Apprendre à prier avec le Fils – Tenir la main du Père (5)

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Comment devrions-nous prier pour nos besoins? Et pour quels besoins? Nos prières sont parfois déplacées, mais bien pire, on tait souvent nos aspirations et nos besoins légitimes. Jésus nous aide à placer le curseur au bon endroit.

Précédemment, dans « Apprendre à prier avec le Fils »

Le "Notre Père" est une prière pédagogique à s’approprier. Par ses premiers mots, Jésus nous a appris à lever les yeux vers notre Père Céleste avant d’exprimer nos requêtes. C’est en se rappelant sa grandeur divine, et son amour paternel, que nous prierons avec le bon état d’esprit.

Ensuite par les trois premières demandes, Jésus nous a fait prendre de la hauteur comme si nous escaladions les épaules du Père, afin de découvrir ce qui compte le plus à ces yeux: Son plan de restauration du monde en Jésus-Christ. Voilà ce que nous devons désirer et rechercher en premier dans la prière.

Au programme de cet article:

Aujourd’hui, nous découvrons les trois dernières demandes du "Notre Père" (attention, l’article est plus long que les autres).

Jusque-là, Jésus nous a demandé de mettre de côté les besoins qui nous préoccupent tant, mais ce n’était que temporaire. Maintenant que nos vies ont été replacées dans la perspective du Royaume qui vient, nous sommes capables de prier pour nos besoins d’une manière équilibrée. Il est donc temps de les remettre à Dieu. Nous verrons notamment que c’est en tenant la main de Dieu dans la prière, la serrant fermement chaque jour, que nous tiendrons bon jusqu’au retour de Jésus!

Un chemin dangereux

Jésus nous a fait admirer notre destination, et nous sommes émerveillés par la beauté du Royaume à venir. D’ailleurs, nous goûtons déjà à des avant-goûts de ce règne éternel comme la joie du pardon, l’apprentissage d’une vie juste selon sa volonté ou la réconciliation avec nos frères et sœurs dans la foi!

Ainsi, en tant que chrétiens…

La chute de l’humanité a provoqué une réaction en chaîne: En cédant à la tentation de Satan (1) l’humanité s’est corrompue (2), sa relation avec Dieu et les autres hommes a été brisée (3), et l’onde de choc a ravagé la terre (4).

Aujourd’hui, le monde est toujours dans un sale état: famine, maladie, catastrophes, souffrance et mort… La famille de Dieu n’y échappe pas et vit encore au sein de l’humanité rebelle à Dieu et dominée par Satan. Les enfants de Dieu subissent leur violence et sont parfois eux-mêmes bien désobéissants.

Le chemin en direction du Royaume est donc semé d’embûches:

C'est par beaucoup de tribulations (de difficultés) qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

Actes 14.22

Nous ne devons donc plus marcher comme des enfants inconscients et nous rendre compte des dangers qui nous menacent. C’est pourquoi Jésus nous en dévoile trois par sa prière:

L’ordre de ces trois demandes remonte l’onde de choc comme si nous priions pour inverser le cours des choses. Un jour ces trois demandes n’auront plus aucun sens, car Jésus aura tout réparé, elles sont donc temporaires! Mais en attendant, nous devons prier pour en être gardés.

Se perdre ou tenir bon? Voilà le véritable enjeu

Si la prière pour nos besoins n’arrive qu’en second, c’est qu’elle doit être replacée à sa juste place dans le contexte des premières demandes. La venue du règne de Dieu, c’est le prisme qui nous permet de comprendre nos besoins réels et de les prier de façon équilibrée.

Avoir le royaume futur à l’esprit change nos regards sur nos besoins et sur les dangers de la vie présente. Nous prions différemment.

Au fond, les trois demandes du "Notre Père" ne cachent qu’un seul et véritable danger: se perdre en chemin en s’éloignant du Père pour ne jamais atteindre le royaume.

