Jésus-Christ le juge à venir (Symbole des Apôtres 8/13)

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Le monde aime l'idée de Jésus comme maître spirituel. Beaucoup l'acceptent même comme un faiseur de miracles. Mais suggérer qu'il vient pour juger le monde dans la justice? C'est une image bien moins acceptable. Pourtant, autant les Écritures que le témoignage de l'Église primitive attestent de cette réalité. En examinant de plus près la huitième phrase du Symbole des Apôtres, nous apprendrons davantage ce que signifie le fait que Jésus soit le juge à venir.

« Il viendra »

Commençons par le pronom « il », qui désigne Jésus. C’est assez évident dans le déroulement du Credo, mais il est important de le préciser. Parce que nous lisons dans l’Évangile selon Jean:

Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils. – Jn 5.22

C’est un signe de la divinité et de la royauté de Jésus. Mais nous lisons aussi:

Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. – Jn 3.17

Pour comprendre ce paradoxe apparent, nous devons distinguer la mission de Christ lors de sa première venue de celle de sa seconde venue. Lors de sa première venue, Jésus est venu dans l’humilité, pour servir et non pour être servi (Mc 10.45).

Lors de son entrée triomphale, Jésus est entré à Jérusalem en paix, sur un âne. Mais lors de sa seconde venue, il reviendra en guerrier, monté sur un cheval blanc (Ap 19.11).

« De là »

« De là » nous ramène à la ligne précédente, qui dit que Jésus est présentement à la droite de Dieu le Père tout-puissant. Et il attend. Il est miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité (Ex 34.6). Chaque jour où il ne revient pas, chaque jour où il ne fait pas pleuvoir le jugement sur la terre, il fait preuve de sa miséricorde envers les pécheurs.

« Pour juger »

Notre culture estime que Dieu ne devrait jamais nous juger. Cette vision du monde n’a pas de place pour un Dieu souverain, préférant quelqu’un qui ressemble à un génie, qui nous accorde ce que nous souhaitons sans évaluation morale ni responsabilité.

En même temps, lorsque la tragédie frappe, ces mêmes personnes sont promptes à montrer Dieu du doigt. « Pourquoi ne fait-il pas quelque chose? » Qu’il s’agisse de ceux qui battent leur femme, de ceux qui abusent des enfants ou des dictateurs qui commettent des actes de génocide, même moi, je me demande quand le Seigneur va mettre fin à ces injustices. Mais, à vrai dire, nous souhaitons le jugement pour les autres, tout en niant que nous méritons que Dieu nous juge, nous aussi, pour nos péchés.

Le philosophe britannique G.K. Chesterton a un jour été invité par le London Times à participer à un concours de rédaction pour répondre à la question « Quel est le problème du monde? » Il a répondu simplement: « Chers Messieurs, c’est moi ».

Des avant-goûts du jugement de Dieu

Bien que notre Seigneur soit lent à la colère et désireux de sauver, un jour viendra où sa patience atteindra son terme. Nous avons eu des aperçus de ce jugement tout au long de l’histoire de la rédemption, dans…

  • Le déluge universel à l’époque de Noé
  • La destruction de Sodome et Gomorrhe
  • Les dix plaies d’Égypte
  • La chute de Jéricho et la conquête de Canaan
  • Les cycles d’oppression et de délivrance que l’on trouve dans le livre des Juges
  • La victoire de David sur ses ennemis
  • La succession de rois mauvais sur Israël apostat et Juda idolâtre
  • L’exil et la destruction du temple de Salomon

…pour n’en citer que quelques-uns. Tous ces événements ont conduit à la croix, où Dieu a déversé sa colère sur son Fils en tant que substitut du péché. C’était en fait le plus grand acte de jugement de Dieu dans l’histoire jusqu’ici. Mais un jour de jugement encore plus grand est à venir, dans lequel ceux qui n’ont pas trouvé refuge à la croix porteront le poids de la colère de Dieu.

Le grand trône blanc

Mais que faisons-nous du jugement à venir des croyants? En réponse, il serait utile d’expliquer la différence entre le jugement du grand trône blanc et le tribunal de Christ.

L’expression « le grand trône blanc » fait référence au jugement final des inconvertis. Nous lisons dans le livre de l’Apocalypse:

Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses œuvres. Puis la mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. – Ap 20.11-15

Ces paroles peuvent sembler terrifiantes, en fait. Mais en tant que croyants, nous n’avons pas à craindre ce jour-là. Paul nous dit qu’ « il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ». (Rm 8.1)

Le tribunal de Christ

Le tribunal de Christ, quant à lui, fait référence au jugement des croyants. À ce moment-là, les chrétiens recevront des degrés de récompense pour leur service à Christ. Trois passages principaux parlent de ce jour, bien que de nombreux autres y fassent allusion.

Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. – 2 Co 5.10

Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. – 1 Co 3.10-15

Celui qui me juge, c’est le Seigneur. C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. – 1 Co 4.4-5

Le tribunal de Christ ne concerne donc pas la punition, mais la récompense. Cela dit, le péché et l’indifférence nous privent de joie et de fécondité dans cette vie et de récompense dans la suivante. Dans la mesure où nous choisissons de ne pas vivre pour la gloire de Dieu, nous attristerons le Saint-Esprit et nous nous sentirons honteux (1 Jn 2.28).

La place des œuvres dans le jugement

Bien que ces deux jugements soient très différents, ils ont une chose en commun: ils seront basés sur ce que chacun a fait. Le salut lui-même n’est pas basé sur les œuvres (Ép 2.8-9). Mais les deux passages ci-dessus mentionnent « ce que chacun a fait ». Et c’est logique. Hitler, Staline ou le tueur en série qui n’a jamais été attrapé de ce côté-ci de l’éternité connaîtront un plus grand degré de tourments que le non-croyant de tous les jours, respectueux des lois, généreux et gentil. Il en va de même pour la récompense qui attend l’apôtre Paul, ou Jean Calvin, ou la veuve âgée qui a exercé son ministère dans le secret, à genoux, et n’a jamais été reconnue dans cette vie. Après tout, Jésus lui-même a dit:

Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. – Mt 6.20

Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre. – Ap 22.12

« Les vivants et les morts »

Finalement, la dernière clause évoque le fait que ceux qui seront vivants à son retour seront jugés en même temps que ceux qui sont morts depuis des siècles en attendant le jugement final. Les méchants ont déjà été tourmentés en enfer, comme nous l’avons vu dans le passage sur le jugement du grand trône blanc. Mais de là, ils seront jetés dans l’étang de feu, avec ceux qui seront encore en vie au jour du jugement.

Implications

1. Que Jésus soit le juge à venir nous réconforte lorsque nous voyons les triomphes des méchants.

On ne se moque pas de Dieu. La promesse que Dieu va juger ceux qui commettent des actes aussi horribles nous apporte la paix.

2. Que Jésus soit le juge à venir alimente nos forces pour prévenir nos proches.

Savoir que la patience de Dieu prendra un jour fin me donne d’autant plus envie de partager l’Évangile avec ceux qui m’entourent et qui ne lui ont pas encore fait confiance. Puisse la réalité que le jugement de Dieu peut survenir à tout moment nous pousser à genoux dans la prière pour ceux que nous aimons et galvaniser nos efforts d’évangélisation à leur égard.

3. Que Jésus soit le juge à venir nous motive à vivre pour sa récompense maintenant et dans l’âge à venir.

Le livre de John Piper, Future Grace, m’a aidée à comprendre ce que la Bible enseigne sur les récompenses célestes. Il écrit:

C’est terriblement déroutant lorsque les gens disent que la seule justice qui a une quelconque valeur est la justice imputée de Christ.  Je suis d’accord pour dire que la justification n’est fondée sur aucune de nos justices, mais uniquement sur la justice du Christ qui nous est imputée.  Mais parfois, les gens sont négligents et parlent avec mépris de toute justice humaine, comme s’il n’y avait rien de tel qui plaise à Dieu. Ils citent souvent Ésaïe 64:6 qui dit que notre justice est comme des vêtements souillés…[Mais] lorsque mes fils font ce que je leur dis de faire, je ne qualifie pas leur obéissance de « vêtement souillé », même si elle n’est pas parfaite.  Dieu non plus. D’autant plus que lui-même nous « rend capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté » (Hé 13.21).  Il n’appelle pas son propre fruit, créé par l’Esprit, « des vêtements souillées » – Future Grace, 151-152

Les Écritures témoignent, en effet, que Dieu récompense la fidélité:

Il regarda l’opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération. – Hé 11.26

C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. – Hé 11.9

Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel – Lc 6.23

Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. – 1 Co 3.8

Conclusion

Cette septième ligne du Credo nous rappelle que le jugement vient effectivement sur la terre. Serons-nous prêts? Alors que nous attendons le retour de Christ, que chacun d’entre nous soit motivé pour entendre ces paroles de notre Seigneur dans l’Évangile selon Matthieu:

C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. – Mt 25.23

Pour aller plus loin:

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

Ressources similaires

webinaire

Si Dieu est bon, pourquoi autant de mal?

Découvre le replay de ce webinaire de Guillaume Bignon, enregistré le 11 décembre 2018, qui traite de la souveraineté et la bienveillance de Dieu.

Orateurs

G. Bignon