Alors que je me préparais à servir au Sénégal, j'ai entendu dire que les Africains aimaient les histoires et que je devais donc les utiliser souvent pendant que j'enseignais. J'en suis venue à croire que ce n'est pas propre aux Africains, ni aux Latinos, ni aux enfants, ni aux personnes non alphabétisées. Tout le monde aime une bonne histoire! Et au fur et à mesure que j'ai grandi en tant qu'enseignante de la Bible, j'en suis venue à croire que de bonnes illustrations constituent une partie essentielle d'une communication efficace et fidèle.
Le but des illustrations n'est pas de divertir ni de varier le rythme de notre enseignement. Il s'agit plutôt d'approfondir le point principal de notre message de deux façons:
Ce deuxième aspect peut sembler louche, n'est-ce pas? À une époque où les sermons en général et le ministère des femmes en particulier sont souvent axés sur l'appel à nos émotions et à nos besoins ressentis, nous pourrions vouloir réagir en évitant de faire appel aux émotions de notre audience. Pourtant, ce n'est pas ce que fait la Bible. Elle suscite souvent les passions de ses destinataires. Mais elle ne le fait pas pour manipuler, mais pour inspirer à la fois la vertu et l'affection pour Christ.
Pensez aux illustrations en deux catégories: l'explication qui fait appel à l'esprit et l'émotion qui fait appel au cœur. Les deux se trouvent dans l'Écriture et Dieu veut que nous les utilisions pour le bien de ceux qui nous écoutent. Les Psaumes sont pleins des deux. Le Psautier fait appel à nos émotions plus que tout autre livre de la Bible.
Par exemple, le Psaume 19 s'ouvre sur l'image émouvante des cieux prêchant un sermon au peuple de Dieu sur la gloire de Dieu, aux v. 1-6. Puis, à partir du v. 7, David décrit la loi de Dieu afin d'inspirer l'obéissance.
Voici quelques exemples d'illustrations:
Si votre illustration nécessite de longues explications, elle va à l'encontre du but recherché. Un exemple serait l'utilisation d'une citation remplie d'un langage archaïque et de termes théologiques qui ne sont pas à la portée de tous. Il peut aussi s'agir d'une illustration scientifique ou historique très technique qui prendrait plus de temps à mettre en place et à expliquer, et qui pourrait semer la confusion plus qu'elle ne clarifierait les choses.
Si toutes vos illustrations concernent le mariage et l'éducation des enfants, les personnes célibataires et sans enfants se sentiront exclus. Si toutes vos images concernent votre vie professionnelle, vous négligerez vos auditeurs retraités, les adolescents ou les mères au foyer. Les femmes et les hommes de nos Églises traversent des âges et des étapes de la vie très variés.
Les adolescents sont souvent confrontés à une pression énorme de la part de leurs pairs à l'école. Les étudiants sont à un tournant de leur vie. De nombreux parents de jeunes enfants consacrent beaucoup de temps et d'énergie à leurs petits. Les parents d'adolescents voient leurs enfants faire face à des défis qu'ils n'ont jamais connus eux-mêmes. Les nids vides peuvent avoir envie de plus de nouvelles de leurs enfants. Les femmes et les hommes à la retraite peuvent être désireux de s'investir dans la vie des jeunes croyants de leur Église. Les veuves et les veufs, rendus sages par la souffrance et la perte, peuvent être vos plus grands guerriers dans la prière. Et j'en passe.
Gardez également à l'esprit que dans notre culture ecclésiale de plus en plus diversifiée, nous ferions bien d'inclure des histoires qui permettent à nos frères et sœurs d'autres cultures de se sentir vus et entendus. Qu'ils soient français, ethniques, autochtones, personnes de couleur nées au Canada ou en Europe, immigrants récemment arrivés ou enfants d'immigrants, ils font partie de l'étonnante tapisserie de la famille de Dieu, et nous voulons nous assurer que nous sommes également sensibles à leurs réalités.
Lorsque nous mentionnons l'heure, la ville, la température, etc. nous emmenons nos auditeurs avec nous sur la scène de notre histoire. Voici un exemple de ce qu'il ne faut pas faire:
Il était une fois une femme, je ne me souviens plus de son nom, qui était malade. Je ne sais plus de quoi elle était malade, et elle a prié. Je ne sais plus combien de temps elle a prié et elle a été guérie. Et je ne me souviens pas comment. Dieu entend les cris des affligés (Ps 34).
Bien sûr, c'est ridicule. Mais il est facile de raconter des histoires ennuyeuses et insipides. Voici un meilleur exemple:
Hélène, ma colocataire à l'université, avait 21 ans lorsqu'on lui a diagnostiqué un cancer de la thyroïde. C'était notre troisième année d'université, les examens finaux approchaient et son traitement par radiothérapie ne pouvait pas être retardé. Elle a choisi de prier, de poursuivre ses études et de faire confiance au Seigneur pour ses résultats scolaires et sa guérison. Son traitement a été couronné de succès et, 27 ans plus tard, elle n'a toujours pas de cancer. Dieu entend les cris des affligés (Ps 34).
Les histoires personnelles sont souvent les plus faciles à raconter parce qu'elles ne nécessitent pas de vérification des faits et que nous pouvons généralement les raconter de mémoire. Mais si ces illustrations nous aident à établir un rapport avec les autres, elles peuvent devenir prévisibles si nous n'utilisons que cela. Cela étant dit, je ferais une distinction entre une histoire sur ma propre vie et celle d'une personne que j'ai rencontrée et dont je relate ensuite l'histoire. J'aime raconter des histoires sur mes années au Sénégal et présenter mes interlocuteurs à des amis là-bas parce que je trouve ces récits intéressants, mais je crois aussi qu'ils contribuent à élargir leur vision du monde.
Lors de ma dernière année de séminaire, j'ai suivi un cours de prédication avancé dans lequel j'étais la seule femme. Le sermon d'un frère présentait un message dans lequel il dépeignait sa femme de manière un peu négative. Durant le temps de commentaires, je l'ai gentiment appelé à éviter toute illustration qui donnerait des munitions à ceux qui voudraient critiquer une femme de pasteur. Elle a déjà une cible dans le dos. J'ai terminé mes études il y a vingt ans et je suis toujours en contact avec ce frère sur Facebook. Il m'a récemment dit qu'il pensait à mes paroles chaque fois qu'il préparait un sermon, et sa femme en est d'autant plus reconnaissante.
Les enfants des pasteurs méritent également de grandir sans que les sermons ne les mettent en lumière. Même si vous leur demandez la permission, les enfants n'ont pas la capacité ou la maturité de refuser cela à leurs parents. Ils feront l'objet d'un examen minutieux de la part de ceux qui jugent le ministère des adultes sur la base du comportement de leurs enfants. On me dit que certains pasteurs ont causé des dommages à long terme à la relation avec leurs enfants en divulguant des informations privées à leur sujet depuis la chaire.
Utiliser des illustrations personnelles est une chose. Se mettre toujours en valeur en le faisant en est une autre. Les histoires dans lesquelles Dieu nous enseigne à travers nos erreurs sont bien plus édifiantes que celles dans lesquelles nous sortons vainqueurs grâce à notre esprit ou à notre force.
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers