Un pasteur vous répond

      La réforme est-elle encore d'actualité? (Épisode 479)

      Doctrine de l'ÉcritureHistoire de l’ÉglisePères de l’ÉgliseRéforme

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      Y a-t-il encore une raison de prendre part à une réforme aujourd’hui ? L’auteur de la question abordée dans cet épisode interroge Florent sur la pertinence de faire perdurer la perspective protestante, au regard de tous les compromis qu’elle a rendus possibles au sein de l’Église catholique. Pour y répondre, Florent rappellera le contexte historique de la Réforme, expliquera ses motivations et ses revendications, afin de clarifier les raisons pour lesquelles les compromis ne suffisent pas.

      Pour aller plus loin:

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      Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.

      Tu veux poser une question?

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      Transcription:

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      La question est posée

      Bonjour, j'ai l'impression que l'Église catholique a beaucoup changé depuis la réforme. Par exemple, aujourd'hui, le système des indulgences n'existe plus1. Pourquoi donc insister dessus? Les protestants ont-ils vraiment à protester? La réforme est-elle vraiment toujours d'actualité?

      Merci pour ta question, elle est pertinente. Il est vrai que de nombreux protestants semblent avoir perdu leur identité. Il est donc légitime de s'interroger sur la pertinence actuelle de la réforme, pourtant, l'esprit de la réforme reste, de ma perspective, plus nécessaire que jamais. Il s'agit d'une vigilance spirituelle pour vérifier si nos croyances, notre théologie et nos pratiques sont fidèles au Christ et à sa parole. Alors tu as parlé des indulgences et c'est un exemple révélateur. Ce sera mon premier point, puis je regarderai les éléments fondamentaux de la réforme.

      Les indulgences

      Tu cites les indulgences et tu as raison sur un point: c'est précisément ce système qui avait déclenché la colère de Martin Luther lorsque Johann Tetzel, un prêtre dominicain, récoltait des fonds pour financer la basilique Saint-Pierre de Rome, magnifique ouvrage artistique. Et il avait ce slogan cynique:

      Sitôt que sonne votre obole du feu brûlant l'âme s'envole.

      C'est-à-dire que les offrandes financières permettaient de réaliser des messes qui libéraient, soit-disant, les âmes du purgatoire. Pour Luther, qui venait de découvrir la paix en comprenant enfin ce qu'était le salut en Christ, ce commerce du pardon, ce trafic monstrueux était intolérable. Il décrit ses positions en 95 thèses qui ont ensuite lancé la réforme protestante.

      1Mais, et je suis navré de te l'apprendre, les indulgences existent toujours. Elles sont codifiées dans le catéchisme catholique actuel, sur les paragraphes 1471 à 1479. Le pape François en a émis une, une indulgence, dans une bulle officielle du 9 mai 2024. Je me souviens même que Jean-Paul II avait accordé une indulgence plénière à ceux qui, après confession, communion et prière aux intentions du pape, effectuaient un pieux pèlerinage dans les basiliques romaines. Alors, de ma perspective protestante, cela reste profondément choquant. Comment un homme peut-il accorder la sortie d'un purgatoire hypothétique par la simple participation à une messe? Et si le pape possède ce pouvoir, pourquoi ne l'accorde-t-il pas à tous? Un médecin qui garderait secret le remède du cancer serait grandement coupable, si le pape sait comment sortir les âmes du purgatoire et qu'il ne le fait pas. Hélas, cette dérive touche aussi bien les églises évangéliques. Le mouvement dit de l'évangile de prospérité représente une hérésie contemporaine, similaire, qui monnaye les promesses spirituelles contre des offrandes aux pasteurs, masquant ainsi le véritable Évangile transmis par les apôtres que nous trouvons dans les Écritures.

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      Sola Scriptura: l'Écriture seule

      Ce principe ne signifie pas que l'Écriture est la seule autorité, mais qu'elle est la seule autorité infaillible. Et j'espère que chacun voit la nuance et la différence. L'Église peut nommer des responsables (Actes 14.21, 20.28-29; 1 Timothée 3.1-7), exercer la discipline (Matthieu 18). Ce sont bien des décisions d'autorité, mais celles-ci restent faillibles. Et même au sein du Nouveau Testament, les leaders nommés par l'autorité de l'Église se sont parfois révélés indignes. Donc, les actes d'autorité de l'Église en dehors de l'Écriture sont légitimes, parfois, mais ce n'est pas la seule autorité infaillible. D'ailleurs, Saint Augustin lui-même distinguait l'autorité absolue des Écritures canoniques de celle des écrits postérieurs, y compris des siens. Cette notion de "Sola Scriptura" s'appuie sur trois fondamentaux:

      1. Le témoignage de l'Écriture elle-même: elle est inspirée de Dieu, littéralement soufflée de Dieu, et elle équipe le serviteur pour toute œuvre bonne, pas une partie seulement, mais toute œuvre bonne. L'Esprit-Saint a conduit sa rédaction (2 Pierre 1.20-21) lui conférant son caractère infaillible, inhérent, c'est-à-dire incapable de tromper sans erreur.

