Il y a parfois un monde entre nos convictions et ce que nos amis pensent qu'on pense. Rosaria Butterfield partage cette anecdote dans son autobiographie. De par son passé de lesbienne, elle a pu accompagner une chrétienne qui vivait avec un secret:
Peu de temps après ma conversion au christianisme, j’ai conseillé une femme qui était dans une relation lesbienne secrète tout en étant membre d’une église évangélique. Personne dans son église ne le savait. Par conséquent, personne dans son église ne priait pour elle. Par conséquent, elle ne recherchait pas de relation d’aide [biblique] et n’en recevait pas. Il n’était pas question de « se supporter les uns les autres » pour elle. Il n’y avait pas de confession, de repentance, de guérison ni de joie en Christ. Il y avait seulement l’isolement, la honte et l’hypocrisie. Quelqu’un lui avait fait avaler ce mensonge qui affirme que Dieu peut guérir ta langue qui ment ou ton cœur brisé, et même ton cancer s’il le décide, mais il ne peut pas transformer ta sexualité. Je lui dis que son isolement et sa honte me brisaient le cœur, et je lui demandai pourquoi elle ne partageait pas son combat avec quelqu’un de son église. Elle me répondit: « Rosaria, si les gens dans mon église croyaient vraiment que Christ peut transformer les gays, ils ne parleraient pas de nous ni ne prieraient pour nous avec autant de haine. »
Lecteurs chrétiens, est-ce ce que les gens disent de vous quand ils vous entendent parler et prier? Est-ce que vos prières ne montent pas plus haut que vos préjugés?
– Rosaria Champagne Butterfield, p 51-52, Les pensées secrètes d’une convertie insolite (cf. ma recension ici du livre).
Ce témoignage m’a fait réaliser qu’il y a derrière cette triste anecdote un principe universel. Un principe qui peut servir de test pour savoir quel est l’écart entre nos convictions théologiques et ce que les gens perçoivent de ces convictions.
Si nous n’avons jamais personne dans notre Église qui vient confesser ses tentations homosexuelles, il y a fort à parier qu’on communique implicitement que Dieu ne peut rien pour les homosexuels.
Si personne ne confesse ses luttes avec la pornographie, nous communiquons implicitement que pour ce péché, ils doivent se débrouiller seuls.
On peut continuer cette liste avec tous les péchés connus sous le soleil. Si certains péchés semblent être absents de votre communauté, il y a seulement deux possibilités: soit ils n’existent pas, soit (et c’est plus probable) on n’ose pas en parler, par crainte d’être jugé.
Bien évidemment, ce n’est pas un test scientifique. Votre église est peut-être trop petite ou trop homogène en population pour avoir tous les péchés. Mais si vous êtes au moins une quarantaine de personnes au culte, il y a fort à parier que vous avez un panel assez représentatif. Du coup, il faut regarder quels sont les péchés « absents » dans votre église et oser mentionner ces péchés dans nos prières et demander, avec grâce et foi, à Dieu qu’il sauve et libère ceux qui sont pris aux pièges de ces luttes.
Et si la confession de péché est rare de manière générale dans votre église? Peut-être que le test révèle que vous êtes une Église qui croit implicitement que l’Évangile est pour ceux qui évitent les péchés « graves ». Dans ce cas-là, j’espère que ce n’est pas ce que vous croyez vraiment. Sinon, qui pourrait être sauvé? Certainement pas moi.
Que pensez-vous de ce petit test simple? Laissez un commentaire svp!