Ces trois demandes ne parlent aussi que d’un seul et véritable besoin: tenir bon jusqu’au retour de Jésus. Voyons tout cela plus en détails.

1. Le manque matériel, la suffisance et l’inquiétude

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien…

Matthieu 6.11

Rien de plus simple: À l’époque de Jésus:

Le pain quotidien représente nos besoins matériels vitaux et fondamentaux. Cela englobe donc pleins de choses comme la nourriture, l’énergie physique, ou la protection…

On a parfois voulu interpréter ça de façon, plus… spirituelle. Mais ce serait une erreur de penser qu’il n’y a pas d’enjeux spirituels derrière nos besoins matériels.

Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire: de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise: “Qui est l’Éternel?” Ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol et ne porte atteinte au nom de mon Dieu.

Proverbes 30.8-9

Nous sommes un peu comme les israélites dans le désert (Jésus fait sans doute allusion à la manne en parlant du pain quotidien).

Les questions matérielles peuvent donc nous détourner de notre Père et nous empêcher de faire de son royaume et de sa justice la priorité de nos vies. C’est là le réel objectif de cette demande (voyez ce qui est écrit un peu plus loin, quelques versets après le "Notre Père").

Ne vous inquiétez donc pas, en disant: “Que mangerons-nous?” ou “Que boirons-nous?” ou “De quoi serons-nous vêtus?” […] votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus.

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.

Matthieu 6.31-34

2. Négliger la Grâce

Un autre danger menace de nous éloigner de Dieu: Nous oublions sans cesse la grâce qui nous a été offerte. La seconde demande de Jésus nous en parle en établissant un parallèle:

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Matthieu 6.12

En l’amour de Jésus se trouve l’obligation morale et la force pour tout pardonner.

Il y a alors deux pièges qui nous menacent!

Le premier serait d’oublier notre pardon:

On a donc sans cesse besoin de retourner à Dieu pour se rappeler sa grâce envers nous.

Mais il y a une deuxième façon de se distancer de la grâce vivifiante: celui qui refuse de pardonner aux autres ne sera pas pardonné non-plus.

Non, vous n’avez pas mal lu! Jésus est très clair à ce sujet, il ajoute même après sa prière:

Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.

Matthieu 6.14-15

Attention, ce n’est pas là une condition méritoire à remplir, ou un salut par les œuvres, mais plutôt une question de cohérence logique. En effet, le colis du salut en Jésus, expédié par grâce, livré par l’Esprit-Saint et reçu dans l’emballage de la foi, contient toujours plusieurs choses inséparables:

Il contient le pardon de nos péchés, mais jamais sans l’Esprit de Dieu qui ôte progressivement le péché en nous. Notre pardon personnel et l’apprentissage du pardon vont donc toujours ensemble, et si t’as pas l’un, logiquement, t’as pas l’autre!

De plus, voilà ce que dit celui qui refuse de pardonner: « c’est trop pour que je te pardonne, un homme comme toi ne doit recevoir aucune pitié ». Mais en disant cela il s’accuse lui-même sans le savoir, et il prend ce verset en pleine face:

Comptes-tu, toi qui juges ceux qui agissent ainsi et qui fais comme eux, que toi, tu échapperas au jugement de Dieu?

Romains 2.3

Rappelez-vous, nous avons fait bien pire envers Dieu. Si nous refusons notre pardon aux autres, nous nous condamnons nous-même.

Une parabole de Jésus illustre cela super bien:

3. La tentation

Finalement après nos fautes passées, Jésus nous parle de nos fautes futures, celle que nous sommes tentés de commettre. Car tant que nous ne sommes pas dans le royaume, notre obéissance à la volonté de Dieu grandit, mais reste partielle.

De puissantes forces sont même à l’œuvre pour nous faire revenir en arrière, et nous perdre loin du Père. Jésus en distingue trois:

Nous vivons dans un monde et une société pleine de tentations nous encourageant à rejoindre sa rébellion. Parfois frontales, parfois subtiles,

Deux faces d’une même tentation qui veulent nous éloigner du Père: “Au diable sa volonté, rejette son règne et suis tes désirs pour sanctifier ton nom.”