      2. Jésus s'est fermement opposé aux traditions humaines. Il a repris les religieux juifs pour leur attachement aux traditions qui contredisaient l'Écriture. Il dit notamment:

        Vous abandonnez le commandement de Dieu et vous tenez à la tradition des hommes. [...] Vous annulez ainsi la parole de Dieu par votre tradition.

        Marc 7.8, 13

        C'est très clair dans la bouche de Jésus. Il y a une parole inspirée, il y a une tradition qui peut avoir sa place, mais qui ne peut absolument pas s'opposer à ce qui a été écrit.

      3. Nulle part il n'est annoncé que des hommes auraient le pouvoir d'édicter de nouvelles doctrines. Paul met en garde:

        Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes.

        Colossiens 2.8

      Le fondement unique de l'Église reste Jésus-Christ (1 Corinthiens 3.10-11), dont le témoignage nous est transmis par les apôtres et les prophètes (Éphésiens 2.20). L'Église n'édite pas la vérité, elle n'en est que le pilier (1 Timothée 3.15). Certains s'opposent à cette idée et ils avancent la notion de tradition chez Paul, notamment avec 2 Thessaloniciens 3.6, mais il faut lire en contexte. Paul ne fait qu'expliciter ce qu'il leur avait dit directement au verset 10. Ce que Paul dit ne va pas au-delà de l'Écriture ni ne la contredit. D'autres évoquent encore Matthieu 18.18 en pensant que Jésus donne à l'Église le droit d'établir de nouvelles lois, avec ce pouvoir de "lier et de délier". Mais ce texte conclut une instruction solennelle de mise sous discipline, d'excommunication, d'une personne qui, tout en se disant frère, sœur, s'en vivre selon le Christ, serait considéré comme non-croyant. Et il y a là l'assurance que le processus ecclésial, s'il est fidèle au Seigneur et à ses prescriptions, reflétera la volonté du Seigneur en lui-même.

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      Chez les évangéliques aussi, il y a des dérives qui menacent: l'expérience, très fortement mise en avant dans certains milieux, peut détrôner l'autorité scripturaire. Le pseudo-prophétisme crée une autorité parallèle et certaines personnalités pastorales exercent une influence qui éclipse la seigneurie de Christ et ternit l'autorité de l'Écriture.

      L'Apocalypse, ultime livre de la Bible, sommet de la révélation, se termine sur cette mise en garde qui doit modérer toute ardeur à ajouter à cette “foi transmise aux saints une fois pour toutes” (Jude 1.3) et commande de “ne rien ajouter, ni retrancher” (Apocalypse 22.18-19).

      Ce n'est pas simplement une querelle de style d'Église. C'est bien l'Écriture qui donne la vie et la sanctification (1 Pierre 1.23; Jean 17.17). L'Écriture seule (Romains 10.17), ou encore:

      Car il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication.

      1 Corinthiens 1.21

      Le dérapage, l'éloignement de l'Écriture menace ainsi catholiques comme évangéliques. La place laissée à l'expérience détrône facilement cette autorité, on doit l'entendre et le réaliser.

      Sola fide et sola gratia: la foi seule et la grâce seule

      Je les combine ensemble par soucis de temps pour que le podcast ne soit pas trop long. Mais finalement, ces deux principes sont indissociables. Ils expliquent comment des pécheurs, les pécheurs que nous sommes, séparés de Dieu, peuvent espérer le salut. La grâce de Dieu est la source unique du salut, la foi en est le moyen unique. Et finalement, en cela, c'est l'aspect peut-être le plus contre-intuitif de l'Évangile. Parce que toutes les religions proposent un système de compensation, les fautes sont payées par des œuvres, des prières, des rituels ou parfois par de la souffrance. Mais le christianisme biblique affirme que rien ne peut couvrir notre dette bien trop grande. Dieu est trop saint et nos meilleures actions sont teintées d'orgueil. Dieu donne le salut, il ne le vend pas. Il a lui-même acheté ce salut pour le donner. Alors, où se trouve l'espérance? Dans l'Évangile où Dieu fait tout le travail. Paul l'affirme clairement:

      Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce. Par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus.

