Comment sait-on ce que l'on sait? Florent Varak commence par parler de la démonstration de la foi, avant de répondre plus directement à la question posée, en 5 points.
Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.
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Transcription:
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La question qui nous préoccupe pour ce podcast est la suivante.
Bonjour, tout d’abord merci pour tous les podcasts que vous produisez et qui m’aident dans la lecture de la Bible. Converti depuis un an après une rencontre avec un pasteur, Jésus a pris toute la place dans ma vie. Il y est parvenu, car Il a répondu à mes questionnements, et pourvoit réellement à tous mes besoins. Cette relation est tellement forte, ses réponses et ses actes pour moi tellement concrets, que j’ai, au début trouvé cela miraculeux. Je passerai les détails de mes grands péchés et la façon dont il me redresse chaque jour, et me donne autant spirituellement que matériellement. La vérité de son existence ne peut faire aucun doute et parfois j’en viens aux larmes tellement son action et sa présence sont marquantes.
Et pourtant, il m’arrive de prier en disant: “J’ai mis toute ma confiance en toi alors j’espère que tu existes.” Cela sous-entend qu’il m’arrive de douter alors que les preuves même de son existence sont sous mes yeux. J’ai l’impression de croire à 99% (si je puis m’exprimer ainsi)…et j’ai peur que cela ne lui plaise pas. Ma question est la suivante: peut-on, nous, simples mortels, croire à 100%? Le doute est-il normal, voire nécessaire pour grandir, comme je l’ai entendu de la part d’un autre pasteur? Merci encore pour votre travail et que Dieu vous bénisse.
Alors, merci pour cette question, elle est très personnelle et puis elle touche probablement un grand nombre d’individus parce qu’on est tous confronté à la question du doute, et je suis très touché de la manière dont tu formules à la fois cette lutte, et puis cette connaissance de Dieu qui t’émerveille.
Tu es un jeune chrétien et j’espère que cet émerveillement va durer, se prolonger, même si ça va prendre au fil des années, d’autres formes, il va y avoir des démonstrations un peu plus discrètes de la présence de Dieu. C’est un peu comme un enfant qui apprend à marcher, il a besoin que son père lui tienne la main, il est rassuré de la sentir, il est rassuré de la sentir, cette main du père, son père ou sa mère bien sûr, et puis au fil du temps, il va prendre de l’assurance.
Ça ne veut pas dire que le père ou la mère est absent de son développement et de ses premiers pas, mais simplement ils se mettent un peu en arrière, et je crois que pédagogiquement, le Seigneur fait la même chose avec nous et avec le temps viennent d’autres formes de foi et de confiance en lui, donc la question du doute va t’accompagner, mais de façon différente comme je vais l’évoquer.
Alors la question qui nous préoccupe, elle pose aussi la question de comment est-ce que l’on sait ce que l’on sait? Comment est-ce que l’on peut être sûr des choses que l’on sait? Donc, j’aimerais faire un petit détour, et puis parler de la relation à la démonstration de la foi, avant d’aborder la question du doute en cinq points. Et ça sera de cette manière que je vais conclure ce podcast.
Comme tu le sais, la question du savoir est un problème dans le sens que le savoir évolue et que les certitudes d’hier sont parfois les ridicules d’aujourd’hui. Je te donne l’exemple, les gens pensaient que le soleil tournait autour de la terre, et puis c’est Copernic qui a démontré que c’est l’inverse, et donc l’assurance d’hier a été balayée et remplacée par une autre. On a toujours cru qu’une particule ne pouvait pas être à deux endroits à la fois. Il paraît que c’est pas un problème en physique quantique, je suis pas certain de bien comprendre les choses, mais en tout cas, il y a une évolution du savoir qui est légitime. Et donc ça pose la question: comment on sait? Comment est-ce qu’on peut être sûr de notre compréhension?
