7 étapes essentielles pour préparer un message dans la littérature prophétique

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      Dans notre dernière formation en ligne chez SOLA : Femmes Scriptura, nous avons consacré huit semaines aux principes d’interprétation et de communication bibliques. Cet automne, nous nous sommes concentrés sur la littérature prophétique, en choisissant le livre d’Habakuk comme texte de référence. Notre vision est d’inspirer et d’équiper les femmes pour qu’elles puissent transmettre les richesses de la Parole de Dieu dans leurs familles, auprès des femmes et des enfants de leurs Églises, et dans leurs communautés.

      Dans un article précédent, j’ai partagé des pistes pour enseigner les évangiles. Aujourd’hui, je vous propose des principes pour vous aider à rendre Habakuk accessible et vivant :

      I. Déterminez votre public

      Pour les laïques qui ne prêchent pas de la chaire semaine après semaine, il est important d’identifier le public auquel on s’adresse. Souvent, c’est une invitation ponctuelle lors d’un déjeuner, une conférence ou une retraite. On n’a pas toujours l’occasion, dans ces contextes, d’enseigner un livre prophétique du début jusqu’à la fin.

      Dans ce cas, on doit identifier et entrer en contact avec un public potentiellement inconnu. On doit également évaluer le temps consacré typiquement au message.

      II. Restez ancré dans le texte

      Pendant la préparation d’un message, il est important d’approfondir le texte bien avant de consulter des commentaires. Ils ont leur place dans votre processus, mais le danger de les consulter trop tôt est que vous passiez à côté de la découverte des trésors que recèle le texte. Demandez plutôt au Saint-Esprit de vous éclairer, de vous donner la sagesse et de vous convaincre de péché. Il est fidèle ! Il vous guidera dans la vérité !

      Un exercice qui vous aidera à approfondir votre passage consiste à l’imprimer, en double ou triple interligne, avec des marges très larges. Cela vous donnera beaucoup d’espace pour souligner, surligner et annoter. Avec un livre court comme Habakuk, ça vaut la peine d’imprimer l’intégralité du livre de cette manière. Cela aidera à établir des liens entre votre passage et le reste du livre.

      Si vous trouvez des éléments déconcertants, notez vos questions. Le même Esprit qui a parlé aux croyants à travers les âges est à l’œuvre dans votre vie. Il vous éclairera également. Prenez le temps de le laisser faire avant d’évaluer ce qu’il a enseigné aux érudits à travers leurs études.

      III. Faites ressortir le point principal du message (PPM)

      Lorsqu’on étudie la Bible pour l’enseigner, on se concentre souvent sur des questions importantes interprétatives liées à la structure et au contexte.

      Pour passer à l’étape suivante de la transmission, il est également important de penser à la communication efficace. Le premier pas consiste à affiner le point principal du message (PPM). Voici ce que je recommande pour vous aider à composer le PPM le plus percutant possible :

      1. Déterminez le lien le plus fort avec l’Évangile dans votre passage.
      2. Identifiez la réalité intemporelle concernant Dieu et sa nature qui sous-tend le message du texte.
      3. Identifiez l’impératif principal, explicite ou implicite.
      4. Rédigez un PPM qui pose les fondements de la vérité de l’Évangile comme moyen de mettre en œuvre l’impératif du passage.

      Exemple de mon PPM d’Habakuk 1.12-2.5 :

      Puisque Dieu est fidèle et juste, vivons par la foi au milieu de l’injustice.

      Remarquez la vérité fondamentale : “Notre Saint Dieu est notre Rocher.” C’est ce qui nous donne la force d’obéir à l’impératif “vivons par la foi.”

      En effet, chaque texte exige une réponse. Notre but n’est pas simplement de transmettre des informations. Il est plutôt que l’Esprit de Dieu utilise notre message pour transformer des vies. Un enseignant biblique bien connu a dit un jour :

      La Bible n’a pas été écrite pour satisfaire ta curiosité, mais pour t’aider à te conformer à l’image de Christ.