      Romains 3.23-24

      C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés par le moyen de la foi et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu, ce n'est point par les œuvres afin que personne ne se glorifie.

      Éphésiens 2.8

      Ce qui distingue la spiritualité chrétienne, et je crois le protestantisme dans sa fidélité à l'Écriture, de toutes les religions, c'est qu'elle considère qu'aucune œuvre bonne, aucune souffrance, aucune prière, aucun rituel, aucun prêtre ne sera capable de combler le mal que nous avons commis, de le couvrir ou de le pardonner. Tenter de payer Dieu ainsi est aussi inefficace que de prendre une montgolfière pour essayer de se rendre sur la lune ou sur Mars. Et si c'était le cas, Elon Musk l'aurait déjà fait.

      L'Évangile est un échange: je confie mon péché à Christ, il m'accorde sa justice, parce qu'il a été jugé à ma place pour me donner le pardon. Celui qui n'a pas connu le péché, nous dit Paul, il l'a fait devenir péché pour nous afin que nous devenions en lui justice de Dieu: la grâce seule, la foi seule.

      Alors, certains disent – et notamment nos amis catholiques: “Mais il y a une contradiction avec ce que Jacques nous dit, vous avez tort de mettre en avant ces slogans!

      C'est par les œuvres que l'homme est justifié et non par la foi seulement.

      Jacques 2.24

      Il y a t-il une contradiction formelle dans l'Écriture entre Jacques et Paul? Est-ce que le Saint-Esprit qui a inspiré l'Écriture a fait une erreur d'appréciation ou a laissé glisser des propos exagérés? Absolument pas.

      Le contexte nous montre que Jacques combat la foi qui est purement intellectuelle. Il rappelle que “les démons croient aussi et ils tremblent” (Jacques 2.19).

      La foi authentique engendre nécessairement un changement de vie. La foi sauve seule, mais la vraie foi ne reste jamais seule, ce que Jacques évoque, c'est la démonstration de la foi.

      Le concile de Trent, qui était une réplique au protestantisme, datant de 1547, a condamné la doctrine de la grâce seule et de la foi seule. Le catéchisme actuel est plus nuancé, mais il maintient néanmoins que les œuvres de l'Église, les sacrements, et du croyant sont nécessaires au salut et méritoires pour réduire le purgatoire. Cette vision contredit le message biblique qui dit que Dieu nous sauve par pure grâce, sans aucun mérite humain.

      Mais lorsque la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes ont été manifestés, et il nous a sauvés, non parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde, par le bain de la régénération et le renouveau du Saint-Esprit. Il l'a répandu sur nous, avec abondance, par Jésus-Christ, notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l'espérance de la vie éternelle.

      Tite 3.4-7

      Alors, comment comprendre l'articulation entre foi et grâce? Le théologien Henri Blocher explique:

      Jamais l'Écriture ne dit que nous sommes justifiés à cause de la foi. Nous sommes justifiés par le moyen de la foi ("dia pisteos", cf. Romains 3.30), à partir de la foi ("ek pisteos", cf. Romains 3.26), par la foi ("pistei", cf. Romains 3.28). Mais jamais sur la base de la foi ("dia pistin"). [...] C'est donner appui la thèse des héritiers de la réforme. La foi n'est la cause ni méritoire ni efficiente, mais instrumentale. Exactement, elle est organe d'appréhension, la main vide qui saisit et reçoit.

      Et tu vois, dans toutes les situations chrétiennes, il y a cette notion que l'on entend parfois, et qui révèle en cela une incompréhension de l'Évangile. L'Évangile est Dieu qui se donne et qui donne une vie. Nous répondons à cela comme une main vide qui saisit et croit. Tous les systèmes qui tentent à établir un mérite ecclésial par le biais d'un prêtre, d'un rituel ou d'une prière est une renonciation aux données de l'Écriture. Et ça touche évidemment la nécessité de toujours re-réfléchir à la réforme parce que, comme je l'ai dit, même dans certains milieux qui se disent liés plus ou moins au christianisme, l'évangile de prospérité par exemple, est entré dans un faux évangile qui éloigne de la grâce seule, par la foi seule.

