
En ce qui concerne Jésus, il est exclu de cette liste, car la Bible enseigne très clairement qu’il n’est pas pécheur et qu’il n’a jamais connu le péché. Il est, selon les paroles de 2 Corinthiens 5.21, “celui qui n’a point connu le péché”. Ou encore, il est "le juste" qui a accepté de souffrir pour "des injustes" (cf. 1P 3.18). Jésus n’est pas concerné par le constat de Paul, tout simplement parce que la Bible nous dit que c’est le cas!
En ce qui concerne Marie, la Bible ne contient aucune affirmation ni allusion qui irait dans ce sens. Il est donc impossible de conclure que Marie ferait exception au constat de Paul, et de la Bible toute entière. Il faut plutôt conclure que l’enseignement biblique rend impossible toute idée de Marie qui aurait été préservée du péché originel, et qui serait restée sans péché par la suite.
Sur quoi donc se base le dogme catholique de l’Immaculée conception?
Il y a donc là une raison suffisante de rejeter les enseignements de Rome, qui prétendent enseigner la vérité tout en rejetant explicitement la vérité révélée par Dieu dans l’Écriture. Il faut fuir ces enseignements qui éloignent de la suffisance de l’Écriture et de la grandeur de Jésus, pour rester attaché à “la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes” (Jd 1.3).
webinaire
Islam: 7 choses que les chrétiens devraient savoir
Découvre le replay du webinaire de Karim Arezki, enregistré le 6 mars 2017.
Orateurs
K. Arezki