À la quatrième ligne du Symbole des Apôtres, nous arrivons à l’événement central de la rédemption: la souffrance et la mort de notre Seigneur. Cette ligne est peut-être courte, mais elle est chargée de sens. Considérons chaque partie de la phrase:
Dans le Credo, trois êtres humains sont cités par leur nom. Le plus important, bien sûr, est Jésus-Christ. Les deux autres sont Marie et Pilate. Et quel contraste en effet entre ces deux-là! Marie est associée à la naissance de Christ, Pilate à sa mort. Marie est associée à son accueil, Pilate à son rejet. Marie est associée à son épanouissement, Pilate à sa souffrance. Alors que nous venons de contempler le rôle de Marie dans l’incarnation à la ligne précédente du Credo, son chant de louange, le Magnificat (Lc 1.46-55), résonne toujours dans nos cœurs. Puis, Pilate entre en scène « comme un chien sale qui entre dans une belle pièce » (selon l’expression de Karl Barth).
La présence de Ponce Pilate dans cette confession de foi sert plusieurs objectifs:
Elle souligne l’historicité de l’incarnation, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Sa vie et sa mort ont eu lieu dans l’espace et le temps. Ce n’est pas un mythe.
Elle établit l’innocence de Christ. La prédication apostolique affirme de manière systématique le rôle joué par Pilate dans la condamnation de Christ malgré son innocence:
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, qui était d’avis qu’on le relâche. (Ac 3.13)
Il est devenu une expression confessionnelle. Nous le voyons dans l’épître à Timothée, où Paul déclare:
Je te recommande, devant Dieu qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ qui fit une belle confession devant Ponce Pilate… (1Tm 6.13)
Cette expression qui apparaît tout au long du Nouveau Testament est devenue une phrase courante concernant Christ après son ascension.
Elle souligne l’humanité de Christ. Dans l’épître aux Tralliens, Ignace écrit:
Le Fils de Marie, qui est vraiment né, qui a mangé et qui a bu, qui a vraiment été persécuté sous Ponce Pilate, qui a vraiment été crucifié et qui est mort…
En l’énonçant ainsi, l’auteur montre que la souffrance de Jésus était dans la chair, en tant que partie de sa nature humaine, et non une simple illusion.
Dans cette phrase, nous arrivons à une idée très éloignée de notre réalité du XXIe siècle. Dans son commentaire sur l’Évangile selon Marc, Robert H. Gundry l’a formulé ainsi:
Le problème est que nous, les modernes, n’apprécions pas la honte et la disgrâce de la croix dans l’Antiquité. Pour nous, elle est devenue un symbole religieux, elle a pris une signification positive et sacrée. Dans l’Empire romain, la croix était réservée aux esclaves et aux criminels des classes inférieures. La crucifixion était une mort cruelle, douloureuse et généralement de longue haleine. Le paradoxe auquel étaient confrontés les premiers chrétiens était de proclamer qu’un juif crucifié était le Fils de Dieu, le roi oint d’Israël et le sauveur du monde. Pour le monde gréco-romain, un tel concept était ridicule. Les conquérants, les empereurs et les hommes puissants étaient les sauveurs du monde méditerranéen du premier siècle, et non des rois en puissance vaincus et exécutés.
Cet état d’esprit est également répandu dans le monde islamique, où il est impensable qu’Allah permette à son prophète de mourir d’une manière aussi honteuse. C’est pour cette raison que nos amis musulmans croient que Jésus n’est pas mort sur la croix, mais qu’une substitution a eu lieu à la dernière minute. Selon eux, Jésus est monté au ciel sans mourir. C’est également pour cette raison que dénigrer Mahomet de quelque manière que ce soit provoque une grande indignation. Car dans une culture de l’honneur et de la honte, la dignité de leur prophète doit être protégée à tout prix. Nous, chrétiens, avons en revanche un Sauveur qui a enduré la honte de la croix volontairement pour nous. Dieu soit loué!
La croix est le point d’ancrage de notre foi, puisque c’est à la croix que la colère de Dieu a été satisfaite par la mort de son Fils. Mais la question peut se poser, à savoir pourquoi Jésus a dû mourir spécifiquement sur une croix. Quelques raisons existent:
Cette phrase nous rappelle que Jésus était un homme à 100 %. Tout comme les deux brigands qui étaient crucifiés à ses côtés à Golgotha, lui aussi a succombé à cet horrible moyen d’exécution. Et dans le cas où l’un d’entre eux n’était pas encore mort, les soldats, qui avaient descendu les corps des trois hommes, devaient s’assurer qu’ils le soient bien. Ils ont brisé les jambes des voleurs, mais quant à Jésus, ils lui ont percé le côté avec une lance, et du sang et de l’eau ont coulé.
Ce détail peut sembler superflu, mais la sépulture de Christ prouve qu’il est vraiment mort. Car dans l’histoire récente, des sceptiques laïques, musulmans et hindous ont proposé la « théorie de l’évanouissement », suggérant que Jésus n’est pas mort sur la croix, mais qu’il a simplement été blessé. C’est ainsi qu’ils expliquent ses apparitions après la résurrection. Les quatre récits de l’Évangile, ainsi que des sources fiables de l’époque, attestent que Jésus est bel et bien mort. Une poignée de femmes disciples (ainsi que Marie, la mère de Jésus, et Jean) ont été témoins de sa mort. Jean nous dit que Joseph d’Arimathée a obtenu de Pilate la permission de descendre le corps de Jésus de la croix. Il l’a ensuite embaumé avec 30 kilos d’épices et l’a enveloppé dans du lin. Il a fait cela parce qu’il était certain que Jésus était mort. À une époque où les gens mouraient jeunes et si facilement, la plupart des gens étaient beaucoup plus familiers avec la mort que la plupart d’entre nous aujourd’hui, où les hôpitaux et les morgues nous distancient d’elle. Si Jésus avait été encore en vie, Pilate aurait été le premier à demander des comptes à Joseph.
Quiconque a mémorisé le Symbole des Apôtres dans son enfance se souvient peut-être que la phrase suivant la quatrième ligne du Credo parle de la descente de Christ aux enfers. Il s’agit d’une question complexe qui dépasse le cadre de cet article. Ce qu’il est important de mentionner, ce sont les racines du terme traduit par « enfer ». Dans les langues originales, les Écritures parlent de Shéol en hébreu et de Hadès en grec. Si ces deux termes sont parfois traduits par enfer, ils font souvent référence à la tombe ou à la demeure des morts, qu’ils soient justes ou méchants.
Le passage clé (mais pas le seul) qui soutient la croyance en la descente de Christ aux enfers se trouve dans l’épître de Pierre:
Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu; il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau.
1 Pierre 3.18-20
Ce passage particulier a fait l’objet de nombreux débats. En bref, l’interprétation la plus convaincante est que Pierre fait référence à la prédication de Noé à ses contemporains par l’Esprit de Christ. Surtout si l’on tient compte du contexte du livre. Car dans 1 Pierre 1.11, il est écrit que tous les prophètes de l’AT ont prophétisé par l’Esprit de Christ. Pour une étude plus approfondie de la question, je recommande vivement les articles postés par nos amis d’Évangile21.
webinaire
1h pour comprendre Colossiens
Dans ce webinaire de la série 1h pour comprendre un livre biblique enregistré le 19 février 2019, Frédéric Bican t’invite à (re)découvrir l’épître aux Colossiens. Alors, laisse-toi surprendre par la cohérence, la profondeur et la richesse de la Parole de Dieu. L’objectif, c’est que tu puisses comprendre l’ensemble pour mieux vivre l’essentiel.
Orateurs
F. Bican