En fait, la tentation d’Adam et Ève se répète sans cesse devant nous, et le fruit revient sous mille apparences différentes.

Derrière, il y a toujours le même ennemi: Satan le tentateur et ses mensonges. Notre ancien père cherche à récupérer la garde pour nous enchaîner à nouveau sous sa domination et ses abus. Cette fois-ci ce n’est pas un simple serpent qu’il a à disposition, mais la puissance des médias de masses, de la culture ou des armées de la société rebelle à Dieu qu’il contrôle à son insu.

Bien des tentations naissent dans notre cœur, mais bien d’autres sont intentionnellement orientés contre nous par Satan. Fait-on le poids?

Mais il y a deux mouvements dans ce verset:

Le Diable nous tire vers lui pour nous enchainer, mais nous devons aussi être gardés d’entrer de nous-même dans la tentation. Nous sommes aussi l’un de nos ennemis, si ce n’est le pire!

Bien qu’on soit affranchis des chaînes du mal en nous et de l’esclavage de Satan, on continue de vouloir bosser gratis pour nos anciens maître.

Cet attrait de l’interdit de petit enfant, doit être restreint, sinon il peut nous faire glisser progressivement loin du Père jusqu’à la mort:

Jésus nous devance et trace un chemin!

Voilà donc trois dangers qui peuvent nous perdre loin de Dieu et nous faire dévier du chemin qui mène au Royaume. Comment tenir bon?

Tout d’abord en réalisant que nous ne sommes pas de taille: Les dangers sont trop grands, et nous, trop faibles (sans contrôle sur les événements, sans force face à l’attrait de la tentation) et peu de chose face au diable; un être céleste surpuissant à la tête de l’humanité. Alors que faire?

Suivons les pas du Fils par excellence, Jésus, qui a tracé pour nous le chemin de la victoire dans ces trois domaines.

Comment a-t-il accompli cela?

Voici un passage de la Bible qui résume bien les choses:

C’est lui qui, dans les jours de sa chair, offrit à grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. Ayant été exaucé à cause de sa piété, il a appris, bien qu’il fût le Fils, l’obéissance par ce qu’il a souffert. Après avoir été élevé à la perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel.

Hébreux 5.7-9

La victoire finale nous est assurée! Nous qui lui obéissons, nous partageons maintenant ses combats, mais nous participerons aussi à son salut et à sa Gloire.

Tenir fermement la main du Père par la prière

Maintenant, c’est en nous joignant à sa lutte et en comptant sur sa victoire que nous devons cheminer. Nous avançons les regards fixés sur lui!

Nous sommes aussi appelés à prendre exemple sur lui dans nos combats. Tenant bon, non pas par nos propres forces, mais en luttant avec persévérance dans la prière. Par les trois dernières demandes du "Notre Père", Jésus apprend à ses frères et sœurs comment avancer en tenant fermement la main de leur Père Céleste.

1. Prier notre Père, pour être nourris et rassurés

En lui demandant:

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien…

Matthieu 6.11

Nous affirmons que bien que nos frigos soient remplis, en réalité, c’est de Dieu que dépend notre vie. Il est à la source de tout et nous tient dans sa main.

Notez d’ailleurs l’insistance sur l’idée de prier pour les besoins d’aujourd’hui:

Ne portons pas sur nos épaules le fardeau trop lourd des jours à venir, ou l’inquiétude nous détournera de son royaume. Mais remettons au jour le jour nos besoins entre ses mains comme Israël dans le désert, qui dénués de tout, devait lever les mains vers Dieu pour recevoir son pain quotidien, la manne. Elle ne tenait qu’un seul jour et ne pouvait être stocké, ils ont donc appris à dépendre de lui au jour le jour, et ont goûté à sa fidélité renouvelée.

Malgré les apparences, notre situation n’est pas bien différente et Jésus nous appelle par cette prière à nous voir comme eux.

