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Le Dieu qui fait grâce (Exode 33)

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Publié le

20 nov. 2024

Ce texte de l’Exode nous invite à redécouvrir la profondeur de la grâce de Dieu. À travers l'exemple du peuple d'Israël et de leur libération, il nous rappelle que notre véritable repos et joie ne résident pas dans ce que nous accomplissons, mais dans la présence de Dieu au milieu de son peuple. Une grâce qui ne dépend pas de nos mérites, mais de la volonté souveraine de Dieu, qui nous accueille, nous transforme et nous pardonne, jour après jour.

Transcription de la prédication

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.

On arrive dans le livre de l'Exode à un moment de crise. Dans le texte que nous allons voir ce matin, le peuple est en état de choc. Le texte nous dit même que le peuple vient d'entendre une nouvelle de malheur.

Quelle est cette nouvelle de malheur? Quelle est cette nouvelle qui met le peuple dans un tel état? Le peuple vient d'apprendre, de la bouche de Moïse, que Dieu ne montera pas au milieu de lui, que Dieu ne viendra pas habiter au milieu de son peuple.

Un peu plus haut dans le texte – nous sommes au chapitre 33 – si vous avez une Bible devant vous, vous pouvez l'ouvrir. Regardez les versets 3 et 4 ce que Dieu explique à Moïse:

Monte vers ce pays où coulent le lait et le miel. En revanche, je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple réfractaire, et je risquerais de te faire disparaître en chemin.

Lorsque le peuple entendit cette parole de malheur, il prit le deuil, et personne ne mit ses ornements.

La semaine dernière, avec Rolly, vous avez vu cette trahison, cet adultère que le peuple a commis en fabriquant un veau d'or. Ils n'ont pas attendu que Moïse revienne avec les paroles de Dieu. Ils ont célébré ce veau d'or qu'ils venaient de fabriquer.

Et juste avant cela, pendant plusieurs chapitres – cinq chapitres précisément – Dieu avait donné des instructions détaillées pour la construction du tabernacle. Le tabernacle, c'est une tente entourée d'un enclos mobile, mais quand même un peu plus solide qu'une Quechua de seconde. C'était un lieu qui devait être au milieu du peuple, et où Dieu révélerait sa présence parmi eux.

Dieu avait donné des instructions précises pour venir habiter au milieu de Son peuple. Et là, c'est une tragédie, car c'était précisément pour cela que Dieu les avait sauvés de l'esclavage d'Égypte.

Écoutez ce que dit Dieu en Exode 29:

J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je serai leur Dieu. Ils connaîtront que je suis l’Éternel, leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d’Égypte pour habiter au milieu d’eux. Je suis l’Éternel, leur Dieu.

En sortant les Israélites d’Égypte, Dieu avait dit: "Je vous délivre pour venir habiter au milieu de vous." Et là, après ce terrible incident, cette trahison, Dieu leur dit: "Je ne viendrai pas habiter au milieu de vous."

On peut imaginer ce que le peuple se demande: "Est-ce la fin? Est-ce la fin de l’histoire?"

Oui, Dieu a promis de les emmener dans le pays qu’Il avait juré de donner à leurs ancêtres, ce pays où coulent le lait et le miel. Mais si Dieu ne monte pas avec eux, à quoi bon y aller? Quel avenir pour ces Israélites, coincés entre le pays de la servitude et le pays de la promesse?

C’est là où nous en sommes ce matin. Lisons ensemble Exode 33, depuis le verset 7 jusqu’à la fin du chapitre:

Moïse prit la tente et la dressa à l’extérieur du camp, à une certaine distance. Il l’appela tente de la rencontre. Tous ceux qui voulaient consulter l’Éternel se rendaient à cette tente, à l’extérieur du camp. Lorsque Moïse se rendait à la tente, tout le peuple se levait, chacun se tenait à l’entrée de sa tente et suivait Moïse du regard jusqu’à ce qu’il soit entré dans la tente. Quand Moïse pénétrait dans la tente, la colonne de nuée descendait et s’arrêtait à l’entrée de la tente, et l’Éternel parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la colonne de nuée arrêtée à l’entrée de la tente; alors tout le peuple se levait et adorait, chacun à l’entrée de sa propre tente. L’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami. Puis Moïse retournait au camp, mais son jeune assistant Josué, fils de Noun, ne quittait pas la tente.


