Les 2 minutes qui pourraient vous éviter de gâcher votre service

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Comment "servir Dieu" pour les bonnes raisons? Voici une check-list réaliste pour que votre "service" ne perde ni sa valeur, ni sa saveur.

Oui, il est possible d’être convaincu de servir Dieu, alors qu’en fait notre service est tout sauf un parfum de bonne odeur pour lui. Autrement dit, nous pouvons « faire de bonnes choses pour les mauvaises raisons », ce qui « gâche » l’activité en question. Oui, nous pouvons faire le bien, sans que cela soit bien.

Par « service », je ne limite pas la réflexion aux activités dans l’Église. Servir Dieu, c’est aussi servir notre prochain, notre société, nos collègues et notre patron dans un job « séculier », nos enfants à la maison.

Bref, le sujet qui m’intéresse ici nous concerne tous.

Le souci est le suivant: plusieurs textes de l’Écriture montrent qu’une activité qui paraît plaire à Dieu peut ne pas lui être agréable en raison de l’état d’esprit dans lequel elle est accomplie. Par exemple:

  • Une belle œuvre faite pour gagner l’accès à Dieu, c’est « bon à être mis au rebut » (Ph 3.8).
  • Les Corinthiens utilisaient leurs dons spirituels sans amour réel pour les autres chrétiens (1Co 12-14), ce qui revient à n’être « rien de plus qu’une trompette claironnante ou une cymbale bruyante » (1Co 13.1).
  • Un serviteur de Dieu qui bâtit de manière douteuse sur le fondement de Jésus-Christ (y compris par son attitude) verra sa construction consumée par le feu lors du jugement final. En effet, au lieu d’utiliser de l’or, de l’argent et des pierres précieuses (qui résistent au feu), il a opté pour des matériaux inflammables: du bois, du chaume ou du torchis de paille (1Co 3.10-15).
  • Cela peut paraître invraisemblable, mais il est tout à fait possible d’annoncer l’Évangile « par jalousie et par un esprit de rivalité […], avec des motifs qui ne sont pas innocents » (Ph 1.15, 17).
  • Alors que Paul rédige sa lettre aux Philippiens, tous dans son entourage (y compris, sans doute, des personnes qui croient servir Dieu), à l’exception de Timothée, « ne s’intéressent qu’à leurs propres affaires et non à la cause de Jésus-Christ » (Ph 1.21).

Cet échantillonnage de textes donne à réfléchir…

Comment puis-je me protéger contre les dangers qui me guettent quand je m’apprête à « servir Dieu »? Comment m’assurer d’être au moins sur la bonne voie?

La check-list qui suit m’est utile. Elle me trotte dans la tête depuis quelques semaines, et je souhaite dorénavant la parcourir avant de préparer un cours (je suis prof de fac), d’intervenir en public, de rencontrer des gens, de rendre un service pratique, de m’occuper de ma famille, d’accomplir une tâche en apparence « peu spirituelle » (car, dans la vie chrétienne, tout est « service de Dieu »).

Par souci de transparence, je reconnais qu’il s’agit davantage d’une intention et d’une résolution que d’un « acquis » qui serait déjà en place dans mon quotidien.

Pour que mon service futur glorifie Dieu le plus possible:

1. Avant toutes choses, je remercie Dieu

On ne se trompe jamais en exprimant sa reconnaissance à Dieu. La gratitude me recentre sur lui et sur sa bonté. Je lui dis merci pour ce qui me vient à l’esprit, et, tout particulièrement, pour le salut extraordinaire qu’il m’a accordé. Je le remercie en outre pour cette nouvelle occasion de le servir. (Sur ce thème, voir mon article « La foi sans la reconnaissance est morte ».)

2. Je me rappelle que j’ai accès à Dieu grâce à Christ seul

Je ne sers pas Dieu pour qu’il m’accepte; il m’a déjà accueilli! J’ancre mon service dans la doctrine de la justification par la foi seule. Christ a mérité l’approbation de Dieu à ma place. Je veux me reposer dans son œuvre pleinement accomplie. Je veux ressentir le fait que son joug est facile à porter et son fardeau léger (Mt 11.30).

3. Je me souviens (car je l’avais oublié!) que je ne suis pas à moi-même mais que j’appartiens au Seigneur

Voici l’un des plus beaux passages de la plume de Calvin:

Nous ne nous appartenons pas (1Co 6.19); que notre raison et notre volonté ne dominent pas dans nos réflexions et nos décisions. Nous ne nous appartenons pas; n’ayons pas pour objectif ce qui nous plaît selon la chair. Nous ne nous appartenons pas; oublions-nous nous-mêmes autant que possible, ainsi que tout ce qui nous entoure.

Au contraire, nous sommes au Seigneur; que sa volonté et sa sagesse dirigent nos actions. Nous sommes au Seigneur; que tous les aspects de notre vie soient orientés vers lui comme étant notre unique objectif.

Ô que de bienfaits a reçus la personne qui, sachant qu’elle ne s’appartient pas, a renoncé à l’autonomie et à la domination de sa propre raison pour les remettre à Dieu!

Car la satisfaction d’être maître à bord est la pire peste qui puisse atteindre les êtres humains pour les perdre et les couler; aussi l’unique havre de salut est-il de ne pas être sage à ses propres yeux, de ne rien attendre de soi, mais seulement de suivre le Seigneur (Rm 14.8).

Institution de la religion chrétienne, Livre III, chapitre VII (éd. Kerygma/Excelsis)

 4. Je m’assure d’être en mode « Marie » plutôt qu’en mode « Marthe » (Lc 10.38-42)

Ai-je récemment fait le plein? Mon réservoir d’essence est-il pratiquement vide? Ma voiture risque-t-elle de s’arrêter en pleine route? Je ne peux donner aux autres que ce que j’ai reçu de Christ. Avant de « donner », il me faut « recevoir » de sa Parole (sur Marthe et Marie, voir ce billet). Si une vérité biblique remplit mon cœur (aussi simple soit-elle), c’est bon, je peux me lancer dans un service concret.

5. Je confesse mes fautes

Suis-je conscient d’un péché non reconnu? Je me mets rapidement au bénéfice du sang de Christ (1Jn 1.9).

6. J’implore l’aide du Saint-Esprit

Sans l’intervention de la troisième personne de la Trinité, mon service sera vain. Je me dois de le reconnaître humblement, même les fois où le service que je m’apprête à réaliser est très « terre à terre » et ne semble pas justifier le recours au secours divin. Au fond, existe-t-il vraiment des activités que je puisse accomplir « sans Dieu »?

7. Je prends la ferme résolution de servir au meilleur de mes capacités, par la grâce de Dieu

Si une tâche vaut la peine d’être faite, elle mérite d’être bien faite.

Ce que je suis à présent, c’est à la grâce de Dieu que je le dois, et cette grâce qu’il m’a témoignée n’a pas été inefficace. Loin de là, j’ai peiné à la tâche plus que tous les autres apôtres, non pas moi, certes, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. (1Co 15.10).

8. Je recherche la joie dans le service

C’est ce qui a fait défaut à Marthe, engagée par ailleurs dans un service tout à fait louable (Lc 10.38-42). Dans l’ordre, je m’approprie:

  1. la joie d’être un pécheur pardonné;
  2. la joie de pouvoir servir mon Dieu.

9. Je choisis d’aimer mon prochain comme moi-même

Mon service vise le bien des autres. Je mets donc en priorité l’intérêt des personnes (voir ce billet sur la règle d’or de Jésus, en Mt 7.12).

10. Je prends conscience que Dieu n’a pas besoin de moi

Je ne suis pas indispensable. Dieu ne manque pas de ressources humaines, et je suis loin d’être sa seule option. Si je meurs avant d’avoir pu accomplir ce service, Dieu ne sera pas pris au dépourvu, et le mouvement des astres ne s’interrompra guère! Dieu accomplira son plan coûte que coûte, avec ou sans moi.

11. J’implore avec foi la bénédiction de Dieu

Je rejette tout pessimisme et toute fausse humilité et je choisis de m’attendre à ce que Dieu bénisse mon service (pas forcément en termes de fruits visibles ou de résultats apparents, mais dans la perspective qui est la sienne).

12. Je transfère (par avance) toute gloire à Dieu

Je suis au service du Royaume de Dieu, pas de mon petit royaume personnel. S’il m’arrivait d’avoir l’impression qu’une certaine mesure de bénédiction accompagnait mon service, je m’engage à attribuer, dans le silence de mon cœur, tout l’honneur à Dieu. Si, au contraire, je devais ressentir l’impression désagréable d’avoir perdu mon temps, je donnerai aussi gloire à Dieu, car lui ne perd jamais le sien.

Parcourir cette liste prend moins de deux minutes (sauf peut-être la première fois, et sauf s’il y a un problème de fond à régler). Vais-je le faire à chaque fois que je le devrais? Sûrement pas. Mais je veux le faire de temps en temps, au minimum.

Cette check-list n’est pas exhaustive, et elle ne constitue certainement pas la seule manière d’aborder le service. Mais pour moi, c’est un bon point de départ, susceptible de m’aider à faire face à un nombre considérable de pièges dans lesquels je tombe régulièrement. Bien entendu, mes motivations dans le service ne seront jamais pures à 100% sur cette terre, et je ne vise pas une perfection que seul Christ a pu atteindre. Néanmoins, je me mets au bénéfice de la pureté de son cœur, voulant lui ressembler de plus en plus, y compris dans mon service.

« Seigneur Jésus, viens purifier mon service! »

Article publié pour la première fois le 25 octobre 2017. Remis en avant pour profiter à de nouveaux lecteurs.

Pour aller plus loin:

Retrouvez ICI mes autres billets sur le ministère dans l’Église.

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

Ressources similaires

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R. T.