2. Prier notre Père, pour être aimés et éduqués

En demandant à Dieu:

Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Matthieu 6.12

Nous trouvons un rappel quotidien du pardon du Père permis par Jésus. Nous regardons à la croix, où le Père nous réaffirme son amour infaillible. Ainsi, il nous enlève toute culpabilité bloquante et nous nous approchons de lui sans retenu. Nous retournons sans cesse nous blottir dans les bras de la grâce! Quel autre moyen peut mieux nous garder de nous perdre que celui-là?

Par cette demande, notre Père fait aussi notre éducation, car celui qui demande pardon apprend à reconnaître ses fautes et à s’en détacher. D’ailleurs, seul le pardon pouvait nous donner la force de le faire. Nous apprenons donc l’obéissance par cette prière, notamment l’amour du prochain. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si ce verset suit cet ordre précis:

Pardonne-nous nos offenses,
      comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Matthieu 6.12

3. Prier notre Père, pour être protégés et fortifiés

En priant:

Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais délivre-nous du Malin.

Matthieu 6.13

Nous mettons en pratique le conseil que Jésus a fait à ses disciples:

Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible.

Matthieu 26.41

Et il nous apprend à le faire de la bonne manière, en cherchant la protection et le soutien du Père.


En résumé:

Ces trois demandes nous conseillent d’avancer en cherchant en permanence les soins paternels: être nourris, rassurés, pardonnés, éduqués, guidés, protégés, soutenus… Et tout ça par la prière.

Terminer la course malgré les obstacles

Ces trois demandes n’échouent jamais! Toutes ces choses que Jésus nous dit de demander, son Père a aussi promis de nous les donner dans d’autres passages de la Bible:


La prière est justement l’un des moyens par lesquels il nous apprend à persévérer dans notre combat. Alors, répondons ensemble à son appel: prions chaque jour le "Notre Père" pour que le jour de son règne vienne et pour que nous puissions tenir bon jusqu’à ce jour.


Cette série est maintenant terminée. Je prie que Dieu t’aide à vivre tout ce que Jésus t’aura appris par elle. ☺

Florian


Post Scriptum: Pour tous ceux qui se demandent où est passé le chant de louange (doxologie) qui clôture habituellement le "Notre Père": “Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!” sachez qu’il n’apparaît pas dans les plus anciens manuscrits que nous possédons. La majorité des commentateurs s’entendent donc pour dire que cette doxologie est un ajout postérieur de l’Église qui n’a jamais été dans la bouche ni de Jésus, ni de Matthieu. J’ai donc fait le choix de ne pas la traiter. Mais sachez aussi que certains d’entre eux affirment qu’à l’époque, toute prière juive était systématiquement clôturée par un chant de louange. Si cela est vrai, la doxologie à ajouter à la fin du "Notre Père" serait implicite, Jésus nous laissant le choix de la formulation. Dans ce cas, quoi de mieux que cette formulation de l’Église, éprouvée par le temps et magnifiquement symétrique aux trois premières demandes?


Dans la série "Apprendre à prier avec le Fils"

  1. La prière hypocrite
  2. La prière païenne
  3. Lever les yeux vers le Père
  4. Sur les épaules du Père
  5. Tenir la main du Père

Florian Vincenzi

Florian est marié à Sophie. D’abord maître d’école, puis ingénieur pédagogique, il a développé des formations pour des entreprises avant de se consacrer à plein temps à des études de théologie à la Faculté Jean-Calvin. Grâce à un parcours flexible et adapté, il combine cours à distance et implication dans son Église locale, où il enseigne et prêche. Passionné par l’enseignement biblique, Florian poursuit sa deuxième année d'études pour approfondir sa compréhension des Écritures et mieux servir l’Église.

Ressources similaires

webinaire

La prière: retrouver le plaisir de parler à notre Père

Découvre le replay du webinaire de Romain T. sur la prière, enregistré le 09 juin 2022.

Orateurs

R. T.