Les étables du désespoir : lieux de naissance de la grâce de Dieu

      ProvidenceLa naissance de ChristSouffrance
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      « Et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. » – Luc 2.7

      Joseph le charpentier et la confiance

      Lisez : Luc 2.1-7

      “Douce nuit, sainte nuit...” La première nuit de Noël fut effectivement une sainte nuit. Mais certainement pas une nuit douce et tranquille. En tout cas, pas pour Joseph ! Après avoir marché sur plus de 150 km, Joseph était arrivé dans une Bethléhem bondée de monde, avec une épouse sur le point d’accoucher. Il se rendit vite compte qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’auberge.


      — Nous sommes archi-complets. Nous ne pouvons pas accepter une seule personne de plus.

      — Je vous en prie, ma femme est sur le point d’accoucher ! Nous prendrons n’importe quoi du moment qu’on ait un peu d’intimité.

      Il y avait dans le regard fatigué de l’aubergiste un mélange de compassion et d’exaspération. Il passait machinalement la main dans ses cheveux :

      — Je vous donnerais bien notre propre chambre, mais je l’ai déjà louée à d’autres. Il y a des gens partout, jusque dans les moindres recoins. Il n’y a vraiment pas de place, surtout pour avoir un bébé.

      Lorsqu’ils étaient encore à Nazareth, Joseph se sentait alors très confiant. Certes, il n’y connaissait rien en matière d’accouchement, c’était réservé aux femmes. Mais Dieu avait envoyé son ange à Marie, puis à lui. L’enfant que Marie portait venait de Dieu. Et c’est aussi Dieu qui avait orienté le cœur de l’empereur Auguste (Pr 21.1) pour que la prophétie messianique concernant Bethléhem se réalise. C’était évident : Dieu allait leur fournir tout ce dont ils auraient besoin une fois sur place. Après tout, cet enfant était le Fils de Dieu !

      Mais maintenant, Joseph commençait à perdre espoir. Bethléhem était envahie de monde. Le recensement romain avait bien amené le Messie jusqu’à Bethléhem, mais il se retrouvait sans un endroit où reposer sa tête.

      — Y a-t-il une autre auberge ?

      — Non. Il n’y a pas assez de passage à Bethléhem pour avoir besoin de deux auberges en temps normal. Vous n’avez pas de la famille dans la région ?

      Le visage de Marie se crispa sous la douleur.

      Affolé, Joseph insista :

      — Non, nous n’avons personne ! Je vous en prie ! Est-ce qu’il n’y a pas quelqu’un qui peut nous accueillir ?

      — Tous les gens que je connais ont déjà du monde chez eux. Oh Dieu ! S’il te plaît, je t’en supplie ! Il nous faut trouver un endroit pour Marie ! Donne-nous une chambre ! Envoie-nous un de tes anges ! Fais quelque chose !

      Les deux hommes se fixèrent, le regard vide, pendant quelques secondes pleines de tension. Puis, d’une voix suppliante, Joseph soupira :

      — S’il vous plaît, on prendra n’importe quoi !

      Brusquement, une femme apparut derrière l’aubergiste et proposa :

      — Nous avons une étable derrière l’auberge.

      — Non, Rachel1, sa femme est sur le point d’accoucher ! On ne peut pas les mettre dans l’étable !

      — J’ai bien entendu, répliqua-t-elle, mais, Jacob, les renvoyer à la rue serait encore pire ! Je vais chercher des couvertures et de la paille fraîche.

      Elle se tourna vers Joseph :

      — Je vous retrouve derrière, je peux vous aider pour l’accouchement aussi.

      Elle allait partir, mais elle s’arrêta :

      — Comment s’appelle votre femme ?

      — Marie.

      — Dites à Marie que tout va bien se passer. Dieu va vous aider.

      — Merci ! souffla Joseph. Oh Seigneur, merci !

      Mais le soulagement se heurta vite à un certain remords. L’aide de Rachel était un don du ciel, mais... une étable ? C’était vraiment tout ce qu’il pouvait offrir de mieux à sa femme qui lui faisait confiance, et à cet enfant, à ce saint enfant ? Comment le Fils de Dieu pouvait-il naître dans une étable ?

      Marie cria à nouveau :

      — Joseph !

      Plus de temps à perdre. Avec douceur et rapidité, Joseph prit Marie dans ses bras et la porta vers l’arrière de l’auberge.

      Marie respirait difficilement :

      — Ils ont trouvé une chambre ?

      Joseph éprouva un sentiment de honte :

      — La seule chose qui leur reste, c’est... l’étable. Mais ça va aller. On va tout nettoyer. Et la femme de l’aubergiste a dit qu’elle nous aiderait. Dieu pourvoit.

      — Merci Seigneur ! murmura-t-elle. Puis elle serra le cou de Joseph alors qu’elle ressentait la douleur d’une nouvelle contraction qui allait pousser encore un peu plus la Lumière vers ce monde.


      Une étable, c’était le dernier endroit où Joseph aurait aimé se retrouver cette nuit-là. Cela n’avait vraiment rien de romantique à ses yeux. Il ne s’est retrouvé là que poussé par le désespoir.

      Mais le choix de cet endroit, l’étable, n’avait rien à voir avec Joseph ou Marie. Il concernait le Fils de Dieu qui se faisait tout petit (Ph 2.7). Il était venu pour s’abaisser, avec humilité, d’une manière incompréhensible. Alors il a choisi d’emprunter une étable. Plus tard, après une mort atroce par laquelle il servirait de victime expiatoire pour nos péchés (1Jn 4.10), le Fils de Dieu empruntera un tombeau (Mt 27.59-60).

      Mais il est fort probable que Joseph n’ait rien compris de tout cela à Bethléhem. Dans le chaos du moment, il ne savait qu’une chose : tout ce qu’il avait pu trouver de mieux, pour Marie et pour le Messie, c’était une étable pleine de saletés… saletés réelles et rituelles. Et pour combattre sa peur et sa honte, tout ce qu’il avait pu faire ce jour-là, c’était de croire que Dieu – qui aurait pu créer des circonstances totalement différentes – avait d’une manière ou d’une autre un dessein mystérieux et caché dans cette humiliation.

      Et en cela, il y a un bel enseignement de Noël pour chacun d’entre nous. Il nous arrive parfois, alors que nous cherchons à suivre Dieu fidèlement, que nous nous retrouvions dans des situations désespérées, forcés de nous rendre dans des endroits que nous n’avons pas choisis nous-mêmes. C’est alors que nous devons nous rappeler cette vérité : nous ne sommes pas ultimement le centre de nos vies et des circonstances qui entourent nos vies (1Co 6.19-20). Jésus-Christ est le centre.

      Le Père a, à travers nous et nos épreuves, des desseins qui nous dépassent infiniment. Ce qui apparaît souvent comme un malheur dans le feu de l’action peut très bien se révéler plus tard être une source de grâce profonde.

      Au cœur de vos situations les plus désespérées, il se peut bien que ce dont vous ayez le plus besoin ne soit pas moins de tourments, mais plus de confiance. Car Dieu choisit les étables du désespoir comme lieu de naissance pour sa grâce infinie.


      Jon Bloom

      Jon Bloom est Président du conseil d’administration et cofondateur du site DesiringGod. Il est également auteur plusieurs livres dont notamment Où est ta foi?, qui a été publié en français. Jon et sa femme ont cinq enfants, ils vivent à Twins Cities, aux États-Unis.

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