Apprendre à prier avec le Fils – Lever les yeux vers le Père (3)

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Concrètement, comment prier? Avec quel état d’esprit dois-je m’adresser à Dieu? Certains tremblent devant le Roi de l’univers et multiplient les révérences angoissées, d’autres l’appellent "Papa" et encouragent une prière décontractée. Et Jésus? Team Respect ou Team Relation?

Précédemment, dans « Apprendre à prier avec le Fils »

Jésus nous a montré comment ne pas prier: ne soyons pas des hypocrites qui prient pour plaire aux hommes, ou des païens qui essaient d’attirer son attention et sa faveur par tous les moyens. Au fond, une seule chose compte: que Dieu soit notre Père d’adoption en Jésus. Un Père pleinement présent pour écouter nos prières, et toujours soucieux de nos besoins.

Au programme de cet article:

Jésus nous donne maintenant le modèle d’une prière adressée à son Père, dans laquelle il applique ce qu’il a enseigné jusque-là.

Un modèle de prière à méditer. Un modèle pour nous guider. Un modèle à s’approprier. Malheureusement, c’est plus souvent un modèle négligé et mal compris. Pourtant, je vous promets que même ses premiers mots sont si riches qu’ils sont capables de révolutionner votre vie de prière.

Des enfants distraits, désorientés et apeurés

Sous nos apparences d’adultes responsables, avouons-le, nous sommes des enfants distraits, absorbés par les nombreuses préoccupations d’un quotidien chargé! Nous sommes des enfants désorientés, perturbés par le remous continu des imprévus. Des enfants apeurés, tremblants face aux dangers et à la souffrance qui parsèment notre route.

Les circonstances de la vie, le "là maintenant", nous happent et capturent nos pensées. Elles nous emmènent à la dérive, loin de Dieu notre Père.

Pas le temps de lui parler, la journée a déjà commencé et on est submergés. On est si petits qu’on risque parfois de se noyer dans le petit bain, alors on nage frénétiquement.

C’est seulement quand les grandes eaux nous emportent, et que nous n’avons plus pied, que notre impuissance nous pousse à appeler à l’aide quelqu’un de plus grand que nous, quelqu’un qui a encore pied! Ceux qui ne connaissent pas Dieu lanceront une prière au hasard, comme une bouteille à la mer, mais nous, nous crions notre détresse à Dieu notre père: nous prions!

Malheureusement, nos préoccupations quotidiennes sont si pressantes et stressantes que nos prières en sont dénaturées:

Cette dernière image résume bien mon propre rapport à la prière. Le magnifique cadeau de Dieu, cet accès personnel au Roi de l’univers, je le relègue au statut de dernier recours.

Lever les yeux vers notre Père céleste

Jésus nous appelle à prier autrement. Les premiers mots de sa prière ne sont pas des demandes, des cris de détresse ou des supplications, et les trois premières requêtes qui suivent semblent bien loin de ce qui me préoccupe généralement.

Tout ça doit attendre le verset 11.

Les premiers mots de cette prière: "Notre Père qui es aux cieux", nous encouragent plutôt à retenir nos cris (qui sortent pourtant si facilement) et à prendre un temps de silence pour nous placer d’abord devant Dieu.

Nous détachons nos regards du "là maintenant" et levons nos yeux vers le ciel pour contempler Dieu!

Prier ainsi remplit mon esprit de la grandeur de Dieu, et dissipe mes pensées qui couraient dans tous les sens. La majesté divine relativise l’importance de mes préoccupations. Je ne suis pas seul au milieu des eaux tumultueuses.

En effet, chez Matthieu, les cieux désignent le lieu de la présence de Dieu, monde invisible et spirituel où il règne sans partage sur toutes puissances spirituelles. Mais ce n’est pas que ça. C’est aussi l’idée que, comme le ciel qui surplombe le monde, Dieu domine au-dessus d’absolument tout. Il est le plus grand, le plus puissant, le plus glorieux, le plus magnifique…

Un souverain incomparable dans tous les domaines. Rien n’arrive à sa cheville.

Admirons donc qui est Dieu, et laissons-nous impressionner…

…Mais n’oublions pas aussi de nous rappeler qui il est pour nous: il est notre Père. Cette façon de s’adresser à Dieu choque les Juifs, car elle connote une grande tendresse. Tant de familiarité avec Dieu semble difficile à accepter. Pourtant, Jésus propose bien à ses disciples de s’adresser à Dieu de la même façon que lui le faisait.

Sa grandeur ne doit donc pas nous écraser de peur ou nous amener à croire qu’il est trop grand pour s’intéresser à nous et à nos petits problèmes. Non! Bien qu’il soit si grand, le Roi de l’univers s’est approché de nous en Jésus.

On lève les yeux vers ce Dieu qui est si haut, si grand, et on tremble de crainte… jusqu’à ce que l’on croise ses yeux si doux, jusqu’à ce que l’on voie notre reflet dans sa pupille, et que, plongeant dans son regard, on y trouve l’amour d’un Père. Voilà ce que nous rappellent ces mots: “Notre Père qui es aux cieux.” Voilà ce que Jésus nous dit de proclamer au début de nos prières.

Avoir le cœur bien disposé pour prier

Ces deux considérations –notre Père + qui es aux cieux– façonnent notre état d’esprit dans la prière.

