Agissez comme des hommes

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Qu’est-ce que la masculinité selon la Bible? Vous connaissez la radicalité de la Bible, et bien, la masculinité n’y échappe pas non plus!

La masculinité est l’appropriation joyeuse de notre responsabilité sacrificielle, rien de moins. C’est notre réponse à l’appel de Dieu. J’espère ouvrir une fenêtre sur la masculinité en me référant à son rappel le plus naturel et le plus pratique de ma vie: comment apprendre à mes deux jeunes fils à se comporter comme des hommes. Pour ce faire, je vais décrire sept souhaits que j’ai pour mes garçons alors qu’ils grandissent en maturité vers l’âge adulte.

1. Je veux que mes garçons grandissent pour être de vrais hommes de Dieu: premiers arrivés, derniers partis, riant plus fort que tout le monde

Autour de chez moi, c’est notre façon d’exprimer l’appropriation joyeuse de la responsabilité sacrificielle. Il s’agit d’un résumé des paroles du roi Lune d’Archenland sur la royauté dans « Le cheval et son garçon » (Les Chroniques de Narnia):

Car c’est ce que signifie être un roi: être le premier dans chaque attaque désespérée et le dernier dans chaque retraite désespérée, et quand il y a la faim dans le pays (comme cela doit être de temps en temps pendant les mauvaises années) de porter des vêtements plus fins et de rire plus fort que tout homme dans votre pays devant un repas plus maigre.

« Le cheval et son écuyer », Les Chroniques de Narnia, C. S. Lewis

La royauté (et par extension la vraie masculinité) signifie être le premier dans la bataille. S’il y a un danger à affronter, l’homme véritable ira le premier le combattre. S’il y a un fardeau à porter, l’homme le portera en premier. L’homme veillera à ce que la douleur et les difficultés retombent sur lui avant de tomber sur ceux dont il prend soin. Trop d’hommes pensent que le leadership masculin signifie exiger des choses, obtenir ce qu’ils veulent comme ils le veulent, et faire le tour du quartier sur un grand cheval. Mais un leadership selon Dieu ne nous donne pas le droit d’asseoir notre autorité sur les autres; cela signifie, comme le dit mon ami Toby Sumpter, que c’est notre gloire de mourir en premier.

Alors que beaucoup d’entre nous ne seront jamais appelés à se battre dans une bataille physique pour protéger nos familles, nous sommes tous appelés à rechercher des opportunités pour être les premiers arrivés, les derniers partis et ceux qui rient le plus fort. « En effet, le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. » (Mc 10.45).

Par conséquent, un homme de Dieu rentre à la maison non pour être servi, mais pour servir. Après une dure journée de travail, un homme de Dieu rentre chez lui, non pas avec une liste d’exigences, mais avec l’empressement de vouloir donner. Il revient pour alléger les fardeaux de sa femme, pas en ajouter. Il revient pour jouer avec ses enfants, et non les renvoyer dans leur chambre pendant que lui se repose sur le canapé.

Je veux que mes fils aspirent à être des hommes qui donnent jusqu’à ce que ça fasse mal et sifflotent en le faisant. Je veux qu’ils se sacrifient avec un rire invincible dans leur cœur. « Quant à moi, je ferai très volontiers des dépenses et je me dépenserai moi-même pour vous-même », dit Paul aux Corinthiens (2 Co 12.15).

La masculinité selon Dieu devrait être la chose la plus heureuse que vous ayez jamais vue. Les yeux qui pétillent, un sourire éclatant, toujours riant, telles sont les qualités d’un homme qui a fixé ses pieds sur le Rocher et ne sera pas ébranlé lorsque la terre sera bouleversée et que les flots de la mer écumeront (Ps 46.1-3).

2. Je veux que mes fils embrassent leur vocation de protecteurs des faibles

L’une de mes principales responsabilités en tant que père envers mes fils est de les préparer à la guerre. Chez nous, jouer avec des épées est une leçon de vie pratique. Lorsque nous revêtons nos armures en plastique et prenons nos épées en mousse, nous nous préparons à de vrais sacrifices.

