Le Symbole des Apôtres s'ouvre sur la phrase: "Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre". Cette phrase semble simple et directe, mais lorsque nous prenons le temps de réfléchir à sa portée, nous découvrons qu'elle a une signification bien plus grande que ce que nous avions imaginé au départ.
Bien que son premier mot soit « je », le Credo n’a jamais été conçu comme une prière ou une déclaration individualiste. Au contraire, il devait être récité en communauté par le peuple de Dieu. Car, au fond, il s’agit d’une confession de foi qui unit tous les fidèles.
Ensuite, nous remarquons le mot « crois ». Le mot « credo » lui-même vient du latin et signifie « croire ». Ce mot évoque plus qu’une simple acceptation d’un ensemble de faits. Il véhicule plutôt l’idée d’engagement, de confiance, d’abandon. Et si l’on considère que le Symbole des Apôtres est né pendant une période de persécution, ceux qui ont professé leur foi par les eaux du baptême et l’ont confessée du bout des lèvres mettaient leur vie en jeu. Peu de gens mourraient pour défendre un ensemble de propositions, mais beaucoup mourraient et sont morts pour le glorieux Évangile de Jésus-Christ.
La phrase suivante du Credo présente Dieu en supposant son existence. Nous voyons ainsi des échos de la Genèse 1.1
Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
Le mot « Père » peut faire penser à la prière que Jésus a enseignée à ses disciples: « Notre Père, qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié… ». Et si nous affirmons de tout cœur que Dieu est notre Père, le Credo parle d’abord et avant tout du Père en relation avec le Fils. En effet, dans son contexte, la phrase suivante parle de « son Fils unique, notre Seigneur ».
Dieu n’est pas devenu Père lorsqu’il nous a sauvés. Au contraire, sa paternité fait partie de son essence et de la mystérieuse interrelation de la Trinité. Avant que Dieu le Père ne nous fasse entrer dans sa famille en tant que fils et filles adoptifs, il existait dans l’éternité infinie du passé en tant que Père, en parfaite harmonie avec le Fils et l’Esprit.
Avant d’aller plus loin, il convient de préciser que Dieu est Père et non Mère. La Bible présente Dieu en utilisant exclusivement des pronoms masculins. Cela ne signifie pas pour autant que l’Écriture a l’intention de dépeindre Dieu comme un homme par opposition à une femme. Après tout, il a créé l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance (Gn 1.27). De plus, l’Écriture utilise librement des métaphores féminines pour décrire Dieu. En effet, dans Esaïe, nous lisons:
Je vous consolerai comme une mère console son fils. – Es 66.13
Et Ésaïe déclare:
La femme peut-elle oublier l’enfant qu’elle allaite, et n’avoir pas pitié du fils de son sein? Mais quand elles les oublieraient, moi je ne t’oublierai pas. – Es 49.15
Ces versets touchants, qui montrent un côté tendre de Dieu, ne prouvent en aucun cas qu’il est notre mère. Le prophète utilise simplement un langage poétique pour exprimer le cœur de Dieu envers son peuple allianciel. Mais ses paroles remettent en question l’idée que certains traits de caractère sont par nature féminins ou masculins. En tant que porteurs de son image, les hommes et les femmes doivent refléter tous les attributs communicables de Dieu, et cela inclut le fait d’être nourricier.
La première expression qualifiant un des attributs de Dieu est « Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ». Pourquoi le Credo s’ouvre-t-il sur une déclaration concernant la puissance de Dieu? Cela signifie-t-il que sa puissance est plus grande que son amour ou sa sagesse? En aucun cas.
Pour comprendre pourquoi cet attribut de Dieu est au premier plan, nous devons nous rappeler le contexte dans lequel le Credo a été rédigé. L’un de ses objectifs était de solidifier les doctrines fondamentales de la foi chrétienne en réponse au gnosticisme. Cette hérésie affirmait que le monde matériel était mauvais et que Dieu ne l’avait pas créé.
Le credo déclare donc que Dieu est bel et bien le Tout-Puissant, le Créateur du ciel et de la terre. Loin de vilipender le monde matériel, les Écritures l’élèvent. En effet, le récit de la création dans Genèse 1 répète 11 fois le mot « bon ». Et même après la chute, Dieu ne rejette pas le monde qu’il a créé. Au contraire, il met en œuvre un grand plan de sauvetage qui inclut l’ensemble de l’ordre créationnel. Comme il est écrit:
En effet, la création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés, car ce n’est pas volontairement que la création est assujettie à la vanité, mais c’est à cause de Celui qui l’y a assujettie, dans l’espérance qu’elle sera aussi délivrée de la servitude de la corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu. – Rm 8.19-21
Dans les prochains articles, nous verrons comment le Symbole des Apôtres fournit d’autres détails sur la nature du Dieu que nous aimons et que nous confessons. Si vous voulez en savoir plus, je vous propose de suivre cette série d’articles, et d’écouter la série qu’Aurélie et moi faisons sur le Credo dans notre podcast Chrétienne.