      Solus Christus: Christ seul

      L'Église catholique enseigne qu'il n'y a qu'un seul sauveur mais que l'accès à ce sauveur exige de nombreux médiateurs: les saints, Marie, les prêtres, les sacrements. J'ai vécu près du village d'Ars et j'ai vu des pèlerins se prosterner devant les dépouilles du curé d'Ars, qui d'ailleurs a été décrété comme le patron des prêtres de l'univers, se prosterner, allumant un cierge, lui adresser leur prière. De ma perspective c'est absolument effarant, c'est l'inverse de la piété telle que l'Écriture l'évoque. L'Écriture est catégorique:

      Jésus dit: “Je suis le chemin, la vérité, la vie, nul ne vient au Père que par moi.”

      Jean 14.6

      Il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés.

      Actes 4.12

      Il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme.

      1 Timothée 2.5

      Jésus peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.

      Hébreux 7.25

      À partir du moment où la distribution réelle et efficace de la grâce passe par un intermédiaire, c'est une abominable négation de l'efficacité de l'incarnation et du sacrifice de Christ comme seul médiateur. D'ailleurs, Hébreux nous dit ceci:

      Jésus est devenu par cela même le garant d'une alliance meilleure. De plus, ses sacrificateurs, ses prêtres ont existé en grand nombre parce que la mort les empêchait d'être permanents. Mais lui, Jésus, parce qu'il demeure éternellement possède le sacerdoce, c'est-à-dire le travail de prêtre non transmissible. C'est pour cela aussi qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.

      Hébreux 7.22-25

      L'Ancien Testament avec ses prêtres, ses sacrifices, s'est accompli pleinement en Jésus, l'ultime prophète, le prêtre, le roi. Lui seul nous donne accès au Père. Ceux qui prétendraient être l'intermédiaire piétinent dangereusement la suffisance de l'œuvre du Christ, qu'ils soient pasteurs ou qu'ils soient autres.

      Soli Deo Gloria: à Dieu seul la gloire.

      Dieu possède une majesté qui dépasse notre imagination. Ceux qui ont entrevu sa gloire dans la Bible se sont effondrés de terreur et d'émerveillement. Cette vision pure de Dieu est capitale car nous ne nous élèverons jamais au-delà de notre représentation de la divinité. Et Dieu déclare:

      Je suis l'Éternel, c'est là mon nom, et je ne donnerai pas ma gloire à un autre ni mon honneur au statut.

      Ésaïe 42.8

      Quand l'apôtre Jean a voulu adorer un ange, ce dernier l'a repris:

      Garde-toi de le faire, je suis ton compagnon de service, adore Dieu.

      Apocalypse 22.9

      Donc il y a vraiment la notion que notre regard doit uniquement être fondé sur Dieu sans aucun intermédiaire. À Dieu seul la gloire, c'est lui seul que l'on va adorer, vénérer. L'Église catholique a institué une distinction entre le "latria", du latin, adoration réservée à Dieu, du ‘dulia’, la vénération des saints, et de l’'hyperdulia’, ce qui serait attribué à Marie pour la distinguer des autres saints. Mais ce riche vocabulaire dans le grec ne permet pas une telle distinction. Par exemple, "proscuneo" signifie, dans le grec, à la fois adorer et se prosterner. Se prosterner devant quoi que ce soit d'autre que Dieu constitue une idolâtrie. Il y a bien d'autres termes que l'on a dans la Bible et il est très clair qu'il n'y a qu'à Dieu que nous donnons gloire. Le psaume 115 nous le rappelle:

      Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire.

      Psaumes 115.1

      Les idoles, qu'elles soient de métal ou de chair,ne peuvent ni entendre ni répondre.

      Tout est de lui, par lui, pour lui, à lui la gloire dans tous les siècles.

      Romains 11.36

      L’actualité permanente de la réforme

      Voilà pour les cinq piliers de la réforme, les cinq Solas que l'on évoque régulièrement. Considérons maintenant l'actualité permanente de cette réforme. Ces cinq principes ne sont pas de simples querelles théologiques du passé. Ils touchent au cœur même de l'évangile et restent d'une actualité brûlante. Dans le catholicisme, malgré des évolutions vraiment positives, il reste quand même des divergences assez fondamentales. J'ai parlé des indulgences, mais aussi de la médiation des saints, le rôle salvifique des sacrements, l'autorité du magistère et puis la présence de médiatrice de Marie. Tout cela persiste et continue, selon moi, de voiler la simplicité de l'Évangile.

      Dans le protestantisme évangélique aussi, de nouvelles dérives apparaissent maintenant. Je l’ai beaucoup évoqué, mais l'évangile de prospérité transforme la grâce en commerce. Le sensationnisme remplace la parole par l'expérience. Les personnalités charismatiques deviennent des gourous intouchables et des médiateurs, quasiment des grâces de Dieu, ils dispenseraient soit la guérison, soit la grâce, soit la bénédiction, et en cela, la théologie se dilue dans ce sentimentalisme.