Je veux qu’ils voient que le principal fardeau de défendre leur incombe, qu’il s’agisse de la maison, de la famille, de l’Église ou du pays. Le monde est rempli de jardins et, comme le dit un pasteur, les jardins attirent toujours des serpents. Par conséquent, ma prière est qu’ils mettent leur armure, gardent leurs épées aiguisées et assurent leur rôle d’homme.

De plus, une partie de leur apprentissage consiste à savoir tomber et se relever. Je veux que mes garçons tombent. Je veux qu’ils aient les genoux écorchés, la tête pleine de bosses et les bras meurtris. Je veux qu’ils ressentent la douleur (à petites doses) pour qu’ils apprennent à en rire. Je leur demande: « Que faisons-nous lorsque nous tombons? » – « On rit, et on continue à jouer », me répondent-ils.

La masculinité consiste à prendre la responsabilité de la sécurité physique, émotionnelle et spirituelle des personnes dont nous avons la charge. Pour moi, cela signifie, entre autres, de verrouiller les portes la nuit, de faire des câlins et des baisers comme si mon affection paternelle était de la neige dans un hiver du Minnesota, et de prier pour que de puissants anges avec des épées enflammées gardent les chambres pendant que nous dormons.

Cela signifie identifier les menaces et les ennemis de toute nature et prendre des mesures pour protéger et garder ceux qui me sont confiés. Plus important encore, cela signifie tuer le dragon qui se cache dans mon propre cœur. La plus grande menace pour mes proches est mon propre péché et ma rébellion. Par conséquent, protéger les autres exige de moi de poursuivre la sainteté résolument et joyeusement.

3. Je veux que mes fils se soumettent à l’autorité légitime avec joie

La condition préalable pour être en position d’autorité est de reconnaître que l’on est toujours sous autorité. Beaucoup d’hommes pensent que le leadership consiste à être « le patron », alors qu’en fait il s’agit d’abord et fondamentalement de reconnaître que Dieu est le Patron (Ép 6.9; Col 4.1).

La masculinité accueille avec joie la redevabilité, l’autorité et la surveillance. Le fondement de la virilité selon Dieu est l’obéissance joyeuse à l’autorité légitime. Un homme ne peut pas s’attendre à l’obéissance des autres s’il n’est pas d’abord désireux d’être lui-même obéissant à ceux qui sont au-dessus de lui dans le Seigneur.

Je veux que mes garçons grandissent avec une conscience profonde que leur père est un homme soumis à l’autorité. Je veux être un modèle pour eux d’une soumission joyeuse à Dieu selon sa Parole, aux anciens de notre Église, à mon patron au travail. Dieu les appelle à m’honorer, à me respecter et à m’obéir; par conséquent, je veux leur montrer comment.

L’autre facette de la soumission à l’autorité légitime est la résistance à l’autorité illégitime. Enseigner l’obéissance selon Dieu à mes fils, consiste entre autre à les aider à saisir les différences entre l’autorité établie par Dieu, et celle qui est usurpée par des hommes qui ne suivent pas Dieu. Je veux qu’ils défient les seconds précisément parce qu’ils désirent obéir à Dieu.

Cela implique qu’il faille se réjouir d’exemples d’hommes comme l’apôtre Pierre (« obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » Ac 5.29), Martin Luther King Jr. (citant Augustin: « Une loi injuste n’est pas du tout une loi »), et Robin des Bois (« si être un hors-la-loi est le dernier travail disponible pour un honnête homme en Angleterre, alors je serai un hors-la-loi »).[1]

4. Je veux que mes fils trouvent la joie qu’il y a dans la pratique de la maîtrise de soi

Paul choisit la maîtrise de soi comme l’un des appels fondamentaux pour les jeunes hommes (Tt 2.6) et les plus âgés (Tt 2.2). Cette maîtrise de soi est le résultat de la grâce de Dieu dans l’Évangile (Tt 2.11-12). C’est la grâce qui nous entraîne à renoncer à l’impiété et à vivre la maîtrise de soi dans nos vies pendant cette époque. Paul identifie la maîtrise de soi comme un fruit de l’Esprit (Ga 5.23), ce qui signifie qu’elle est plus que notre simple volonté. L’un des objectifs fondamentaux de l’Esprit de Dieu est de me redonner le contrôle de moi, afin que je fasse des efforts sur ce que Dieu travaille (Ph 2.12-13).

