Dans l'Évangile selon Luc aux chapitres 9-19, Luc nous dépeint la marche de Jésus et de ses 12 disciples vers Jérusalem. C’est pendant ce voyage qu’il va enseigner et donner les bases nécessaires pour la vie de disciple. Mais au-delà de la description littérale d’un voyage, c’est la marche spirituelle dont Luc fait ici le récit.
Cette marche vers Jérusalem a une portée métaphorique: le parcours de Jésus et de ses disciples dessine la marche chrétienne, ses difficultés, ses aspirations et nous donne des exemples. Cette marche vers Jérusalem est en quelque sorte notre marche vers la Jérusalem céleste. Suivre Jésus-Christ, c’est devenir son disciple!
L’une des premières difficultés que rencontrent Jésus et ses disciples est le rejet (Lc 9.51-56). On comprend aisément, vu les relations conflictuelles entre juifs et samaritains, le rejet auquel ils sont confrontés. De la même manière, le disciple de Jésus aujourd’hui sera rejeté par le monde. Mais Jésus nous rappelle qu’il ne faut pas réagir de la même manière que les disciples face à ce rejet, leur réaction est la colère – meurtrière, et Jésus les a repris: il n’était pas là pour juger, mais pour annoncer le salut.
Afficher notre christianisme nous amènera à être rejeté par le monde, mais ces obstacles ne doivent pas nous décourager.
Nous devons continuer à proclamer l’Évangile, même face aux oppositions. Le rejet fait partie de la vie du disciple, mais il doit être l’occasion de manifester l’amour de Christ, même –et surtout– face à l’incompréhension et à l’hostilité de nos contemporains. Le meilleur exemple est le rejet de Jésus lui-même, qui mena à sa mort. Mais face à ses bourreaux, Jésus fit preuve d’un amour qui nous dépasse (Lc 23.34). Aussi, nous ne devons pas oublier qui est notre maître et ne pas craindre ceux qui peuvent faire mourir le corps, les hommes (Lc 12.4). Celui que nous devons craindre, c’est Dieu.
L’une des caractéristiques fondamentales du disciple est l’amour du prochain. C’est cet amour qui fait grâce et qui a fait la différence entre la réaction des disciples et celle de Jésus quand ils furent rejetés par les Samaritains (Lc 9.55). L’amour que Jésus manifeste doit être notre exemple suprême: celui qui veut suivre Jésus doit aimer comme Jésus.
La parabole du "bon Samaritain" est très parlante à ce sujet. Alors que tous ceux qui se croyaient importants –et l’étaient dans la société de l’époque– passent à côté de l’homme à demi-mort. Seul le Samaritain l’aidera. Pourtant, c’est celui qui avait le plus de "raisons" de ne pas le faire. L’attention que porte le Samaritain à l’homme blessé et la générosité dont il fait preuve (Lc 10.35) sont un exemple pour le disciple, il doit aider son prochain, celui qui se trouve sur sa route.
L’humilité est un autre des traits du disciple. Comme l’amour, c’est en Jésus que nous trouvons le meilleur des exemples. C’est l’humilité dont il a fait preuve qu’il nous faut revêtir. Le disciple ne doit pas chercher à se mettre en avant mais plutôt à placer les autres avant lui, à chercher l’intérêt de son prochain au lieu du sien (Lc 14.10-11). Il ne doit pas chercher à donner à qui pourra lui rendre (Lc 14.14) en sachant qu’il lui sera rendu à la résurrection des justes. C’est l’expression de la générosité désintéressée. L’humilité et la générosité soulignent son amour pour le prochain.
Cette humilité, Jésus en parle dans la parabole du "pharisien et du publicain". Le pharisien qui prie debout se vante d’être meilleur que le publicain, alors que l’humilité du publicain le pousse à se reconnaitre pécheur et à craindre Dieu. Jésus nous apprend que c’est le publicain qui fut justifié plutôt que l’autre (Lc 18.14) et il nous explique que celui qui s’abaisse sera élevé. Celui, au contraire, qui s’élève sera abaissé, car c’est Dieu qui élève ou abaisse. Celui qui manque d’humilité et cherche à s’élever lui-même sera abaissé par Dieu.
Par définition, le disciple doit veiller à son humilité, et à mettre toujours Dieu en avant.
Alors que certains obstacles à la marche du disciple sont extérieurs (comme le rejet des autres), certains –et pour la plupart– sont intérieurs. Avec l’engagement total vient le détachement total: nous ne pouvons nous attacher totalement à Dieu que dans la mesure où nous sommes totalement détachés de tout le reste, c'est-à-dire de tout ce qui est susceptible soit de nous retenir, soit de nous freiner dans notre marche. Cet attachement peut se manifester sous plusieurs formes: le confort peut nous retenir.
