Pourquoi les catholiques invoquent-ils Marie?

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Cet article est une transcription du podcast Ask Pastor John¹ de John Piper, traduite de l’anglais. Il s’agit d’une interview de l’historien Michael Reeves par John Piper. NDLR.

Pour nous, protestants, le fait que les catholiques prient Marie est un élément frappant du culte de l’église catholique romaine. Dans son tout dernier catéchisme, le Vatican insiste constamment sur l’intérêt et l’importance des liturgies, fêtes et prières dédiées à Marie.

Comment est apparue cette pratique? Pourquoi les catholiques invoquent-ils Marie?

Michael Reeves répond:

Bon, en fait, il y a deux explications à cela. La première est tout à fait acceptable. L’Église primitive et ses théologiens percevaient la vision paulinienne de Romains 5.12-25 sur Adam et Christ, comme une représentation fondamentale. Il y a deux hommes: Adam et le Christ, et nous dépendons tous de l’un d’eux pour notre salut. En Adam nous avons tous péché, et en Christ, ceux qui sont unis à lui sont sauvés.

Marie comme médiatrice?

Ce premier aspect a pris une telle dimension dans la théologie de l’Église primitive que les gens ont commencé à se demander où était la place d’Ève dans tout cela. Adam n’était pas le seul à avoir chuté. Ève aussi avait chuté. Ils ont donc admis qu’un homme et une femme étaient à l’origine de notre châtiment éternel.

En s’appuyant sur l’existence du premier et du dernier Adam selon Paul en 1 Corinthiens 15.22, quelques théologiens y ont vu une certaine logique et ont commencé à émettre l’hypothèse qu’une première Ève avait existé, et que Marie était la deuxième. Cela s’est ensuite transformé très très lentement en l’idée que Marie pouvait être co-participante à l’œuvre du salut.

C’est ainsi que le pape Jean-Paul II croyait en Marie en tant que co-rédemptrice, agissant pour notre rédemption aux côtés de Christ. Ce qui va complètement à l’encontre de ce qui est écrit en Actes 4.12:

Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom [Jésus-Christ] qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.

Mais c’était un concept théologique. Cela n’a pas vraiment rendu populaire la prière directe à Marie, jusqu’à ce qu’un autre événement n’intervienne.

Pour diverses raisons, de l’an 500 à 1500 environ, la représentation de Dieu s’est dramatiquement altérée. L’Évangile a été de plus en plus cloîtré. Sa lecture se limitait aux monastères, et les gens étaient mal instruits. Plus Dieu était méconnu, plus Christ était écarté. Les gens pensaient tout simplement ne pas pouvoir l’approcher. Ils ne le connaissaient pas comme leur sauveur. Et s’il était vrai que l’on ne pouvait pas s’approcher de Christ, le véritable grand-prêtre rempli de compassion qui intercède pour nous, alors nous avions besoin d’autres médiateurs entre nous et Christ.

C’est ainsi que l’idée s’est développée: « Si je ne peux accéder à Christ, je m’approcherai de sa mère qui lui dira un mot gentil pour moi. »

Les gens ont alors commencé à prier Marie afin qu’elle prie Christ, qui lui-même intercèderait auprès de son Père. Cela a pris une telle ampleur que Marie elle-même a acquis une position haut-placée qui l’a propulsée reine du ciel.

Tout le monde pensait: « Il vaut mieux que je prie sa mère pour lui présenter ma requête, pour qu’elle-même dise un mot gentil à Jésus. »

C’est ainsi qu’a commencé le culte d’Anne, mère de Marie.

Quand vous lisez la biographie de Martin Luther, vous apprenez que, jeune étudiant en droit, la foudre est tombée à ses pieds et l’a terrassé. Sa réaction immédiate a été de s’écrier: « Sainte Anne, sauve-moi et je me ferai moine! » Jusque-là, Luther n’avait jamais osé prier Dieu lui-même. Il ne priait que des saints, "médiateurs" entre Dieu et nous.

En Christ plutôt

Dans le cas de Luther, nous voyons aussi qu’il pensait ne pas pouvoir aimer Dieu. En effet, il a dit: « Je détestais le Dieu juste qui condamnait les pécheurs. » Il mentionne que lui et ses frères moines plaçaient leur affection ailleurs: en Marie et les autres saints. Marie, symbole de la mère aimante, semblait ressentir une compassion que Jésus n’avait pas.

À mon sens, cela explique pourquoi les catholiques italiens avec qui vous discuteriez aujourd’hui, vous donneraient non seulement l’impression que Marie a de l’importance à leurs yeux, mais surtout qu’ils l’aiment. On sent une affection vraie et sincère. J’insiste: pour eux, Jésus a perdu ce rôle de véritable grand-prêtre rempli de compassion. Vous avez alors besoin que quelqu’un d’autre se charge de ce travail.

Hébreux 4.14-16 serait la meilleure réponse théologique à fournir à quelqu’un qui prie Marie: Jésus est notre –souverain grand-prêtre– et nous pouvons aller à lui directement.

Je pense que c’est la chose à dire, car être irrespectueux envers Marie, n’est pas une attitude constructive. Mais annoncer que toute la compassion et l’œuvre de rédemption que vous recherchez en Marie se trouve de manière bien plus complète en Christ ne vous enlève rien. Au contraire, je vous offre un Évangile bien meilleur; un Dieu plus vrai et rempli de grâce.


¹Ask Pastor John (“Demandez au pasteur John”) est un podcast dans lequel les auditeurs posent des questions à John Piper. C’est le podcast qui a inspiré Un pasteur vous répond.
Article traduit de l’anglais, avec autorisation. © Desiring God Foundation. Source: desiringGod.org. Merci à Christine Davée pour la traduction.
Publié pour la première fois le 18 août 2021, remis en avant pour atteindre de nouveaux lecteurs.

Pour aller plus loin:

John Piper

John Piper est le fondateur du ministère desiringGod.org et président du Bethleem College and Seminary. Pendant plus de 30 ans, il fut le pasteur de l'Église baptiste de Bethleem à Minneapolis. Il est l'auteur de plus de 50 ouvrages dont Au risque d'être heureux. Ses sermons, articles, livres et autres ressources sont disponibles gratuitement sur desiringGod.org (en anglais).

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