Celui qui prend le temps de se les rappeler ne priera plus de la même manière:

1. Quel respect, quelle révérence!

Les voies de mon Père céleste sont les meilleures, et il mérite toute mon adoration. Mes prières sont saturées de louanges, et j’apprends à demander ce qui lui plaît plutôt que ce qui me plaît. Si un père sait mieux que ses enfants ce qui est bon pour eux, que dire de la volonté d’un Père céleste? Comment ne pas la demander? Le Fils par excellence l’avait bien compris.

2. Quelle simplicité dans la prière!

Le Père ne me regardera jamais avec dédain. Il ne rejette même pas celui qui retombe sans cesse dans la crasse de ses péchés. Je suis toujours digne de m’adresser à lui en Jésus. Mon Père ne méprise pas non plus mes hésitations, mes maladresses, ou l’absence de belles formulations. Il pardonne même mes demandes inappropriées. Pas de pression: personne ne doit se dire que sa prière n’est "pas assez bien" pour Dieu. Quel parent attend que son enfant maîtrise le "plus-que-parfait" avant de l’écouter?

3. Quel honneur, quelle joie!

Être aimé d’un Père si excellent, que demander de mieux? Mes regards tournés vers lui, je retrouve l’amour, l’estime et l’espoir dont j’ai besoin.

4. Mais surtout, quelle source de confiance infaillible!

Face aux dangers, je n’ai plus peur, car si le Père tout-puissant est de mon côté, qui pourra agir contre moi? Ma foi trouve en ses bras, si forts et si tendres à la fois, un fondement solide. Ainsi, je reçois une paix qui surpasse toute intelligence.

L’équation est simple:

Si vous faites confiance à vos parents imparfaits, alors quelle confiance devriez-vous avoir envers Dieu? Jésus le dit lui-même un peu plus loin: personne n’est plus digne de notre confiance que le Père que nous prions:

Matthieu 7.11

Les yeux fixés sur mon Père céleste, respectueux, aimé, confiant et apaisé, je suis maintenant bien disposé pour lui adresser mes requêtes. C’est justement la suite de cette prière…

Prononcer nos balbutiements

Jésus donne ensuite un modèle de 6 demandes, divisées en deux groupes de 3. Les trois premières sont centrées sur Dieu et la finalité de ses plans (ton), et les trois dernières concernent nos besoins (nous).

Quelle était l’intention de Jésus en nous les donnant? Quel usage devons-nous en faire? Jésus semblait avoir deux objectifs:

  • C’est un exemple de prière pour apprendre. Le contexte dans la version de Luc nous le montre:

Luc 11.1

  • C’est aussi une prière à s’approprier. On doit la faire sienne:

Matthieu 6.9

Cette prière est donc une sorte de cadre permettant d’orienter nos balbutiements adressés à notre Père. Par Jésus, Dieu nous apprend à lui dire nos premiers mots:

Mais n’en restons pas au babillage maladroit d’un enfant qui imite sans comprendre!

Malheureusement, c’est ce que les chrétiens ont souvent fait: utiliser cet exemple en le répétant tel quel, sans comprendre, sans aller plus loin, jusqu’à ce qu’il devienne presque comme une formule magique. Notre langue bouge, mais notre esprit ne s’y associe pas.

Si vous utilisez cette prière ainsi, vous passerez à côté de son but!

Sans votre cerveau, il n’y a plus grand-chose à apprendre. En répétant tel quel, sans chercher à l’adapter à votre contexte, il n’y a plus grand-chose à s’approprier.


Voici un exemple avec “Que ton règne vienne”:

Entraîne-toi à faire pareil! Utilisons quotidiennement le "Notre Père" comme une trame de base que l’on suit, que l’on médite, et que l’on s’approprie dans la prière.

C’est quoi la suite?

Le Père veut voir ses enfants grandir, passer du stade d’enfants qui ne demandent que des bonbons au stade d’adultes désirant un repas équilibré.

Par son éducation, il change nos désirs, nos préoccupations, et donc nos prières. Et c’est justement ce que fait Jésus dans la suite du "Notre Père". Pour découvrir cela, rendez-vous dans le prochain article. ☺

Note de l’éditeur: Rendez-vous chaque jeudi pour un nouvel article de cette série!

Dans la série "Apprendre à prier avec le Fils"

  1. La prière hypocrite
  2. La prière païenne
  3. Lever les yeux vers le Père
  4. Sur les épaules du Père
  5. Tenir la main du Père

M-à-j le 18/10/2024: Le dernier article de cette série a demandé plus de travail de préparation que prévu, nous le publierons dès que possible. Merci pour votre patience!

Florian Vincenzi

Florian est marié à Sophie. D’abord maître d’école, puis ingénieur pédagogique, il a développé des formations pour des entreprises avant de se consacrer à plein temps à des études de théologie à la Faculté Jean-Calvin. Grâce à un parcours flexible et adapté, il combine cours à distance et implication dans son Église locale, où il enseigne et prêche. Passionné par l’enseignement biblique, Florian poursuit sa deuxième année d'études pour approfondir sa compréhension des Écritures et mieux servir l’Église.

Ressources similaires

webinaire

La prière: retrouver le plaisir de parler à notre Père

Découvre le replay du webinaire de Romain T. sur la prière, enregistré le 09 juin 2022.

Orateurs

R. T.