      IV. Resserrez votre plan

      Le plan de votre message doit être clair dès le début. Et sa répétition renforcera l’apprentissage. Vous pouvez vous en servir comme suit :

      1. Commencez par dire aux gens où vous les emmenez dans l’introduction du message.
      2. Emmenez-les à destination dans le corps du message.
      3. Terminez en leur disant où ils ont été dans la conclusion du message.

      Le plan doit découler de la structure du texte. Pendant votre étude initiale du texte, votre compréhension est focalisée sur ce que votre passage voulait dire pour les premiers destinataires. Mais lorsque vous passez au stade de votre plan homilétique, il doit se focaliser sur nous aujourd’hui. Car la Bible parle pour le peuple de Dieu dans toutes les époques, y compris la nôtre. De plus, recherchez les impératifs explicites ou implicites dans chaque section de votre structure et mettez-les en évidence dans votre plan.

      Voici un exemple de plan de mon message sur Habakuk 1.12-2.5 :

      1. Quand Dieu semble indifférent à l’injustice, crie à lui de toute façon (Ha 1.12-2.1)
      2. Quand la justice de Dieu semble lente à venir, vis par la foi (Ha 2.2-5)

      Ce plan permet de prendre les vérités anciennes du texte et de les rendre vivantes pour notre public moderne.

      V. Enseignez avec passion

      Les experts en communication affirment que vous disposez de 30 à 60 secondes pour capter l’attention de votre public. Les huit premières secondes sont donc cruciales. C’est pendant ces quelques instants que vos auditeurs décideront si ce que vous avez à leur transmettre vaut la peine d’être écouté. C’est pourquoi nous devons commencer avec éclat.

      Nous faisons cela en donnant le meilleur de nous-mêmes, en nous plongeant dans le texte, et en l’aidant à prendre vie afin que nos auditeurs trouvent rafraîchissement et conviction. Howard Hendricks a dit un jour :

      C’est un péché d’ennuyer les gens avec la Bible.

      Voici quatre éléments essentiels pour une communication engageante :

      A. Illustration d’ouverture

      Commencez par une histoire d’ouverture percutante qui établit un pont entre le texte ancien et le public moderne. Cela peut prendre la forme d’une illustration tirée d’un personnage familier de la culture populaire ou de l’histoire. Vous pouvez raconter une histoire tirée de votre propre vie, mais ne vous présentez pas comme le héros.

      B. Langage corporel et ton

      Lorsque vous vous préparez à parler, réfléchissez à la manière dont vos expressions faciales, vos gestes et votre posture peuvent renforcer votre message. Souriez. Bougez de manière significative pour souligner votre propos (et non simplement parce que vous êtes nerveux). Engagez le dialogue avec vos auditeurs par le contact visuel et la connexion émotionnelle.

      Variez votre ton et votre volume pour susciter davantage d’intérêt et gagner en clarté. Éveillez l’intérêt de vos auditeurs avec votre enthousiasme. Veillez simplement à ce que votre langage corporel et votre ton correspondent à ceux de votre texte. Vous ne voudriez pas, par exemple, sourire et parler avec désinvolture pendant que vous enseignez les cinq malheurs dans Habakuk 2.

      C. Pratiquer, pratiquer, pratiquer

      Pour s’améliorer dans n’importe quel domaine ou discipline, il faut s’entraîner. Avant d’enseigner, je répète mon message toute seule, devant mon mari, mes filles ou mes amies sur FaceTime. Si cela vous semble trop terre-à-terre, écoutez ce que Paul écrit à son jeune protégé :

      C’est pourquoi je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains.

      2 Timothée 1.6

      Timothée devait travailler dur pour mettre ses dons en pratique, et nous aussi.

      D. Commencez à vous filmer

      Profitez de la technologie qui est à votre portée. Lorsque vous recevez une invitation pour prendre la parole, filmez-vous. Ainsi, vous pourrez partager votre message avec ceux qui n’ont pas pu y assister.