      Dans notre société, le relativisme ambiant pousse les églises à adapter leur message plutôt qu'à proclamer fidèlement ce que l'Écriture dit. La pression culturelle érode les convictions. Le désir de plaire l'emporte sur la fidélité à la vérité. En sorte que nous sommes appelés à une réforme permanente. La réforme n'est pas l'œuvre d'un homme ni d'une époque. Luther et Calvin, malgré leur contribution essentielle, avaient aussi leurs défauts graves. Je pense par exemple à l'antisémitisme de Luther qui doit rester une tache indélébile sur sa trajectoire, il faut le souligner. Zwingli, champion de la liberté de conscience, a paradoxalement orchestré le massacre d'anabaptistes en grand nombre, dont sont issus les évangéliques. Et ce dont s'est réjoui Théodore de Bèze en flagrante contradiction avec le message de Christ.

      La réforme est un état d'esprit, pas une glorification d'individus. Cet état d'esprit, c'est revenir à l'Écriture, revenir à Christ seul, ce que j'ai évoqué dans cet épisode. Ses faiblesses humaines soulignent précisément pourquoi la réforme doit être permanente. L'apôtre Paul nous exhorte au travers de ce qu'il écrit aux Corinthiens:

      Examinez-vous vous-mêmes, examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi.

      2 Corinthiens 13.5

      Et Pierre avertit:

      Il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront insidieusement des hérésies.

      2 Pierre 2.1

      Il est important de continuellement réfléchir si nous sommes dans la foi transmise au sein une fois pour toutes.

      J'ai plus de 40 ans de vie chrétienne, plus de 30 ans dans le ministère. J'ai fait tellement d'erreurs. Je suis reconnaissant pour les mentors que Dieu a mis sur mon chemin pour me recadrer, pour me faire revenir à la foi, cette foi transmise aux saints une fois pour toutes. L'apôtre Paul encourage son protégé Timothée et lui écrit:

      Si je tarde, tu sauras ainsi comment il faut se conduire dans la maison de Dieu qui est l'Église du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité.

      1 Timothée 3.15

      L'Église n'invente pas de doctrine, elle la découvre dans l'Écriture et la formule collégialement. C'est dans cette réception par le peuple de Dieu et par l'approbation de ses serviteurs que l'enseignement se révèle fiable.

      La question n'est donc pas de savoir si la réforme est encore nécessaire, mais plutôt sommes-nous prêts à nous l’examiner honnêtement?

      Acceptons-nous de nous confronter à l'Écriture dans nos traditions, nos habitudes?

      Osons-nous revenir aux fondamentaux quand nous nous en écartons?

      À savoir:

      Dès qu'un pas se fait dans une autre direction, une réforme s'impose. C'est l'essence même de la vie chrétienne, un retour constant aux fondamentaux, à la source, une vigilance perpétuelle et une humilité qui accepte la correction. La réforme n'est pas un événement historique à commémorer, mais un état d'esprit à cultiver. Elle reste d'actualité parce que l'Église, composée d'humains faillibles, aura toujours besoin de se réformer à la lumière de la parole infaillible de Dieu.

      “Ecclesia reformata, semper reformanda” – l'Église réformée doit toujours se réformer. C'est notre appel permanent et je veux même l'imaginer comme une réflexion sur notre propre salut. Je rappelle ce que Paul dit aux Corinthiens:

      Examinez-vous vous-même pour voir si vous êtes dans la foi. [...] À moins que l'épreuve soit pour vous un échec.

      2 Corinthiens 13.5

      Est-ce que votre confiance est en Christ seul? Est-ce que votre confiance est en Christ seul, dans le salut que Christ seul nous a acquis à la croix? C'est un élément fondamental qui touche autant de ma perspective les évangéliques, les protestants que les catholiques, et ma prière c'est que nous nous regardions à l'Écriture en disant au Seigneur qui l’a inspiré: enseigne-moi et permets-moi de voir et de comprendre qui tu es, ce qu'est le salut, où j'en suis dans mon cheminement.

      Jésus termine le serment sur la montagne avec une exhortation terrifiante:

      Beaucoup viendront à la fin du temps en disant: Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons fait des miracles, chassé des démons et prophétisé? Jésus leur dira, éloignez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.

      Matthieu 7.22-24

      Il est trop important de réfléchir si les fondements de notre foi sont justes, parce que notre éternité en dépend et donc l'éternité de ceux à qui on parle en Église.


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