La Bible enseigne que la gloire des jeunes hommes est leur force. Mais la force inactive est l’oisiveté et la passivité, et donc la force doit être dirigée vers un but. D’un autre côté, une force non bridée est imprudente et dangereuse, elle fait rapidement du mal et est destructrice. Une force gouvernée par la sagesse, une force guidée par l’Esprit de Dieu, une force visant le bien des autres: c’est ce que Dieu recherche.

Pour mes fils, cela signifie contrôler leurs colères et leurs débordements, ne pas se mettre à pleurnicher et à s’agiter quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent, et apprendre quels sont le temps et le lieu pour faire les idiots, les fous et être bruyants. À mesure qu’ils grandissent, la maîtrise de soi sera nécessaire pour sortir du lit pour aller à l’école, terminer les devoirs avant de jouer dehors et résister à la tentation sexuelle.

Dans un de ses écrits, l’écrivain Chesterton a fait remarquer que la raison pour laquelle l’ordre et la structure existent dans le monde de Dieu, c’est faire de la place pour que les bonnes choses puissent se réaliser. Dieu érige des murs autour de la ville afin que la vie puisse avoir lieu à l’intérieur. Dieu établit des limites pour que la joie puisse se déchaîner. Un homme de Dieu respecte et apprécie les clôtures construites par Dieu, puis monte à cru à travers la plaine délimitée, le vent fouettant ses cheveux.

5. Je veux que mes fils célèbrent les merveilles de la féminité

Trop souvent, magnifier les vertus d’un sexe entraîne le dénigrement de l’autre. Mais Dieu a conçu la masculinité et la féminité pour se compléter l’une l’autre. Les hommes et les femmes ont été faits pour danser ensemble. Et tout l’intérêt du fait que ce soit les hommes qui dirigent dans la danse est de mettre en valeur la beauté des femmes.

Par conséquent, il ne peut y avoir de masculinité selon Dieu où la vertu féminine n’est pas célébrée. Les hommes de Dieu aiment la gloire des femmes, parce que la gloire de la femme est la gloire de l’homme (1 Co 11.7). Cela signifie qu’en général, nous pouvons mesurer la fidélité des hommes par l’épanouissement des femmes.

Dans une famille chrétienne, les fruits que portent la femme et les enfants sont la preuve que Dieu fait reposer sa bénédiction sur le mari. Si vous voulez voir si la masculinité biblique est présente dans une assemblée, regardez les femmes et les enfants. Est-ce qu’ils s’épanouissent? Font-ils l’objet d’une attention particulière? Sont-ils saints, heureux et pleins d’espoir?

Je veux que mes fils soient impressionnés par la brillante force et la vivifiante sagesse des femmes. Je veux qu’ils entendent leur père chanter les louanges de leur mère, qu’importe la saison de la vie dans laquelle nous nous trouvons. Quand je les bénis avant de dormir, je veux qu’ils espèrent ardemment que mes prières pour eux se réalisent: « Que le Seigneur penche son visage sur toi et te donne la paix, et t’accorde un jour une femme semblable à ta maman. » Je veux qu’il n’y ait aucun soupçon de supériorité ou de domination masculine, mais uniquement de la reconnaissance envers Dieu pour l’énorme bénédiction que sont les femmes.

6. Je veux que mes fils mettent à mort tout vestige de fausse masculinité

Mes garçons sont nés en tant que fils d’Adam, ce qui est « assez d’honneur pour faire relever la tête du mendiant le plus pauvre, et assez de honte pour faire s’abaisser les épaules du plus grand empereur de la terre »[2].

Adam a été appelé à garder et à protéger le jardin (tout comme les Lévites gardaient et protégeaient le tabernacle), mais au lieu de cela, lorsque le serpent s’approcha de sa femme avec ses paroles mensongères, Adam se tint là passif et silencieux. Dieu lui avait ordonné de ne pas manger de l’arbre interdit, mais quand sa femme lui a offert le fruit interdit, il a choisi de défier son Père, d’écouter la voix de sa femme et d’adorer la créature plutôt que le Créateur. On s’attendait à ce qu’il assume la responsabilité de protéger sa femme et de pourvoir à ses besoins, mais quand Dieu l’a appelé pour rendre compte de son péché, il a accusé sa femme, exigeant de fait que Dieu la mette à mort pour leur péché commun.

Passivité, idolâtrie, abus. Ce sont les caractéristiques de la masculinité adamique. C’est le contraire de la bonne responsabilité sacrificielle. Au lieu d’être le premier entré, dernier sorti, riant le plus fort, nous sommes le dernier entré, premier sorti et toujours en train de nous plaindre. Je veux entraîner mes garçons à reconnaître le vieil homme qui vit dans leur cœur et leur enseigner à prendre leur croix et à le mettre à mort quotidiennement.

Je ne me fais aucune illusion : la masculinité adamique ne sera jamais complètement détruite dans cette vie. Mais il peut y avoir des progrès, et nous devons commencer là où le premier Adam a échoué: en assumant notre responsabilité et en nous repentant. Lorsque je prodigue des conseils à des hommes nouvellement mariés, je leur rappelle que dans un mariage de pécheurs, le conflit est inévitable. Certains disent que l’amour consiste à ne jamais avoir à dire que vous êtes désolé. Pour un mari qui suit Dieu, l’amour signifie que vous avez le privilège d’être le premier à dire que vous êtes désolé.

7. Je veux que mes fils voient Jésus-Christ comme le fondement et le but de leur masculinité

Christ est le fondement de notre masculinité. Il a emmené l’humanité adamique dans la tombe avec lui et il a été ressuscité avec une nouvelle façon d’être humain et une nouvelle façon d’être un homme. Contrairement à Adam, Christ a tué le dragon pour obtenir la fille. Et il a tué le dragon en mourant lui-même. Quand il a vu sa fiancée marcher sur le chemin large de la voie de la destruction, qu’a-t-il fait? Il n’a accusé personne, il a versé son sang. Il n’a pas condamné, il est mort. Il n’a pas râlé, grommelé ni gémi. Au lieu de cela, il s’est donné tout entier pour elle avec joie et avec grâce, afin de purifier et de rendre sa fiancée encore plus belle.

Christ est mort pour les péchés d’Adam et de tous les fils qui suivent ses pas, afin de nous tracer un chemin vers notre Père et retrouver notre vocation royale. L’Évangile de Jésus-Christ est le seul espoir pour les hommes défaillants et déchus, et c’est une espérance vivante et durable.

Ma prière pour mes garçons (et pour moi-même et les hommes qui lisent ceci) est que nous embrassions cet Évangile et répondions à l’appel du Christ à être ses petits frères, le suivant dans la brèche, sacrifiant nos vies pour les autres et le faisant pour la joie qui nous précède. Premier entré, dernier sorti, riant le plus fort.


[1] Jim Veiss, Une version racontée des Trois mousquetairesRobin des bois, CD audio (Charlottesville, VA: Greathall Productions, 1999).
[2] C. S. Lewis, “Prince Caspian: Le retour à Narnia”, Les Chroniques de Narnia.

Merci à Nathanaël Delarge pour la traduction de cet article, adapté de Designed for Joy: How the Gospel Impacts Men and Women, Identity and Practice (« Conçus pour la joie: comment l’Évangile impacte les hommes et les femmes, Identité et pratique ») édité par Jonathan Parnell et Owen Strachan. Article publié pour la première fois le 20 juin 2020, remis en avant le 15 juin 2022 pour atteindre de nouveaux lecteurs.

Pour aller plus loin:

Joe Rigney

Joe Rigney (Docteur à l'Université de Chester) est professeur assistant de théologie et littérature au Bethlehem College & Seminary de Minneapolis dans le Minnesota. Il est aussi l'un des pasteurs de Cities Church et l'auteur du livre Live Like a Narnian and The Things of Earth (“Vivre comme un Narnien et les choses de la terre”). Il vit à Minneapolis avec sa femme et ses trois fils.

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Ce replay du webinaire de Samuel Laurent a été enregistré le 16 juin 2020.

Orateurs

S. Laurent