      Une autre bonne raison de vous filmer est que vous pouvez ainsi obtenir aussi le feedback de votre pasteur et d’autres frères et sœurs de confiance. Leurs conseils, en tant que prédicateurs plus expérimentés, peuvent vous aider à progresser en tant qu’enseignant biblique. Et voici un autre avantage supplémentaire : lorsque nos pasteurs et nos anciens voient ce que nous enseignons, ils peuvent nous tenir redevables et s’impliquer davantage dans nos ministères.

      E. Profitez des ressources de communication en ligne gratuites

      Liste de contrôle pour l’auto-évaluation, par Vinh Giang

      Étape 1 : Regarder sans le son

      • Mes gestes sont-ils naturels et significatifs ?
      • Ma posture est-elle assurée ?
      • Mes expressions faciales correspondent-elles à mon message ?
      • Est-ce que j’interagis visuellement avec le public (caméra/salle) ?

      Étape 2 : Écouter sans la vidéo

      • Mon ton est-il varié et expressif ?
      • Mes mots sont-ils clairs et faciles à comprendre ?
      • Est-ce que je fais des pauses aux bons moments ?
      • Mon rythme est-il agréable, ni trop rapide ni trop lent ?

      Étape 3 : Regarder et écouter ensemble

      • Ma voix, mes gestes et mes expressions faciales se renforcent-ils mutuellement ?
      • L’ensemble de ma prestation est-il confiant et engageant ?
      • Y a-t-il des manies qui détournent l’attention et que je dois corriger ?

      Étape 4 : Révisez le transcript

      • Quels sont les mots de remplissage et les tics de langage que j’utilise le plus souvent ?
      • Quels autres mots inutiles ai-je tendance à répéter ?
      • En quoi cela peut-il distraire et nuire à ma crédibilité en tant qu’enseignant ?

      Peut-être que vous êtes trop gêné pour vous filmer et ensuite regarder la vidéo. Mais c’est un moyen pratique et concret de progresser en tant qu’orateur. Et si, au début, vous trouvez plus de défauts que vous ne voulez l’admettre, ne vous laissez pas décourager. Accordez-vous la grâce de vous concentrer sur un ou deux points à améliorer à chaque fois que vous revoyez vos vidéos, sans espérer tout corriger d’un seul coup. Recherchons le progrès, et non la perfection.

      VI. Tenez-vous en à votre script

      Pour chacun des points de votre plan, vous devez avoir trois sections : explication, illustration et application.

      1. Explication

      Présentez à vos auditeurs la signification de la section en question. Pour cela, vous devez passer au tamis toutes vos perles et réduire votre explication aux points essentiels. Je compare cela à un iceberg. Sous la surface se trouvent toutes les informations fascinantes que vous avez découvertes au cours de votre recherche. La partie visible au sommet de l’iceberg est le contenu que vous avez distillé pour votre public.

      2. Illustration

      Une image vaut mille mots, et il en va de même pour une image verbale. Vos illustrations ne doivent pas toutes être très longues. Alternez entre des comparaisons courtes et percutantes et des histoires plus élaborées. Notre objectif est de clarifier le sens de notre texte en l’éclairant à travers des images. Jésus l’a fait mieux que quiconque lorsqu’il a parlé des lys des champs et des oiseaux du ciel. Les prophètes ont également utilisé un langage imaginatif pour décrire les réalités. Pensez à Habakuk 1.15, dans lequel le prophète décrit les Chaldéens comme des pêcheurs qui capturent leurs victimes comme avec un filet. Lorsque vous choisissez des illustrations, gardez à l’esprit les points suivants :

      a. Évitez des illustrations bibliques

      Notre culture est de moins en moins familière avec les Écritures, même dans l’Église. Si le but de nos illustrations est de jeter un pont entre le texte ancien et le public moderne, faire référence à des récits que nos auditeurs ne connaissent peut-être pas ne permettra pas d’atteindre cet objectif.

      b. N’abusez pas des anecdotes liées à la vie de famille

      Cela peut exclure d’autres personnes, en particulier compte tenu du nombre de personnes célibataires, divorcées, veuves et monoparentales dans l’Église.