Moïse dit à l’Éternel: "Voici, tu me dis: ‘Fais monter ce peuple.’ Mais tu ne m’as pas fait connaître qui tu enverras avec moi. Pourtant, tu as déclaré: ‘Je te connais par ton nom, et tu as trouvé grâce à mes yeux.’ Maintenant, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître tes voies. Alors, je te connaîtrai et je pourrai encore trouver grâce à tes yeux. Regarde, cette nation est ton peuple." L’Éternel répondit: "Je marcherai moi-même avec toi, et je te donnerai du repos." Moïse lui dit: "Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais pas partir d’ici. Comment sera-t-il certain que j’ai trouvé grâce à tes yeux, ainsi que ton peuple? Cela ne sera-t-il pas évident quand tu marcheras avec nous, et que nous serons distingués, moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la surface de la terre?" L’Éternel dit à Moïse: "Je ferai aussi ce que tu me demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux, et je te connais par ton nom."


Moïse dit alors: "Fais-moi voir ta gloire." L’Éternel répondit: "Je ferai passer devant toi toute ma bonté, et je proclamerai devant toi le nom de l’Éternel. Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j’ai compassion de qui je veux avoir compassion." Mais il ajouta: "Tu ne pourras pas voir mon visage, car l’homme ne peut me voir et vivre." L’Éternel dit: "Voici un endroit près de moi. Tu te tiendras sur le rocher. Quand ma gloire passera, je te mettrai dans un creux du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé. Puis, quand j’écarterai ma main, tu me verras par derrière, mais mon visage ne pourra pas être vu."

Ce texte aborde deux grandes questions liées à la situation du peuple. Ce que j’aimerais faire, c’est d’abord examiner ce qui se passe dans le texte et essayer de comprendre les enjeux pour Israël. Ensuite, nous nous demanderons quelles sont les résonances de ce texte pour nous aujourd’hui.

Les deux thèmes majeurs de ce texte sont la présence de Dieu et la grâce de Dieu. Après cette trahison, après cet affront horrible que le peuple a fait à Dieu, deux questions se posent: comment le Dieu saint peut-il habiter au milieu d’un peuple pécheur? Cette question avait été partiellement résolue grâce aux instructions détaillées que Dieu avait données pour construire le tabernacle, afin d’habiter au milieu de son peuple. Mais après un péché aussi grave, la question se pose avec encore plus d’urgence. La deuxième question est: pourquoi, en vertu de quoi, le Dieu saint et glorieux ferait-il grâce à un peuple pécheur?

Moïse installe la tente de la rencontre à l’extérieur du camp. Cela montre que, pour l’instant, Dieu ne peut pas être présent au milieu de son peuple. Pourtant, dans sa grâce, Dieu continue de se laisser consulter par Israël, en attendant de déterminer ce qu’il fera. Dieu n’a pas rompu la communication. Malgré le péché, l’idolâtrie et la rébellion, Dieu continue de venir à la rencontre de son peuple en parlant avec leur médiateur, Moïse. Le problème des Israélites, ce n’est pas tant qu’ils voulaient voir Dieu, mais qu’ils ne voulaient pas l’écouter.

Et Dieu, dans sa grâce, continue néanmoins à parler au peuple. On voit aussi que ce dernier est dans une attitude de repentance. Au début du chapitre, comme nous l’avons vu, le peuple est dans le deuil. Mais ici, nous voyons qu’il adopte une posture d’adoration: lorsque Moïse entre dans la tente, tout le peuple se lève et adore Dieu.

Ce qui nous marque le plus dans ce passage, c’est le contraste entre Moïse et le peuple. Je crois que c’est précisément ce que l’auteur veut souligner dans les versets 7 à 11. Le peuple reste dans le camp et observe de loin, tandis que Moïse sort du camp et entre dans la présence de Dieu. Le peuple, à cause de son péché, ne peut pas s’approcher de Dieu. Mais Moïse, lui, le peut.

Le contraste est encore plus frappant quand on considère l’intimité extraordinaire dont jouit Moïse auprès de Dieu. Le texte nous dit que l’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami. Cela ne signifie pas que Moïse voyait littéralement la face de Dieu dans toute sa gloire – la suite du chapitre nous montre clairement que nul ne peut voir la face de Dieu et vivre. Ici, il est question d’intimité: Dieu se rend disponible pour Moïse, comme on donne rendez-vous à un ami. Moïse parle avec Dieu, comme on parle à un proche.

Ainsi, d’un côté, nous avons Moïse, dans la tente de la rencontre, en dialogue direct avec Dieu; de l’autre, nous avons le peuple, qui se tient à distance, regarde de loin et adore, mais sans entendre ni voir Dieu directement.

Dans les versets 12 à 23, le texte nous dévoile ce qui se passe dans cette rencontre entre Dieu et Moïse. Il s’agit d’un dialogue où Moïse intercède pour le peuple. Ce n’est pas la première fois qu’il le fait. Il a déjà dû supplier Dieu à plusieurs reprises. Au chapitre précédent, Moïse a même exprimé qu’il était prêt à mourir à la place du peuple:

Pardonne maintenant leur péché; sinon, efface-moi de ton livre que tu as écrit.

Exode 32.32

Moïse est prêt à offrir sa vie pour obtenir le pardon de son peuple.

Dans ce passage, son objectif reste clair: s’assurer que Dieu accompagnera le peuple, qu’il renoncera à sa colère et qu’il reviendra habiter au milieu d’eux. Cela illustre une des caractéristiques principales de Moïse, qui devrait aussi définir tout leader spirituel: un cœur pour Dieu et un cœur pour le peuple.

Dans cette discussion avec Dieu, Moïse avance deux arguments principaux.

  1. Versets 15-16: La présence de Dieu est essentielle. Moïse dit: "Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais pas monter d’ici." Moïse préfère rester dans le désert plutôt que d’entrer dans le pays promis sans la présence de Dieu. Pour lui, les bénédictions de Dieu n’ont aucune valeur si Dieu lui-même n’est pas là. Voici un commentaire éclairant de Tim Chester à ce sujet:

    Recherchez Dieu pour l’amour de Dieu lui-même. Si vous n’aimez que ses bénédictions, votre foi risque de faiblir dans les moments difficiles. Si vous n’aimez que ce qu’il vous offre, que se passera-t-il s’il vous en prive, même temporairement? Sans Dieu, les bénédictions de Dieu ne valent rien. Sans Dieu, le pays promis n’est pas une bonne nouvelle, tout comme un voyage de noces à Hawaï sans son époux.

  2. Verset 16: La présence de Dieu fait leur identité. Moïse dit: "Ce qui nous rend différents, c’est que tu marches au milieu de nous." Ce qui définit Israël, ce qui fait qu’ils sont le peuple de Dieu, c’est la présence de Dieu parmi eux. Ce n’est pas parce qu’ils sont naturellement différents des autres nations que Dieu est avec eux; c’est parce que Dieu est avec eux qu’ils sont différents. C’est cette présence divine qui les distingue de tous les autres peuples de la terre.

Et cela devrait aussi être la marque de tous ceux qui vivent l’expérience de la communauté du peuple de Dieu.

Dieu est présent au milieu de vous. Et c’est cela, n’est-ce pas, qui devrait se produire lorsque quelqu’un qui ne connaît pas Dieu entre dans l’Église, comme le dit Paul dans 1 Corinthiens 14: Dieu est présent au milieu de vous. Cela devrait également être l’expérience de toute personne découvrant une communauté transformée par la présence de Dieu.

Chaque fois que nous venons à la rencontre de Dieu, sa présence nous transforme à son image. Et lorsque quelqu’un fait l’expérience de la communauté chrétienne, il découvre un peuple transformé par la présence de Dieu, un peuple à l’image de Dieu. C’est ainsi que cette personne peut dire: "Je vois Dieu, je vois sa présence au milieu de vous, à votre manière de vivre." Ce qui nous rend différents, c’est la présence de Dieu parmi nous.

Ces arguments culminent au verset 17, avec cette parole de l’Éternel: "Je ferai aussi ce que tu me demandes là, parce que tu as trouvé grâce à mes yeux et que je te connais par ton nom." À ce stade, on pourrait penser que Moïse a obtenu ce qu’il voulait, qu’il devrait s’arrêter là. Mais non, Moïse ose aller plus loin. Au verset 18, il dit: "Fais-moi donc voir ta gloire!"

Peut-être certains parmi nous ont déjà prononcé cette prière, ou ressenti cet élan du cœur. Peut-être d’autres se disent qu’ils n’oseraient jamais demander une chose pareille à Dieu. Certains pourraient même trouver cela présomptueux de la part de Moïse: quel toupet! Moïse aurait-il manqué de foi? Cherche-t-il, comme le peuple, à voir Dieu parce qu’il refuse de l’écouter?

Je ne le crois pas. Cette demande de Moïse, au verset 18, est une autre forme de la requête qu’il fait au verset 13: "Fais-moi connaître tes voies." Ce que Moïse demande ici, c’est une confirmation formelle de l’engagement de Dieu: un signe manifeste que Dieu maintient son alliance avec son peuple, qu’il prendra Israël comme sien et qu’il viendra habiter au milieu de lui.

Dieu répond à Moïse, mais il le prévient: "Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre." Ce rappel souligne une vérité fondamentale de l’Ancien Testament, souvent oubliée de nos jours: s’approcher de Dieu sans qu’il en donne les moyens est impossible. Nous sommes pécheurs, et sans sa grâce, sa sainteté nous consumerait. Imaginer que nous pouvons nous approcher de Dieu sans danger revient à penser que nous pourrions nous exposer directement au soleil sans être brûlés. La gloire de Dieu, comme un feu dévorant, nous terrasserait.

Dans l’Exode, lorsque le peuple est rassemblé autour du mont Sinaï, la gloire de l’Éternel apparaît "comme un feu dévorant au sommet de la montagne, aux yeux des Israélites" (Exode 24.17). Moïse voulait voir Dieu, mais Dieu choisit de lui parler. Moïse voulait contempler la gloire de Dieu, mais Dieu va proclamer sa grâce. Moïse cherchait à voir Dieu, et Dieu répond en révélant son nom et son caractère:

Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j’ai compassion de qui je veux avoir compassion.

Cette déclaration est une clé. Une clé pour comprendre qui est Dieu et pour saisir le message central de la Bible. L’Évangile lui-même est lié intimement à cette déclaration. La grâce de Dieu est l’expression de sa personne.

La croix, le salut, la délivrance opérée par Dieu en Jésus-Christ nous permettent de comprendre qui est Dieu. Sans la croix, nous ne pouvons pas saisir pleinement son caractère. Et sans connaître vraiment qui est Dieu, nous ne pouvons comprendre pleinement la croix.

Deuxième chose, nous comprenons que la grâce dépend de la liberté souveraine de Dieu. Cela peut sembler troublant lorsque nous lisons: "Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j’ai compassion de qui je veux avoir compassion." Qu’est-ce que cela signifie?

Cela signifie que Dieu fait ce qu’il veut. Dieu fait grâce à qui il veut faire grâce, et rien ni personne ne le contraint. Rien, en dehors de lui-même et de son caractère, n’explique pourquoi Dieu fait grâce.

C’est peut-être troublant, mais je vous invite à voir cela comme une bonne nouvelle. C’est précisément ce qui fait la bonne nouvelle de l’Évangile, la bonne nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Si la grâce dépendait de quoi que ce soit d’extérieur à Dieu lui-même, nous devrions alors la mériter. Mais la grâce ne repose pas sur nos mérites: ni sur notre bonté, ni sur notre obéissance, ni sur notre assiduité à l’église. Dieu fait grâce parce qu’il est Dieu, parce qu’il fait grâce.

Au final, nous ne savons pas exactement ce que Moïse a vu. Ce moment reste énigmatique. Nous avons du mal à imaginer ce qui s’est passé: il a vu quelque chose, mais ce n’était pas la pleine gloire de Dieu. Une fois encore, Dieu, dans sa grâce, répond à la demande de Moïse en lui permettant de percevoir une manifestation de sa présence. Moïse le voit "de dos", mais surtout, il entend ces paroles puissantes: "Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j’ai compassion de qui je veux avoir compassion."

C’est en vertu de cette grâce, en vertu de qui est Dieu, que celui-ci renouvelle son alliance avec Israël au chapitre 34. Dieu est fidèle à ses promesses, et aucun péché, si grand soit-il, n’épuise sa grâce.

Voilà ce qui se passe dans ce passage. Voilà ce dialogue entre Moïse et Dieu. Mais quelles implications cela a-t-il pour nous aujourd’hui?

Je crois qu’il y a une réalité glorieuse au cœur de ce texte, une réalité que nous expérimentons aujourd’hui par la foi: en Christ, nous goûtons à la présence et à la grâce de Dieu.

En Christ, Dieu est venu habiter au milieu de son peuple. Lorsque nous ouvrons le Nouveau Testament et lisons l’Évangile de Jean, nous découvrons cette déclaration magnifique:

La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous.

Jean 1.14

Le terme utilisé ici signifie littéralement "dresser sa tente" ou "tabernacler". Jean veut nous montrer que, dans la personne de Christ, Dieu est venu habiter au milieu de son peuple, plein de grâce et de vérité. Et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.

Deux réalités se réalisent en Christ:

  1. Dieu vient habiter au milieu de son peuple.
  2. Son peuple contemple sa gloire.

Voilà le merveilleux message de l’Évangile: Dieu a quitté sa propre gloire pour que nous puissions vivre et goûter à sa présence.

Cette réalité est fondamentale. Elle fonde le témoignage et la saveur de l’Église. C’est par elle que Dieu manifeste sa sagesse et sa puissance infinies. Comme Paul l’écrit dans Éphésiens 1, Dieu manifeste par l’Église l’infinie richesse de sa grâce.

Lorsque l’Église est rassemblée, nous goûtons à la présence de Dieu au milieu de son peuple. Ce mot "goûter" est employé à dessein. Dans la Bible, lorsque les auteurs parlent de faire l’expérience de la présence de Dieu, ils utilisent des termes liés aux sens: voir, goûter, sentir.

Faire l’expérience de la présence de Dieu n’est pas seulement un exercice intellectuel. C’est une réalité que nous vivons ensemble, les uns avec les autres. Lorsque nous nous voyons, que nous partageons la vie commune, nous faisons l’expérience de la gloire de Dieu, de la gloire de sa grâce qui vient nous transformer.

Quand quelqu’un entre dans l'Église, et quand je dis "entrer dans l'Église", ce n'est pas forcément celui qui passe les portes de l'église le dimanche matin, mais c’est plutôt celui qui, en fait, vient voir et goûter à cette communion, à cette vie du peuple de Dieu transformé. Il goûte à la compassion de Dieu, il goûte à sa grâce, il goûte aux échos de l’Éden où l'homme vivait dans la pleine présence de Dieu. Il a un avant-goût, une bande-annonce de cette présence de Dieu dans sa gloire, que nous vivons déjà dans la nouvelle création.

Jésus est ce médiateur par lequel nous pouvons nous approcher de Dieu. Lorsque nous entendons ou lisons dans l’Évangile que Jésus est le Fils bien-aimé, en qui le Père a mis toute son affection, nous entendons les échos de ce que Dieu dit à propos de Moïse, qu’il connaît par son nom et qu’il a trouvé en lui sa faveur.

Nous ne sommes plus un peuple qui reste à distance de Dieu, nous sommes un peuple invité à venir, voir et parler à Dieu face à face, directement, parce que le Fils, notre médiateur, nous a ouvert l'accès. Ne minimisons pas la réalité glorieuse, la beauté de ce que nous vivons à chaque fois que nous ouvrons la Parole de Dieu, à chaque fois que nous prions, à chaque fois que nous lisons la Bible et que nous prions.

J’aime bien cette citation d’un prédicateur qui dit: "Tu veux entendre Dieu te parler? Lis la Bible à haute voix." C’est exactement ce qui se passe, mes amis. Quand nous lisons la Bible, Dieu nous parle. Et c’est ce qui se passe lorsque nous prions: nous parlons à Dieu, le Dieu de l'univers, celui qui a tout créé. Un jour, nous serons dans sa présence glorieuse, et nous verrons sa gloire, avec un éclat tel que Moïse n’aurait même pas pu rêver de voir. En attendant, nous pouvons nous approcher du trône de la grâce avec assurance, parce que Jésus, notre médiateur, nous a ouvert la voie et nous permet de nous approcher de lui sans craindre, sans crainte.

En Jésus, Dieu vient habiter au milieu de son peuple, et en Jésus, nous voyons la gloire de la grâce de Dieu pour son peuple. Et cette pétition "Fais-moi donc voir ta gloire" est un peu la même demande que Dominique m’a faite la semaine dernière. Enfin, pas moi personnellement, il ne voulait pas voir ma gloire, mais ce que je veux dire, c’est que Dominique a été amené à l’église la semaine dernière par mon beau-père, avec qui il joue au ping-pong (détails très importants, non?) et puis Dominique est resté avec nous après, au barbecue. Il y avait un petit tournoi de pétanque, c’était très sympa. Dominique était intéressé, il s'intéresse beaucoup aux sujets religieux et spirituels. Je ne me souviens plus s'il m’avait dit qu’il était déjà venu dans une église évangélique, mais en tout cas, il avait été interpellé, pas simplement par ce qu’il avait vu, mais aussi par ce qu’il avait ressenti. On a discuté, et à un moment donné, Dominique m’a dit: "Moi, j’aimerais voir Dieu."

Et puis, on a parlé un peu plus loin, et je lui ai dit: "Si tu veux vraiment voir Dieu, je te propose qu’on lise la Bible ensemble." Pourquoi? Parce que Jésus nous révèle la gloire de Dieu.

Comment Dominique peut-il rencontrer Dieu, comment peut-il voir Dieu? Il peut voir Dieu dans sa parole. Dans Jean 14, Philippe demande: "Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit." Il n’était pas exigeant, mais Jésus lui répond: "Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe? Celui qui m’a vu a vu le Père."

L’auteur de l’Épître aux Hébreux nous dit que Jésus est le reflet de la gloire de Dieu, l’expression de sa personne. Vous voulez voir Dieu? Regardez à Jésus. Vous voulez comprendre qui est Dieu? Regardez à Jésus. Jésus ne nous révèle pas ce à quoi Dieu ressemble, il nous révèle qui est Dieu. Jésus nous révèle la gloire de la grâce de Dieu. Comment? À la croix. La croix nous révèle le cœur de ce que Dieu est.

Et ici, lorsque Moïse demande à Dieu de révéler sa gloire, Dieu lui répond: "Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j’ai compassion de qui je veux avoir compassion." C’est exactement ce que Dieu nous révèle à la croix, en Jésus-Christ.

Comment connaître Dieu en méditant l'Évangile? Pourquoi? Parce que c'est l'Évangile qui fait resplendir la connaissance de la gloire de Dieu en Christ. C'est ce que nous dit Paul dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 4: nous connaissons la gloire de Christ dans nos cœurs, parce que Dieu fait briller la face de Christ.

L'Évangile, c'est cette bonne nouvelle que Jésus nous révèle pleinement, non seulement sa présence, mais aussi son cœur, son cœur plein de grâce et de compassion. Voici comment Dieu prouve son amour envers nous: alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

L'implication merveilleuse de cette vérité "Je fais grâce à qui je veux faire grâce, et j'ai compassion de qui je veux avoir compassion", c’est que personne n’est jamais allé trop loin, personne n’est tombé trop bas, personne n’est devenu trop mauvais, personne ne s’est éloigné depuis trop longtemps pour que Dieu ne puisse lui faire grâce. Pourquoi? Parce que la grâce de Dieu ne dépend ni de ce que nous sommes, ni de ce que nous avons fait, ni de ce que nous n’avons pas fait, mais seulement de la personne de Dieu et de sa volonté.

Et voilà la seule chose qui pouvait donner au peuple de l'assurance après avoir péché: comment, alors que nous sommes au pied de la montagne, comment, après avoir entendu la Parole de Dieu nous être adressée, après avoir vécu la délivrance de Dieu, après avoir vu ces miracles, comment pouvons-nous encore espérer que Dieu nous fasse grâce, alors que nous l’avons trahi à ce point? Parce que Dieu fait grâce à qui il fait grâce, et qu'il a compassion de qui il a compassion, pas en vertu de nos larmes, pas en vertu de ce qu'on va faire pour se rattraper, pas en vertu de ce qu'on aurait fait dans le passé, du genre: "Écoute, je n’ai pas trop péché pendant plusieurs mois, c’est vrai que je viens de faire ça, mais regarde à ce que j’ai fait pendant plusieurs mois, alors fais-moi grâce." Ça ne marche pas comme ça.

Et peut-être certains parmi vous vous intéressez à Dieu depuis quelque temps, peut-être que vous avez un passé lourd, peut-être que vous vous sentez pas dignes de vous approcher de Dieu. Et j’ai une mauvaise nouvelle: vous avez raison. Vous avez raison, en fait. Mais en fait, personne ne mérite de s’approcher de Dieu. Personne ne mérite d’être accepté par le Dieu saint, le Dieu de gloire, alors qu’il est pécheur. Mais voici la bonne nouvelle: Dieu fait grâce. "Je fais grâce", et bonne nouvelle, aucun de vous et aucun de ceux et celles qui sont autour de vous, si vous pensez cela, les meilleurs d’entre vous, personne ici ne peut se dire: "Dieu m’a accepté quand je me suis approché de lui, parce que je n’étais pas si mal."

Je fais grâce à qui il fait grâce, pas en vertu de notre mérite, mais parce qu’il le veut.

Quelle bonne nouvelle aussi pour ceux d’entre nous qui ont un proche qui ne connaît pas Dieu! Les amis, il y a une réalité terrible, c’est que le péché, une vie dans le péché, ce n’est pas une vie stable, c’est une vie à s’endurcir. Il y a un frère plus âgé qui a prié toute sa vie pour son frère et qui témoignait régulièrement dans leur jeunesse. Puis, son frère, au bout d’un moment, lui a dit: "Écoute, ça va, j’ai compris, tu me saoules, tu te tais!"

Je vous résume. Cet homme a continué à prier pour son frère, encore et encore, fidèlement! Quelle espérance, quel espoir! Quel espoir pour que son frère se tourne vers Jésus après une vie d’endurcissement.

Quel espoir pour ceux que nous connaissons et que nous aimons, quel espoir pour eux, qu’ils se tournent vers Jésus alors qu’ils n’en montrent aucun intérêt, alors qu’ils sont peut-être rebelles, violents, virulents, à chaque fois que nous leur parlons de l’Évangile de Dieu. Quel espoir pour eux? Voici l’espoir: Dieu! Voici l’espoir: Dieu fait grâce à qui il fait grâce. Il a compassion de qui il a compassion. N’importe qui, n’importe quand, n’importe où.

Ne nous lassons pas de prier et d’invoquer la grâce de Dieu. Le frère de cet homme s’est converti après 70 ans, après des décennies à prier: "Seigneur, fais grâce. Seigneur, fais grâce. Seigneur, fais grâce et compassion de lui, sauve-le, s’il te plaît!"

Cet homme s'est converti, et nous le voyons. Il n'habite pas dans la région, mais à chaque fois qu'il fait un rayon, on a de la joie à le voir, de voir les effets de la grâce de Dieu qui a transformé un cœur endurci pendant des années d'errance, de rébellion et de résistance à la Parole de Dieu. Ce cœur a été transformé, il a reçu un cœur nouveau, et c'est le témoignage vivant, comme chacun d'entre nous qui avons trouvé la grâce de Dieu, de la grâce de Dieu qui vient nous chercher et qui nous transforme, alors que nous méritons sa colère.

Peut-être que vous êtes dans une situation différente, et peut-être que ce matin vous êtes venus, peut-être que vous avez eu du mal à chanter ce que nous avons chanté. Peut-être que vous avez eu du mal, et peut-être que vous n’avez pas pris la scène. Peut-être que vous vous sentez sale par votre manière de vivre, par des choses que vous faites depuis des mois.

Je suis sûr qu'ici il y a au moins quelqu'un qui est un petit peu bizarre parmi ces chrétiens, et qui sait qu’il ne vit pas comme Dieu l’appelle à vivre. Peut-être qu’il s’est laissé aller, peut-être qu’il a trébuché et s’est vautré dans le péché, et peut-être que personne ne le sait ici. Mauvaise nouvelle: je le sais. Bonne nouvelle: je fais grâce.

Je fais grâce, peu importe le temps que vous avez passé dans le péché, peu importe la gravité de votre péché. Si vous courez à lui, Dieu fait grâce, et Dieu vous accueille les bras ouverts, courant vers vous comme le père accueille son fils prodigue. Dieu fait grâce, pourquoi? Pas parce que vous avez dit quelque chose de particulier ce matin, pas parce que vous avez ressenti quelque chose de particulier ce matin. Dieu fait grâce parce qu’il fait grâce, et Dieu ne se lasse pas de faire grâce.

Peut-être que vous n’arrivez pas à vous débarrasser de ce péché qui vous colle à la peau. Peut-être que, comme moi, beaucoup de fois, vous vous demandez: "Est-ce que Dieu peut bien encore me pardonner?" Est-ce que Dieu aura encore cette patience de m’accepter, alors que j’avais dit que j’arrêtais de faire ça et que je l’ai encore fait? J’avais dit que j’arrêtais d’être comme ça, mais je suis encore comme ça. Est-ce que Dieu va continuer à me pardonner, ou est-ce que j’ai épuisé sa patience? Est-ce qu’il en a marre de moi?

Écoutez bien: aucun péché ne peut épuiser la grâce de Dieu. Aucun péché ne peut épuiser la grâce de Dieu. Voilà la bonne nouvelle de l’Évangile que nous voulons nous rappeler ce matin. Penser qu’on peut épuiser la grâce de Dieu, c’est un petit peu comme imaginer qu’on peut vider l’océan avec un verre. Absurde, n’est-ce pas? Et pourtant, combien de fois nous nous sommes dit ça.

Notre péché, mes amis, n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la grâce de Dieu. Dieu fait grâce parce qu’il fait grâce, et Dieu prend plaisir à nous faire grâce, parce qu’il l’exprime dans ce qu’il est.

Et voilà ce que nous devrions répondre à ceux qui nous demandent: "Mais qui est Dieu? Qui est ce Dieu que tu viens adorer dimanche après dimanche? Qui est ce Dieu dont tu me parles? Qui est ce Dieu de la Bible que tu lis?" C’est celui qui fait grâce. C’est celui qui prend plaisir à pardonner le pécheur. C’est celui qui n’a pas hésité à envoyer son propre fils mourir à notre place pour que nous soyons réconciliés avec lui.

Voilà la bonne nouvelle avec laquelle nous voulons partir ce matin. Cette bonne nouvelle que nous redécouvrons dans ce texte, de qui est Dieu fondamentalement. Il est celui qui fait grâce, et seul lui.

Cette redécouverte de l’Évangile, cette redécouverte de l’Évangile de la grâce, nous libère de l’angoisse que Dieu puisse nous abandonner.

Je vous cite un auteur, Jerry Bridges, dans son livre magnifique qui s'appelle À l’école de la grâce (justement, qui nous parle de la grâce de l’Évangile), et qui résume parfaitement:

Le fait de nous prêcher l’Évangile à nous-mêmes au quotidien nous apporte espoir, joie et courage. La bonne nouvelle du pardon de nos péchés grâce à la mort du Christ nous remplit de joie, nous donne le courage d’affronter chaque journée, et nous offre l’espérance que la faveur de Dieu demeurera sur nous, non pas parce que nous sommes bons, mais parce que nous sommes en Christ.

Nous aussi, nous sommes un peuple coincé entre le pays de la servitude, l'empire du péché, et le pays promis, cette nouvelle création dans la présence glorieuse de Dieu. Mais ici, avec ces deux pensées que j'aimerais conclure: alors que nous sommes coincés entre le pays de la servitude du péché et l’empire de la nouvelle création, nous avons été libérés, nous sommes en chemin.

Mais, comme pour le peuple d'Israël, le repos et la joie ne sont pas liés au pays lui-même, mais à la présence de Dieu. Ce qui signifie que, dès aujourd'hui, alors que nous sommes en chemin, que nous ne sommes pas encore arrivés, nous pouvons goûter vraiment et vivre ce repos et cette joie. Comment? En étant au milieu de son peuple. En étant au milieu de son peuple, parce que c’est là où Dieu est présent.

Seul devant Dieu, nous pouvons aussi goûter au repos et à la joie de sa présence. Dieu nous a promis, lorsque lui-même nous arrache du royaume des ténèbres pour nous amener dans son royaume de lumière, de faire habiter son Esprit en nous. Et en chemin, Dieu se plaît à manifester la gloire de sa grâce par l’Évangile.

Chaque jour de notre vie, chaque jour nous avons besoin de la grâce, et chaque jour Dieu déverse abondamment sa grâce dans nos vies. Non pas parce que nous faisons ce qu'il faut, non pas parce qu'aujourd'hui j'ai bien lu mes quatre chapitres, et j'ai bien prié, et j'ai bien coché toute ma to-do list de tout ce que j'avais à faire. Ce n’est pas pour ça que Dieu nous fait grâce. Dieu nous fait grâce parce qu’il fait grâce. Dieu nous fait grâce parce qu’il est celui qui fait grâce. Dieu nous fait grâce non pas parce que nous faisons ce qu’il faut, mais parce que Christ a tout accompli.

Parce que nous sommes en Christ, nous avons jour après jour la faveur de Dieu. Non pas parce que nous faisons ce qu’il faut ou ce que nous ne faisons pas, mais parce que Christ a tout accompli.

Je vais prier.

Père céleste, Dieu de gloire, quelle nouvelle glorieuse! Que tu te tiens au milieu de nous et que tu viens habiter au milieu de nous, que tu es présent, et que ta gloire nous transforme petit à petit à ton image. Que chacun de nous puisse faire l'expérience de ta présence en étant ensemble. Et quelle nouvelle glorieuse que nous puissions voir ta gloire, parce que tu la révèles en Christ, que tu la révèles dans la grâce que tu nous fais. Je te prie, Seigneur, tout particulièrement de faire grâce à ceux qui ne te connaissent pas ce matin, qui sont là. Je te prie de révéler la gloire de ta grâce et de faire briller la face de Christ dans leur cœur. Nous te bénissons, Seigneur, parce que ta grâce ne repose pas sur ce que nous sommes, mais sur ce que nous sommes en Christ. Ce n'est pas sur ce que nous faisons, mais sur ce que Christ a accompli parfaitement. Son œuvre est définitive, son œuvre est complète, et nous ne pouvons rien y ajouter, nous ne pourrions rien y ajouter. Seigneur, tu nous regardes comme un père regarde ses enfants et nous aime parce que ton fils a trouvé faveur à tes yeux. Quand toi tu nous regardes, tu nous regardes comme tu regardes ton fils. Loué sois-tu pour la grandeur et l’immensité de ta grâce. Loué sois-tu pour la grandeur de ta gloire. Amen dans l’éternité et pour l’éternité. Amen.