Alors les philosophes ont cherché à établir un point de départ fiable, solide, qui leur permettraient ensuite d’accroître le domaine du savoir de façon progressive et de façon de plus en plus solide. Tu as probablement entendu parlé, ne serait-ce que sous forme d’adage un peu rigolo, mais tu as entendu parlé de la formule de Descartes: “Je pense donc je suis.” Dans cette posture, le sujet est au centre et la seule certitude qu’il a: c’est qu’il existe, parce qu’il pense. En cela, il observe le monde qui l’entoure, le décrit, et raisonne pour trouver ce qui est vrai. Et c’est son point de départ qui lui permet d’augmenter, par ces arguments et sa réflexion, d’autres certitudes de façon progressive.
Dans cette perspective, le sujet évalue, examine, soupèse et ça a donné toute une branche, de ce qu’on appelle l’apologétique, c’est-à-dire la démonstration ou la défense de la foi, toute une branche d’apologétique qui cherche à évaluer les preuves et les arguments en faveur de l’existence de Dieu ou en faveur de la Bible.
Alors ça a donné des arguments qui fortifient notre foi, notamment lorsque l’on est devenu disciple de Christ. Moi je dois dire que, dans mes premières années de vie chrétienne, je me suis souvent appuyé sur ces observations pour me dire: mais en fait, c’est vachement rationnel, la foi en Dieu et c’est rassurant de se poser, c’est important aussi de réfléchir, je crois que la la foi se nourrit d’une réflexion et elle a besoin de cette réflexion pour s’affermir.
Donc, dans cette perspective et selon ce modèle, je vais réfléchir, Dieu est quand même l’être nécessaire à l’existence du monde. C’est assez inconcevable que du néant surgisse quelque chose. Imagine le néant, d’ailleurs on n’est pas vraiment capable de l’imaginer, mais le néant c’est aucune énergie, c’est aucune loi, c’est aucune intelligence, soudainement quelque chose naît, ça n’a aucun sens, donc Dieu existe comme le créateur nécessaire.
D’autre part, Dieu existe comme être nécessaire à l’existence du bien et du mal. En son absence, il n’y a pas de de bien et de mal, ce ne sont que des constructions sociales et sociologiques, il n’y a qu’une majorité de voix, et si la majorité dit qu’il faut tuer les juifs, ou les arabes, ou les enfants, ou les bébés ou les filles, ou je sais pas, c’est malheureusement le cas dans certaines contrées, et bien ça devient la norme et ça devient acceptable, il n’y a pas de mal et de bien absolu.
Or, on sent dans notre cœur que ça ne colle pas, qu’il y a des choses qui sont proprement inacceptables, qui sont vraiment de l’ordre du mal absolu. Et même si on ne sait pas toujours où placer la frontière, on reconnaît qu’une frontière est là. Donc ce Dieu serait nécessaire comme fondement d’une éthique.
Troisièmement, Dieu existe pour être nécessaire à l’intelligence et l’harmonie de l’univers. Croire que l’homme a évolué de façon parallèle à la femme pour se reproduire, ça relève plus du père Noël! Deux évolutions complémentaires, c’est absolument, c’est difficile à imaginer en tout cas. Quand on réalise qu’il faut une douzaine de facteurs pour la simple fonction de la coagulation et qui se déverse dans le corps au niveau de la plaie de façon structurée et ordonnée pour pouvoir réaliser une coagulation sanguine et une réparation de la peau, on réalise à quel point il y a une intelligence qui est derrière, c’est l’argument du dessein intelligent.
Quatrièmement, Dieu existe comme être nécessaire parfait – c’est un point sur lequel Descartes argumente beaucoup pour prouver l’existence de Dieu. Et donc ça devient logique d’avoir cet être parfait pour, comme existant.
Dieu existe également comme être nécessaire pour expliquer la Bible. A la fois par sa diversité, je sais pas si tu réalises, mais dans la Bible on a 40 auteurs différents, 16 siècles de rédaction et 66 livres, et il y a une véracité historique et un fil conducteur. C’est un phénomène unique, il n’existe aucun livre, dans aucune autre religion, dans aucune autre philosophie de ce type-là et de ce genre là, avec cette unité remarquable. Dieu au-dessus de l’Ecriture est une nécessité pour expliquer cette cohérence et cette harmonie de la Bible.
Et puis sixièmement, Dieu existe comme être nécessaire pour expliquer la vie, la mort et la résurrection de Christ.
Quelque chose qui est absolument extraordinaire, c’est que la résurrection de Christ fait vraiment partie de ces événements de l’histoire qui est facilement prouvable, je crois que j’ai fais un podcast là-dessus, sinon poses la question, et puis j’en ferai un pour évoquer un peu les arguments en faveur de la résurrection du Christ, et qui montre que sans Dieu, c’est une impossibilité, c’est inconcevable qu’un tel événement ait lieu.
Mais quand j’ai posé ces remarques-là, si tu n’es pas toi-même, ou si d’autres qui m’écoutent ne sont pas croyants, ils vont me dire, non mais il y a plein de réponses aux arguments que je viens de donner. Si tu te balades sur Internet, tu vas réaliser que pour chaque argument que je viens d’évoquer, il y a une série de contre- arguments qui est possible, parce que si le point de départ c’est soi-même, et bien on va soi-même raisonner en fonction de ses présuppositions.
Mais en tout cas, ce sont des arguments qui m’ont aidé moi au début de ma vie chrétienne; quand les gens essayaient de me sortir de la secte évangélique dans laquelle ils croyaient que je m’étais trouvé, ben je réfléchissais à ces éléments et ça fortifiait ma foi. Et en même temps, comme les arguments étaient parfois un peu sur les deux côtés de la balance, ce n’était pas forcément une réponse totalement satisfaisante.
En tout cas je te renvoie à l’épisode 74 de mes podcasts: “Si Dieu existe, pourquoi le Dieu de la Bible?” Et qui argumente en utilisant en partie cette approche.
Alors, certains se sont opposés à ce type d’arguments. Ils disent que l’homme ne peut pas être le point de départ. Pourquoi il ne peut pas être le point de départ? Plusieurs raisons.
- Premièrement, ce que je pense est déjà une interprétation de mon environnement. Ce n’est pas neutre. C’est pas objectif. En fait, je pense selon ce que je suis, selon ce que j’ai appris, selon ma conception du monde. Et donc j’interprète en posant une pensée qui a un certain nombre de présuppositions préalables.
- Deuxièmement, rien ne prouve, objectivement, que je pense réellement et que je ne rêve pas. En théorie, qui dit que l’homme pense en fait? Est-ce qu’il rêve plutôt en pensant que son rêve est une pensée? Une réalité? Qu’est-ce qui prouve que sa pensée est autonome ou indépendante? En fait là on devient, on réalise qu’on n’a aucun fondement en disant: “Je pense donc je suis.”
- Et puis troisièmement, en raisonnant, il utilise déjà une intelligence qui ne vient pas de lui. Pourquoi? Parce que le fait que tu puisses comprendre, déjà entendre de ce que je dis, n’est pas simplement une convention de langage que l’on partage, le français, c’est aussi parce que ce langage se fonde sur une série d’arguments qui sont les arguments de la logique. Or ces lois de la logique, qu’aucun philosophe ne sait expliquer, elles sont indépendantes du support, du médium, du langage en lui-même. Et donc il y a bien une intelligence préalable qui permet de dire je, sujet, pense, verbe, donc, avec toute la conclusion qui s’en suit. Ces règles de logique existent en amont de cette pensée. Argumenter en commençant par l’homme comme point de départ, ce serait comme si on essayait d’expliquer le vol d’un avion en s’interdisant d’imaginer des ingénieurs et une usine.
Alors comment s’en sortir? La tradition réformée considère que Dieu seul est le point de départ de la réflexion. Pourquoi?
- Parce qu’il est Créateur et qu’il est première cause et origine ultime de l’intelligence.
- Deuxièmement, parce que le péché de l’homme influence profondément les propriétés intellectuelles de l’être humain.
- Troisièmement, parce que toute forme de pensée et de réflexion dépend des présuppositions de départ.
- Et quatrièmement, parce que ce n’est pas à l’homme de juger de Dieu. Je pense donc: je vais croire ça et pas ça de lui, non, non. C’est l’homme qui a reçu de Dieu la capacité de raisonner, vouloir raisonner indépendamment de lui, c’est raisonner contre lui et c’est une forme de rébellion.
Je sais pas si tu as suivi ce type de réflexions mais, la conclusion de ça c’est de dire, en fait: “Je pense parce que je suis créé à l’image de Dieu.” Et donc il y a une déclaration de dépendance préalable, antérieure. Je reçois de Dieu ce qu’il me faut pour comprendre, pour croire. La notion même d’intelligence, d’informations même sur lesquelles je peux véhiculer dépend non pas de moi, mais de Lui.
Je dépends de lui, et je ne suis pas juge de sa personne ni de sa révélation: je crois ou je ne crois pas… Et cela devient un choix moral. Dans ce mode de pensée, la Bible est, accroche-toi bien, autopistique c’est-à-dire qu’elle pourvoit elle-même aux lumières dont ont besoin les humains pour connaître Dieu. La Bible s’authentifie elle-même. Et cette école de pensée, que ses adversaires qualifient de fidéisme, est décrite comme "présuppositionaliste" par ceux qui l’utilisent. Aïe, je sais qu’en utilisant ces mots je t’ai un peu perdu. Mais on crédite à John Owen, chrétien du 17ème siècle, dans son livre The Reason of Faith, la raison de la foi, pour avoir donné un peu les premières pistes de cette argumentation, de cette forme d’argumentation.
Et Calvin le souligne ainsi, dans son Institution, livre 1 chapitre 7 paragraphe 5, il est dit la chose suivante:
Qu’il soit bien clair que, seul, celui qui est enseigné par le Saint- Esprit peut s’appuyer fermement sur l’Écriture. Bien que celle-ci porte en elle la preuve de sa vérité et qu’elle puisse être reçue sans opposition et sans avoir à être testée, c’est par le témoignage de l’Esprit que la vérité certaine qui est la sienne est reconnue. Elle a en elle la majesté qui justifie qu’elle soit révérée, pourtant, ce n’est que lorsqu’elle est scellée en notre cœur par le Saint Esprit, qu’elle commence vraiment à nous toucher.
Étant donc illuminés par sa puissance, nous ne croyons pas selon notre propre jugement ou selon celui des autres que l’Écriture est de Dieu. […] Il y a là une conviction telle qu’elle ne requiert point de raisons pour la justifier et une connaissance telle qu’elle est fondée sur une très bonne raison, qui mieux que tout autre, donne à notre esprit un véritable repos. Finalement, il y a là un sentiment tel qu’il ne peut être suscité que par une révélation divine. Je ne dis pas autre chose que ce que chaque croyant expérimente en lui-même, les paroles étant bien inférieures à la force du propos et ne suffisant pas à bien l’expliquer.
Qu’est ce qu’il veut dire par là Calvin? Il veut dire que c’est en fait le Saint-Esprit en toi qui fait écho à l’écriture et cet écho est suffisant. Il y a une cohérence de l’écriture, il y a une révélation de la personne de Dieu et que c’est suffisant pour toi. Et que ce sera pas forcément une démonstration qui sera facile sur la place publique, parce que c’est un témoignage qui est intérieur. Et quelque part cette approche est assez libératrice, parce qu’elle observe la vie chrétienne et la Bible sous l’angle de la cohérence. Je n’ai pas besoin de prouver, mais d’observer la cohérence profonde de la foi, de la création, de l’ordre, de la beauté, de la justice. Et ce témoignage de l’action de Dieu comme tu l’a suscité.
Et puis je réalise que le surgissement du péché a changé également ma manière de voir et de croire, et donc je suis dépendant de cette illumination de Dieu, cette révélation, du Saint-Esprit de Dieu en moi pour faire écho à ce que l’Écriture dit.
On a quelques versets qui sont précieux dans ce sens qui nous montrent un peu que cette manière de penser prend ses racines dans plusieurs versets de l’écriture:
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2 Corinthiens 4. 6 Car Dieu qui a dit:
La lumière brillera du sein des ténèbres a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ.
Et c’est cet écho que tu observes, il y a une connaissance de la gloire de Dieu qui s’est manifesté en Christ alors que Christ est devenu ton sauveur et ton maître et qui était clair et qui est suffisant.
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Romains 1. 18–22 nous dit que:
La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté. En effet, les (perfections) invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous.
Très intéressant comme texte parce qu’il dit que la manifestation de Dieu est évidente pour tous, mais à cause du péché, on a masqué et on a été plongé dans les ténèbres, on a masqué ces raisonnements et on refuse Dieu pour pas qu’il éclaire nos vies.
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C’est ainsi que le Psaume 53. 2 nous dit:
L’insensé dit en son cœur: Il n’y a point de Dieu! Ils se sont corrompus, ils ont commis d’horribles injustices; Il n’en est aucun qui fasse le bien.
C’est à dire que c’est un choix moral de croire en Dieu ou de ne pas croire en Dieu. Et les gens sont poussés de ne pas croire en Dieu pour préserver leur liberté, leur autonomie.
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C’est comme ça que Jésus en parle en Jean 3. 18-21:
Celui qui croit en lui n’est pas jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et voici le jugement: la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient réprouvées; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin qu’il soit manifeste que ses œuvres sont faites en Dieu.
Alors voilà, je termine, avant de passer à mes cinq points, sur une citation que j’ai trouvé très utile sur un blog de la gospel coalition que Michael Patton souligne à propos de ce qu’il nous dit: « J’ai réalisé qu’on peut répartir ceux qui doutent en deux catégories principales. La première décrit des gens qui s’éloignent de Dieu et qui croient qu’ils trouvent la liberté.
La seconde décrit des gens qui s’éloignent de la foi et sont profondément affectés à cette pensée. La différence de ce second groupe c’est qu’ils demeurent face à Dieu, pleurent en tendant les mains vers Dieu pour qu’il les aide. Je suis reconnaissant que dans la plupart du temps, les gens de cette seconde catégorie reviennent finalement à leur foi initiale. »
Alors tu vois ce doute que tu vis parfois et qui est normal, qui est légitime, il t’oriente vers quoi? Il t’oriente à dire, ah mais comme ça, je peux retrouver ou soi-disant trouvé ma liberté ou bien, est-ce que au contraire, tu es triste de ces propres incertitudes, ce propre manque de foi qui était commun à plein de gens dans l’écriture, et donc tu restes attaché au Seigneur avec qui tu es aussi en réflexion ouverte devant lui, avec le désir de demeurer en lui.
Bon, on a fait un énorme détour sur cette question du savoir et de la foi, j’espère que ça t’a été utile, en tout cas de réfléchir aux fondements de ton doute, aux fondements de la foi et du savoir.
Alors maintenant, comment faire face au doute? Cinq points.
Premièrement: Relax. Jude nous dit: « Ayez pitié des uns, de ceux qui doutent » verset 22. Le doute fait partie de la vie chrétienne, et notamment de la première décennie je crois, de la vie chrétienne. Ce pasteur a raison de souligner que c’est un moyen d’approfondir ta foi. Relax, ça arrive, c’est un processus qui nous permet d’examiner les racines de notre croyance.
Deuxièmement, vérifie qu’il n’y ait pas de péché que tu cherches à justifier. Tu as remarqué le lien que j’ai évoqué assez rapidement entre le savoir ou le refus de croire par rapport à notre indépendance morale. Je connais plus d’un chrétien, notamment jeunes, qui ont formulé de longues théories pour renverser la Bible ou renverser la croyance en Dieu– en fait, comme ça ils pouvaient coucher avec leur copine, sans se préoccuper de mariage. C’est surtout la liberté sexuelle, plus que tout autre motivation qui a conduit les uns et les autres à s’opposer à la notion d’un créateur. Comme ça je suis libre, sans Dieu, il n’y a aucun problème. Pas de jugement, je l’imagine en tout cas, enfin c’est ce que les gens se disent.
Donc ne sous-estime pas le poids d’un péché que tu voudrais cultiver. On a tous des péchés à gérer, on est tous confrontés à la tentation, je ne cherche absolument pas à culpabiliser, le moins du monde. Mais il y a parfois des gens qui refusent de se battre en se disant, je veux préserver ça dans ma vie, je veux le garder comme un jardin secret et quand ça devient intenable de marcher à la fois avec Dieu et avec ce jardin secret, et bien il commence à dire: il faut que je m’attaque à ce qui me gêne et qui me crée ce sentiment de mal-être et de culpabilité, et je vais m’attaquer à la croyance en Dieu, c’est parfois l’une des raison du doute que j’ai trouvé chez certain.
Troisièmement, réfléchis de ce que tu mets en doute. C’est quoi exactement que tu mets en doute? Est ce que c’est l’existence de Dieu? Est ce que c’est la réalité de la Bible? Ou bien est ce que c’est les qualités de Dieu? je me souviens du livre de C. S. Lewis, je crois que le titre en français c’est Apprendre la mort, en anglais c’est A Grief Observed. Et c’est un livre assez touchant parce que c’est un homme qui s’est marié avec une femme par devoir, pour la sortir je crois de la Russie, alors qu’elle était sans liberté dans son pays, est devenu profondément amoureux d’elle, et puis elle a développé un cancer qui l’a emporté.
Et donc dans son livre, C. S. Lewis livre son cœur, il montre que le problème n’était pas le doute vis-à-vis de l’existence de Dieu, c’était plutôt le doute vis-à-vis de la qualité de Dieu, est-ce que Dieu était bon vraiment, ou est-ce qu’il était méchant et dur? Donc quel est le type de doute qui te pousse? Parce que les réponses à ce genre de doutes sont différentes.
Et puis quatrièmement, est ce que tu peux aussi douter de ton doute? Pourquoi est ce que tu lui accordes une si grande force? Après tout, le doute est le pendant d’une foi et d’une confiance, mais douter d’une foi, peux-tu pas aussi douter de ton doute? C’est quelque chose qu’il faut réaliser que dans nos pensées, dans nos sentiments très fluctuants, ben il faut pas toujours leur accorder le plus grand crédit.
Et puis cinquièmement, méfie-toi d’un effet de myopie sur des questions secondaires. Il y a parfois une part de mystère dans toute connaissance, y compris la connaissance spirituelle. Donc ne laisse pas des incertitudes sur des questions secondaires masquer la gloire des vérités essentielles que sont Jésus-Christ, son salut et sa Parole.
Et donc je t’encourage à garder les yeux fixés sur les choses essentielles. Dieu s’est révélé dans la Bible, Dieu existe en tant que trinité, Dieu a sauvé de façon puissante par le sacrifice de Jésus-Christ et en accordant son Esprit-Saint pour pouvoir nous donner une nouvelle naissance et une union à Lui. Ce sont ces éléments là qui nous faut garder et préserver. Et puis sur les questions autres, on va avoir des doutes, on va évoluer, on va grandir, mais ces doutes vont nous permettre aussi de réfléchir aux fondements de notre foi, normalement, enfin ça a été mon expérience et l’expérience de bien des gens que j’ai pu accompagner ou observer dans mon temps de travail pastoral.
Bien souvent, les gens sortent de ces moments de doute beaucoup plus rassurés et fortifiés dans leur foi.
Alors je te propose de lire un livre qui vient tout juste de sortir aux éditions CLE qui s’intitule: Dieu, le débat essentiel, il est signé par Timothy Keller. Timothy Keller a été un pasteur pendant des décennies à New-York dans un contexte extrêmement séculier avec beaucoup de gens qui remettaient fondamentalement toute notion de divinité en question et qui rejetaient le christianisme également et toute forme de religion un peu de ce genre. Et ce livre est remarquable, il permet de rentrer en dialogue avec les sceptiques de son temps pour montrer la cohérence et la foi, la force de la foi chrétienne, de la révélation de Dieu en Jésus-Christ.
Voilà, j’espère que tous ces éléments, même s’ils ont été assez abondants pour un podcast, qui est un peu plus long que d’habitude, te donneront quelques repères sur la notion de connaissance et sur la notion de foi et sur la gestion des doutes.