      c. Ne racontez pas d’histoires qui pourraient donner une image négative ou trop positive de votre famille

      J’ai assisté une fois à une conférence où l’oratrice a raconté une histoire qui mettait en évidence un défaut de caractère de son mari. En discutant avec une amie après, elle m’a dit : “Je ne pense pas que ce soit si grave. Je suis sûre qu’elle avait la permission de son mari. Et au final, tout s’est bien terminé.” Je lui ai alors suggéré d’imaginer le même scénario, mais avec son mari prêchant et la présentant sous un angle négatif. Elle m’a alors répondu : “Waouh ! Tu as raison ! Je n’aurais pas du tout aimé ça !” Il en va de même pour des histoires sur nos enfants.

      De la même manière, évitez les illustrations élogieuses sur votre mari et vos enfants. Les femmes qui vivent un mariage difficile pourraient ne pas apprécier d’entendre une énième histoire sur l’homme extraordinaire qu’est votre mari. Et les parents d’enfants rebelles pourraient être découragés par une autre histoire sur les choix judicieux que font vos enfants. Surtout parce que, réfléchissez-y : qui apparaît comme le véritable héros lorsque nos enfants semblent parfaits ? C’est nous !

      3. Application

      Un enseignement biblique solide doit conduire à une transformation de vie. Nous voulons aider nos auditeurs à chausser leurs sandales spirituelles afin qu’ils puissent marcher au rythme de ce que l’Esprit leur dit à travers le texte que nous avons choisi. Pour ce faire, nous leur proposons des mesures concrètes. Mais voici le défi : nous voulons transmettre plus qu’une liste de choses à faire et à ne pas faire. Cela risquerait de conduire au moralisme. Au lieu de cela, nous voulons montrer à nos auditeurs le pourquoi. Pourquoi devraient-ils mettre en pratique les impératifs de notre passage ? Non pas pour gagner l’amour de Dieu, mais parce qu’ils sont déjà aimés. Non pas pour obtenir le salut, mais pour porter les fruits d’un salut authentique par amour pour Christ.

      VII. Envisagez de rédiger un manuscrit

      Une fois que j’ai passé un temps considérable sur mon passage, j’aime écrire mot pour mot ce que j’ai l’intention de dire dans mon message.

      Voici la structure que je suis :

      1. Commencez par une illustration d’ouverture

      2. Établissez le besoin

      3. Lisez votre passage

      4. Priez

      5. Présentez le plan de votre message

      6. Donnez et répétez le point principal du message (PPM)

      7. Présentez le contexte du livre

      8. Enseignez le point 1

        a. Explication

        b. Illustration

        c. Application

      9. Enseignez le point 2

        a. Explication

        b. Illustration

        c. Application

      10. Répétez le point principal du message (PPM)

      11. Enseignez le point 3

        a. Explication

        b. Illustration

        c. Application

      12. Répétez le point principal du message (PPM)

      13. Redonnez le plan de votre message

      14. Donnez une illustration de conclusion

      15. Lancez une invitation finale

      16. Répétez le point principal du message (PPM)

      Conclusion

      Ce n’est pas la seule bonne façon de préparer un message textuel. C’est celle qui fonctionne pour moi. Je la propose à titre d’exemple. Je vous recommande de suivre cette structure ou une structure similaire lorsque vous commencez à enseigner la Bible. Il vaut mieux enseigner un message standard, tiré d’un manuel, avec une structure prévisible, plutôt que d’improviser et de manquer d’ordre et de clarté.


      Pour aller plus loin

      Angie Velasquez Thornton

      En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent dans leur Église locale et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Elle est coanimatrice du podcast Chrétienne avec Aurélie Bricaud, Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec), animatrice de sa chaîne YouTube d'enseignement textuel, blogueuse chez TGC Canada et auteure et éditrice du livre Elles ont vu la fidélité de Dieu publié par les Éditions Clé.

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