Quand j'ai vu traîner ce livre "Essentialism, The disciplined pursuit of less" chez Stéphane, je lui ai demandé s'il en valait vraiment la peine. N'était-ce pas un énième livre sur la productivité? Y'avait-il vraiment quelque chose de nouveau? « Oui» me dit Stéphane. Alors je l'ai lu.
Le livre développe une thèse simple: nous faisons trop de choses et surtout, trop de choses qui ne sont pas essentielles. C’est en cela que l’essentialisme n’est pas une affaire de productivité—faire plus de choses—mais se concentre sur faire ce qui importe vraiment. L’auteur explique:
Cela ne veut pas dire qu’on fait moins juste pour faire moins. C’est juste investir notre temps et notre énergie de la manière la plus sage possible, pour travailler à notre plus haut degré de contribution en faisant seulement ce qui est essentiel.
Essentialism, Greg McKeown, p. 5
Dieter Rams a été le directeur du design chez Braun pendant de nombreuses années. Il a pratiqué ce qu’on pourrait appeler un design épuré—dépouillé. Il pensait que beaucoup de choses étaient superficielles (comprenez non-essentielles) et qu’on pouvait réduire le design à l’essentiel. Il sera l’auteur de ce qui deviendra le slogan de l’essentialisme: Less but better (moins mais mieux).
Le livre se découpe en 4 parties:
Ce livre m’a plu. J’étais un peu sceptique au début: comment l’auteur pourrait développer son idée—assez simple—sur plus de 240 pages sans devenir lourd ou insipide? Mais j’ai été agréablement surpris.
Le contenu est très documenté, l’auteur y raconte de nombreuses anecdotes, qu’il a pu accumuler après des centaines d’interviews et des années de travail. C’est un livre très facile à lire (oui, il faut lire l’anglais), les chapitres sont courts, bien découpé et c’est bien écrit. Le livre regorge de punchlines, qui le rend dynamique. Et aussi, ce qui n’est pas à négliger, le livre est beau. La mise en page est belle et les illustrations apportent un vrai plus.
La thèse du livre n’est pas tombé à plat. On se sent tous dépassés par nos activités et on cherche tous des moyens de mieux gérer notre temps. Mais j’ai aimé l’approche de ce livre qui ne s’arrête pas aux techniques de gestion mais pose de vraies questions de fond.
Comme le dit un excellent article paru sur Évangile 21:
Nous sommes prompts à penser que le salut se trouve dans nos propres solutions.
C’est un peu ce que je reproche, dans le fond, à ce livre. L’auteur dit qu’au final, l’essentialisme change notre cœur, qu’il a le pouvoir de nous changer. Il ajoute:
Nous devenons une version différente et meilleure de nous-mêmes.
Dans un sens, nos habitudes changent qui nous sommes. Notre manière de penser et de voir le monde change notre manière de vivre. Mais aller jusqu’à dire que nous devenons meilleurs grâce à l’essentialisme (ou n’importe quoi d’autre qui n’est pas Dieu), c’est oublier notre plus gros problème: le péché. Et pour le péché, la solution ne peut pas venir de nous, mais de Dieu seul.
Mis à part cette réserve, j’ai vraiment aimé le livre. Je l’ai trouvé juste et utile. Bien entendu, comme pour tout, le discernement est de mise. Les réflexions du livre peuvent vraiment nous aider si —comme toute chose— nous les filtrons à travers notre vision du monde biblique.
Finalement, les questions que pose ce livre sont de vraies questions: ne sommes-nous pas entourés de nombreuses choses inutiles? Ne poursuivons-nous pas le superficiel en négligeant l’essentiel? Qu’est-ce qui, au fond, importe vraiment? Est-ce que nous menons une vie intentionnelle, ou sommes-nous dirigés par tout ce qui s’agite devant nous?
À tous ceux qui se posent ces questions, ce livre pourra les aider.