Ce que mon médecin m'a appris sur l'accompagnement pastoral

Ministère pastoralAccompagnement biblique

J’ai eu plus de rendez-vous chez le docteur ces 12 derniers mois que durant tout le reste de ma vie. Rien de grave, juste beaucoup de tests, de vérifications, et de poursuite du vent. Ça a été dur, mais bénéfique pour moi d’être de l’autre côté: d’être celui dont on s’occupe. En tant que pasteur, je suis habitué à voir plein de personnes venir me voir avec leurs problèmes, mais cette fois, c’est moi qui ai dû prendre rendez-vous pour raconter les miens.

Le fait d’avoir rencontré tout un paquet de docteurs (certains merveilleusement compatissants et d’autres… beaucoup moins!) m’a aidé à comprendre vraiment ce que signifie (ou ne signifie pas) apporter des soins à quelqu’un de blessé.

Voici six leçons que j’ai pu retenir au cours de l’année écoulée.

1. Posez des questions

Le docteur entre et dit: “Alors, que se passe-t-il?” Vous essayez de rester concis et de résumer les symptômes en moins de 3 minutes. Et ensuite? Dans beaucoup de cas, le docteur épluche quelques graphiques, prend quelques notes, et pose rapidement un diagnostic. Cela n’aide pas beaucoup, tout comme cela n’aide pas non plus lorsque des personnes cherchent à nous parler de leurs problèmes et que nous ne prenons même pas le temps de les écouter attentivement.

Quand je vais chez le docteur, que ce soit pour moi ou un autre membre de ma famille, je suis toujours encouragé lorsqu’il pose beaucoup de questions.

“Écoutez-moi! Soyez intéressés par mon histoire, ou faites au moins semblant de l’être!”

Tâchez d’aller au fond des choses. Continuez à fouiller, à chercher à comprendre. C’est tellement décourageant quand quelqu’un veut vous donner l’impression d’avoir tout compris, sans même vous avoir laissé finir d’expliquer votre problème.

2. Ne soyez pas pressé

Ce rappel découle naturellement du premier. En général, quand un docteur, un pasteur, ou un ami est impatient de mettre un terme à la conversation, cela devient assez évident. Ils regardent leur téléphone, leurs paroles ne se montrent pas très enthousiastes, ou ils bâillent.

Je comprends que nous soyons tous occupés. Je n’apprécie pas quand on me fait perdre mon temps, tout comme je n’aime pas faire perdre du temps aux autres. Mais si vous êtes dans une profession qui induit d’aider les gens, quelle qu’elle soit (ou si vous souhaitez juste être un bon époux, un bon parent ou un bon coloc), les gens ont besoin de savoir qu’ils peuvent avoir votre attention tout entière. Personne n’aime ou ne souhaite se sentir comme une chose de plus à faire sur une to do list.

3. Laissez à la personne le bénéfice du doute

Quand on doit traiter avec les gens à longueur de journée, on tend à devenir un peu sceptique. On voit des tricheurs et des menteurs. On rencontre des personnes simplement avides d’attention, ou des gens qui pensent toujours que le ciel va leur tomber sur la tête, quoi qu’on leur dise. Il devient naturel pour des pasteurs, des médecins, ou des travailleurs sociaux de finir par remettre en question les histoires qu’ils entendent.

Pourtant, même s’il faut vraiment faire preuve de sagesse dans certains cas, je pense que le premier réflexe devrait être de croire ce que notre interlocuteur nous dit. Quand je tâchais d’expliquer certains symptômes qui ne me sont pas habituels, c’était très décourageant lorsque certains docteurs agissaient comme si je ne savais probablement pas de quoi je parlais. Au bout d’un moment, je commençais systématiquement mes phrases par: “Je n'ai aucun plaisir à aller chez le docteur. Je ne suis pas un hypocondriaque. Je ressens vraiment ce que je vous décris.”

Même si, après un certain temps, il est parfaitement normal de douter de certains raisonnements ou d’autres choses, je veux décider de penser en premier lieu que les gens n’inventent pas ce qu’ils me disent ou ne cherchent pas à me leurrer.

4. Ne cherchez pas à tout réparer

Je ne suis jamais allé chez le docteur en m’attendant à ce qu’il m’écoute pendant 30 minutes, puis me prescrive le remède miracle qui résoudrait tout en un claquement de doigts. Par contre, j’ai vraiment recherché quelqu’un qui puisse m’écouter patiemment, prêt à faire de son mieux pour améliorer, ne serait-ce qu’un peu, ma situation.

En tant que pasteur, je me mets trop souvent la pression pour "résoudre" tout ce qui pourrait faire souffrir celles et ceux qui ont besoin d’aide. Même lorsque la personne en face de moi est en train de partager ce qui la fait souffrir, ou ses combats personnels, je pense en mon for intérieur: “Je dois trouver quelque chose de réellement sage ou pertinent à dire lorsqu’elle s’arrêtera de parler. Il faut que je trouve le verset biblique qui pourrait l’aider.” En faisant cela, je me donne l’impression de devoir réparer quelque chose.

Mais la plupart des problèmes spirituels, comme les problèmes physiques, ont une histoire longue et complexe, qui ne se règle pas en deux temps trois mouvements. Mon travail est de regarder à Dieu, pas de chercher à être Dieu.

5. Faites un suivi, soyez conséquents

Je ne vous dit pas à quel point c’était encourageant quand un docteur ou une infirmière prenaient le temps de répondre à l’un de mes e-mails, décrochaient immédiatement le téléphone, ou revenaient vers moi avec les résultats d’un test quand ils avaient promis de le faire.

À l’inverse, il est difficile de décrire le degré de frustration quand le contraire se produit. On fait tous des erreurs, et cela nous arrive à tous d’oublier. Je ne cherche pas la perfection et les membres de mon assemblée non plus, mais assurer un suivi de manière constante et cohérente fait toute la différence.

Tenez votre parole, surtout si vous travaillez avec des gens effrayés, blessés, ou anxieux! Cela permet de construire la confiance et de montrer que vous vous préoccupez réellement d’eux.

6. Exprimez de la compassion

Quand vous ne savez plus quoi dire ou que faire, ne sous-estimez pas le pouvoir des simples mots comme: “Je suis désolé pour toi…”, “cela doit être vraiment terrible…” ou “j’aimerais tellement pouvoir faire plus…”.

Ces petites marques de compassion ont bien plus d'importance pour les personnes souffrantes qu'elles ne le laissent paraître. Parfois, un simple regard bienveillant ou un soupir sincère peut agir comme un véritable remède.

Si vous souhaitez que les gens reconnaissent que vous tâchez de les aider, montrez-le sur votre visage et exprimez-le avec votre bouche!

Publié pour la première fois le 14 novembre 2016, remis en avant le 13 janvier 2025.


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Kevin DeYoung

Kevin DeYoung est le pasteur de l'Église University Reformed Church. Auteur de nombreux livres dont Et si Dieu voulait autre chose pour moi…, il écrit régulièrement sur le blog DeYoung, Restless, and Reformed.

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