La vie du disciple n’est pas caractérisée par le confort et Jésus lui-même nous invite à considérer cela (Lc 9.58). Qui dit engagement dit dépense et Jésus insiste sur le fait que nous devons réaliser ce qu’il en coûte de le suivre. Le prix à payer est élevé –et ô combien la récompense est plus élevée encore– et il nous faut prendre conscience des implications de la vie de disciple du Christ pour pouvoir nous engager réellement.
Il ne s’agit pas d’un engagement d’un temps, mais de toute une vie. Jésus nous le dit clairement: il est la priorité, celui que nous devons préférer à tous, même à notre famille (Lc 12.52; Lc 14.26), et nous devons être prêts à renoncer à tout ce qui nous retient, c'est-à-dire tout ce que nous possédons, pour être son disciple (Lc 14.33). Ce détachement concerne particulièrement l’argent et les biens de ce monde, Jésus est encore une fois très clair: on ne peut servir deux maîtres en même temps. Celui qui est asservi par l’argent ne peut suivre Jésus (Lc 16).
Il nous faut nous détacher de l’emprise que peut avoir l’argent pour nous mettre sous le joug léger de Jésus. Mais peut-être le passage le plus clair concernant la nécessité de tout laisser pour suivre Christ se trouve dans la parabole dite du "jeune homme riche" (Lc 18.18-30).
Ce dernier, ayant demandé comment hériter la vie éternelle, s’est vu répondre simplement par Jésus: il lui fallait vendre ses biens, distribuer le gain aux pauvres avant de pouvoir suivre Jésus (Lc 18.22). Et c’est là la condition et le comportement que le disciple doit adopter pour pouvoir suivre Jésus, se détacher de l’argent pour s’attacher à Christ. Le jeune homme riche avait du mal à échanger un trésor visible actuel pour un trésor invisible dans les cieux à venir. La richesse terrestre passe avec le riche (Lc 16.22) alors que la vraie richesse du disciple est en Dieu (Lc 12.21). Le disciple ne s’amasse pas des richesses qui pourrissent, mais un trésor inépuisable dans les cieux (Lc 12.33).
Le disciple qui a tout abandonné pour suivre Jésus doit s’attendre à Dieu, Dieu sait ce qui est bon pour nous et veut que nous dépendions totalement de lui. Puisqu’il ne compte plus sur les richesses de ce monde, il doit s’attendre à ce que Dieu lui donne. Si Dieu donne à manger aux oiseaux, à combien plus forte raison donnera-t-il aux disciples qui valent bien plus que les oiseaux. Jésus dit à ses disciples de ne pas s’inquiéter (Lc 12.22), Dieu sait ce dont ils ont besoin et les invite à chercher plutôt le royaume de Dieu (Lc 12.30-31). Cette dépendance est autant matérielle que spirituelle.
En chemin, Jésus s’arrête chez Marthe (Lc 10.38-42). Cette scène nous donne encore un enseignement pratique sur les priorités que doit avoir le disciple, il doit en premier écouter Jésus –donc sa parole– plutôt que de chercher à faire des choses pour lui. Le disciple qui va se nourrir de la parole de Dieu pourra ensuite le servir selon cette parole. Cela nous invite, en tant que disciple, à toujours rechercher à être à l’écoute de Dieu, à chercher ce qu’il peut nous apporter avant de chercher à lui apporter quelque chose. Aussi le vrai disciple garde la parole de Dieu (Lc 11.28), elle est pour lui une bénédiction. Notre dépendance doit aussi se manifester en termes de dépendance spirituelle.
Le disciple doit être vigilant. Jésus l’a promis, il reviendra. Et ce retour –la parousie– doit être l’objet d’une ferme espérance et d’une attente soutenue. Le Seigneur nous exhorte à la vigilance (Lc 12.35-40). Nous ne savons pas quand le maitre reviendra; en conséquence, nous devons nous tenir prêt à tout instant (Lc 12.40). Jésus utilise le déluge et le temps de Lot (la destruction de Sodome) et compare les temps qui le précédaient à ceux qui précèderont sa seconde venue: tout le monde vivait comme si rien n’allait arriver (Lc 17.22-37). Mais nous, sachant tout cela, nous devons rester vigilants et veiller, car tout cela arrivera sûrement et bientôt, à l’heure où nous n’y penserons pas (Lc 12.40).
Article publié pour la première fois le 19 juin 2014. Remis en avant par la Rédaction le 8 août 2024 pour atteindre une nouvelle génération de lecteurs.
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Orateurs
R. Charrier